11 jours dans le Mercantour du 12 au 22 août 2018

Les dates indiquées sont celles correspondant au départ de chaque étape. Par exemple, je suis parti du Refuge de Madone de Fenestre le 18 août pour aller au Refuge de Nice. Souvent, je suis simplement parti "faire un sommet" en aller et retour. Par exemple, je suis parti du Refuge de Nice le 20 août pour monter au Mont Clapier avec retour au Refuge de Nice.
On trouvera ci-après une description précise de ces 11 étapes avec des renseignements sur les hébergements. L'accueil, le confort, le repas et les prestations sont notés globalement par des ou des

Date

Etape

Infos

Durée de l'étape

Distance

Dén > 0

Dén < 0

12 août

Refuge de la Madone de Fenestre – Cime Ouest de Fenestre en AR

R-Rs

5 h 40

9 km

+ 850 m

- 850 m

13 août

Refuge de la Madone de Fenestre – Vers la Cime du Pisset en AR

R-Rs

 1 h 50

5 km

+ 280 m

- 280 m

14 août

Refuge de la Madone de Fenestre – Tour des crêtes en boucle

R-Rs

7 h 10

16 km

+ 1120 m

- 1120 m

15 août

Refuge de la Madone de Fenestre – Mont Ponset en AR

R-Rs

 6 h 50

10 km

+ 1000 m

- 1000 m

16 août

Refuge de la Madone de Fenestre – Mont Neiglier en AR

R-Rs

6 h 50

11 km

+ 980 m

- 980 m

17 août

Refuge de la Madone de Fenestre – Vers le Balcon du Gélas en AR

R-Rs

6 h 15

10 km

+ 900 m

- 900 m

18 août

Refuge de la Madone de Fenestre – Refuge de Nice

R-Rs

4 h 05

8 km

+ 760 m

- 430 m

19 août

Refuge de Nice - Tour de la Tête du Lac Autier

R-Rs

6 h 40

11 km

+ 790 m

- 790 m

20 août

Refuge de Nice - Mont Clapier par le couloir sud ouest en boucle

R-Rs

5 h 55

12 km

+ 860 m

- 860 m

21 août

Refuge de Nice - Cime de la Malédie... ou Balcon du Gélas en AR

R-Rs

7 h 20

12 km

+ 980 m

- 980 m

22 août

Refuge de Nice - Roquebillière-Vieux

R-Rs

5 h 30

19 km

+ 90 m

- 1750 m

AR : Aller-Retour, R : Refuge, Rs : Restauration. DP : Demi pension, TS : Taxe de séjour, PN : Pique nique, CB : Carte Bancaire. Il y a des douches chaudes payantes dans les deux refuges. Il n'y a aucune possibilité de ravitaillement en cours de route et il faut donc demander des pique-niques dans les refuges lorsque c'est nécessaire.

La durée de l'étape s'entend tous les arrêts compris (pique-nique, pauses boisson ou photos). Dans les tableaux qui suivent, les heures indiquées sous l'itinéraire sont les heures effectives de passage aux endroits précisés.

En cliquant sur la date au début du tableau de chaque étape, on revient au tableau général ci-dessus. En cliquant sur Itinéraire dans la description de chaque étape, on pourra visualiser le parcours sur la carte IGN. Attention, certains fichiers sont assez volumineux et leur transfert peut prendre pas mal de temps si vous n'avez pas l'ADSL... (Y'en a encore ?). Lorsque je disposais du topo de la randonnée (trouvé sur internet), je l'ai inséré et éventuellement corrigé en fonction de mes observations sur le terrain.


12 août 2018

Refuge de la Madone de Fenestre – Cime Ouest de Fenestre en AR

Longueur étape : 9 km

Heure départ : 10 h 00

Heure d'arrivée : 15 h 40

Durée effective de marche : 4 h 30

Dénivelée cumulée : 1700 m

Déniv. positive : 850 m

Déniv. négative : 850 m

Alt min : 1905 m

Alt max : 2654 m

Itinéraire (591 Ko) - Les photos

10 h 00 – Refuge de la Madone de Fenestre, 1905 m
11 h 00 – Lac de Fenestre, 2250 m
11 h 35 - Col de Fenestre, 2474 m
12 h 35 - Cime Ouest de Fenestre, 2654 m
14 h 00 - Pas des Ladres, 2448 m, pique-nique 40 minutes
15 h 40 - Refuge de la Madone de Fenestre, 1905 m

Météo  et toute la journée. Bien couvert en altitude et un peu frisquet.

Nice - Refuge de la Madone de Fenestre : Lever à 6 h 30 et déjeuner dans la chambre (un pain au chocolat, un pain aux raisins, une nectarine et deux yaourts). A l'arrêt du RandoBus 730, il y a déjà 20 ou 30 randonneurs qui attendent. Départ à 7 h 25, le car est pratiquement complet. Arrivée à Saint-Martin-Vésubie vers 8 h 50. Une navette nous attend et nous arrivons à la Madone de Fenestre vers 9 h 30. A noter que le chauffeur est un modèle de courtoisie. Dans les gorges de la Vésubie (qui sont quand même très étroites, surtout pour un autocar), il s'arrête chaque fois qu'il le peut pour laisser passer les voitures qui le suivent !

Le film de l'étape : J'arrive au refuge et laisse mon sac dans un coin, car le personnel est en train de faire le ménage. Je rencontre le gardien Patrick et lui demande si je peux atteindre la Cime Ouest de Fenestre par l'arête depuis le col du même nom. Il me répond : "Ça monte bien !". Je pense que ça passe facilement et, au retour de la randonnée, je comprends qu'il voulait dire que c'est quand même assez raide.
Le soleil fait son apparition et je monte au Lac de Fenestre qui est le principal objectif des randonneurs qui sont montés de Nice. Je fais une petite pause et je continue en direction du Col de Fenestre. Les nuages commencent à descendre et à accrocher les sommets environnants et un vent froid vient de France. Derrière le col, un baraquement militaire italien près duquel les bouquetins aiment se reposer. Un panneau rappelle que "Par ce col, en septembre 1943, des centaines de juifs de toute l'Europe cherchèrent souvent en vain à échapper à la persécution antisémite". Je prends quelques photos de mes premiers bouquetins et je cherche un accès à l'arête frontalière.
Un topo sur internet indique qu'il vaut mieux passer du côté italien et je m'engage dans une pente raide et glissante avec des schistes pulvérulents qui partent sous les pieds. Je progresse difficilement et je pense après coup que j'aurais dû rester du côté français. J'arrive avec soulagement sur l'arête. La suite est un peu plus facile. Une pente herbeuse avec des gros blocs et des rochers où je n'hésite pas à mettre les mains lorsque c'est nécessaire. Un seul objectif, progresser vers le haut en restant le plus possible sur le fil de l'arête, mais je ne sais pas trop où je vais car les nuages enveloppent souvent les crêtes et je n'y vois pas grand chose. Le vent se renforce et je m'arrête pour mettre ma micropolaire. Derrière moi, le Col de Fenestre diminue rapidement. De temps en temps, j'aperçois un petit cairn qui me rassure. Montées dans des petits couloirs et traversées un peu gazeuses se succèdent, mais sans grandes difficultés.
J'arrive enfin à un petit col proche du sommet. Deux solutions : continuer sur l'arête à droite par des dalles assez raides (sans savoir où elles mènent) ou contourner l'éperon rocheux par la gauche. J'opte pour la solution la plus sage et je contourne l'obstacle dans un chaos de gros blocs. Après quelques minutes, je reconnais "le couloir sommital" que j'ai déjà vu à plusieurs reprises sur internet. Petite pause et attention maximale pendant la dernière montée dans des blocs un peu compliqués. J'arrive au sommet à 12 h 35. On ne voit pas grand chose car les nuages sont là et il ne fait pas bien chaud. En me redressant sur le sommet, j'aperçois vers l'ouest le Lac de Trecolpas avec sa petite île près du GR52 qui file vers Le Boréon.
Je vais redescendre plus bas pour pique-niquer à l'abri. Mais on ne se refait pas, je me demande si je n'aurais pas pu monter directement au sommet par l'arête à droite depuis le petit col. Pour le vérifier, je décide de redescendre de ce côté là. Si ça ne passe pas, j'aurai toujours la possibilité de rebrousser chemin. Désescalade tranquille et prudente. Ce n'est pas le moment de se tordre une cheville. J'aperçois depuis l'arête le Col de Fenestre tout en bas. Impressionnant. Pas de problème, ça passe sans difficulté. Au petit col, je contourne le sommet par la gauche pour revenir sur un piton rocheux secondaire qui domine le vallon du Boréon. Je voulais faire une jolie photo du Lac de Trecolpas. Et bien, c'est raté. Les nuages sont revenus en force et j'attends plusieurs minutes une éclaircie qui tarde à venir. Tant pis, il fait trop froid, j'ai mis mon goretex et je descends dans la combe qui rejoint le Pas des Ladres.
Tout à coup des croassements attirent mon attention. Je repère facilement des grands corbeaux (à ne pas confondre avec des choucas ou des chocards). Le grand corbeau est plus grand que la corneille et le corbeau freux (avec son bon mètre trente d'envergure, c'est le plus grand passereau au monde). Il sévit principalement en montagne et son cri est assez caractéristique. J'ai pu faire quelques photos intéressantes. Un peu plus bas, je rencontre une harde de bouquetins avec 4 adultes et 4 jeunes. Ils ne sont vraiment pas farouches et je reste un moment à les observer. Et puis vers 13 h 50, les nuages se lèvent et je peux enfin faire une belle photo du Lac de Trecolpas en me rapprochant du bord ouest de la combe. Je continue jusqu'au Pas des Ladres où je m'arrête pour pique-niquer à 14 h.
Le Pas des Ladres tient son nom des contrebandiers du sel (ladres = voleurs) qui évitaient par là le poste frontière de la Madone de Fenestre en arrivant d'Italie par le col de Fenestre. Le Lac de Trecolpas évoque aussi ce thème, le mot "trecolpas" signifiant en provençal "trois coupables". Il fait toujours aussi froid et j'expédie mon pique-nique en une demi-heure (saucisse sèche, comté, pomme et barre de céréales). Je repars rapidement à la rencontre du soleil. Je dérange encore un jeune bouquetin et j'arrive au refuge à 15 h 40.
Je prends mes quartiers dans le même dortoir qu'en juin 2008 et les réflexes reviennent rapidement. Douche chaude à volonté (à l'étage) et lessive dans les lavabos près des douches (il y a de l'eau chaude). Il n'y a pas beaucoup de place pour étendre son linge à l'extérieur, seulement un petit étendage surchargé et des barrières en bois le long du refuge. Je les utilise quand même et tend ma corde à linge au dessus de ma couchette pour terminer le séchage au cours de la nuit. Je m'installe dans la salle commune, coca cola et rédaction des mes impressions journalières (sans lesquelles vous n'auriez rien à lire, et moi rien pour revivre tous ces bons moments passés là-haut). Je suis content de ma première randonnée. Temps moyen, pas trop chaud (et même un peu froid) et passages assez engagés. Ça démarre bien.
Pendant 6 jours, je vais observer tous les randonneurs qui passent dans cette salle : ceux qui viennent boire un coup avant de redescendre, ceux qui arrivent épuisés après une longue étape, ceux qui débarquent à une heure tardive sans avoir réservé, ceux qui se renseignent sur l'itinéraire et la météo du lendemain, les bruyants et les calmes, les insouciants et les inquiets... enfin un échantillonnage très intéressant de la condition humaine. J'ai même vu un randonneur avec des bâtons aussi grands que lui ! Je ne sais pas comment il arrivait à s'en servir, mais ça devait être quelque chose.
Par contre, pour le téléphone, c'est un vrai problème. Normalement, Orange devrait passer près de la croix au bout du parking, mais je n'y arrive pas. J'essaierai demain depuis la Cime de Pisset qui se trouve au dessus du Boréon. Peut-être que ça marchera. La météo est mauvaise, des orages sont annoncés. je mets ma cape de pluie et mon surpantalon dans mon petit sac et je décide de partir assez tôt. Si ça se gâte, je reviendrai. On ne sait jamais. En attendant le repas à 19 h, j'attaque la lecture de Speed, le livre d'Ueli Steck. Cet alpiniste qui a battu tous les records de vitesse à l'Eiger, les Grandes Jorasses et le Cervin, s'est tué sur les pentes du Nuptse au Népal en avril 2017.
Repas à 19 h. Ce soir menu habituel avec sauté de bœuf, riz et coupe de fruits. Discussion intéressante avec 2 randonneuses de la région et un vétérinaire d'Ascain qui est parti de Saint-Gingolph et qui descend jusqu'à Menton (comme Jacques et moi en 2009). Après le repas, je suis reparti à tout hasard vers la croix et là, miracle, le téléphone s'est mis à passer pendant 5 minutes. J'en ai profité pour passer des SMS à toute la famille. Je finis de préparer mes affaires et je vais me coucher vers 21 h 30.

Hébergement : Refuge (ou Chalet) de la Madone de Fenestre    , Tél 04 93 02 83 19, Patrick Miraillet et son équipe en particulier Mathieu Vernerey (Photographe, ancien journaliste, gardien de refuges dans le Mercantour et ami d'Hervé Gourdel) et Cyrille. Je suis resté six jours dans ce refuge (jusqu'au 18 août au matin) où j'étais déjà passé avec Jacques le 27 juin 2008.
Repas (pratiquement toujours le même) : Excellente soupe de légumes très consistante et à volonté (genre minestrone avec tomates, poivrons, courgettes, haricots en grains, pois cassés et bien d'autres choses indéterminées encore), bœuf en daube (ou morceaux de veau, de poulet ou de dinde en sauce, suivant les soirs), pâtes ou riz, tome de la région, fromage blanc aux myrtilles (ou compote, coupe de fruits, panna cotta ou tarte aux myrtilles).
Tarifs 2018 : DP 43,60 € payables par chèque ou espèces, TS 0,20 €, PN 9 €, Coca-cola 2,50 €, Tarte aux myrtilles 3 €, café 1,40 €, douche chaude 2 €. Réservation par internet, arrhes 60 €.
Commodités : Douche chaude, lavabos (eau chaude à l'étage) où on peut faire la lessive (petit étendage extérieur rudimentaire). Couvertures à l'ancienne.
Téléphone : Free/Orange passe très difficilement. De temps en temps, on peut capter le réseau en allant au bout de la route près de la croix.

Ravitaillement : Pendant les deux premiers jours, j'ai pique-niqué sur mes propres réserves. Ensuite, j'ai utilisé les pique-niques du refuge. Mais là aussi, c'est forcément toujours un peu la même chose : Salade de riz (ou de pâtes) avec des poivrons, des oignons, de la tomate et des olives, une tranche de cantal jeune emballé insipide, une pâte de fruits, une barre de céréales, deux madeleines, une pomme et une demi tablette de chocolat. Un excellent rapport qualité prix par rapport à celui proposé par le Refuge de Nice.


13 août 2018

Refuge de la Madone de Fenestre – Vers la Cime du Pisset en AR

Longueur étape : 5 km

Heure départ : 7 h 40

Heure d'arrivée : 9 h 30

Durée effective de marche : 1 h 45

Dénivelée cumulée : 560 m

Déniv. positive : 280 m

Déniv. négative : 280 m

Alt min : 1905 m

Alt max : 2175 m

Itinéraire (325 Ko)

7 h 40 – Refuge de la Madone de Fenestre, 1905 m
8 h 40 – La Cime du Pisset n'est qu'à 15 minutes, mais je renonce, 2175 m
9 h 30 – Refuge de la Madone de Fenestre, 1905 m

Météo  puis  à partir de 14 h.

Le film de l'étape : Mauvaise nuit, car des randonneurs sont restés dans la salle commune jusqu'à la fermeture et ils ont fait un boucan pas possible en venant se coucher. Ils auraient pu au moins préparer leur couchage auparavant. Il est vrai que c'étaient des étrangers et ils ne connaissaient peut-être pas les usages dans les refuges, mais quand même. Et en plus, ma prostate s'est rappelée à moi à plusieurs reprises. Bref, je me lève de mauvais poil et je descends déjeuner à 7 h. Déjeuner classique : chocolat, pain, beurre, confiture ou nutella, jus d'orange, pain de mie et quatre-quarts. Je me rabats sur le pain de mie, car l'autre est un peu sec. Je n'ai pas beaucoup d'appétit et ce sera comme cela toute la semaine. Le petit déjeuner du Refuge de Nice me conviendra mieux et je ne sais vraiment pas pourquoi.
Le temps est maussade mais il ne pleut pas pour l'instant. J'ai l'impression qu'il n'y aura pas de photos aujourd'hui. J'avais prévu de faire un grand tour par la Cime du Pisset et la Cime de l'Agnellière, puis de redescendre par le Pas des Ladres. Je décide de partir à 7 h 40, on verra bien. Le sentier monte rapidement dans une pente herbue assez raide au milieu des mélèzes. Un peu plus loin, il suit les courbes de niveau jusqu'au vallon de la Pounche où il traverse un torrent asséché très raviné, mais sans difficulté. Puis après un ressaut, on chemine à la lisière du Parc du Mercantour en restant au même niveau.
Une heure après le départ, le plafond s'abaisse, les nuages s'accumulent et les premières gouttes de pluie apparaissent. A quelques centaines de mètres devant moi, un gros troupeau de moutons occupe tout le sentier et les patous semblent bien nerveux. Est-ce le mauvais temps qui arrive ou bien les patous sont-ils sur le qui vive à cause des loups ? Je n'en sais rien, mais je sais depuis mon séjour en Ubaye que les patous attaquent parfois les randonneurs sans raison apparente. Les cimes toutes proches accrochent déjà de lourds nuages noirs et il n'en faut pas plus pour me décider à faire demi-tour. Après la Cime du Pisset, il y a une grande traversée en hors piste vers la Cime de l'Agnellière. Il doit être facile de s'orienter par beau temps, mais aujourd'hui ce serait bien trop risqué. Et puis je n'aime pas trop me mouiller (au sens propre du terme). Je reviens en arrière sans regrets.
Le plafond descend de plus en plus, mais je laisse les gouttes de pluie derrière moi et je n'ai pas besoin de sortir ma cape de pluie pour l'instant. Je poursuis mon chemin tranquillement et je rencontre avant le vallon de la Pounche quatre randonneurs qui se dirigent vers le Boréon. J'espère que leurs vêtements de pluie ne sont pas trop loin et que les patous les laisseront tranquilles. Dix minutes avant d'arriver au refuge, la pluie arrive. Je suis bien obligé de sortir ma cape. Et puis trois minutes plus tard, j'essuie une bonne averse (si on peut dire) et je me dis qu'il faut absolument mettre mon surpantalon si je ne veux pas mouiller mes grosses chaussures. La manœuvre est un peu compliquée. Il faut, dans l'ordre suivant, ôter la cape de pluie, ôter le sac à dos, récupérer le surpantalon, remettre le sac à dos, remettre la cape de pluie et enfiler le surpantalon. Seulement, cela fait bien 3 ans que je ne l'ai pas mis et je ne me rappelle plus s'il faut faire coulisser les fermetures éclair vers le haut ou vers le bas pour pouvoir l'ouvrir. J'essaie vers le bas, mais tous mes efforts sont vains. Un peu énervé, je décide de continuer sans le surpantalon puisque je ne suis pas bien loin du refuge. Et donc, j'ôte la cape de pluie, j'ôte le sac à dos, je range le surpantalon, je remets le sac à dos, je remets la cape de pluie et je repars. Bilan de l'opération, près d'une dizaine de minutes perdues sous un mélèze qui ne me protège pas vraiment. Je termine à grandes enjambées vers le refuge et me réfugie dans la salle hors sac.
Je fais sécher ma cape, me change un peu, demande un café et rédige mes impressions matinales. La salle hors sac est bondée. De nombreux randonneurs font une escale forcée en attendant de voir comment le temps va évoluer. Les discussions vont bon train à la recherche des itinéraires les moins risqués. Le gardien a allumé un bon feu dans le poêle et chacun cherche à faire sécher ses habits. Il y en a partout. Certains retournent leurs chaussures pour vider l'eau qu'elles contiennent. Ce sont bien des chaussures étanches, l'eau qui y entre ne peut pas en sortir ! Vers midi, je mange mon pique-nique dans la salle hors sac. La pluie a cessé et des écharpes de ciel bleu apparaissent. Les plus courageux repartent et les autres patientent encore un peu.
En début d'après midi, le soleil est revenu et avec lui la chaleur. Je remets mes grosses chaussures et mon goretex pour aller faire un tour en contrebas vers la Vacherie de la Madone de Fenestre. J'ai oublié mon petit sac à dos avec ma casquette et mon appareil photo. Eh oui, personne n'est parfait ! Demain, je vais faire un grand tour sur les crêtes et j'en profite pour reconnaître le sentier de départ et celui du retour. En descendant sur la route un peu après le pont sur la Vésubie, miracle de la technique, le téléphone accroche le réseau. J'en profite pour passer quelques SMS. Je remonte au refuge et je vais visiter la Chapelle de la Madone de Fenestre. Des panneaux près du refuge et à l'entrée de la chapelle rappellent l'histoire et les légendes de la Madone et de l'hospice situé à cet endroit.
Entre Provence et piémont : Le site exceptionnel de la Madone de Fenestre se situe sur une terre de passage. Installé à 1903 m d'altitude, l'Hospice offrait le réconfort aux commerçants ou pèlerins qui venaient ou se rendaient en haute montagne. Ce passage était emprunté dès la plus haute antiquité. Au Moyen Âge, il fut longtemps "frontière de Provence", mais aussi le seul accès vers la mer depuis les États de Savoie, le long de la route du sel. Italien après le traité de 1860, le site est définitivement rattaché à la France en 1947.
La Vierge miraculeuse : La statue en bois polychrome de la Madone de Fenestre daterait du XIVe siècle. Sa légende raconte que, sculptée par Saint Luc, elle fut transportée depuis la Palestine par Marie-Madeleine, puis, devant les persécutions, protégée par les Templiers, qui la transportèrent jusqu'à Fenestre. Les nombreux miracles qu'on lui attribue expliquent le culte que lui vouent les populations alentours. Les ex-votos présents dans le sanctuaire en rappellent les bienfaits, expressions de la piété populaire.
Un site de légendes : La Madone de Fenestre garde une connotation fantastique. Le lieu aurait abrité l'antre des fées, "masca" ou sorcières, qui y tenaient leurs sabbats. Le Sanctuaire christianisé serait l'œuvre des Bénédictins de Borgo San Dalmazzo, ensuite chassés par les Sarrasins qui occupèrent alors les cols, pillant les vallées voisines. Après leur expulsion par les comtes de Provence et de Turin, les Templiers s'y seraient installés. Mais, pourchassés, ils auraient été martyrisés, décapités... C'est à la Madone elle-même que reviennent les légendes les plus significatives : après l'apparition de la Vierge dans la "fenêtre" du Grand Caire de la Madone, sa statue miraculeuse revenait sans cesse sur le site qu'elle s'était choisi pour y installer son autel...

Un peu plus tard, je reviens au refuge et discute avec quelques randonneurs, en particulier un accompagnateur UCPA qui bivouaque avec un groupe de jeunes adultes et qui a été bloqué par la pluie. Ils vont repartir demain après avoir fait sécher leurs affaires. Et puis une Italienne qui doit absolument repartir demain vers Nice et qui ne sait pas comment faire. Je lui parle du bus 730 qui part de Saint-Martin-Vésubie tous les jours. Je ne sais pas quel réseau elle réussit à accrocher, mais elle arrive à trouver la fiche horaire du 730 sur internet et la voilà rassurée.
Dehors, je discute un moment avec le cuisinier du refuge qui vient fumer sa cigarette. Je lui raconte ma matinée et il me dit que j'ai bien fait de rebrousser chemin, surtout devant les patous de ce secteur qui ont déjà attaqué gravement des randonneurs. Au Refuge de Nice, j'ai discuté avec Gérard, un ami du gardien qui était monté l'aider pendant un mois. Pendant l'été, en fonction des demandes, il est berger et connaît bien les patous. Il m'a raconté que tous les éleveurs veulent des patous pour protéger leurs troupeaux. Pour y parvenir, ils multiplient les naissances en effectuant des croisements sans aucune précautions. Il s'en suit une consanguinité importante avec des patous dont le comportement dégénère souvent. Ils sont même parfois dangereux pour le troupeau lui-même et il faut alors les abattre. Je me rappelle que, l'année dernière à Maljasset, j'avais senti les crocs d'un patou sur mes mollets pendant de longues minutes. Il me suivait, mais ne m'avait pas mordu. Dorénavant, je pense que je vais être beaucoup plus prudent avec eux.
Je prends ma douche et je continue la lecture de Speed d'Ueli Steck avant d'attaquer un sudoku particulièrement retors. A 19 h, repas classique avec ce soir des morceaux de poulet en sauce avec des pâtes et de la compote avec deux cigarettes. Discussions intéressantes avec 5 randonneurs des Pyrénées Orientales qui terminent, à petites étapes,  leur GR5 de Barcelonnette à Menton. Un peu de lecture après le repas avant d'aller me coucher avec un demi Stilnox car je tiens à faire une bonne nuit. Il y a dans le dortoir un groupe de 16 randonneurs de Roanne qui connaissent bien les Monts du Lyonnais et en particulier Sainte-Foy-l'Argentière, Saint-Laurent-de-Chamousset et Villechenève, car ils ont des liens avec une association de Virigneux. Mais ils sont très disciplinés et à 21 h ils sont pratiquement tous couchés. Par contre, demain le téléphone de leur chef sonnera le réveil à 6 h, mais ce n'est pas trop gênant.

Hébergement : Refuge de la Madone de Fenestre


14 août 2018

Refuge de la Madone de Fenestre – Tour des crêtes en boucle

Longueur étape : 16 km

Heure départ : 7 h 00

Heure d'arrivée : 14 h 10

Durée effective de marche : 5 h 30

Dénivelée cumulée : 2240 m

Déniv. positive : 1120 m

Déniv. négative : 1120 m

Alt min : 1840 m

Alt max : 2496 m

Itinéraire (920 Ko) - Les photos

7 h 00 – Refuge de la Madone de Fenestre, 1905 m
8 h 00 - Embranchement pour le Mont Ponset, 2150 m
8 h 35 - Baisse des cinq lacs, 2340 m
9 h 10 - Plan de Prals, 2120 m
9 h 40 - Baisse de Prals, 2345 m
10 h 20 - Cime de la Vallette de Prals, 2496 m
10 h 50 - Cime du Pertus, 2437 m
11 h 30 - Baisse de Férisson, 2250 m
11 h 50 - Mont Lapassé, 2351 m, pique-nique 50 minutes
13 h 50 - Pont sur la Vésubie, 1840 m
14 h 10 – Refuge de la Madone de Fenestre, 1905 m

Météo :toute la journée.

Le topo : Du parking bas de la Madone de Fenestre, rejoindre la Vacherie de la Madone et les balises 359, puis 367. Prendre à droite la montée en direction de la Baisse des cinq lacs. On rejoint un replat vers l’altitude 2200 m d’où l’on peut admirer, dans notre "rétro", la belle Cime de l’Agnellière (2700 m). Poursuivre plein sud le sentier principal qui rejoint la Baisse des cinq Lacs à l’altitude 2320 m (balise 366). Descendre vers les jolis lacs, l’endroit est magnifique et il est entouré de sommets plus ou moins impressionnants, comme le Mont Neiglier à l’est, la Cime Paranova au sud-est ou la Cime de la Vallette de Prals au sud-ouest. Poursuivre le sentier vers le sud et rejoindre la balise 364 qui indique la direction de la Cime de la Valette à gauche. On prend un peu d’altitude sur un bon sentier et on rejoint la balise 365, puis la Baisse de Prals. Suivre le bon sentier sur la ligne de crête qui rejoint, sans grosse difficulté, le sommet de la Cime de la Vallette de Prals (2496 m) orné d’une belle croix. La vue est splendide sur la Cime du Gélas au nord, mais aussi le Mont du Grand Capelet à l’est. Poursuivre ensuite le sentier qui suit la ligne de crête et part en direction du nord-ouest. Il passe sous un premier mamelon, la Cime du Pertus, rejoint la Tête de la Lave, et contourne par le sud la Tête de Cinant. Il rejoint bientôt la Baisse de Férisson à l’altitude 2254 m (balise 297). Là, une grande croix en bois fait office de carrefour et une vue magnifique se dégage vers le Gélas, une fois de plus, mais également en contrebas, vers le sanctuaire de la Madone de Fenestre. Le Mont Lapassé (2351 m) est juste à gauche, dans la continuité de la ligne de crête et nécessite l’ascension, en aller-retour, d’une centaine de mètres supplémentaires pour le rejoindre. Là-haut, on peut admirer une vue dégagée vers l’ouest, avec notamment l’emblématique Mont Mounier. Rejoindre la Baisse de Férisson et suivre le sentier en direction de la Madone de Fenestre qui redescend dans les bois et rejoint les balises 354 et 362. On récupère la route (D94) pour rejoindre le parking de la Vacherie de Fenestre en essayant de couper les derniers lacets.

Le film de l'étape : La nuit a été bonne, peut-être grâce au Stilnox (qui ne peut éviter mes levers nocturnes...). Réveil en fanfare à 6 h pour le groupe de Roanne. Je patiente un moment, puis je me lève. Je vais déjeuner plus tôt et je partirai dès que possible. Le temps est au grand beau, il faut en profiter. Comme j'avais préparé mon sac la veille au soir, je n'ai plus qu'à y mettre mon pique-nique après m'avoir lavé les dents et je pars. Il fait frisquet et je mets ma micropolaire. Descente à la Vacherie de la Madone, puis montée assez rude dans le vallon du Ponset.
J'arrive sur un grand replat vers 2150 m et je repère sur la gauche une petite sente cairnée. Je présume qu'il s'agit du sentier que je vais prendre demain pour monter au Mont Ponset. Je rencontre un randonneur qui croit bien connaître le coin et qui me dit qu'il faut d'abord passer par la Baisse des cinq lacs. Je ne suis pas persuadé et je continue en me disant qu'il va falloir éclaircir la situation avant demain matin.
Il m'attend à la Baisse des cinq lacs et il me montre une combe qui mène d'après lui au Mont Ponset. Toujours pas convaincu, je sors ma carte et ma boussole et lui dit que la combe qu'il m'indique doit conduire au Mont Neiglier. Il maintient ses affirmations en me disant qu'il a fait pas mal d'ouvertures dans le coin et qu'il est sûr de son coup. D'ailleurs, il sort son GPS qui ne peut que confirmer qu'on est bien à la Baisse des cinq lacs et pas ailleurs. Je laisse tomber en me disant que j'interrogerai le gardien du refuge à mon retour.
Très jolie vue depuis la Baisse des cinq lacs. Dans le Mercantour, le mot Baisse désigne un col, un passage d'une vallée à une autre. En contrebas, des vaches paissent près des lacs qui forment un joli tableau dans le soleil matinal. Il y a là plusieurs races, difficiles à déterminer, probablement des Abondances et des vaches acajou foncé qui ressemblent à des tarines, peut-être des salers. Je descends près des lacs et je surprends 3 chamois qui étaient en train de lécher des pierres à sel laissées par les éleveurs. Je continue à descendre vers le Plan de Prals et je rencontre un gros troupeau avec un taureau imposant et des chevaux de selle de toute beauté. Tout ce petit monde broute tranquillement en toute liberté.
Montée tranquille à la Baisse de Prals où je retrouve le sentier qui monte depuis la vallée de la Gordolasque par où je repartirai à Nice à la fin de mon séjour. Un dernier effort et j'arrive à la Cime de la Vallette de Prals d'où on a une belle vue sur tous les sommets alentour : Gélas, Mont Ponset, Cime de la Malédie,  Mont Neiglier et Mont Clapier, en fait pratiquement tous les sommets auxquels je vais me frotter dans les prochains jours. Au sommet, je rencontre 4 jeunes d'Ille-de-France qui randonnent dans le secteur avec tentes et même un hamac ! On sympathise rapidement, on se prend mutuellement en photo et on fait un bout de chemin ensemble. Je les abandonne un moment pour monter à la Cime du Pertus pour prendre plusieurs photos des combes du Mont Ponset et du Mont Neiglier. Je voudrais les montrer ce soir au gardien du refuge afin de lever toute ambigüité sur les itinéraires menant à ces deux sommets. Je passe également à la Tête de Cinant avant d'arriver à la Baisse de Férisson où je vais quitter mes jeunes compagnons.
Je vais aller en aller et retour au sommet du Mont Lapassé pour y pique-niquer tranquillement. Je perds un peu de temps à faire le tour par derrière alors qu'il suffisait de monter directement sur la crête. Et là surprise, le portable passe très bien. J'en profite pour appeler Marythé et envoyer des SMS au reste de la famille. C'est mon dernier pique-nique apporté depuis Rennes et le pain de mie ne passe pas trop bien. Par contre la saucisse sèche n'a pas bougé d'un poil. Vraiment un excellent produit pour les randonnées de ce type. Il m'en reste encore un peu que j'ajouterai en petits morceaux dans les prochaines salades préparées par le refuge pour mes pique-niques.
Après quelques photos, je redescends tranquillement à la Madone de Fenestre par un sentier en sous bois bien agréable. Je n'oublie pas de faire quelques clichés des cascades de la Vésubie près de la route avant de remonter au refuge. Douche et lessive qui va sécher rapidement car il y a du soleil et du vent. Je prends mon coca cola habituel et Mathieu me met en contact avec Louis-Paul Martin, ébéniste et sculpteur sur bois à Saint-Martin-Vésubie. C'est un montagnard, grand connaisseur de la région, qui est arrivé au refuge pour monter, demain 15 août, au sommet du Gélas la statue de la madone en bois qu'il vient de terminer. La précédente statue, déjà sculptée par Louis-Paul Martin, a été détruite par la foudre en juin 2018. Elle était connue de tous les montagnards et des habitants de Saint-Martin-Vésubie. Je montre les photos des combes du Mont Ponset et du Mont Neiglier et Louis-Paul prend le temps de me montrer très précisément par où il faut passer. A priori, pas de difficultés particulières, mais il faut faire attention... comme d'habitude.
Discussion très intéressante avec une randonneuse grenobloise d'une quarantaine d'années qui fait le GR52 en autonomie. Elle porte un sac de 18 kg avec sa tente, son duvet, sa popote et son ravitaillement. Elle est plutôt fluette, mais elle fait aussi de la course en montagne ce qui explique cela. Néanmoins, je pense qu'elle porte pratiquement le double des valeurs conseillées en fonction du poids de la personne (si vous pesez 55 kg, le poids du sac devrait aller de 8 à 11 kg ). Elle a l'air pleine d'énergie et bien résistante pour s'envoyer parfois des étapes de 30 km en se ravitaillant au passage dans les vacheries où elle achète un peu de fromage. Ce soir, elle est à court de pain et elle a bien souffert hier avec la pluie, alors elle s'accorde un repas chaud et une nuit en refuge.
Repas classique avec ce soir sauté de veau, pâtes et fromage blanc aux myrtilles. Discussions sympathiques avec 3 Nantais, 2 Lyonnais et la Grenobloise. Je prépare ensuite ma randonnée de demain. Ce sera le Mont Ponset. Coucher à 21 h 30 avec un demi stilnox. Nuit tranquille car il n'y a que 7 ou 8 personnes dans le dortoir ce soir.

Hébergement :  Refuge de la Madone de Fenestre 


15 août 2018

Refuge de la Madone de Fenestre – Mont Ponset en AR

Longueur étape : 10 km

Heure départ : 7 h 35

Heure d'arrivée : 14 h 25

Durée effective de marche : 5 h 00

Dénivelée cumulée : 2000 m

Déniv. positive : 1000 m

Déniv. négative : 1000 m

Alt min : 1870 m

Alt max : 2828 m

Itinéraire (636 Ko) - Les photos

7 h 35 – Refuge de la Madone de Fenestre, 1905 m
8 h 20 - Embranchement sur le sente à gauche vers 2100 m
9 h 30 - Passage près des 2 petits lacs à l'entrée du cirque terminal, 2420 m
10 h 00 - Au pied de la grande pente herbo-pierreuse qui mène au sommet vers 2550 m
10 h 40 - Sommet du Mont Ponset, 2828 m, pause 20 minutes
12 h 15 - Pique-nique 45 minutes à la sortie du cirque terminal vers 2400 m
13 h 40 - Retour à l'embranchement avec le sentier de la Baisse des cinq lacs vers 2100 m
14 h 25 – Refuge de la Madone de Fenestre, 1905 m

Météo : alternance de et de toute la journée.

Le topo : Départ de la balise 360 , suivre le torrent de Fenestre en rive gauche jusqu’aux balises 359 puis 367. Laisser le GR5 en face et tourner à droite en direction de la Baisse des 5 lacs (panneau directionnel et marques jaunes). Le sentier prend de la hauteur assez rapidement, traverse des bois en lacets et débouche sur un joli replat herbeux très aéré au sein duquel coule une rivière (vers 2100 m). Suivre le torrent pendant une cinquantaine de mètres en restant sur le sentier balisé et repérer en face, légèrement à gauche (direction sud-est), les arêtes de la Pointe André qui se situent sur la même ligne de crête que le Mont Neiglier. Au fond à droite (direction sud-sud-ouest), on arrive à deviner la Baisse des cinq lacs. L’itinéraire consiste à quitter le sentier en direction de la Baisse des cinq lacs avant de traverser le ruisseau à l'extrémité du replat herbeux, et à bifurquer sur une sente bien visible à gauche, au niveau de deux cairns facilement identifiables. On va donc cheminer entre le Mont Neiglier et le Mont Ponset que l’on n’aperçoit pas, mais que l’on est en train de dépasser par sa gauche. La sente prend vite à nouveau de l’altitude et longe plusieurs petites cascades qui coulent directement des contreforts du Mont Ponset. L’itinéraire continue et traverse une zone d’éboulis assez désagréable située au pied (face sud) du Mont Ponset et le contourne par sa base sud puis sud-est. Suivre cette sente pendant un bon moment. Celle-ci débouche dans un cirque fermé et face à une forte pente herbo-pierreuse dirigée pratiquement plein nord vers le sommet du Mont Ponset. La montée en lacets est rude, mais pas technique, et si l’on se retourne, le Mont Neiglier nous fait face avec fierté, même s’il n’atteint pas tout à fait l’altitude de son voisin le Ponset. Au bout de la sente, on débouche par une brèche sur la partie sommitale très minérale composée de 3 petits sommets. Rejoindre avec prudence le premier, puis le deuxième où se trouve le cairn sommital. Effectivement, c’est le plus haut mais pas le mieux placé pour le point de vue. Le troisième sommet vaut le coup d’être visité par rapport à son panorama plongeant vers le vallon de la Madone de Fenestre, mais nécessite de la prudence, notamment une petite désescalade facile du sommet 2 afin d’atteindre le sommet 3. Quand le ciel est dégagé, la vue est splendide, notamment sur tous les sommets proches du secteur. Ceux plus lointains (Argentera et Viso, notamment), sont barrés justement, par ces sommets proches que sont le Gélas, la Cime St-Robert, la Malédie, le Caire Cabret ainsi que le Mont Clapier, et j’en passe…

Le film de l'étape : Lever tranquille à 6 h 30 et petit-déjeuner. Je récupère mon pique-nique et je pars à 7 h 35. Je monte tranquillement jusqu'au replat herbeux vers 2100 m et je prends la petite sente à gauche repérée la veille. Montée assez rapide avec des pentes herbeuses, des arbustes, des mélèzes et beaucoup de gros blocs erratiques. Le sentier disparaît parfois, mais on le retrouve assez facilement en surveillant attentivement les cairns. Un peu plus haut, la végétation se réduit à quelques rhododendrons et se découpe sur le ciel, à gauche de l'arête sud du Mont Ponset, le verrou glaciaire qui défend l'entrée dans le cirque terminal. Je surprends mon premier chamois de la journée. Il est descendu assez bas pour manger et je fais attention à ne pas trop l'effaroucher.
La montée est régulière dans des pentes plus vastes et aérées et j'arrive tranquillement à l'entrée du cirque terminal. Il est bordé au sud par les Arêtes de la Pointe André, au nord par les contreforts du Mont Ponset et à l'est par les crêtes qui vont du Mont Ponset au Mont Neiglier. Derrière le verrou glaciaire, deux petits lacs non répertoriés se cachent dans les pierriers qui descendent de la Pointe André. L'entrée dans le cirque est assez pénible. Il faut traverser des éboulis instables dans lesquels la recherche des cairns consiste à trouver un petit tas de cailloux dans un grand champ de cailloux. Il vaut mieux prendre son temps pour choisir la bonne trace en restant si possible sur le flanc sud du Mont Ponset.
Je remonte le cirque terminal en m'orientant progressivement vers le nord et, une demi heure après mon entrée dans le cirque, j'aperçois enfin sur ma gauche la grande pente qui va me conduire au sommet du Mont Ponset. Des traces de sentier dans la zone herbeuse au pied de la pente facilitent la progression. A fur et à mesure, l'herbe fait place à des éboulis, des blocs et des rochers où les cairns permettent d'éviter quelques barres rocheuses sans difficultés. Mais il faut parfois mettre les mains pour contourner plus facilement un obstacle.
J'arrive sur la crête où se trouvent trois petits sommets. Le temps s'est un peu couvert, il ne fait pas bien chaud et je remets ma micropolaire. Je laisse tomber le premier sommet sur la gauche, pourtant assez facile d'accès, pour aller directement sur le second où se trouve le cairn sommital. Et puis, suivant les recommandations du topo, je vais sur le troisième sommet qui domine le Refuge de la Madone de Fenestre. Très jolie vue sur le refuge, et les lacs Balaour et Cabret où j'ai l'intention d'aller faire un tour après demain. Mais tous les sommets au nord, à l'est et au sud sont dans la grisaille. Sur le sommet principal, un jeune bouquetin se prélasse sur une petite terrasse. Je repère aussi entre les sommets 2 et 3 un grand couloir qui descend en direction de la Madone de Fenestre. Il n'a pas l'air très compliqué, du moins ce que j'en vois, et je me dis qu'on devrait pouvoir redescendre par là à moins qu'il ne débouche au dessus de barres rocheuses infranchissables. Comme le soleil tarde à venir, je repars au bout d'une vingtaine de minutes et je redescends la grand pente avec précautions. Une entorse ici ne serait pas la bienvenue. Je n'ai rencontré aujourd'hui qu'un bouquetin, quelques chamois et une marmotte que je viens de surprendre sur un gros rocher. C'est la seule que je verrai durant tout mon séjour dans le Mercantour.
J'arrive au verrou glaciaire un peu après midi et je cherche un endroit à l'abri du vent pour pique-niquer. Et tout à coup, le téléphone accroche le réseau. J'en profite pour rassurer la famille avec des SMS. Je pose mon sac dans une anfractuosité de rocher et je déjeune tranquillement en observant une famille de chamois qui jouent dans une barre rocheuse à quelques dizaines de mètres. Ils s'enhardissent peu à peu et descendent brouter près de moi. Je suis agréablement surpris par le pique-nique, copieux et qui passe bien. Aujourd'hui, c'était salade de pâtes... Par contre, le cantal jeune n'est pas terrible, surtout qu'il y a de bons fromages dans la région (avec une vacherie au pied du refuge !). Mais c'est sans doute plus pratique pour le gardien. Le soleil tarde toujours et je repars rapidement. La descente est agréable et je retrouve mes chamois un peu plus bas.
J'arrive au refuge à 14 h 25 et je reprends mes bonnes habitudes. Une demi heure plus tard, je suis douché et j'ai fait ma lessive. Je retrouve Louis-Paul Martin qui rentre du sommet du Gélas après y avoir déposé la nouvelle madone qu'il a sculptée pour remplacer l'ancienne foudroyée. Il me reconnaît et me demande où je suis allé et si ça s'est bien passé. C'est très sympa de sa part et je le remercie chaleureusement. Je profite d'une pause cigarette du gardien pour lui parler du couloir que j'ai repéré entre les sommets 2 et 3. Il me dit que ce passage s'appelle la diagonale ouest et qu'il est souvent emprunté l'hiver à la montée (avec piolet et crampons) par les skieurs de randonnée qui redescendent ensuite par les grandes pentes du cirque terminal où j'étais aujourd'hui. Sans doute une descente inoubliable quand les conditions de neige sont bonnes. Au menu ce soir, repas presque habituel avec sauté de bœuf, mais j'ai droit à un plat spécial, courgettes farcies et tranches d'agneau, restes du repas servi à midi aux convives lors du pèlerinage à la Madone de Fenestre (que je vais quand même partager en partie avec les autres randonneurs). Une gentille attention du gardien avec qui je discute assez souvent. Au cours du repas, discussion sympathique avec trois Grenoblois, des jeunes qui travaillent ensemble dans le domaine de l'habitat, de la domotique...
Demain, la météo est mitigée : beau le matin, incertain l'après midi avec des risques d'averses et d'orages. Je vais sans doute me coucher assez tôt pour partir de bon matin. Au programme, le Mont Neiglier, course plus difficile que les précédentes, mais sans doute dans mes cordes avec les tuyaux que m'a donnés Louis-Paul Martin hier. Un sudoku pour attendre 21 h et je rejoins le dortoir où je m'endors rapidement.

Hébergement : Refuge de la Madone de Fenestre


16 août 2018

Refuge de la Madone de Fenestre – Mont Neiglier en AR

Longueur étape : 11 km

Heure départ : 7 h 10

Heure d'arrivée : 14 h 00

Durée effective de marche : 5 h 40

Dénivelée cumulée : 1960 m

Déniv. positive : 980 m

Déniv. négative : 980 m

Alt min : 1860 m

Alt max : 2786 m

Itinéraire (363 Ko) - Les photos

7 h 35 – Refuge de la Madone de Fenestre, 1905 m
8 h 30 - Baisse des cinq lacs, 2335 m
9 h 45 - Au pied du grand couloir, 2620 m
10 h 15 - Arrivée à la brèche, 2745 m
10 h 23 - Sommet du Mont Neiglier, 2786 m, pause 15 minutes
11 h 20 - Retour au pied du grand couloir, 2620 m
12 h 10 - Baisse des cinq lacs, 2335 m, pique-nique 40 minutes un peu plus bas.
14 h 00 – Refuge de la Madone de Fenestre, 1905 m

Météotoute la journée.

Le topo : Le départ se trouve balise 359 au niveau de la vacherie de Fenestre. Vous allez ensuite poursuivre jusqu’à la balise 367 qui vous fera bifurquer, sur la droite, en direction des lacs de Prals. Le dénivelé moyen commence au moment où vous pénétrez dans le vallon de Ponset et sera une bonne mise en jambe pour affronter, plus haut, la pente et les rochers du Neiglier. Arrivés à la Baisse des cinq lacs, monter à gauche sur la crête orientée nord-est et suivre un petit sentier qui longe les arêtes de la Pointe André. Bien repérer les cairns en traversant quelques pierriers et retrouver les traces de sentier par la suite. Il faut véritablement aller jusqu'au fond de la combe. On butte alors contre l'arête sud du Mont Neiglier et on aperçoit un grand couloir (indiqué par un grand cairn) qui monte en biais de la droite vers la gauche. Il s'agit pratiquement d'un grand dièdre bien ouvert qu'il faut remonter pour arriver à une petite brèche d'où on plonge sur le cirque terminal du Mont Ponset. L'accès à la brèche se fait difficilement sur des éboulis qui peuvent être dangereux par temps de pluie. Il faut parfois mettre les mains pour escalader de petits ressauts et faire attention aux chutes de pierre provoquées par un autre randonneur ou un animal. Arrivés à la brèche, laisser les bâtons et continuer sur la droite sur l'arête qui mène au sommet avec quelques pas d'escalade facile où les mains sont les bienvenues. L'effort vaut le coup, car arrivés en haut, vous serez récompensés en découvrant un paysage somptueux. Vous aurez une vue imprenable sur les fameuses arrêtes de la Pointe André mais aussi sur la vallée de la Gordolasque et le Mont Ponset. Au retour, la descente du grand couloir est tout aussi délicate. Par contre, arrivés au pied du couloir, vous ne rencontrerez plus aucune difficulté.

Le film de l'étape : Bonne nuit et lever à 6 h 20 pour un petit déjeuner à 6 h 30. Départ à 7 h 10. Après la bifurcation vers le Mont Ponset, je fais connaissance avec mon premier chamois de la journée qui traverse tranquillement le sentier. Je rencontre le soleil à la Baisse des cinq lacs et je m'octroie une bonne pause en m'alimentant soigneusement avant de plonger dans l'inconnu. Je monte sur la crête et repère le petit sentier qui longe le pied des arêtes de la Pointe André. Je découvre le fond du cirque, mais il est plongé dans l'obscurité, pratiquement à contre jour, et je ne distingue pas encore le fameux couloir qu'il ne faut pas rater ! Une demi heure plus tard, je regarde les photos prises il y a deux jours depuis la Cime du Pertus et sur lesquelles Louis-Paul Martin m'a montré le grand couloir. Plus je me rapproche du fond du cirque et plus l'itinéraire me semble évident. D'ici, ça semble raide, mais je verrai bien quand je serai au pied des difficultés.
La sente traverse plusieurs pierriers pas faciles où il faut bien surveiller les cairns qui jalonnent le parcours. Sous la Pointe André, je rencontre encore quelques chamois qui se baladent littéralement là où j'avance avec parfois beaucoup d'hésitation. Les traces contournent des éboulis par la droite avant de venir buter contre le fond du cirque. Montée raide dans du terrain fuyant, des cailloux, de la poussière de schiste et de la terre. J'arrive près du grand cairn qui indique le début du couloir. C'est moins impressionnant de près que de loin, mais je sens tout de suite qu'il va falloir être vigilant et prendre son temps. Le couloir ressemble à un grand dièdre ouvert dans lequel il faut progresser jusqu'à la crête derrière laquelle se trouve le cirque du Mont Ponset où je me trouvais hier. Une nouvelle pause pour bien m'alimenter et boire avant de repartir, car je vois bien que je n'aurai guère l'occasion de le faire avant le sommet.
J'attaque la montée du couloir tranquillement. C'est une succession de pentes assez raides avec des traces et des cairns dans lesquelles on progresse sans trop de difficultés, de vires où on peut souffler un peu, de petites dalles à escalader et parfois de goulets étroits où les mains ne sont pas de trop pour progresser en toute sécurité. Je retrouve avec satisfaction les gestes habituels de l'escalade en terrain d'aventure et je n'hésite guère à grimper là où ça m'inspire, même si ce n'est pas forcément là où c'est le plus facile. La montée est agréable, mais je suis sûr que la descente le sera moins. J'arrive à la brèche inondée de soleil une demi heure plus tard. Derrière je retrouve avec satisfaction le cirque du Ponset. Je laisse mes bâtons qui vont me gêner pour escalader l'arête qui mène au sommet.
J'arrive au sommet à 10 h 23 avec un cairn assez original. Et là aussi, je rencontre un jeune bouquetin. Peut-être est-ce celui rencontré hier au sommet du Mont Ponset qui vient me rendre visite ! Il fait vraiment beau et le panorama est splendide. Au sud-ouest, je retrouve la Cime de la Vallette de Prals, la Cime du Pertus et le Mont Lapassé. Au nord-ouest, on aperçoit le Refuge de la Madone de Fenestre, au nord la Cime de la Malédie, au nord-est le Refuge de Nice, le Lac de la Fous et le Mont Clapier et à l'est Le Lac Autier. Des endroits où je suis allé ou bien que je vais visiter dans les prochains jours. Je resterais bien là encore un grand moment, mais comme la météo est incertaine, je n'aimerais pas redescendre le grand couloir sous la pluie.
Je repars tranquillement, retrouve mes bâtons et commence la descente avec des excès de prudence. Sur ma gauche, sur les crêtes, plusieurs bouquetins m'observent. Ils doivent bien se marrer en voyant mes hésitations dans certains passages et je les réprimande de vive voix en leur faisant remarquer que ce n'est pas bien de se moquer des randonneurs ! Je vais mettre 40 minutes pour descendre alors que je n'en ai mis que 30 pour monter. Le fond du cirque est toujours dans l'ombre et je décide de poursuivre en direction de la Baisse des cinq lacs pour y pique-niquer au soleil. Sur le chemin, je rencontre d'autres chamois, peut-être ceux rencontrés à l'aller.
Malheureusement le soleil a disparu et un vent frisquet m'accueille à la Baisse des cinq lacs. Il ne fait pas bien chaud, je remets ma micropolaire et je vais descendre un peu plus bas pour trouver un endroit abrité. Je voudrais aussi essayer de prendre des photos de la grande combe qui descend sous le verrou glaciaire du Mont Ponset. Je trouve un endroit intéressant, je m'installe, je prends une photo et le soleil, qui avait fait une timide apparition, disparaît. Pas de chance. De gros nuages bien sombres coiffent maintenant les sommets du Mont Ponset et du Mont Neiglier. Heureusement que je suis descendu rapidement. Au bout de 10 minutes, j'ai froid et je descends un peu plus bas après avoir mangé seulement ma salade de pâtes.
De retour dans le petit vallon d'où part la sente qui mène au Mont Ponset, le soleil est revenu et je m'installe à nouveau pour terminer mon pique-nique. Un peu plus bas, une famille avec deux jeunes enfants regardent médusés un jeune chamois qui broute tranquillement à une dizaine de mètres parmi les linaigrettes. Ils ont vraiment beaucoup de chance de voir à leur âge un chamois d'aussi près. Je repars en direction du refuge et, vers 2040 m, le téléphone accroche le réseau. Pourquoi ici ? Mystère, mais ça marche vraiment bien. Les randonneurs s'arrêtent et en profitent pour téléphoner. Si on remonte sur le sentier ou qu'on descende de 20 mètres, ça ne marche plus du tout. Je passe tous mes SMS à la famille et j'en reçois également. Tout va bien.
J'arrive au refuge à 14 h. Vous connaissez la suite : douche lessive, coca cola et cette fois-ci une tarte aux myrtilles bien méritée. Je me retrouve à table avec un père, son fils et sa copine, sa fille et un retraité des Ponts et Chaussées. Echanges très intéressants entre les jeunes et les plus sages (c'est-à-dire les anciens). C'est le menu habituel avec bœuf en daube et poire au chocolat. Dans le dortoir, je retrouve le groupe des 16 randonneurs de Roanne qui retournent au Boréon où ils ont laissé leurs voitures. Demain, mon objectif, c'est le Balcon du Gélas mais, avec une météo toujours aussi incertaine, je vais essayer de partir tôt comme d'habitude.

Hébergement : Refuge de la Madone de Fenestre


17 août 2018

Refuge de la Madone de Fenestre – Vers le Balcon du Gélas en AR

Longueur étape : 10 km

Heure départ : 7 h 30

Heure d'arrivée : 13 h 45

Durée effective de marche : 5 h 30

Dénivelée cumulée : 1800 m

Déniv. positive : 900 m

Déniv. négative : 900 m

Alt min : 1905 m

Alt max : 2760 m

Itinéraire (450 Ko) - Les photos

7 h 30 – Refuge de la Madone de Fenestre, 1905 m
9 h 05 – Collet du Lac de Fenestre vers 2450 m
9 h 40 – Lac Mort, 2527 m
10 h 45 - Lac Blanc, 2665 m
11 h 15 - Pique-nique 15 minutes et demi-tour, 2760 m
13 h 45 – Refuge de la Madone de Fenestre, 1905 m

Météo : et  pendant toute la randonnée et en fin d'après midi.

Le topo : Du sanctuaire de Fenestre, suivre le sentier muletier (GR52) qui s’élève par de larges lacets vers le nord-est sur les flancs de l’Agnellière. Quitter bientôt le tracé du GR52 qui mène au Pas des Ladres (368) et continuer à droite toujours sur le chemin et le suivre jusqu’à un rocher noir caractéristique à 2170 m. Au lacet suivant, prendre à main droite le sentier qui monte vers l’est et débouche sur une crête. Vers 2 280 m, le sentier quitte la crête, monte en traversée vers le nord-est et se dirige vers le Collet du Lac de Fenestre. Le sentier est bien balisé (cairns) jusqu’au Lac Mort (2527 m) que l’on contourne par le sud pour atteindre le vallon du Lac Blanc. Suivre les cairns à travers les blocs de pierres, remonter en partie le vallon du Collet du Saint Robert. Attention vers 2590 m, sur un petit replat devant un mamelon rocheux, on trouve des cairns qui partent à gauche et d'autres qui montent sur la droite dans un petit vallon. Continuer sur la droite pour rejoindre le Lac Blanc (2665 m). Passer à droite du lac et après avoir gravi des éboulis, contourner la base sud-ouest du Gélas. S’élever vers l'est en suivant la trace qui oblique au nord-est pour arriver à la Terrasse du Gélas (2985 m), d’où l’on découvre la haute Gordolasque et le Lac Long. De là, suivre la combe nord-sud par une sente qui conduit au sommet du Balcon du Gélas (3088 m). Très beau panorama à l’arrivée. Retour par le même chemin jusqu'à Roche Risso, puis par le Lac Cabret et le Lac Balaour.

Le film de l'étape : Il fait gris lorsque je me lève et il pluvine même un peu lorsque je sors à l'extérieur. Je prends tout mon temps pour déjeuner et j'attends un peu, car je n'ai pas envie de me faire rincer comme l'autre jour. Mais la pluie s'arrête rapidement et je peux même voir un peu de ciel bleu vers l'ouest. Je n'hésite pas beaucoup et je pars à 7 h 30 vers l'est où malheureusement tout est bien bouché. On verra bien. Les nuages sont déjà là et les chamois aussi.
Je quitte le sentier du Col de Fenestre pour partir en direction du Balcon du Gélas. Le brouillard est parfois si dense qu'on y voit à peine à quelques dizaines de mètres. Je ne sais pas jusqu'où j'irai, mais tant qu'il ne pleut pas, je continue. Pentes herbeuses, clapiers, éboulis, blocs erratiques, tout y est. Avec le brouillard, la recherche des cairns devient plus compliquée. J'ai l'impression de me retrouver dans le jeu des 7 erreurs. Je cherche un petit tas de cailloux qui n'est pas naturel (et qui ne devrait donc pas se trouver là) dans la vue brouillée qui se présente devant moi. La montée est raide et je prends mon temps.
J'arrive au Collet du Lac de Fenestre (du moins il me semble) à 9 h 05 vers 2450 m. Pause ravitaillement, mais je ne m'attarde pas. En contrebas, on aperçoit dans la brume le Lac Balaour. Je continue et j'arrive au Lac Mort presque par hasard. Il est défendu par un chaos de gros blocs erratiques et on ne le voit qu'au dernier moment. Silence impressionnant. Je continue mon chemin en cherchant toujours les cairns. J'arrive à 10 h 15 sur un petit replat, parfait pour y planter 2 ou 3 tentes, et là je suis perplexe. Devant moi, un gros mamelon rocheux qu'il faut contourner par la droite ou par la gauche. Je trouve quelques cairns dans un petit vallon qui monte sur la droite et je repère aussi sur la gauche un gros rocher avec une marque de peinture jaune. En cherchant bien, j'aperçois aussi un peu plus loin sur la gauche un cairn près d'un névé. Alors que faire ? Je fais confiance a priori à la marque de peinture et je pars sur la gauche.
Un quart d'heure plus tard, je découvre dans la brume un beau lac en contrebas sur ma droite. Un coup d'œil à l'altimètre suffit à me convaincre. Je suis à plus de 2700 m d'altitude et le Lac Blanc est à 2665 m. Donc le lac que j'aperçois plus bas est forcément le Lac Blanc. Je descends dans une petite barre rocheuse pour le rejoindre rapidement. Je comprends que j'aurais dû partir à droite sur le petit replat et je le vérifierai au retour.
Au bord du lac, je retrouve toute une série de cairns. Il est 10 h 50 et une petite éclaircie m'incite à continuer.  Mais je dois vite déchanter. Les nuages reviennent de plus belle et je poursuis mon ascension dans des éboulis et des gros blocs où on ne voit pas grand chose. Je progresse tant bien que mal et j'ai de plus en plus de difficultés à trouver les cairns. J'essaie de me guider avec les traces au sol, mais sans grande conviction. Je décide de m'arrêter à 11 h 15, car j'ai faim et j'ai froid. Je m'installe sur un bloc rocheux pas très confortable et je mange ma salade de riz. Pendant tout ce temps là, je réfléchis et à 11 h 30 je décide de redescendre. Continuer dans ces conditions ne va rien m'apporter de plus. Je suis déjà assez content d'être parvenu jusqu'au Lac Mort et au Lac Blanc. Plus haut, il n'y a plus que le sommet qui doit être complètement noyé dans les nuages. Je ne verrai rien et, si la brume gagne en intensité, je ne suis même pas sûr de pouvoir retrouver les cairns en redescendant. J'imagine dans quelle galère je vais me retrouver si je m'égare dans ce chaos d'éboulis, de vires et de barres rocheuses. Je n'aurai plus qu'à attendre une éclaircie et ça peut durer un bon moment, voire même davantage ! Il faut être raisonnable et je fais demi tour pendant qu'il est encore temps.
Je retrouve le Lac Blanc un peu plus bas en empruntant un autre itinéraire que celui que j'ai suivi à la montée. Et pourtant, je suivais bien des cairns, mais dans les nuages, étaient-ce les bons ? Je me dis que finalement j'ai bien fait de faire demi tour. J'en profite pour regarder le petit ruisseau qui sort du lac. C'est en effet ici que la rivière Vésubie prend sa source. Gonflé tout au long de son chemin par ses affluents, ce petit ruisseau va terminer son parcours 48 kilomètres plus loin, quand la Vésubie se jette dans le Var entre Bonson et Plan-du-Var. Je continue ma descente et je me retrouve sur le petit replat où j'ai hésité tout à l'heure. J'ai suivi les traces de peinture jaune en prenant à gauche alors que finalement j'aurais dû suivre les cairns sur la droite. Ce n'est pas grave et je poursuis mon chemin sans trop m'arrêter car une petite bruine (tiens, du crachin breton dans le Mercantour !), vient me rafraîchir régulièrement. J'ai allumé le téléphone depuis un moment, mais rien ne passe. Je croise encore des chamois et quelques bouquetins et j'arrive finalement au refuge à 13 h 45.
Comme d'habitude, douche, lessive et coca cola. Je termine de pique-niquer dans la salle hors sac en surveillant ma lessive que j'ai mise sur un étendage à l'extérieur. Je la sors quand un rayon de soleil se pointe et je la rentre 10 minutes plus tard quand une petite ondée fait son apparition. J'en profite aussi pour recharger la batterie de mon appareil photo et puis sudokus et lecture en attendant le repas. A table, je me retrouve avec deux catalans (on arrive à échanger quelques phrases en espagnol), un breton du Finistère nord (il faut préciser !) et deux parisiens. Ce soir repas habituel avec une tarte aux myrtilles au dessert. La météo devrait s'améliorer : demain beau temps le matin et variable ensuite. Je vais me coucher tranquillement. Demain je quitte le Refuge de la Madone de Fenestre pour aller au Refuge de Nice par le Pas du Mont Colomb. Etape tranquille où j'étais déjà passé en juin 2008 avec Jacques, mais dans l'autre sens. Nous étions partis du Refuge des Merveilles pour venir au Refuge de la Madone de Fenestre. Il y avait beaucoup de neige à cette époque là et je me rappelle que la descente du Pas du Mont Colomb s'était révélée assez délicate, pour ne pas dire périlleuse, dans des névés assez raides. J'ai hâte de revoir ce passage...

Hébergement : Refuge de la Madone de Fenestre


18 août 2018

Refuge de la Madone de Fenestre – Refuge de Nice

Longueur étape : 8 km

Heure départ : 8 h 00

Heure d'arrivée : 12 h 05

Durée effective de marche : 3 h 30

Dénivelée cumulée : 1190 m

Déniv. positive : 760 m

Déniv. négative : 430 m

Alt min : 1860 m

Alt max : 2548 m

Itinéraire (352 Ko) - Les photos

8 h 00 – Refuge de la Madone de Fenestre, 1905 m
9 h 25 - A la sortie du grand pierrier, 2250 m, pause SMS 10 minutes
10 h 30 – Pas du Mont Colomb, 2548 m
11 h 35 - Intersection avec le sentier du Pont du Countet, 2153 m
12 h 05 – Refuge de Nice, 2232 m

Météo : toute la journée.

Le film de l'étape : Lever à 6 h 45, il fait beau ce matin. Je me prépare tranquillement et je fais mes adieux à Patrick, Mathieu et Cyrille. Finalement je pars à 8 h et je descends rapidement à la vacherie de la Madone pour retrouver le soleil un peu plus loin. Je discute avec quelques randonneurs, je ne suis pas pressé ce matin. Je rencontre un beau troupeau de vaches, des tarines principalement, mais aussi une Abondance, une noire et blanche et une blanche. Si Jacques était là, il me donnerait les races sans hésiter. Je rencontre beaucoup de monde avec qui j'échange quelques paroles. Je suis quand même sur le GR52, autoroute alpine variante du GR5 qui relie Menton au Lac Léman.
Je rentre dans l'ombre en traversant un grand pierrier sous la face nord du Petit Caire et du Caire de la Madone (celui dans lequel la statue de la vierge était apparue). A la sortie, à nouveau le soleil. Le téléphone accroche aussitôt le réseau, encore une fois sans raison évidente. J'ai au moins 3 ou 4 barres et je m'installe tranquillement pour passer mes derniers SMS avant mercredi prochain. Je me ravitaille et je m'engage dans des pentes herbeuses et pierreuses plus faciles jusqu'à un petit lac vers 2450 m.
Le sentier s'engage alors dans un gigantesque pierrier jusqu'au Pas du Mont Colomb. Il faut contourner par la droite un névé sous la face nord du Mont Ponset et suivre sans difficultés une bonne trace avec quelques cairns jusqu'au col. J'arrive au Pas du Mont Colomb à 10 h 30. J'imagine la descente dans les névés avec Jacques en juin 2008. On a dû hésiter pas mal car c'est vraiment pentu. Petite pause au col pour admirer des grimpeurs dans le Caire Colomb, sur un parcours d'arête qui doit être très agréable. Je rechausserais volontiers les chaussons d'escalade car j'ai toujours bien apprécié ce genre de parcours de funambule où on chevauche une arête avec un vide impressionnant de chaque côté.
Il faut redescendre. Le passage du col est exigu, à peine 2 mètres de large dans une faille du rocher. Et derrière un long couloir assez facile mais où il vaut mieux ne pas être trop nombreux, car quelques pierres se détachent facilement. On continue dans des pentes herbeuses en traversant encore quelques pierriers avant d'arriver à l'embranchement avec le sentier qui monte du Pont du Countet dans la vallée de la Gordolasque. Encore quelques minutes et j'aperçois le barrage du Lac de la Fous derrière lequel se trouve le refuge. Près du barrage, je fais un détour vers une vieille galerie technique encore utilisée.
Encore quelques dizaines de mètres et j'arrive au Lac de la Fous. J'aperçois, à son extrémité, le refuge sur un promontoire rocheux, mais il me faudra encore presque 20 minutes avant d'y monter par un joli chemin empierré. Un bouquetin rôde autour du refuge sans se soucier des randonneurs. Je donne le bonjour au gardien Christophe de la part de l'équipe du Refuge de la Madone de Fenestre et je prends possession de mon couchage.
Le refuge a été rénové il y a une dizaine d'années et les chambres sont très agréables. Je suis dans un petit dortoir de 6 personnes, dans un recoin avec beaucoup de place pour mettre mes affaires. J'ai une couchette en bas et celle du dessus ne sera occupée que lorsque le refuge sera complet. Comme je reste ici pendant 4 jours, je comprends que Christophe m'a réservé un petit traitement de faveur. Je vais pique-niquer à l'extérieur sur la terrasse du vieux refuge d'hiver. Le bouquetin revient et lèche les pierres aux alentours. Il doit chercher des traces de sel, peut-être laissées volontairement par le gardien.
Je vais prendre ma douche à 2 € pour 3 minutes, mais attention, dès qu'on introduit le jeton, le décompte commence et tout s'arrête au bout de 3 minutes, qu'on ait fait couler l'eau chaude ou non. Il ne faut pas perdre de temps. Je fais ensuite ma lessive dans un lavabo près de la douche, mais ici l'eau est glaciale alors qu'elle était chaude à la Madone de Fenestre, et j'étends mon linge sur le fil du gardien puisqu'il y a encore de la place. Je prends un coca cola et je rédige mes impressions journalières. Et puis, je redescends près du lac pour admirer le paysage et prendre quelques photos de fleurs.
Je remonte un peu plus tard et retrouve 4 randonneuses très sympathiques que j'avais déjà rencontrées au refuge de la Madone de Fenestre. Il y Marie-France qui mène le groupe, ensuite une Portugaise qui habite près d'Annemasse et travaille en Suisse et puis une mère et sa fille qui sont arrivées bien après les deux autres, car la fille n'est pas à l'aise dans les terrains difficiles (et ce n'est pas ce qui manque par ici). Elles arrivent du Refuge de Valmasque par le Baisse du Basto. On échange des informations sur nos itinéraires depuis qu'on s'est quittés et on discute de tout et de rien avec la Portugaise, enfin surtout de montagne. J'ai même failli faire un scrabble avec Marie-France, et pourtant je ne suis pas très emballé par les lettres.
Le gardien Christophe fait une pause et vient fumer une cigarette à l'extérieur. C'est fou comme tous les gens qui travaillent dans les refuges sont accros à la cigarette. Tous ceux que j'ai rencontrés avaient besoin de sortir à un moment ou à un autre pour satisfaire leur besoin, à l'exception de Rada, la jeune slovaque qui travaille ici. J'en profite pour demander à Christophe des informations sur les deux sommets que j'envisage pour les jours suivants : le Mont Clapier (un gros tas de cailloux, comme son nom l'indique) et la Cime de la Malédie. Je ne suis sans doute pas suffisamment précis dans mes demandes, car nos échanges ne me renseignent pas beaucoup. Je verrai cela plus tard, ce n'est pas urgent car demain je pars faire le tour de la Tête du Lac Autier. En fait, il n'y aura aucun problème pour le Mont Clapier car je vais relire soigneusement mon topo très explicite et retrouver les photos du couloir clé qui permet de franchir la barre rocheuse et d'accéder au sommet. Par contre, pour la Cime de la Malédie, ce sera une autre histoire que je vous raconterai un peu plus tard.
Repas à 19 h avec 2 Cannois montés pour une randonnée de 3 jours. Excellent repas (voir plus loin), assez semblable à celui du Refuge de la Madone de Fenestre, avec de la panna cotta en dessert. Je lis un peu après le repas et je vais me coucher vers 21 h après les ablutions habituelles. 

Hébergement : Refuge de Nice,   et (pour les pique-niques uniquement), Tél 06 61 97 59 38 (l'hiver seulement), Christophe Fournier, Gérard et Rada (une jeune slovaque). Je suis resté quatre jours dans ce refuge (jusqu'au 22 août au matin).
Repas
(pratiquement toujours le même) : Excellente soupe de légumes très consistante à base de pois cassés..., curry de bœuf (ou bœuf en daube), riz (ou pâtes), fromage, panna cotta (ou tarte aux myrtilles, tarte aux pommes). J'aurai droit à une petite variante lundi soir...
Tarifs 2018 : DP 47,70 € en dortoir payables par chèque ou espèces, PN 9 €, Coca-cola 2,90 €, douche chaude 2 €. Réservation par internet, arrhes 40 €.
Commodités : Douche chaude (3 minutes), lavabos (eau froide) où on peut faire la lessive, petit étendage extérieur. Fermé depuis 2006 pour cause de rénovation, le refuge a réouvert ses portes en juillet 2009. Chambres agréables de 6 ou 10 personnes, lits superposés. Couvertures.
Téléphone : Le téléphone portable ne passe nulle part. Aucune possibilité de communication avec l'extérieur. On peut contacter le gardien par son téléphone portable uniquement l'hiver lorsqu'il est chez lui à Belvédère. Il faut réserver obligatoirement par internet ou se pointer sans réservation, mais ce refuge sur le GR52 est très fréquenté et souvent complet.

Ravitaillement : J'ai demandé tous les jours un pique-nique, mais il était décevant par rapport à celui de la Madone de Fenestre et pour le même prix (il est vrai que le ravitaillement est monté à dos d'homme, et de femme, depuis le Pont du Countet) : trois tranches de pain, un morceau de saucisson, un paquet de chips, une tranche de cantal jeune emballé insipide, 4 biscuits et une barre de céréales. Pas de salade de riz ou de pâtes... Dommage.


19 août 2018

Refuge de Nice - Tour de la Tête du Lac Autier

Longueur étape : 11 km

Heure départ : 7 h 40

Heure d'arrivée : 14 h 20

Durée effective de marche : 5 h 20

Dénivelée cumulée : 1580 m

Déniv. positive : 790 m

Déniv. négative : 790 m

Alt min : 1850 m

Alt max : 2580 m

Itinéraire (494 Ko) - Les photos

7 h 40 – Refuge de Nice, 2232 m
8 h 30 - Passerelle cassée (balise 415), 2005 m
9 h 00 - Embranchement avec le sentier du Pont du Countet (balise 141), 1850 m
10 h 25 - Lac Autier, 2270 m, pause 20 minutes
12 h 00 - Col près du Baisse du Basto, 2580 m
12 h 35 - Pique-nique 50 minutes près d'un petit lac, 2380 m
14 h 20 – Refuge de Nice, 2232 m 

Météo : toute la journée.

Le topo : Refuge de Nice > balise 417 > balise 416 > balise 415. Prendre à gauche par le Mur des Italiens > balise 414 et encore à gauche dans le Vallon de l'Autier. Atteindre le Lac Autier. Au lac, chercher une trace avec des cairns sur la droite (nord pendant quelques dizaines de mètres, puis nord-est) et suivre le sentier plutôt évident qui monte au-dessus du Lac. Garder un cap nord-est afin de contourner le Caire Autier par la droite. On traverse un éboulis assez facile et débouche sur un col en haut du Vallon de la Gordolasque face au Mont Clapier. Vue sur la Cime du Gélas, de la Malédie et Chamineye et trois petits lacs dans le vallon. Du col, se diriger toujours nord-est (cairns) pour rejoindre après quelques dizaines de mètres le GR52 qui fait la liaison entre la Gordolasque et la Valmasque par la Baisse du Basto toute proche. Descendre à gauche par le GR52 en direction du Lac Niré jusqu'au Refuge de Nice.

Le film de l'étape : Lever à 6 h 45 et petit déjeuner agréable. Autant celui du Refuge de la Madone de Fenestre passait mal, autant celui-ci me convient bien. Et pourtant rien d'exceptionnel, du chocolat, du pain (meilleur que l'autre), du beurre et de la confiture. Départ à 7 h 40. Le refuge et le Lac de la Fous sont encore dans l'ombre (en fait, je ne verrai le soleil que vers 10 h). Un vent froid monte de la vallée et je suis obligé de mettre mon goretex pour me protéger. Il y a déjà des chamois qui descendent près du lac.
J'arrive à la balise 415 à 8 h 30 et la belle passerelle qui permet de franchir le torrent a été broyée par une avalanche à la fin de l'hiver. Des rubalises en défendent l'accès, mais on peut passer à gué facilement. Je m'engage sur le sentier qui mène au mur des Italiens, une fortification, mi-péage, mi-chicane, qui barre l'accès à la haute Gordolasque. Il s'agit en fait de murets en pierres sèches pour protéger le comté de Nice des Autrichiens avec un poste de guet qui surveille la vallée. Il faut rappeler que le sentier pour aller au refuge de Nice est l’un des passages secondaires de la route du sel par le pas de Pagari. Fréquenté depuis l’Antiquité, ce pas tire son nom de Paganino dal Pozzo, un entrepreneur italien audacieux qui, en 1453, est nommé adjudicateur de la gabelle par le duc de Savoie, Ludovico (Louis Ier). On suppose que dans les années qui suivent, Paganino trace une nouvelle voie par le pas de Pagari pour transporter le sel d’Hyères à Nice, jusqu’à Cunéo en Piémont, à dos de mulet depuis Belvédère.
Un sentier raide mais bien tracé et parfois empierré me conduit jusqu'à la balise 414, le point bas de cette randonnée à 1850 m. Pendant la descente, je peux admirer de près la cascade de l'Estrech et faire quelques photos. Après m'être désaltéré et restauré, j'enlève mon goretex et j'attaque la longue montée vers le lac Autier. A 10 h, je traverse le ruisseau qui descend du lac et je retrouve le soleil avec satisfaction. J'en profite pour enlever ma micropolaire, manger et boire pour éviter mes douleurs aux jambes qui sont revenues hier après midi au refuge. En montant, encore quelques petites cascades et une fenêtre de visite des conduites forcées qui emmènent l'eau du Lac de la Fous jusqu'à la petite centrale électrique du Countet vers 1650 m. 
J'arrive au Lac Autier à 10 h 25 à 2270 m. Il n'y a encore que deux ou trois randonneurs, mais je sais qu'il y en a beaucoup d'autres qui vont arriver, car c'est une randonnée très fréquentée. Le lac est superbe sous le soleil. Au sud-est, la Baisse du Lac Autier qui permet de passer (hors sentier) dans la vallée de Valmasque et de monter au Mont du Grand Capelet. A l'ouest, le Mont Neiglier où j'étais encore jeudi dernier. Je trouve facilement le petit sentier cairné qui monte au dessus du lac en direction du Caire Autier et ménage de superbes points de vue. Je traverse des pentes herbeuses parsemées de rochers sous la Tête Nord du Basto et je rencontre plusieurs chamois. Derrière un grand pierrier, j'aperçois le passage qui va me permettre de redescendre vers le Refuge de Nice. A quelques mètres du col, un vieux bouquetin se prélasse au soleil. La longueur de ses cornes montre qu'il a au moins 5 ans. Un autre un peu plus jeune se balade avec une balise gps autour du cou et un troisième encore plus jeune m'observe tranquillement.
Je fais une bonne pause au col et je contemple le paysage. Devant moi la Cime Chamineye et plus loin à gauche mon objectif demain, le Mont Clapier. J'essaie de distinguer le couloir sud qui mène sur l'arête est du Mont Clapier, mais il est trop loin et l'ombre qui le recouvre empêche de voir les détails. De toute façon, les photos récupérées sur internet sont assez explicites et je ne m'inquiète pas vraiment. Je décide d'aller pique-niquer un peu plus bas. Je rejoins en 5 minutes le GR52 et je descends vers le Refuge de Nice. Le sentier est bien balisé, mais il cherche son chemin dans des gros blocs et des pierriers avant d'arriver près d'un petit lac sans nom à 2380 m où un chamois cherche sa nourriture. Comme manifestement je ne le dérange pas, je décide de m'arrêter ici à 20 mètres de lui pour pique-niquer. Je vais rester là pendant 50 minutes avec mon casse-croûte dans une main et l'appareil photo dans l'autre pour être prêt à déclencher pour faire "la bonne photo". Evidemment il m'ignore et il garde la tête dans les herbes pratiquement tout le temps.
Je repars et passe près de deux autres petits lacs où je surprends deux chamois, une femelle et un jeune âgé de deux mois à peine, car on distingue tout juste ses cornes. J'arrive au lac Niré sous la Cime Niré, pas très grand, mais d'un joli bleu avec un petit névé qui vient mourir sur l'autre bord. Je poursuis ma descente et, vers 2300 m, je tente une traversée en hors piste vers le nord pour tenter de repérer le sentier qui remonte le vallon de la Fous et par lequel je partirai vers le Mont Clapier. Mais en fait, je ne verrai rien de plus, car le couloir sud est caché derrière l'arête sud du Mont Clapier. J'arrive au refuge à 14 h 20. Douche, lessive, coca cola et écritures journalières.
Ce soir, repas classique avec sauté de bœuf et tarte aux myrtilles. A table, deux jeunes Marseillais et une randonneuse de Roya qui la ramène un peu trop. Elle connaît toute la région, elle a fait des treks en Himalaya et elle n'hésite pas à partir même quand les conditions météo sont défavorables. Par exemple, aujourd'hui elle est arrivée d'Italie par le Pas de Pagari alors que les nuages étaient bien accrochés sur les cimes. Un bel exploit... C'est un vrai moulin à paroles et elle est vraiment trop sûre d'elle. Demain, elle va au Refuge de Valmasque en passant par le Pas de la Fous. Elle ne sait pas bien par où il faut passer et elle n'a pas de carte IGN. Je me garde bien de lui dire que je vais emprunter le sentier du Pas de la Fous demain, presque jusqu'au col qu'elle doit franchir, avant de le quitter pour aller chercher mon fameux couloir sud. Je n'ai pas envie de l'avoir sur le dos pendant presque 2 heures (en supposant qu'elle monte à la même vitesse que moi). Ce n'est pas très charitable, j'en conviens, mais je ne viens pas seul en montagne pour randonner avec des aventurières de cet acabit. D'ailleurs demain matin, je vais déjeuner rapidement pour partir le plus vite possible pour ne pas avoir à la rencontrer. Je souhaite une bonne nuit à toute la tablée et je vais me coucher un peu plus tard.

Hébergement : Refuge de Nice


20 août 2018

Refuge de Nice - Mont Clapier par le couloir sud ouest en boucle

Longueur étape : 12 km

Heure départ : 7 h 10

Heure d'arrivée : 13 h 05

Durée effective de marche : 4 h 30

Dénivelée cumulée : 1720 m

Déniv. positive : 860 m

Déniv. négative : 860 m

Alt min : 2232 m

Alt max : 3045 m

Itinéraire (514 Ko) - Les photos

7 h 10 – Refuge de Nice, 2232 m
7 h 40 - J'arrive à l'extrémité du vallon, attaque de la grande pente sur la gauche, 2360 m
8 h 40 - Arrivée au soleil au pied de l'arête sud ouest du Mont Clapier, 2630 m
9 h 10 - A la base du couloir sud, 2800 m
9 h 30 - Au sommet du couloir sud, 2880 m
9 h 50 - Sommet du Mont Clapier, 3045 m, pause 20 minutes
11 h 40 - Lacs du Mont Clapier, 2537 m, pique-nique 45 minutes
13 h 05 – Refuge de Nice, 2232 m

Météo : toute la journée.

Le topo : Du refuge de Nice, suivre le GR52 en direction du Baisse du Basto jusqu'à la balise 418. On quitte alors le GR52 en s'engageant à gauche dans le vallon de la Fous. On suit, en rive droite du ruisseau, le sentier balisé par des peintures blanches qui mène au Pas de la Fous et sur lequel on va rester jusque vers 2700 m. Le chemin s'éloigne un peu du ruisseau en s'élevant puis se rapproche à nouveau du torrent. Vers 2350 m, ne pas suivre les traces de sentier qui traversent le torrent. Le sentier, toujours balisé en blanc, oblique sur la gauche, s'éloigne du torrent et monte en direction de la falaise de la cime Aquasciati. On suit alors les cairns dans une pente d'éboulis orientée nord-est. Vers 2550 m, franchir une zone de barres en suivant les cairns. On débouche dans un vallon suspendu (très minéral) et le Pas de la Fous est alors visible. Vers 2700 m, quitter à gauche (nord ouest) la sente du Pas de la Fous pour rejoindre vers 2800 m un étroit couloir qui permet de gagner les pentes sommitales du Clapier. A la sortie du couloir, tirer à droite pour retrouver une sente cairnée qui mène à la crête sud est, puis au sommet où on trouve un signal géodésique et une vierge. Descente vers les lacs du Mont Clapier par un large pierrier plein ouest. On retrouve des cairns et/ou des marques rouges de peinture. La descente s'effectue au milieu des éboulis. On passe au lacs du Mont Clapier (2537 m) où on retrouve un bon sentier qui arrive du Pas de Pagari et qui redescend au refuge de Nice.

Le film de l'étape : Je me lève rapidement et je pars à 7 h 10. Encore une belle journée, les sommets sur la frontière italienne semblent bien dégagés. Il ne fait pas chaud et j'ai mis ma micropolaire. Je marche rapidement (peut-être pour échapper au moulin à paroles...) et j'arrive dans le vallon de la Fous. Le sentier est agréable le long du ruisseau, mais il s'élève ensuite très rapidement dans des pentes herbeuses encombrées de gros blocs et d'éboulis. Je rencontre mes premiers chamois une demi heure après le départ. Je bois régulièrement et je m'alimente pour éviter les douleurs aux jambes et ça semble marcher pour l'instant.
A 8 h 40, j'arrive au soleil vers 2630 m sous l'arête sud ouest du Mont Clapier. Une bonne pause avant de repartir à la recherche des cairns et des traces de peinture blanche. Encore des chamois et encore des pierriers... Dix minutes plus tard, j'arrive vers 2680 m et j'aperçois devant moi le Pas de la Fous et sur la gauche une grande pente qui monte
en direction de l'arête du Mont Clapier. Et puis je distingue, ou plutôt je devine, le fameux couloir qui va me permettre de franchir la barre rocheuse qui défend l'accès au sommet. Montée raide dans des pentes mixtes (pierriers, schistes et gros blocs) pour rejoindre la base du couloir. Pause boisson et barre de céréales avant l'attaque. Je repars et j'arrive en haut du couloir un quart d'heure plus tard. Il n'est pas difficile, mais ça glisse un peu et les pierres partent facilement. Les bâtons ne servent pas à grand chose et mes quelques rudiments d'escalade sont parfois bien utiles.
Je longe ensuite la crête vers le nord est en m'aidant des cairns et j'arrive au sommet à 9 h 50. Il y a une croix, un bloc gravé F 1989, une plaque en bronze avec une vierge et un signal géodésique. Sur la plaque en bronze, sous la vierge, on trouve ces quelques mots d'un verset extrait de l'Ave Maris Stella, "Iter para tutum" qui signifie "Prépare-nous un chemin  sans danger". Cette plaque a été mise en place le 6 août 1961 par le Centre Touristique des Jeunes (Centro Turistico Giovanile), une association catholique italienne. Je prends mon temps et je repère (avec l'aide de la carte) le Lago Bianco en Italie, un des Lacs du Mont Clapier, le Lac Long et le Lac de la Fous avec le refuge de Nice. Je prends pas mal de photos du Lac Long, des Terrasses du Gélas, de la Cime du Gélas et de la Cime de la Malédie où j'irai traîner mes guêtres demain, mais le temps est assez brumeux de ce côté là et je n'en tire pas grand chose.
A 10 h 10, je redescends par la voie normale dans un gigantesque pierrier (clapier = pierrier) où il est très difficile de repérer des cairns. Par chance, j'aperçois sur ma droite deux randonneurs qui montent au sommet. Je me dirige de leur côté et retrouve un peu plus bas des cairns et des traces de peinture rouge. La descente est assez pénible, mais je prends mon temps et ménage mes articulations. J'arrive aux Lacs du Mont Clapier à 11 h 40 et je cherche un endroit abrité du vent pour pique-niquer. C'est le même menu qu'hier, vraiment pas terrible, mais avec un peu de verdure, un morceau de concombre. Un chamois se promène sur le sentier qui monte au Pas de Pagari. Je repars à 12 h 25 et j'arrive au refuge à 13 h 05.
Douche, lessive, coca cola, écritures et lecture de vieilles revues de montagne des années 1960. C'est intéressant de voir les réclames publicitaires de l'époque avec des marques qui existent encore. Je retrouve aussi un couple déjà rencontré à la Madone de Fenestre et on échange nos impressions. Ce soir, repas amélioré pour moi tout seul : rôti d'agneau et ratatouille au lieu du ragoût de bœuf. Discussions intéressantes au cours du repas avec trois autres couples. Demain, c'est mon dernier jour au refuge avec comme objectif le Pas de la Malédie et peut-être la Cime de la Malédie. On verra bien.

Hébergement : Refuge de Nice


21 août 2018

Refuge de Nice - Cime de la Malédie... ou Balcon du Gélas en AR

Longueur étape : 12 km

Heure départ : 7 h 20

Heure d'arrivée : 14 h 40

Durée effective de marche : 5 h 40

Dénivelée cumulée : 1960 m

Déniv. positive : 980 m

Déniv. négative : 980 m

Alt min : 2170 m

Alt max : 3085 m

Itinéraire (278 Ko) - Les photos

7 h 20 – Refuge de Nice, 2232 m
8 h 35 - Lac Long, 2566 m
10 h 20 - Sortie au sommet de la barre rocheuse, 2950 m
10 h 40 - Balcon du Gélas, 3085 m
11 h 20 - Retour au sommet de la barre rocheuse, 2950 m
12 h 45 - Lac Long, 2566 m, pique-nique 45 minutes
14 h 40 – Refuge de Nice, 2232 m

Météo : toute la journée.

Le film de l'étape : Lever à 6 h 40, déjeuner rapide et départ à 7 h 20. Je descend près du Lac de la Fous pour prendre le petit sentier sur la droite qui monte en direction du Lac Long. La montée est rude et on est tout de suite dans le vif du sujet. Je progresse tantôt sur un sentier, tantôt dans des éboulis en suivant les cairns. Peu après le départ, je suis rattrapé par un père et ses deux fils, deux adolescents, qui montent à la Cime de la Malédie. Ils ont un bon rythme et ont vite fait de me laisser sur place. Je continue tranquillement en faisant plusieurs pauses pour m'alimenter et boire régulièrement.
Il est 8 h 30 lorsque j'arrive au Lac Long, superbe au soleil. C'est le lac le plus profond du Mercantour, pas loin de 70 mètres ! Pendant ma pause, je suis rattrapé par un jeune qui passe sans rien dire et qui est encore plus rapide que la famille précédente. Il prend le sentier sur la rive droite du lac et j'imagine qu'il va lui aussi à la Cime de la Malédie. Je le suis sur le sentier cairné, mais il me distance rapidement et rattrape le père et ses deux fils. Le sentier surplombe le lac et traverse une vaste zone d'éboulis avant d'arriver sur un petit col herbeux. Ensuite, je les perds de vue et ne sais pas bien par où ils ont continué. On verra bien.
J'arrive au petit col un peu plus tard et ne voyant rien à l'horizon, je sors mon topo. La Cime de la Malédie se dresse majestueusement sur ma droite au bout du lac, mais je ne vois pas trop par où l'aborder. Tout me semble bien raide. Et puis j'entends des voix un peu plus haut sur ma gauche. Un couloir cairné monte en direction des Terrasses du Gélas. Je m'engage dans le couloir sans analyser calmement la situation alors que j'aurais dû continuer en direction du vallon qui me fait face.
C'est une erreur grossière et pour un spécialiste de l'orientation, c'est même un zéro pointé. Après coup, je constate que j'ai commis trois erreurs. La première, c'est que j'ai mal positionné le Pas de la Malédie (par où je devais passer) sur ma carte IGN. Si on regarde la carte, je l'ai positionné au dessus du mot "Pas" alors qu'il se trouve en fait à droite du mot "Malédie" à la cote 2927. J'ai donc cherché visuellement ce passage trop à gauche de son emplacement réel et j'ai jugé difficilement accessibles ceux qui auraient pu correspondre. La seconde erreur, c'est de m'être appuyé sur un topo bien trop imprécis que j'ai relevé sur internet. J'ai trouvé depuis mon retour d'autres descriptions et vidéos qui sont plus explicites. Mais les choses paraissent toujours plus faciles (ou évidentes) quand on connaît déjà la configuration des lieux. La troisième erreur, c'est de ne pas avoir demandé davantage de précisions à Christophe au Refuge de Nice. Comme mon topo du Mont Clapier était d'une clarté limpide, j'ai pensé qu'il en était de même pour celui-ci.
Bon, ce n'est pas grave et je m'engage dans le couloir à gauche à la suite du père et de ses deux fils. Il y a longtemps que le jeune rencontré au bord du lac a disparu. Le sentier cairné prend très rapidement de l'altitude et grimpe en direction des Terrasses du Gélas. Ça monte sans cesse et j'en bave rapidement. J'ai le souffle court et les jambes raides, mais je continue tranquillement. Cependant la vue sur la Cime de la Malédie me rend de plus en plus perplexe. Je m'en éloigne de plus en plus et je ne vois vraiment pas comment y accéder. Au bout d'un moment, je me rends compte que je n'ai aucune chance d'y arriver de ce côté là. J'aurais dû continuer dans le vallon au bout du lac. La progression est de plus en plus compliquée dans des pentes raides et parfois glissantes et je décide de m'arrêter pour faire le point.
Si je redescends, je vais perdre pas mal de temps et, comme des nuages commencent à accrocher les sommets et que des risques d'orages sont prévus dans le courant de l'après midi, je préfère ne pas me balader sur les crêtes à ce moment là. Je vais donc abandonner mon objectif initial. Derrière moi, une pente herbeuse pas trop raide et parsemée de gros rochers mène à une crête assez proche. Je décide d'y monter pour profiter du paysage et éventuellement y pique-niquer. La montée est agréable avec quelques pas d'escalade sur des dalles où les prises sont nombreuses. Je me fais plaisir et arrive sur la crête à 10 h 20. Et là, grosse surprise, j'arrive en face du couloir qui permet d'accéder au sommet du Gélas, avec sur ma droite une crête cairnée qui conduit au Balcon du Gélas.
Mon moral remonte en flèche. Les nuages passent et repassent mais ne sont pas menaçants pour l'instant. Je comprends rapidement que je vais pouvoir terminer ma randonnée avortée du 17 août lorsque les nuages m'avaient obligé à faire demi tour. C'est donc d'un cœur léger que je me dirige vers le Balcon du Gélas en oubliant totalement la Cime de la Malédie (que j'ai quand même toujours sous les yeux). En montant, je peux voir un randonneur qui monte au sommet du Gélas par le fameux couloir. J'arrive au balcon à 10 h 40 où se trouvent quelques drapeaux tibétains. Le vent souffle en rafale et j'essaie de m'abriter comme je peux. Les nuages arrivent en force d'Italie, mais sont bloqués pour l'instant par la barrière rocheuse qui constitue la frontière. Ils sont plus obéissants que ceux de Tchernobyl. Je reste une dizaine de minutes et je prends des photos des sommets environnants.
Je redescends jusqu'au Lac Long pour y pique-niquer. À aucun moment, je n'ai envisagé de monter au sommet du Gélas. Ce n'était pas dans mes intentions et personne ne savait que j'étais là aujourd'hui. Après coup, je me dis que l'occasion était trop belle et que j'ai péché par excès de prudence. Mais bon, on ne va pas réécrire l'histoire. Je redescends avec beaucoup de précautions la grande pente sous la crête et je fais des pauses fréquentes pour regarder avec regret la Cime de la Malédie. J'arrive au Lac Long à 12 h 45 et je m'installe pour pique-niquer. Je ne me lasse pas de l'admirer avec ses névés qui flottent encore à sa surface avec des couleurs surprenantes. Et puis je repars tranquillement car la descente vers le Lac de la Fous est assez pénible. J'arrive au refuge à 14 h 40, vraiment satisfait de ma journée, même si le sommet atteint n'était pas celui envisagé au départ. Peut-être une autre fois...
Douche et pas de lessive ! En effet, demain retour à la civilisation et j'ai assez de linge propre pour rentrer jusqu'à Rennes. Je rédige mes impressions et discute avec Christophe qui m'explique par où j'aurais dû passer. Mais bon, j'aurais dû lui demander avant de partir ! Je fais aussi la connaissance de Gérard, l'aide de Christophe qui est monté l'aider pendant un mois. Pendant l'été, il garde des troupeaux de moutons pour différents éleveurs et il connaît bien les patous. Il me raconte que, comme tous les éleveurs veulent des patous dans leurs troupeaux, la multiplication des naissances est souvent mal contrôlée et conduit à une consanguinité néfaste. La race a tendance à dégénérer et les patous deviennent parfois incontrôlables. Ils deviennent agressifs, même envers les moutons de leur propre troupeau, et il faut alors les abattre. Ceci explique également les attaques injustifiées envers les randonneurs.
Repas avec un guide d'Aix-en-Provence et son client (qui vont aller faire demain la traversée des arêtes de la Cime de la Malédie et après demain l'ascension du Caire Colomb près du Pas du même nom), un allemand (qui en profite pour enrichir son vocabulaire en escalade) et un couple qui ne dit pas grand chose. Discussions très intéressantes surtout avec le guide. Il n'y a pratiquement pas de voies d'escalade équipées dans le Parc du Mercantour (qui est une zone très protégée). On se trouve partout en terrain d'aventure et il faut donc poser soi-même ses protections, ce qui demande une solide expérience.
Demain, longue descente vers Roquebillière-Vieux où je dois arriver à l'arrêt du bus avant 13 h 15. Je prépare mon gros sac et je vais me coucher vers 20 h 50.

Hébergement : Refuge de Nice


22 août 2018

Refuge de Nice - Roquebillière-Vieux

Longueur étape : 19 km

Heure départ : 7 h 00

Heure d'arrivée : 12 h 30

Durée effective de marche : 5 h 30

Dénivelée cumulée : 1840 m

Déniv. positive : 90 m

Déniv. négative : 1750 m

Alt min : 595 m

Alt max : 2232 m

Itinéraire (1560 Ko) - Les photos

7 h 00 – Refuge de Nice, 2232 m
8 h 35 - Pont du Countet, 1690 m
9 h 15 - Lac de Saint-Grat, 1554 m
9 h 55 - Balise 271, 1390 m
11 h 05 - Pont de Frêne (balise 266), 1004 m
11 h 35 - Chapelle du Planet, 920 m
12 h 00 - Belvédère, 830 m
12 h 30 – Roquebillière-Vieux, 595 m

Météo : toute la journée.

Le topo : Refuge de Nice (2232 m) - Pont du Countet : 5,3 km par les balises 416, 415, 413 et 411. Pont du Countet (1682 m) - Clots (1580 m) : 1,5 km sur petite route jusqu'à la balise 276. Clots - Balise 272 (1420 m) : 2,5 km sur sentier par les balises 274 et 273. On rejoint la route à la balise 272 et on la suit pendant 300 m jusqu'à la balise 271. Balise 271 - Balise 266 (1004 m) : 4 km sur sentier par les balises 269, 268, 259 et 267. On rejoint la route à la balise 266 et on la suit pendant 2 km jusqu'à la balise 290. Ensuite, 4 km de cheminement sur route et sentier un peu compliqué, par les balises 290, 87, 86, 85, 84 et 81 jusqu'à Roquebillière Vieux Village où il y a un arrêt de bus à une centaine de mètres à gauche dans la Rue Dalloni sur la route principale M2565. Bus 730 vers Nice à 13:15. Arrivée à Gare Thiers / Poste vers 14:45.

Le film de l'étape : Lever à 6 h 15, je plie les couvertures et termine mon sac. Aujourd'hui, descente vers Roquebillière-Vieux pour attraper mon bus à 13 h 15. Je n'ai pas de temps à perdre. Ça devrait coller à condition que les sentiers que je vais emprunter ne me réservent pas des mauvaises surprises. Petit déjeuner rapide et je fais mes adieux à Christophe et Gérard. Rada n'est pas encore levée, mais je ne peux pas attendre plus longtemps. Je discute un peu avec le guide sur la terrasse. Il y a beaucoup de vent et de nuages sur les crêtes et il hésite avant de partir vers la Cime de la Malédie. Je lui suggère délicatement de se rabattre sur le Caire Colomb qui est déjà au soleil. Il y avait pensé et je l'entends dire à son client qu'il y a aussi beaucoup de choses intéressantes à faire du côté de la Madone de Fenestre. Je me souviens en particulier du Caire de la Madone et de la Pointe André où les voies d'escalade ne manquent pas.
Je pars à 7 h et j'essaie d'adopter un bon rythme dès le départ pour ne pas prendre trop de retard. Je connais une partie de la descente jusqu'à la passerelle emportée par une avalanche à la balise 415. J'y suis déjà passé dimanche dernier et ils ont bien travaillé depuis, car la passerelle a été sortie du torrent (par un hélicoptère sans doute) et les morceaux réutilisables ont été déposés sur la berge. Je prends le sentier qui part à droite puisque je connais déjà l'autre qui descend par le mur des italiens. Il est moins sympathique, mais plus rapide et il passe près de la cabane de Belle et Sébastien, feuilleton télévisé réalisé par Cécile Aubry et diffusé à partir de 1965. Le jeune Mehdi El Glaoui qui interprète le rôle de Sébastien n'est autre que le fils de la réalisatrice. Cette série a été tournée à Belvédère et dans la vallée de la Gordolasque. L'abri de berger en pierres sèches (la cabane), appelé refuge du Grand Baou dans la série, existe toujours, à quelques pas du Pont du Countet où j'arrive à 8 h 35.
Cinq à dix minutes de pause, le temps de vider ma poubelle, de boire un bon coup et de récupérer les petits gâteaux et la barre de céréales de mon pique-nique avant de continuer par la petite route vers Clots. Descente tranquille, des sentiers agréables vers le Lac de Saint-Grat encore dans l'ombre et peu de route. Je vais descendre la vallée jusqu'à Roquebillière-Vieux en suivant le torrent, la Gordolasque, dont on peut dire quelques mots. D'une longueur de 19 km, la Gordolasque prend sa source à 2675 m d'altitude dans le vallon de la Fous (celui par lequel je suis parti vers le Mont Clapier). Elle a aussi pour source secondaire le Lac Long (2566 m), sur la terrasse du Gélas juste en dessous de la Cime du Gélas (3143 m). Elle traverse alors le Lac de la Fous (2210 m), qui est alimenté par plusieurs lacs : le Lac Long, les Lacs du Mont Clapier et le Lac Niré. Avant d'atteindre les premières habitations, ce sont les eaux du Lac Autier qui viendront la renforcer sous les cimes de l'Estrech. La Gordolasque traverse deux hameaux, Les Clots et Saint-Grat, et passe à proximité de Belvédère avant de se jeter dans la Vésubie sur la commune de Roquebillière à 540 m d'altitude environ.
Il est 9 h 55 et à la balise 271, au détour de la route, j'aperçois la partie haute de la Cascade du Ray, mais je n'ai guère le temps d'y aller. Je m'engage sur au moins 5 km de sentiers que je pense négocier facilement. En fait, le sentier surplombe la Gordolasque et tantôt il monte, tantôt il descend. Il est parfois assez étroit et la végétation en cache souvent les embûches. Je m'oblige à ralentir, car je me rappelle ma chute sur un sentier semblable sur le balcon est du Vercors le 18 juillet 2013 (pour être précis). Ce n'est pas le moment de tenter le diable et finalement, ça va beaucoup moins vite que prévu. De plus le raccourci que je comptais prendre entre les balises 268 et 267 a tout simplement disparu. J'ai pensé que j'avais dû rater le bon embranchement, bien que je l'aie cherché attentivement, mais comme je ne l'ai pas retrouvé plus bas à la balise 267, il a tout simplement été abandonné faute d'entretien. J'arrive finalement au Pont du Frêne à 11 h 05 et je pousse un soupir de soulagement. La suite devrait être nettement plus facile et je suis largement dans les temps. Il faut dire que je ne me suis pas arrêté depuis le Pont du Countet.
Je poursuis ma descente sur la route qui vient du Pont du Countet, puis j'emprunte une petite route qui passe au dessus de Belvédère et rejoint le GR52A. Je continue tranquillement vers Belvédère en passant par la petite Chapelle du Planet, bien mal en point. Je m'assieds sur un banc près du cimetière et je me désaltère suffisamment car la température a bien grimpé, maintenant que je suis redescendu à 850 m d'altitude. Belvédère est un village charmant, accroché sur la colline et très original avec ses petites ruelles en pente. Mais ce n'est pas très facile de s'y retrouver sans un plan du village. J'y vais au jugé, car j'ai maintenant quitté le GR52A pour descendre directement à Roquebillière-Vieux. Je descends dans des ruelles, demande mon chemin à une Belvédéroise, passe sous des porches et rencontre finalement un vieux du village encore en forme. Il me dit tout de go : "J'ai 80 ans et hier j'étais encore en montagne". Je lui réponds : "C'est vrai que la montagne conserve. Je vais en avoir 74, hier j'étais au Balcon du Gélas et maintenant j'arrive du Refuge de Nice". J'avoue qu'il en était soufflé. Il m'a demandé par où j'étais passé car il connaît bien la région. Avec ses indications, je retrouve le sentier que je cherchais et j'arrive à l'arrêt de bus de Roquebillière-Vieux à 12 h 30.

Roquebillière-Vieux - Nice : Je suis sur les rotules, mais bien content d'être arrivé assez tôt. Je me déchausse et je sors mon pique-nique. Il n'est pas terrible, mais je vais me payer un petit restaurant ce soir à Nice. Je vide ma bouteille et je laisse tout ce qui ne me sert plus dans la poubelle toute proche. Je refais mon sac, plie mes bâtons, mets mes tennis et je guette le bus avec un peu d'appréhension. Et s'il ne passe pas? Et s'il ne me voit pas? L'arrêt de bus n'est pas situé sur l'itinéraire classique et il doit faire un détour pour aller prendre des passagers... uniquement s'il les voit à temps! Heureusement, je l'aperçois à 13 h 20 et je lui fais signe. Je suis soulagé et je vais pouvoir m'asseoir tranquillement pendant presque une heure et demie. Malheureusement, il y a beaucoup de monde et, après quelques arrêts, je suis obligé de prendre mon sac à dos sur mes genoux. J'arrive à Nice à 14 h 50 et dix minutes plus tard, je suis dans ma chambre. Repos, douche et SMS à la famille.
Et puis je sors faire quelques courses dans un grand Monoprix sur l'Avenue Jean Médecin. Impossible de trouver des salades en boîte pour mon pique-nique demain dans le train. Je reviens avec des compotes, des nectarines, des cookies et du coca cola. Je me repose encore un peu et je descends rédiger mes impressions journalières sur un banc à l'ombre dans la Promenade du Paillon. C'est un endroit magnifique avec une grande plateforme où des jets d'eau rafraîchissent les petits (et les grands) et une prairie où des animaux gigantesques en bois servent de terrain de jeu aux enfants (une sorte de Jurassic Park), et tout cela sous le regard bienveillant de Masséna.
Vers 19 h, je me balade dans les ruelles du vieux Nice et je cherche un restaurant avec des crudités. Ça va faire 12 jours que je n'en ai pas vu, à part dans la soupe du soir. Je m'installe à une terrasse et je commande une salade italienne (salade, melon, tomates, mozzarella et jambon cru). Je la déguste tranquillement et n'en laisse pas une miette. Je termine par un fromage blanc au coulis de fruits rouges. Je me balade dans les ruelles très animées avant de revenir vers la Promenade du Paillon. Les enfants s'en donnent à cœur joie sur la plateforme avec les jets d'eau qui changent souvent de couleur et de hauteur. C'est magnifique et certains prennent la pose devant ce joli tableau.
Je rentre par la Place Masséna où se joue chaque année la grande scène du carnaval. Située en plein centre de Nice, c'est une vaste place au sol en damiers et aux lampadaires originaux qui se parent de couleurs changeantes la nuit. Scribes pour certains, Bouddhas pour d'autres, depuis 2007 sept statues, en résine translucide, dominent la place du haut de leur mât de plus de 10 mètres. Elles passent tout à fait inaperçues de jour, mais la nuit, elles sont illuminées et changent de couleur. Voici comment leur créateur, Jaume Plensa, un artiste catalan, les a présentées en mars 2006 : "Le projet Conversation à Nice pour la place Masséna est une métaphore sur la relation entre les différentes communautés qui font partie de la société d’aujourd’hui. Sept figures représentant les sept continents sont allumées de l’intérieur avec des lumières cinétiques. Les sept œuvres passent doucement d’une couleur à l’autre en établissant un dialogue entre les figures mêmes et avec les passants qui se promènent sur la place. Comme les phares sur la côte, les figures semblent veiller sur nous, nous protéger d’en haut. Sans perturber le vide de la place, elles nous invitent à lever les yeux et redécouvrir aussi le ciel de la ville". Pour information, les 7 continents sont les suivants : l'Amérique du nord, l'Amérique du sud, l'Afrique, l'Asie, l'Europe, l'Océanie et l'Antarctique. Je rentre tranquillement à mon hôtel, je prépare mon sac et m'endors vers 22 h.

Hébergement : Hôtel d'Ostende, 3 Rue Alsace-Lorraine, Nice. Climatisation, douche et WC dans la chambre. Assez vieillot, mais pas cher. Nuitée 63 €, PD 6 €, TS 0,90 €.