15 jours en Haute Ubaye et dans le Val Maira du 14 au 28 août 2017

Voici tout d'abord une carte générale (1339 Ko) montrant toutes les étapes de ma randonnée. Les dates indiquées sont celles correspondant au départ de chaque étape. Par exemple, je suis parti du Refuge de Larche le 17 août pour aller au Refuge de Campo Base. Parfois, je suis simplement parti "faire un sommet" en aller et retour. Par exemple, je suis parti du Refuge de Larche le 15 août pour monter à la Tête de la Viraysse avec retour au Refuge de Larche.

On trouvera ci-après une description précise de ces 15 étapes avec des renseignements sur les hébergements. L'accueil, le confort, le repas et les prestations sont notés globalement par des ou des

Date

Etape

Infos

Durée de l'étape

Distance

Dén > 0

Dén < 0

14 août

Refuge de Larche – Tête de Plate Longe en AR

R-Rs

5 h 15

11 km

+ 1150 m

- 1150 m

15 août

Refuge de Larche – Tête de Viraysse en AR

R-Rs

 8 h 30

17,5 km

+ 1420 m

- 1420 m

16 août

Refuge de Larche – Monte Scaletta en AR

R-Rs

9 h 00

18 km

+ 1300 m

- 1350 m

17 août

Refuge de Larche – Refuge de Campo Base

R-Rs

 7 h 40

16,5 km

+ 1200 m

- 1200 m

18 août

Refuge de Campo Base – Colle di Rui en AR

R-Rs

6 h 20

13 km

+ 1150 m

- 1150 m

19 août

Refuge de Campo Base – Mine de Charbon en AR

R-Rs

3 h 15

7 km

+ 570 m

- 570 m

20 août

Refuge de Campo Base – Refuge de Chambeyron

R-Rs

6h 20

12 km

+ 1360 m

- 380 m

21 août

Refuge de Chambeyron – Pointe d'Aval en AR

R-Rs

7 h 20

13 km

+ 1220 m

- 1220 m

22 août

Refuge de Chambeyron – Refuge de Maljasset

R-Rs

8 h 00

18 km

+ 850 m

- 1600 m

23 août

Refuge de Maljasset – Lacs de Tuissier en AR

R-Rs

6 h 10

11 km

+ 950 m

- 950 m

24 août

Refuge de Maljasset – Lacs du Roure en AR

R-Rs

5 h 50

16 km

+ 850 m

- 850 m

25 août

Refuge de Maljasset – Tête de Malacoste en AR

R-Rs

 9 h 00

21,5 km

+ 1420 m

- 1420 m

26 août

Refuge de Maljasset – Bric de Rubren en AR

R-Rs

 9 h 20

27 km

+ 1550 m

- 1550 m

27 août

Refuge de Maljasset – Aiguille Large en AR

R-Rs

8 h 10

19 km

+ 1350 m

- 1350 m

28 août

Refuge de Maljasset – Ceillac

R-Rs

7 h 00

16 km

+ 860 m

- 1150 m

AR : Aller-Retour, R : Refuge, Rs : Restauration. DP : Demi pension, TS : Taxe de séjour, PN : Pique nique, CB : Carte Bancaire. Il y a des douches chaudes partout, sauf au Refuge de Chambeyron. Il n'y a aucune possibilité de ravitaillement en cours de route et il faut donc demander des pique-niques dans les refuges lorsque c'est nécessaire.

La durée de l'étape s'entend tous les arrêts compris (pique-nique, pauses boisson ou photos). Dans les tableaux qui suivent, les heures indiquées sous l'itinéraire sont les heures effectives de passage aux endroits précisés.

En cliquant sur la date au début du tableau de chaque étape, on revient au tableau général ci-dessus. En cliquant sur Itinéraire dans la description de chaque étape, on pourra visualiser le parcours sur la carte IGN. En cliquant sur Profil, on pourra visualiser le profil de l'étape tel qu'il est donné par Openrunner. Attention, certains fichiers sont assez volumineux et leur transfert peut prendre pas mal de temps si vous n'avez pas l'ADSL...


14 août 2017

Refuge de Larche – Tête de Plate Longe en AR

Longueur étape : 11 km

Heure départ : 10 h 45

Heure d'arrivée : 16 h 00

Durée effective de marche : 4 h 15

Dénivelée cumulée : 2300 m

Déniv. positive : 1150 m

Déniv. négative : 1150 m

Alt min : 1660 m

Alt max : 2790 m

Itinéraire (363 Ko) - Profil - Les photos

10 h 45 – Départ du Refuge de Larche, 1680 m
12 h 00 – Pique-nique (30 minutes) vers 2200 m
12 h 50 – Pas des Manzes, 2400 m
13 h 55 – Tête de Plate Longe, 2790 m
14 h 55 – Pas des Manzes, 2400 m
15 h 55 - Refuge de Larche, 1680 m

Météo toute la journée.

Le voyage Rennes - Larche : J'ai pris le TGV à Rennes le 13 août à 19 h 35 et on est parti à 19 h 40. Je pensais que le train allait rattraper son retard facilement, mais on est arrivé avec 10 minutes de retard à Paris-Montparnasse. Comme je connais assez bien la gare, j'ai mis la vitesse supérieure pour attraper le premier métro jusqu'à la Place d'Italie. J'avais pu acheter un carnet de tickets à la gare de Rennes, ce qui m'a fait gagner du temps. Ensuite j'ai eu une correspondance quasi immédiate jusqu'à la gare de Paris-Austerlitz où je suis arrivé 20 minutes avant le départ du train. Heureusement, car un contrôle approfondi des billets avait lieu sur le quai, d'où une dizaine de minutes d'attente, même en se faufilant discrètement. Finalement, nous partons avec 10 minutes de retard. Maisj'ai bon espoir qu'on arrive assez tôt à Gap pour me permettre de prendre un petit-déjeuner avant de monter dans l'autobus pour Barcelonnette.
Je me retrouve dans un compartiment de 4 couchages en 1ère classe, avec deux personnes assez âgées de confession juive, vu la kippa que l'un d'entre eux portait sur la tête. Ils avaient laissé la fenêtre et le rideau d'occultation entrouverts pour aérer le compartiment. Je n'ai pas osé leur demander de les refermer et finalement j'ai passé une nuit pas très reposante dans le bruit et les flashs des lumières quand on passait dans une gare.
Vers 6 h 30, je me prépare à débarquer à Gap, mais toujours pas de gare à l'horizon. Le train s'arrête assez souvent pour laisser passer celui qui vient en face (il y a des portions à voie unique vers Briançon). J'essaie d'aller aux renseignements et finalement j'apprends que le train aura plus d'une heure de retard. Je m'inquiète un peu car je n'ai qu'une heure 10 de battement avant mon bus pour Barcelonnette, mais il n'y a pas grand chose à faire qu'attendre patiemment. Mon idée de petit-déjeuner à Gap tombe à l'eau et je mange une pomme et deux biscuits en attendant.
On arrive finalement à Gap avec 67 minutes de retard (chiffre officiel). Heureusement, un agent SNCF avait demandé au chauffeur du bus de patienter jusqu'à l'arrivée du train, ce qui m'a permis, avec une dizaine d'autres voyageurs, de prendre le bus pour Barcelonnette avec seulement une dizaine de minutes de retard. Le chauffeur sympa a fait son possible pour combler une bonne partie du retard de façon à pouvoir attraper à temps la navette gratuite pour Larche. En fait, comme elle attendait l'arrivée du bus, il n'y avait pas trop de souci à se faire. Finalement, tout est bien qui finit bien et je suis arrivé à Larche vers 10 h 20. Je suis allé poser mon sac dans le refuge et, comme il faisait beau, je me suis changé rapidement et 25 minutes plus tard, j'étais déjà sur les sentiers.
Ça peut vous intéresser : J'ai appris au retour par une information diffusée par haut parleur à Paris-Austerlitz qu'il existe un programme G30 (Garantie 30 minutes) mis en place par la SNCF pour indemniser les voyageurs en cas de retard supérieur à 30 minutes dans les TGV et les Intercités. La procédure est ultra simple. Il suffit de se connecter sur le site internet adhoc, de rentrer deux ou trois informations concernant le voyage et un mail vous indique dans un délai de quelques jours si vous êtes éligible à une indemnisation. Cette formalité peut être effectuée jusqu'à 2 mois après le voyage concerné.
J'ai rempli le formulaire et je vais recevoir un bon d'achat non nominatif valable un an égal à 25 % du prix du billet. Pour moi, ce n'est pas grand chose, mais pour celui qui paye plein tarif, ça peut être très intéressant. Tous les passagers qui ont pris le train de nuit pour Briançon peuvent prétendre à une indemnisation de 25 %, mais comme l'information semble assez "confidentielle", j'imagine que peu d'entre deux en ont profité.
J'ai eu la même mésaventure au retour avec un retard de 50 minutes à Paris-Austerlitz. Un agent SNCF m'a donné un billet de retard qui m'a permis de changer mon billet de retour à Paris-Montparnasse, mais il ne m'a pas parlé du programme G30. Et j'imagine que la plupart des personnes qui étaient avec moi dans le train de Briançon n'en ont pas entendu parler. Et pour le retour également, je vais recevoir un bon d'achat égal à 25 % du billet !

Le film de l'étape : Je suis donc arrivé à Larche vers 10 h 20 et me suis rendu directement au refuge. J'ai déposé mon gros sac dans une pièce en attendant que les dortoirs soient prêts, je me suis changé et je suis parti à 10 h 45 pour monter au Pas des Manzes. Je n'avais pas dans l'idée d'aller bien loin aujourd'hui, car je n'étais pas trop en forme après ce voyage mouvementé et je ne voulais pas me griller dès le premier jour. Mais la gardienne du refuge, Lorène, me conseille de monter jusqu'à la Tête de Plate Longe. Je lui réponds que j'aviserai au Pas des Manzes.
Pour information, Lorène est la fille de Pierre Lombard, le gardien du refuge, décédé en avril 2008, dans une avalanche près de Larche. Nous sommes passés dans ce refuge en juillet 2008 avec Jacques lors de notre traversée des Alpes. Lorsque j'avais essayé de réserver un mois avant, personne ne répondait au téléphone et je pensais m'être trompé. En fait, en recherchant sur internet, j'avais appris la triste nouvelle et je pensais que le refuge était fermé pour une durée indéterminée. Mais en rappelant 15 jours avant notre arrivée, j'avais pu faire ma réservation normalement. J'ai pu discuter aussi assez longuement avec Bernadette, son épouse, qui avait gentiment renvoyé à Jacques un pantalon qu'il avait oublié au refuge en 2008. Elle vient de prendre sa retraite, mais elle donne encore un coup de main à sa fille pour accueillir les randonneurs, faire la cuisine ou s'occuper de son petit fils, Nico, un bambin adorable qui a 5 mois et qui aime bien se promener dans le dos de ses parents ou de sa mamie.
Donc je pars à 10 h 45 en descendant vers le ruisseau de l'Ubayette. Je le traverse et pars à gauche où je rencontre rapidement une pancarte avec un sentier qui monte sur la droite en direction du Pas des Manzes. Après une nouvelle intersection au dessus du village, je continue sur la gauche par un sentier qui s'élève rapidement dans la forêt. A une autre intersection, il faut suivre le fléchage Tête de Plate Longe pour éviter d'emprunter le chemin du retour qui arrive par la gauche à cet endroit. Le chemin continue en forêt et je décide de pique-niquer vers midi. Le menu n'est pas très original : pâté Hénaff, crottin de chèvre, pain aux céréales et pomme. Le fromage est déjà bien mou et cela ne fera que s'aggraver dans les jours à venir. Avant de repartir, je vois un beau sommet triangulaire en face avec au sommet un fort militaire imposant. Je sors ma boussole pour faire un relevé de son azimut et en le reportant sur la carte, je vois qu'il s'agit de la batterie de Viraysse où j'ai l'intention d'aller demain.
Une fois sorti du couvert végétal, le chemin monte jusqu'au Pas des Manzes où se trouve l'intersection avec le sentier du retour. Il est 12 h 50, il fait beau et je ne suis pas trop fatigué. Je vais donc continuer en direction de la Tête de Plate Longe sur un chemin peu marqué en repérant bien les cairns, d'abord en milieu herbeux, puis en terrain minéral. Ce n'est pas bien difficile, mais je m'arrête souvent pour reprendre mon souffle et boire abondamment. Au sommet, j'ai une superbe vue à l'ouest sur le vallon des Granges Communes et le Lac des Sagnes. Mais il vaut mieux ne pas trop s'approcher du bord pour éviter de faire le grand saut. Après un moment, je redescends au Pas des Manzes où je retrouve le sentier du retour. Les premiers lacets sont un peu caillouteux et glissants, puis c'est une belle descente très agréable dans le vallon des Vaches jusqu'à Larche où j'arrive un peu avant 16 h.
J'ai l'impression d'être assez fatigué, mais je suis monté à la Tête de Plate Longe en 2 h 45 (en décomptant l'arrêt pique-nique) alors que les pancartes indiquent 4 h. C'est quand même satisfaisant car j'ai fait 1150 m de dénivelée positive, mais c'est assez loin des 1940 m réalisés l'année dernière lors de la première étape. En résumé pas de méforme évidente, mais pas une forme exceptionnelle non plus, car j'ai terriblement manqué de souffle dans la dernière demi-heure de l'ascension.
L'accueil au refuge est sympathique et Lorène m'a installé tout seul dans un grand dortoir puisque je reste 3 jours. Je peux prendre mes aises et je ne m'en prive pas, mais pour l'instant, le rituel habituel recommence : douche chaude puis lessive. A 17 h, tout est terminé et je peux me désaltérer avec un coca-cola bien frais en rédigeant quelques lignes sur mes aventures de la journée. Un excellent repas clôture cette première journée. Je fais connaissance de 4 autres randonneurs : une dame qui continue le GR5 vers le sud et part demain pour le Lac du Lauzanier, le Pas de la Cavale et Bousiéyas et un groupe de 3 randonneurs retraités du Vaucluse qui visitent tranquillement la région en voiture et font plutôt des balades à la demi journée. Je vais me coucher vers 21 h pour une bonne nuit réparatrice entrecoupée des levers nocturnes habituels...

Hébergement : Gîte d'étape Refuge de Larche      , 04 92 84 30 80, Camille Sappia et Lorène Lombard.
Je suis resté trois jours dans ce refuge (jusqu'au 17 août au matin) où j'étais déjà passé avec Jacques en juillet 2008.

Repas : Salade mixte de crudités (tomates, concombres, olives, feta...), sauté de bœuf (genre bourguignon), polenta au fromage, tome de Barcelonnette, gâteau au chocolat avec une boule de glace à la vanille. Excellent.
Tarifs 2017 : DP 37 € en dortoir payables par chèque ou espèces, TS 0,50 €, PN 9 €, Coca-cola 2,5 €. Réservation par téléphone. Arrhes 10 € par chèque.
Commodités : Douche chaude (mais tirette pas très pratique), lavabos (eau chaude) où on peut faire la lessive (étendage extérieur confortable). Couettes appréciées.
Téléphone : Free/Orange passe sans problème.

Ravitaillement : PN à 9 €, mais j'en ai apporté pour pratiquement 5 jours (pâté Hénaff, crottin de chèvre, saucisson maigre, pommes, pain aux céréales pour sandwich).


15 août 2017

Refuge de Larche – Tête de Viraysse en AR

Longueur étape : 17,5 km

Heure départ : 8 h 00

Heure d'arrivée : 16 h 30

Durée effective de marche : 7 h 00

Dénivelée cumulée : 2840 m

Déniv. positive : 1420 m

Déniv. négative : 1420 m

Alt min : 1685 m

Alt max : 2772 m

Itinéraire (599 Ko) - Profil - Les photos

8 h 00 – Refuge de Larche, 1680 m
8 h 35 – Prés Bas, 1920 m
9 h 10 - Prés la Font, 2110 m
9 h 40 - L'Isalette, 2340 m
11 h 05 - Col de la Portiolette, 2692 m
12 h 30 - Baraquements de Viraysse, 2503 m, pique-nique 50 minutes
13 h 30 – Col de Mallemort, 2558 m
14 h 15 – Tête de Viraysse, 2772 m
14 h 55 – Col de Mallemort, 2558 m
15 h 40 - Plateau de Mallemort, 2100 m
16 h 30 – Refuge de Larche, 1680 m

Météo :   puis  à partir de 15 h.

Le film de l'étape : Lever à 7 h et petit-déjeuner classique (pain, beurre, confiture, yaourt, jus d'orange, chocolat, mais dans des thermos car il y a peu de randonneurs). Départ à 8 h pour la Tête de Viraysse et le tour de la Meyna. Montée assez rapide à la fraîche jusqu'à Pré Bas où je retrouve le soleil. J'ôte ma micro polaire et me désaltère avant de continuer dans le vallon du Riou de la Rouchouse. Je rencontre deux randonneurs qui montent au Col de Sautron et on va faire une partie du chemin ensemble.
Un quart d'heure plus tard, je tombe sur un panneau qui raconte l'histoire du Barrage du Génie du Ravin de Rouchouse. Ce barrage est situé sur le "sentier de mémoire" créé par l'Amicale Ubayenne des Chasseurs Alpins, sentier qui relie différents ouvrages défensifs qui ont permis de contenir l'avancée italienne dans le secteur de Larche en juin 1940. Vers 2110 m, je quitte le Ravin de la Rouchouse pour monter sur la gauche vers l'Isalette par un sentier qui me fait gagner de l'altitude rapidement. De là, on peut voir à main droite le grand vallon qui mène au Col des Monges (que j'emprunterai après demain) et au Col de la Gipière de l'Orrenaye au dessus du Col de Larche. Le sentier monte tranquillement dans les alpages et j'aperçois en contrebas un gros troupeau de moutons avec le berger, les chiens de conduite et les chiens de protection : les patous. Mais je suis bien trop loin pour les inquiéter.
Je passe à côté du Lac de Viraysse presque à sec et arrive à l'embranchement vers le Col de Sautron qui mène en Italie. C'est ici que je laisse mes deux compagnons de voyage et je pars à gauche en direction du Col de la Portiolette. Le sentier traverse un pierrier assez raide pour arriver dans un petit vallon suspendu où il se faufile dans un univers où le minéral devient de plus en plus présent. Au loin, je distingue le col avec le panneau qui porte les informations habituelles (nom, altitude, destinations...). Après une dernière montée, j'arrive au col un peu après 11 h. Je me désaltère et j'aborde la descente de l'autre côté avec prudence. Le sentier est tracé dans un vaste éboulis pas très stable, bien raide et assez glissant. Au départ, il longe les parois abruptes d'une éminence rocheuse d'où partent quelques chutes de pierre. J'attends qu'elles cessent avant de m'y engager et je ne traîne pas trop dans cet endroit inhospitalier. Un peu plus bas, un mouvement furtif attire mon attention dans la face nord-est de la Meyna. Quelques animaux se baladent sur la crête et un coup de zoom me confirme qu'il s'agit bien de chamois. Ce seront pratiquement les seuls que je verrai pendant toute ma randonnée.
J'arrive enfin au pied du col et j'aperçois maintenant la Tête de la Viraysse. Je dois trouver le sentier qui mène directement aux baraquements de Viraysse. Un peu plus loin, un embranchement, un vieux piquet en bois et une pierre au sol marquée "PR Mirandol" et balisée en jaune. Mirandol n'évoque rien pour moi et je ne le trouve pas sur ma carte IGN dans les environs immédiats. En cherchant sur internet à mon retour, je vais trouver un Col de Mirandol, situé entre Fouillouse et Saint-Ours à pratiquement 4 km à vol d'oiseau de l'embranchement concerné, mais sans rapport évident avec mon itinéraire. Plusieurs indices me laissent à penser que je dois prendre le PR Mirandol : son orientation sud-ouest et le petit ruisseau que je viens de traverser qui doit être le Riou du Pinet. J'y vais donc assez tranquillement et j'arrive une demi-heure plus tard aux baraquements de Viraysse. Là aussi, rien n'indique que le sentier d'où je viens mène au Col de la Portiolette. La signalisation en Ubaye est du même type que celle rencontrée dans le Queyras. Elle est tout simplement remarquable. Par contre, elle fait vraiment défaut en ce qui concerne ce sentier et je l'ai signalé à la gardienne du refuge de Larche pour qu'elle répercute l'information au syndicat d'initiative et plus particulièrement au conseil général des Hautes-Alpes qui gère les poteaux directionnels.
Il est 12 h 30 et je m'installe à l'ombre des baraquements pour pique-niquer. Le crottin de chèvre passe mal et je pense qu'il me faudrait des choses plus fraîches et plus goûteuses, comme du riz au lait en boîte par exemple. Je prends mon temps, mets mes pieds au grand air et je ne repartirai que 50 minutes plus tard. La montée au Col de Mallemort n'est qu'une formalité. De là, un sentier muletier mène en 45 minutes à la Tête de Viraysse. J'évite de prendre les raccourcis car les muscles de ma jambe gauche commencent à rouspéter un peu. Au Col de Viraysse, je rencontre mes premiers édelweiss, pas très vaillants car on approche de la fin de saison, mais assez présentables quand même.
Le fort est maintenant une propriété privée qu'on peut visiter à certaines occasions. Il est justement ouvert ce jour là, mais je n'ai pas trop le temps de m'attarder et j'en fais le tour rapidement. Il est de toute façon dans un bien triste état et il faudra beaucoup de travail et d'argent pour le restaurer, car les matériaux doivent être acheminés par hélicoptère ou à dos de mulets. Au pied des remparts, on a une très belle vue sur la vallée et le village de Larche. Je repars tranquillement vers le Col de Mallemort où je rencontre 4 jeunes qui bivouaquent et cherchent une source à proximité. Ils n'ont pas l'air de s'en faire et je leur conseille d'aller voir plutôt du côté du Col du Vallonnet où il y a des lacs et où ils pourront faire bouillir de l'eau (à condition d'avoir du gaz...).
Je redescends maintenant par le GR5 vers Larche. Le sentier est agréable et bien tracé et j'arrive rapidement au Plateau de Mallemort. J'avais prévu de faire un détour par le rocher "Le Truc", les ruines du Colombier et d'autres ouvrages défensifs, mais je pense que j'en ai assez pour aujourd'hui et je rentre directement en faisant une pause au "Point d'appui 1893". C'est un abri alpin en béton creusé dans le sol complété par deux emplacements extérieurs pour mitrailleuses. On distingue encore deux conduits d'aération et une cheminée d'observation à côté d'un mât où flottent les couleurs françaises, italiennes et européennes. Le temps est maintenant bien couvert et je redescends au refuge où j'arrive vers 16h 30.
Douche, lessive et coca-cola, rédaction des faits marquants de la journée. Repas en petit comité avec les 3 randonneurs du Vaucluse qui sont montés au Col de Mallemort en partant depuis Saint-Ours. Les dames sont restées au col pendant que le mari est monté à la Tête de Viraysse. L'une d'elles a des douleurs à un genou et ils sont descendus à Barcelonnette chercher du Voltarène pour essayer de la soulager. Je me couche vers 20 h 30, car je vais me lever à 6 h demain matin pour essayer de monter au Col de Larche en auto-stop. Cela me permettra de réduire la longueur de l'étape et de me réserver pour des choses plus intéressantes, car je vais suivre une partie du sentier Roberto Cavallero et je ne sais pas trop ce qui m'attend !

Hébergement : Gîte d'étape Refuge de Larche

Repas : 2 parts de melon (excellent) et jambon sec, lasagnes au saumon avec épinards, tomates et gruyère, fromage de Barcelonnette, coupe de fruits avec une boule de glace à la vanille.


16 août 2017

Refuge de Larche – Monte Scaletta en AR

Longueur étape : 18 km

Heure départ : 7 h 20

Heure d'arrivée : 16 h 20

Durée effective de marche : 7 h 30

Dénivelée cumulée : 2650 m

Déniv. positive : 1300 m

Déniv. négative : 1350 m

Alt min : 1948 m

Alt max : 2840 m

Itinéraire (557 Ko) - Profil - Les photos

7 h 00 – Refuge de Larche, 1680 m, montée en auto-stop au Col de Larche
7 h 20 - Col de Larche, 1990 m
8 h 20 - Bergerie de l'Oronaye, 2318 m
9 h 05 - Lac de l'Oronaye, 2470 m
10 h 00 - Col de Feuillas, 2749 m
10 h 25 - Bivouac Enrico Mario, 2650 m, puis Sentier Roberto Cavallero
12 h 10 - Colle della Scaletta, 2614 m, pique-nique 40 minutes
13 h 25 - Monte Scaletta, 2840 m
14 h 10 - Colle della Scaletta, 2614 m
14 h 40 - Lago di Roburent, 2426 m
15 h 00 - Col de Roburent, 2495 m
16 h 20 – Parking du Pontet, 1950 m, retour en auto-stop au Refuge de Larche
16 h 30 – Refuge de Larche, 1680 m

Météo : un grande partie de la journée, de 17 h jusqu'au soir.

Le film de l'étape : Lever à 6 h, déjeuner comme hier avec les thermos. Départ à 7 h en montant au Col de Larche par la route. Je guette les voitures et 10 minutes plus tard une Renault Mégane s'arrête. C'est Jacques, le patron du Chalet du Germas, une maison d'hôtes située à Maison-Méane sur la route du Col de Larche. Il est très sympathique et je peux lui faire un peu de publicité. Je lui explique mon programme de la journée et il me conseille de partir directement du Col de Larche en empruntant le "sentier des italiens", beaucoup plus tranquille et ouvert que celui qui monte depuis le parking du Pontet. Je vais même gagner une cinquantaine de mètres de dénivelée. Il me dépose au col directement au départ du sentier et je pars tranquillement à 7 h 20. Je n'en espérais pas tant.
Le sentier traverse des alpages encore à l'ombre, puis s'engage dans une combe où il rejoint le sentier qui vient du parking du Pontet. Sur ma gauche, le Bec du Lièvre déjà au soleil annonce une belle journée. J'ai imprimé une copie de la carte du Val Maira qui comporte de nombreux détails sur la partie italienne de ma randonnée aujourd'hui et j'ai donc laissé la carte IGN au fond du sac. Je dois prendre assez rapidement un sentier sur la droite qui va me conduire directement vers le Lac de l'Oronaye (orthographié Orrenaye sur la carte IGN). Effectivement, j'aperçois bientôt une intersection, mais le poteau indicateur en place me dit de continuer sur la gauche pour atteindre le lac. Sur la carte italienne, l'embranchement est situé à l'altitude de 2330 m et, comme l'altimètre indique 2230 m, je ne me méfie pas et je continue par le sentier de gauche. Je constate quand même régulièrement que je m'écarte de la route prévue, mais comme je peux récupérer un peu plus haut le sentier qui vient du Col de la Gipière de l'Oronaye, je ne m'en fais pas trop et de toute façon, ce n'est pas très futé de faire demi-tour maintenant. A la Bergerie de l'Oronaye (2318 m), je fais une pose et sort la carte IGN pour une autre vérification. Et là, tout s'explique : l'embranchement est situé en réalité à l'altitude de 2230 m et non 2330 m comme indiqué sur la carte italienne. Si j'avais sorti la carte IGN plus tôt, j'aurais évité ce détour. Enfin, ce n'est pas bien grave et je continue maintenant dans la bonne direction.
Je remonte un long vallon au soleil et les marmottes s'en donnent à cœur joie. J'en prends quelques unes en photo, mais il y en a toujours une autre qui prend la pose un peu plus près et les photos s'enchaînent. Je sais déjà qu'il y en aura une bonne partie qui ira à la poubelle, mais je ne peux pas m'empêcher d'en prendre. Je pense à Lisa qui serait très contente de les voir jouer au soleil. J'arrive au Lac de l'Oronaye, le contourne par le nord et le quitte aussitôt pour prendre le sentier du Col de Feuillas. Et à partir de maintenant, je ne vais pas rencontrer grand monde.
Le sentier se fraye un passage dans des pentes herbeuses et minérales de plus en plus raides, chevauche une ancienne moraine et rejoint le col par une traversée ascendante dans un grand pierrier. Mais ça passe assez facilement et j'arrive au sommet à 10 h. Je suis maintenant en Italie. Petite pause avant de jeter un coup d'œil sur la descente. Et là, ça se gâte vraiment. Ça commence par un peu de désescalade pas très rassurante, puis ça continue par une zone de schistes assez pentue, où il n'y a pas grand chose pour se rattraper, pour rejoindre beaucoup plus bas un sentier. Je me dis qu'il sera toujours possible de remonter si ça craint de trop et j'y vais. La désescalade ne se passe pas trop mal et j'aborde la zone schisteuse en rasant la paroi sur ma gauche. Je m'accroche aux aspérités que je rencontre (ça rassure plus qu'autre chose) et j'arrive enfin sur le sentier où je peux laisser retomber la pression. D'après un récit trouvé plus tard sur internet, il semble qu'il soit possible d'éviter cette partie assez engagée (désescalade et schistes) en suivant un balisage rouge et bleu qui part du col sur la droite et qui rejoint le sentier un peu plus bas. Comme les traces évidentes passaient par la zone de désescalade, je n'ai pas cherché plus loin et je me suis peut-être compliqué involontairement la situation. Si vous avez l'intention de passer par là, regardez bien avant de descendre, il y a peut-être des traces qui partent sur votre droite...
Encore quelques lacets et j'aperçois en contrebas le Bivouac Enrico Mario où j'arrive à 10 h 25. Plus bas sur ma droite, je distingue le sentier Roberto Cavallero qui court à flanc de pierrier. Il est 10 h 33, il fait beau, une pancarte indique : S.R.C - Colle della Scaletta 1 h 10 et je continue. La suite est moins compliquée que prévu. Le sentier traverse des éboulis parfois bien raides, mais sans commune mesure avec ce que j'ai descendu précédemment. Mais il épouse les contours de la montagne, il monte, il descend, je le découvre au fur et à mesure et je reste très prudent. Derrière chaque crête, il y a d'autres pentes sans énormément de dénivelée, mais qu'il faut quand même négocier calmement. J'essaie de me repérer sur la carte italienne, mais les déboires de la matinée ne me permettent pas de lui accorder une grande confiance. Et là, on voit bien qu'on dispose en France avec les cartes IGN d'une documentation pratiquement sans équivalent ailleurs. De toute façon, le sentier est assez bien tracé et balisé (rouge et bleu), il y a des cairns par endroit et je suis globalement dans la bonne direction.
Vers 11 h 40, après une montée délicate dans un pierrier, j'arrive à un petit col au sud-ouest du Bric Content où je surprends deux bouquetins, une femelle (une étagne) et son cabri. Je m'arrête pour prendre quelques photos en attendant qu'ils disparaissent derrière les rochers. Derrière le col se trouve une caserne qui faisait partie du "Vallo Alpino", le système défensif italien sur la frontière des Alpes mis en place après la première guerre mondiale. Quelques instants plus tard, j'aperçois enfin le Colle della Scaletta, mais il me faudra encore pratiquement 20 minutes pour y parvenir. Il est 12 h 10 et c'est l'heure du pique-nique, le même qu'hier avec le crottin de chèvre qui passe toujours aussi mal.
Quarante minutes plus tard, j'attaque l'ascension du Monte Scaletta en continuant par le sentier Roberto Cavallero. Je démarre tranquillement par quelques lacets qui se faufilent ensuite dans une partie rocheuse pour arriver à l’entrée d’un étroit tunnel. Je m’y engage en m’éclairant avec le flash de mon appareil photo. Il y a deux galeries perpendiculaires d’une dizaine de mètres chacune. A la sortie du tunnel, les choses se corsent un peu plus, mais rien de bien méchant. Le sentier a été aménagé par les militaires avec des murets de soutènement permettant de surmonter des passages plus raides et d’atteindre assez facilement le sommet couronné par une croix et un vieux blockhaus. Très belle vue sur les lacs inférieurs et le Lac Supérieur de Roburent.
La gardienne du refuge de Larche m'avait conseillé de continuer le sentier Roberto Cavallero vers le sud est, puis de redescendre vers les lacs inférieurs de Roburent dans des éboulis assez raides. Je me dis que j'ai eu assez d'émotions pour aujourd'hui, que le temps a l'air de se couvrir et que je ne suis pas encore rentré. Je décide donc de redescendre par le même chemin en faisant très attention, car certains passages sont plus compliqués à la descente qu'à la montée. Au Colle della Scaletta, la suite est plus simple. Un bon sentier passe au pied d'une autre caserne et descend au Lac Supérieur de Roburent où on trouve encore d'importants baraquements militaires italiens en ruines.
Il est temps de revenir en France en remontant au Col de Roburent où la frontière est marquée par la borne 65 ornée de la fleur de lys et de la croix de Savoie. Je poursuis ma descente vers le Lac de l'Oronaye et retrouve le sentier de montée. Mais je n'oublie pas un peu plus loin de prendre le sentier (non indiqué) vers la gauche pour rejoindre directement la cote 2230. Je décide de redescendre vers le parking du Pontet où j'aurai plus de chance de trouver une voiture pour revenir à Larche. Bonne intuition. J'arrive au Pontet à 16 h 20 et je vois un 4x4 qui s'en va. Comme il s'arrête pour me laisser passer, je demande au chauffeur s'il va sur Larche. Il accepte gentiment de m'emmener et j'arrive au refuge 10 minutes plus tard.
Il y a beaucoup de monde ce soir et je suis obligé de faire la queue à la douche. Je fais ensuite ma lessive, mais la pluie se met à tomber. Heureusement, on peut étendre son linge dans une salle au rez-de-chaussée où la gardienne a mis en route un radiateur électrique. Tout va sécher pendant la nuit. Je couche sur le papier mes impressions de la journée devant le traditionnel coca-cola. Je ne suis plus seul dans le dortoir, mais ce n'est pas gênant, car il y a encore pas mal de place. Repas agréable en compagnie des randonneurs vauclusiens et coucher vers 21 h 30. Demain, je quitte le refuge pour rejoindre Campo Base en Italie.

Hébergement : Gîte d'étape Refuge de Larche

Repas : Potage au concombre et persil, rougail de saucisse avec des tomates et d'autres choses, riz, fromage de Barcelonnette, tranche de quatre quarts avec une boule de glace au chocolat.


17 août 2017

Refuge de Larche – Refuge de Campo Base

Longueur étape : 16,5 km

Heure départ : 7 h 50

Heure d'arrivée : 15 h 30

Durée effective de marche : 6 h 30

Dénivelée cumulée : 2430 m

Déniv. positive : 1200 m

Déniv. négative : 1230 m

Alt min : 1570 m

Alt max : 2542 m

Itinéraire (805 Ko) - Profil - Les photos

7 h 50 – Refuge de Larche, 1680 m
8 h 30 – Prés Bas, 1920 m
9 h 10 - Prés la Font, 2110 m
9 h 40 - Le Riou de Rouchouse, 2260 m
9 h 50 - Petit Lac de la Montagnette, 2273 m
10 h 50 - Col des Monges, 2542 m
12 h 20 - Pique-nique vers 2150 m, 40 minutes
15 h 30 - Refuge de Campo Base, 1650 m

Météo : toute la journée.

Le film de l'étape : Lever à 6 h 45, petit-déjeuner tranquille à 7 h et départ à 7 h 50 après avoir fait mes adieux à Nicolas, le compagnon de Lorène, qui nous a servi le petit déjeuner ce matin. Il faut dire qu'il y avait beaucoup de monde dans la salle à manger. J'ai décidé de ne pas passer par le Col Rémy pour ménager un peu mes jambes et éviter des dénivelées pas vraiment nécessaires. Je reprends le chemin du Col de la Portiolette jusqu'à Prés la Font où je rencontre un jeune étranger. On fait connaissance et un bout de sentier ensemble dans un vallon très agréable jusqu'au Petit Lac de la Montagnette où nos chemins se séparent. Il continue vers le Col Rémy pour monter ensuite à Tête Dure, un sentier par lequel j'aurais dû arriver si je n'avais pas modifié mon parcours au dernier moment.
Un long vallon me conduit en pente douce vers le Col des Monges, mais je prends mon temps car ma jambe gauche recommence à m'inquiéter. Comme d'habitude, les marmottes sont de sortie et j'arrive au col sans encombre à 10 h 50. Je prends plusieurs photos de la borne frontière 61 et j'en profite pour faire une longue pause. Les sommets et les cols situés sur la frontière ne portent pas le même nom en France et en Italie. Le Col des Monges devient le Colle delle Munie et la Tête de l'Alp s'appelle Monte Soubeyran, une fois la frontière passée ! J'essaie de repérer par où je devrai repasser ici dans deux jours, en particulier le lieu-dit nommé Grange. Mais rien de bien évident à part à mes pieds, un petit lac, presque à sec.
Je commence à descendre vers Chiappera en suivant le sentier SPGF (Sentier Pier Giorgio Frassati). Un peu plus loin, un autre petit lac avec un beau troupeau de bovins de race gasconne (me semble-t-il), et puis le Lago delle Munie au pied du Col du Boeuf (ou Colle di Villadel). La descente est agréable dans des alpages jusqu'au beau Lago d'Apsoi près du Bivouac Bonelli. Au fond vers le sud est, on voit bien la trace qui s'enfonce dans le vallon fermé par le Colle d'Enchiausa. Je poursuis ma descente jusqu'à un replat où je remarque des gros blocs à l'ombre qui m'incitent à pique-niquer. Toujours le même menu peu engageant (surtout le crottin de chèvre qui a du mal à passer). Il fait vraiment chaud et je ne repars que 40 minutes plus tard. Au loin, le Lago Visaia d'un bleu étincelant et le village de Chiappera derrière lequel se dresse le monolithe du Rocca Croce Provenzale, un site d'escalade bien connu dans la région.
Descente longue, parfois dans des pierriers, parfois dans des alpages. On domine le Lago Visaia et pour la première fois, je peux examiner l'itinéraire que j'ai envisagé pour contourner la Punta le Teste après demain. On peut voir de vagues traces dans une pente bien raide avec de nombreux éboulis sur près de 400 m de dénivelée. Ça me laisse songeur. L'intérêt touristique semble bien limité, voire inexistant et la descente ne sera pas une partie de plaisir pour les jambes. Comme je dois justement les ménager, la décision sera vite prise. Je vais faire l'impasse sur cette étape et je trouverai bien autre chose à faire dans le secteur après demain.
Après le Lago Visaia, le sentier toujours un peu rude continue à descendre dans une pinède mi-ombre, mi-soleil jusqu'à une ancienne route militaire qui remonte vers le nord-ouest et qui est balisée rouge et bleu, le sentier Roberto Cavallero. L'examen attentif des cartes que j'avais sous la main à Rennes m'avait montré qu'il suffisait de suivre cette route jusqu'à la sortie de la forêt, puis de prendre sur la droite un sentier qui descend directement en direction de Chiappera. Les autres options me semblaient plus compliquées. Je n'ai pas été déçu. Après un petit kilomètre, je repère des traces de peinture rouge et bleu qui descendent sur la droite dans un gigantesque pierrier à la sortie de la forêt, mais pas de sentier du tout, ni de panneau indicateur ! Comme les balises vont malgré tout dans la bonne direction, je me dis qu'il va bien falloir y aller. Des gros blocs, des cailloux qui roulent sous les pas, des balises qu'il faut bien repérer avant d'avancer, pas marrant pour une fin d'étape. Quelques chutes sur les fesses plus tard (bien amorties par le sac à dos), je sors enfin du pierrier pour poursuivre la descente dans une zone pentue, moyennement boisée avec beaucoup de trous cachés sous de grandes herbes. Et là aussi, c'est le jeu de piste. Il faut bien repérer chaque balise avant d'avancer pour éviter de se risquer dans des zones moins faciles. J'arrive enfin sain et sauf sur le sentier qui monte au Colle del Sautron (Col de Sautron côté français), qui permet de revenir à Larche en particulier.
La suite est beaucoup plus simple. Il suffit de redescendre le sentier en direction de Chiappera. Je croise quelques vététistes inquiets dans un secteur bien tourmenté et j'arrive enfin au village vers 15 h 20. Le refuge est situé à un kilomètre en remontant le grand vallon qui mène à Maljasset par le Col de Maurin. Après un accueil sympathique, je m'installe dans un vaste dortoir avec 8 lits qui ne seront pas tous occupés. Et le rituel recommence : douche chaude (mais pas d'endroit pour accrocher ses vêtements dans la douche), lessive (pas vraiment d'étendage à disposition mais j'en emprunterai un pas très pratique et surtout pas très stable) et coca-cola en rédigeant mes impressions journalières. Bonne surprise, le téléphone portable passe bien. Free s'est connecté automatiquement sur le réseau italien "I WIND" et j'ai pu rassurer la famille. Il y a aussi le WiFi, mais je n'ai pas emporté mon smartphone...
L’édifice qui accueille actuellement le refuge est une ancienne caserne militaire – la Caserne Vivalda – construite dans les années 1930 pour héberger les soldats chargés de la garnison des fortifications du "Vallo Alpino" (une sorte de Ligne Maginot italienne) situées aux alentours. Le refuge a été inauguré en 1982. C'est un hébergement très important pour les alpinistes qui s’engagent sur les voies d’escalade du Groupe Castello-Provenzale et pour les randonneurs. A la fin des années 1990, le refuge a été agrandi avec l’aile est de l’édifice, où se trouvent actuellement les chambres de 4 ou 8 places, et d’un vaste camping, équipé de fontaines et de bornes électriques.
Repas copieux et discussion à table avec un cadre d'une quarantaine d'années probablement fort occupé puisqu'il sous-traite toute l'organisation (itinéraires, réservations) de sa semaine de randonnée sur le GR5. Il descend vers le sud et termine demain à Larche où l'attend son taxi. Discussions intéressantes avec d'autres randonneurs sur les itinéraires du secteur que je commence à bien connaître. Coucher vers 21 h 30 après une journée bien remplie.

Hébergement : Refuge de Campo Base    , 0039 334 8416041, Andrea, accueil très sympathique.
Je suis resté trois jours dans ce refuge (jusqu'au 20 août au matin).
Repas : Mousse de poisson et petits légumes, pâtes, sauté de bœuf, haricots verts, flan au caramel.
Tarifs 2017 : DP 42 € en dortoir payables en espèces, PN de 3,50 à 8 €, Coca-cola 2,5 €. Réservation par internet. Arrhes 45 € pour 3 jours.
Commodités : Douche chaude (mais impossibilité d'accrocher ses vêtements ou serviette de toilette dans la douche. Il faut les laisser à l'extérieur sur le dessus d'un radiateur, pas vraiment pratique), lavabos (eau chaude avec du savon liquide) où on peut faire la lessive (mais pas d'étendage, j'ai pu récupérer un étendage mobile réservé au refuge, mais pas très stable et j'ai tiré mon fil à linge au dessus de ma couchette pour terminer le séchage de mon linge), vaste dortoir avec lits superposés mais avec de vieilles couvertures...
Téléphone : Free/Orange passe bien en se connectant automatiquement sur le réseau italien "I WIND".

Ravitaillement : PN de 3,50 à 8 €, mais j'en ai encore suffisamment pour demain et, comme je commence à en avoir assez du menu habituel (saucisson, crottin de chèvre), j'ai l'intention d'aller me faire un petit restaurant après demain en visitant le village de Chiappera.


18 août 2017

Refuge de Campo Base – Colle di Rui en AR

Longueur étape : 13 km

Heure départ : 8 h 25

Heure d'arrivée : 14 h 45

Durée effective de marche : 5 h 00

Dénivelée cumulée : 2300 m

Déniv. positive : 1150 m

Déniv. négative : 1150 m

Alt min : 1640 m

Alt max : 2708 m

Itinéraire (166 Ko) - Profil - Les photos

8 h 25 – Refuge de Campo Base, 1640 m
9 h 45 – Intersection vers le Colle di Rui, 2100 m
10 h 35 - Baraquement militaire, 2475 m
11 h 00 - La Colleta, 2576 m
11 h 25 - Colle di Rui, 2708 m
12 h 05 - Baraquement militaire, 2475 m, pique-nique 30 minutes
13 h 00 - Colle Greguri, 2310 m
13 h 30 - Grange Rivero, 2050 m
14 h 45 - Refuge de Campo Base, 1640 m

Météotoute la journée.

Le film de l'étape : Lever à 7 h 15 et petit-déjeuner à 7 h 30. Départ tranquille à 8 h 25 du refuge. J'ai bien étudié la carte  "Chaminar en Auta Val Maira" affichée dans le refuge pour éviter des erreurs d'itinéraire aujourd'hui et j'ai supprimé le Monte Freide de mon programme pour souffler un peu. Montée tranquille à l'ombre dans un vallon au pied de la Rocca Provenzale. J'entends des clochettes et aperçois des vaches qui broutent un peu plus haut dans l'alpage. Au détour du sentier derrière un bosquet, une belle gasconne me fait les yeux doux et attend une caresse. Je lui flatte le museau et lui explique qu'elle doit retourner voir ses copines, car je viens seulement de démarrer et je ne suis pas encore arrivé.
Je rencontre un peu plus haut un couple de jeunes Italiens qui montent tranquillement avec leur chien. Je les dépasse assez rapidement avant d'arriver à un replat sympathique que le soleil vient d'atteindre. J'en profite pour me déshabiller, me désaltérer et m'asseoir quelques minutes pour profiter d'une vue superbe sur Chiappera et mon itinéraire de la veille. Je peux contempler avec du recul le pierrier et la zone boisée et tourmentée du sentier Roberto Cavallero qui m'en ont bien fait voir en fin de parcours. Je repars sur le sentier très agréable qui monte tranquillement dans les alpages et je peux déjà apercevoir quelques grimpeurs qui cherchent leur voie dans la face est de la Rocca Provenzale illuminée par le soleil.
Je me dirige maintenant vers une ancienne caserne militaire comme j'en ai vu déjà plusieurs ces derniers jours. Elles sont toutes construites sur le même modèle. Ce sont des bâtiments de 30 à 40 mètres de long sur 5 à 10 mètres de large dont un des grands côtés est quasiment enterré dans la montagne. Un grand couloir dessert plusieurs pièces, dortoirs, cuisine, latrines, réserves d'eau, de nourriture et de munitions. Je poursuis ma route vers le Colle di Rui et arrive à un petit col appelé La Colleta d'où on a une superbe vue sur le vallon qui remonte au nord vers le Col de Maurin. Un jeune italien qui connaît bien la région me nomme tous les sommets environnants. Il me reste encore 140 m de dénivelée avant d'atteindre le Colle di Rui où j'arrive à 11 h 25.
Il est trop tôt pour déjeuner et je redescends vers la caserne militaire où je décide de pique-niquer vers midi. Il fait vraiment chaud et il n'y a pas d'ombre. Je pensais m'installer à l'intérieur, mais l'endroit est régulièrement squatté par les moutons et c'est vraiment trop sale. J'empile quelques pierres à l'extérieur pour me faire un siège digne de ce nom et je commence à puiser dans mes dernières réserves : viande séchée sous forme de saucisson, crottin de chèvre, pain aux céréales et une pomme que j'ai prise ce matin au petit-déjeuner. Je disperse pour les marmottes quelques morceaux de pain (en fait je ne sais même pas si elles aiment ça) puisque j'ai déjà décidé dans mon inconscient que j'irai déjeuner au restaurant demain à Chiappera. Ras le bol des pique-niques ! En fait, j'ai quand même gardé un reste de viande séchée, du pain et une pomme pour mon dernier pique-nique lorsque je monterai au Refuge de Chambeyron après demain.
Je repars une demi-heure plus tard à travers les alpages en direction du Colle Greguri au pied du Monte Castello. De nombreuses cordées sont engagées dans les différentes voies et je passe un bon moment à les regarder. Je me vois déjà dans la paroi et cela me rappelle de bons souvenirs. Après le col, une longue descente m'attend vers Grange Rivero et Grange Collet où je retrouve les voitures et les randonneurs qui arrivent par le Col de Maurin. Une longue piste carrossable (mais non empruntée par les voitures) mène au Refuge de Campo Base. En chemin, je passe à côté de la centrale hydroélectrique "Delle Fie-Maurin" enterrée dans la montagne avec une exposition photographique sur le mur extérieur. Un peu plus bas, je repère le sentier Roberto Cavallero (encore lui) qui monte vers le Colle di Gippiera qui me mènera dans deux jours au Refuge de Chambeyron et j'arrive au Refuge de Campo Base à 14 h 45.
Douche, grande lessive (avec mon mouchoir et mon short puisqu'il fait grand beau et qu'il vont sécher rapidement) et puis un petit coca-cola ! Ensuite, après les écritures d'usage, repos dans un transat et plus tard un petit somme sur ma couchette. Avant le repas, je sympathise avec trois dames qui font le tour du Bric de Rubren sur 5 jours. Ça m'intéresse grandement puisque le Bric de Rubren est un de mes objectifs, sans doute le plus ambitieux, de la semaine prochaine. Elles sont parties ce matin de Maljasset et continuent par Chiesa, Pontechianale, Chianale et retour à Maljasset. Elles ont demain une grosse étape (au moins 1200 m de dénivelée en descente) et l'une d'elles a déjà mal au genou. Elle se masse à plusieurs reprises avec du Voltarène, mais je ne sais pas si ça sera suffisant. Pendant le repas, je me retrouve à côté d'un jeune couple de français qui font un petit tour du Chambeyron en 3 jours. Ils sont partis de Saint-Ours (au dessus de Larche), sont montés au Refuge du Chambeyron, redescendus au Refuge de Campo Base par le Col de la Gypière et repartent demain à Saint-Ours par le Col de Sautron. Comme ils sont vraiment intéressés par ce que je fais, je leur donne l'adresse de mon site internet qui leur donnera sûrement des tas d'idées. Il est 21 h 30 et je vais me coucher. Demain, journée de repos et visite de Chiappera.

Hébergement : Refuge de Campo Base
Repas : Chiffonnade de jambon sec et rillettes, lasagnes aux épinards avec du parmesan, blanc de poulet en sauce, petits pois, panacotta.


19 août 2017

Refuge de Campo Base – Mine de Charbon en AR

Longueur étape : 7 km

Heure départ : 8 h 20

Heure d'arrivée : 11 h 35

Durée effective de marche : 2 h 40

Dénivelée cumulée : 1140 m

Déniv. positive : 570 m

Déniv. négative : 570 m

Alt min : 1620 m

Alt max : 2150 m

Itinéraire (247 Ko) - Profil - Les photos

8 h 20 – Refuge de Campo Base, 1640 m
8 h 35 – Embranchement sentier nord vers la mine, 1680 m
9 h 10 – Jonction avec le sentier sud, 1800 m
10 h 05 - Visite de la Mine de charbon (15 minutes), 2150 m
11 h 15 - Chiappera, 1619 m
11 h 35 - Refuge de Campo Base, 1640 m

Météo : toute la journée.

Le film de l'étape : Il y a deux jours, j'ai pu apercevoir la partie la plus délicate de l'itinéraire que j'avais prévue aujourd'hui : une face très raide parcourue par un sentier qui disparaît par moment, de la caillasse et une descente très longue qui se termine par une bonne partie du chemin déjà parcouru lors de mon arrivée à Campo Base. Bref, rien de bien enthousiasmant et, comme ma jambe gauche m'envoie des petites alertes musculaires quand je dépasse 1000 m de dénivelée positive, j'ai décidé de ne pas respecter le programme prévu et de me ménager pour l'étape de demain qui va me conduire au Refuge de Chambeyron. Je vais donc aller visiter une ancienne mine de charbon au dessus de Chiappera avant d'aller déjeuner au village (pour me changer un peu de mes pique-niques).
Lever à 7 h 30, petit-déjeuner tranquille à 7 h 45 et départ à 8 h 20. Je vais monter par le sentier nord et redescendre par le sentier sud. Je remonte la vallée de Maurin jusqu'à l'embranchement vers la mine. Un sentier agréable monte lentement dans un sous-bois clairsemé. Peu après, le soleil commence à me réchauffer et j'en profite pour ôter ma micropolaire. Sur ma gauche, en bordure du sentier, un ancien blockhaus apparaît. Il est vraiment bien camouflé et devait contrôler l'accès à la vallée en contrebas. J'arrive à la jonction avec le sentier sud par lequel je redescendrai vers Chiappera. La montée se poursuit, toujours régulière, mais peut-être un peu plus soutenue à travers une grande pente herbeuse et parsemée de petits éboulis. J'aperçois le village au fond de la vallée. Après quelques virages, des traces noires apparaissent et j'arrive à la mine.
Sur un petit terre-plein, les vestiges d'un treuil montrent que le charbon devait être descendu dans la vallée sur une plate-forme suspendue à un câble. Derrière, dans la paroi rocheuse, des trous laissent deviner les emplacements des poutrelles métalliques qui devaient soutenir la plate-forme jusqu'à l'entrée d'une petite galerie. Elle n'est pas bien large, ni haute, et on peut voir encore à l'intérieur des pieux de soutènement le long des parois. Mais on ne peut pas aller bien loin, car un éboulement empêche toute progression. Une petite sortie latérale permet de rejoindre le terre-plein sur lequel des morceaux de charbon sont encore bien présents. De la mine, on a une bien jolie vue au sud sur Chiappera et au nord sur la vallée de Maurin. On voit nettement le vallon qui remonte vers le Col de l'Infernetto (où je passerai dans quelques jours) et celui qui remonte vers Maljasset par le Col de Maurin.
En redescendant, à quelques dizaines de mètres de la mine, des édelweiss poussent sur la poussière de charbon. Je suis vraiment impressionné et je me dis que cette image véhicule un beau message d'espoir : "Cette petite fleur blanche va chercher de quoi survivre dans les résidus de la mine". Donc tout n'est pas perdu et, si elle y arrive, pourquoi ne pas s'accrocher et lutter nous aussi ! Bon, un peu plus bas, j'en trouve de plus jolies dans un terrain sans doute plus favorable. Il est 11 h 15 lorsque j'arrive à Chiappera. Je fais un tour rapide pour repérer le restaurant qui propose un plat unique, une polenta. Ça me convient parfaitement, je réserve une table et je remonte rapidement au refuge pour prendre une douche, laver mes affaires et revenir au village avec mon costume de touriste.
Je m'installe à la terrasse sous l'ombre bienfaisante des acacias. Un petit vent agréable permet de mieux supporter la température caniculaire en plein soleil. Le serveur m'apporte mon repas. D'abord, pour me rafraîchir, un bon coca-cola avec de la glace. Ensuite, un grand plat de polenta bien goûteuse avec plusieurs coupelles dans lesquelles on trouve des concombres à la crème, des champignons à la tomate, des petites saucisses et des morceaux de bœuf en sauce. Sur une planchette, deux morceaux de fromage, un bleu et une pâte molle. En dessert, une glace et ensuite un expresso (enfin peut-être 3 ou 4 centilitres à tout casser), le tout pour un prix correct de 18,50 €. Je prends tout mon temps et savoure ce pique-nique dont je rêvais depuis quelques jours.
Ensuite, je vais visiter le village, Chiappera, le dernier bourg habité de la vallée qui, depuis quelques années, a connu une renaissance. De nombreuses maisons ont fait l’objet d’une restauration soignée et certains bâtiments, dont l’ancienne école et l’église, petit joyau de l’architecture alpine, ont été mis en valeur. Après avoir visité l'église, je m'installe en face dans un petit square ombragé où je rédige mes impressions de la matinée. Et puis, je me ballade longuement dans le village où les maisons toutes restaurées sont plus originales les unes que les autres.
Je rentre au refuge, je fais un peu de rangement et je lis dans un transat avec un autre coca-cola bien frais. J'ai même fait trois sudokus en attendant le dîner. Je sympathise avec un couple de randonneurs expérimentés de Samoëns. Ils vont demain au Refuge de Chambeyron comme moi et on va donc se revoir régulièrement. Ensuite, ils continuent vers Maljasset où ils ont laissé leur voiture. Ils ont pas mal randonné dans le massif du Mont Blanc, en Vanoise et dans les Ecrins et cela nous permet de partager beaucoup de souvenirs et d'anecdotes. Coucher vers 21 h car je voudrais partir assez tôt demain matin.

Hébergement : Refuge de Campo Base
Repas : Mousse de poisson et tomates, blé à la crème et aux algues, filet de morue frit, pommes de terre, gâteau au chocolat. 


20 août 2017

Refuge de Campo Base – Refuge de Chambeyron

Longueur étape : 12 km

Heure départ : 7 h 10

Heure d'arrivée : 13 h 30

Durée effective de marche : 5 h 20

Dénivelée cumulée : 1740 m

Déniv. positive : 1360 m

Déniv. négative : 380 m

Alt min : 1640 m

Alt max : 2927 m

Itinéraire (826 Ko) - Profil - Les photos

7 h 10 - Refuge de Campo Base, 1640 m
7 h 30 - Embranchement vers la cascade de Stroppia, 1670 m
9 h 00 - Refuge de Stroppia, 2260 m
9 h 10 - Lago Niera, 2310 m
10 h 10 – Intersection Colle di Nubiera (Col de Stroppia) - Colle di Gippiera (Col de la Gypière), 2530 m
11 h 00 - Embranchement vers le Bivacco Barenghi, 2790 m
11 h 35 - Colle di Gippiera (Col de la Gypière), 2927 m
11 h 50 - Lac des Neuf Couleurs, 2841 m, pique-nique 40 minutes
13 h 30 – Refuge de Chambeyron, 2626 m

Météo : toute la journée.

Le film de l'étape : Lever à 6 h 20, petit-déjeuner à 6 h 30 et départ à 7 h 10. Je pars rapidement car je pense que l'étape sera difficile et je n'attends pas les randonneurs haut-savoyards qui vont sûrement me rattraper un peu plus loin. Mon idée première était de passer par le Col de Stroppia, de redescendre dans le vallon des Aoupets, de remonter par le Pas de la Couletta avant de redescendre vers le Refuge de Chambeyron. Après réflexion, j'ai décidé d'emprunter l'itinéraire classique vers le Refuge de Chambeyron qui passe par le Col de la Gypière. Il comporte quand même 350 m de dénivelée positive en moins et je rencontrerai davantage de randonneurs sur les sentiers, ce qui est plutôt rassurant.
Je remonte le chemin empierré que j'ai déjà emprunté hier en allant à la mine de charbon. Après un bon kilomètre, je le quitte pour un bon sentier sur la gauche qui mène au vallon de Stroppia et aux cols de Stroppia (Colle di Nubiera) et de la Gypière (Colle di Gippiera). Je rappellerai toujours les noms italiens des cols et des bivouacs car ce sont les seuls qui apparaissent ici sur les panneaux indicateurs. Si vous cherchez la direction du Col de Stroppia, vous ne la trouverez nulle part. Par contre, celle du Colle di Nubiera est bien mentionnée dans ce secteur. Et pourtant il s'agit du même col. Un dessin original rappelle aux randonneurs qu'il faut emporter ses ordures avec soi. Le sentier monte rapidement en lacets vers la base d'une barre rocheuse. Le soleil arrive et j'en profite pour ôter ma micropolaire et me désaltérer. Les haut-savoyards me doublent facilement, mais chacun monte à son rythme. Je rattrape un randonneur et son jeune fils qui abordent le sentier étroit et aérien, parfois taillé dans la roche, avec des murets de soutènement. Quelques câbles rassurent les moins hardis. En fait, il n'y a pas grand risque et je pense que les câbles doivent surtout servir en début de saison lorsqu'il reste un peu de neige dans le passage.
Sur un replat, on découvre le petit "Rifugio Stroppia" à 2260 m. Le sentier passe au pied de la partie supérieure de la cascade (qui ne coule plus à cette époque), contourne un escarpement rocheux et arrive au Lago Niera. Il est complètement à sec et alimente normalement la cascade. Devant moi, un long vallon qui mène vers la droite en direction du Col de la Gypière. De temps en temps, j'aperçois les haut-savoyards, mais je ne cherche pas à les rattraper. Un peu plus tard, ils s'écartent du sentier et montent sur une butte herbeuse. J'imagine qu'ils veulent faire une pause prolongée en se mettant un peu à l'écart. Mais j'aperçois des moutons sur le sentier et ils ont simplement voulu contourner le troupeau. Un gros patou vient me reconnaître tranquillement.
Ça se passe plutôt bien et on discute un moment. Je lui dis d'aller surveiller ses moutons et je repars doucement sur le sentier. Un autre patou couché à l'ombre derrière un gros rocher m'observe tranquillement. Il a peut-être eu une nuit agitée et se repose pendant que son copain contrôle les allées et venues.
Il est 10 h 10 lorsque j'arrive à l'embranchement avec à gauche le Colle di Nubiera et à droite le Colle di Gippiera. Je continue sur la droite et le sentier monte un peu plus franchement dans des pentes où l'herbe et les cailloux se partagent l'espace. Je rencontre plusieurs randonneurs qui descendent du Col de la Gypière, mais il me faudra encore une bonne heure pour l'atteindre. A quelques centaines de mètres du sentier, on aperçoit le "Bivacco Barenghi" près du Lago del Vallonasso di Stroppia. C'est un abri en tôle en forme de tonneau, bleu et jaune avec le drapeau italien, devant lequel je passerai après demain en allant à Maljasset. Devant moi, une dernière pente derrière laquelle doit se trouver le col. Le sentier est raide et glissant, mais ça passe en y allant tranquillement. Et puis, encore un faux plat avant le Col de la Gypière où j'arrive vers 11 h 30. Les difficultés sont terminées pour aujourd'hui puisque je n'ai plus qu'à redescendre vers le Refuge de Chambeyron.
Du col, on a une belle vue sur le Lac des Neuf Couleurs en contrebas. Je prends tout mon temps pour descendre et je m'installe au bord du lac, dans un endroit abrité du vent, pour pique-niquer dans la plus belle salle à manger de la région. Je termine mes provisions apportées depuis Rennes : saucisson, pain, barre de céréales et une pomme récupérée ce matin au petit déjeuner. A partir de demain, je demanderai aux gardiens de me préparer mon pique-nique. Ce sera la surprise et on verra bien. Le lac est situé dans un cirque glaciaire entouré de sommets dont les plus connus sont l'Aiguille de Chambeyron (3411 m) et le Brec de l'Homme (3211 m) au nord, la Tête de la Fréma (3151 m) au sud est et le Brec de Chambeyron (3389 m) au sud ouest. C'est véritablement un très beau lac de montagne, mais j'imagine qu'il faut revenir au printemps pour y compter jusqu'à neuf couleurs, lorsque la pureté et la couleur émeraude de ses eaux profondes sont rehaussées par les névés quasiment permanents de ses berges, descendant directement des sommets qui l'entourent.
Je repars et passe près du Lac Long avant de redescendre vers le refuge où j'arrive à 13 h 30. Accueil sympathique du gardien qui m'installe dans le dortoir des guides puisque je reste deux jours ici. C'est une excellente idée, car je serai seul ce soir, avec une petite table pour étaler mes affaires, tandis que dans les autres dortoirs la place est comptée (on ne peut pas y mettre son sac à dos). Il n'y a pas de douche, simplement une salle d'eau avec des lavabos où se trouvent aussi les toilettes. Comme je suis seul, j'en profite pour verrouiller la porte et me déshabiller pour une toilette rapide à l'eau froide. J'en profite pour laver aussi mes sous-vêtements (à l'eau froide, c'est plus compliqué) et les mettre sécher sur un fil à l'extérieur. Sur les conseils du gardien, je monte ensuite sur une butte à la cote 2661 d'où on peut apercevoir le village de Fouillouse et tenter de capter le réseau téléphonique. Après quelques déplacements sur la crête, j'arrive à envoyer plusieurs SMS. J'ai même eu des  réponses d'Elisabeth et de Laurence. mais je redescends rapidement car le vent est frisquet et je commence à me geler là haut.
En arrivant au refuge, bonne surprise, je retrouve mes deux haut-savoyards. Ils ont fait une longue pause un peu à l'écart du Col de la Gypière et je ne les ai pas aperçus, mais eux m'ont bien vu passer. Ils me payent un coca-cola et on fait davantage connaissance. Le mari a fait ses études au campus de la Doua à Lyon et il connaissait bien les cafets de l'INSA. Un couple avec deux très jeunes enfants est monté au refuge avec un âne. Ils se préparent à repartir et vont même redescendre avec eux une poubelle du refuge. Les enfants sont très attirés par les nombreuses marmottes qui se baladent tranquillement. Elles disparaissent lorsqu'on s'approche un peu trop près, puis réapparaissent un peu plus loin. Elles font partie du paysage et sont très prisées par les photographes. Je rentre à l'intérieur du refuge pour rédiger mes impressions journalières.
Au repas, je me retrouve à table avec 5 randonneurs jeunes retraités qui font le petit tour du Brec de Chambeyron. C'est une dame qui mène la danse et j'imagine que les autres ont intérêt à suivre, mais tout semble se passer dans la bonne humeur. Demain, randonnée tranquille autour du refuge, je ne suis pas pressé et je pars me coucher vers 21 h 30.

Hébergement : Refuge de Chambeyron,   et , Tél 04 92 84 33 83, Romain Sourice et Virginie Gontrand.
Je suis resté deux jours dans ce refuge (jusqu'au 22 août au matin). Un cœur pour l'accueil et le dortoir des guides, une grimace pour les prix exagérés compte-tenu du manque évident de commodités.
Repas
: Soupe de légumes, blancs de poulet au curry, pâtes, fromage, crème caramel. Bon repas assez copieux, mais on va me resservir exactement le même demain soir...
Tarifs 2017 : DP 49,10 € en dortoir payables par chèque ou en espèces, TS 0,50 €, PN 9,50 €, Coca-cola 3,50 €. Réservation par internet, Arrhes 20 € par internet.
Commodités : Pas de douche, un long lavabo à l'ancienne de 5 à 6 mètres de long avec uniquement de l'eau froide, impossibilité de s'isoler pour faire sa toilette, étendage extérieur pour mettre sécher le linge, dortoir classique, pas de place pour mettre son sac à dos dans le dortoir (ils doivent rester dans la salle des chaussures à l'entrée), couettes, 2 toilettes à l'intérieur avec une toilette sèche accessible de l'extérieur.
Téléphone : Une bonne surprise, Free/Orange passe à condition de monter sur une butte derrière le refuge (à la cote 2661) d'où on peut apercevoir le village de Fouillouse et capter plus ou moins bien le réseau.

Ravitaillement pour demain : PN à 9,50 € : pain, une tranche de jambon, un morceau de fromage, du taboulé, un balisto et une pom'pote. La vie est chère en montagne, mais quand même ! Un mauvais rapport qualité/prix.


21 août 2017

Refuge de Chambeyron – Pointe d'Aval en AR

Longueur étape : 13 km

Heure départ : 8 h 15

Heure d'arrivée : 15 h 35

Durée effective de marche : 5 h 40

Dénivelée cumulée : 2440 m

Déniv. positive : 1220 m

Déniv. négative : 1220 m

Alt min : 2626 m

Alt max : 3320 m

Itinéraire (968 Ko) - Profil - Les photos

8 h 15 – Refuge de Chambeyron, 2626 m
8 h 50 - Pas de la Souvagea, 2889 m
9 h 55 - Pointe d'Aval, 3320 m
11 h 30 - Lac Noir, 2815 m, pique-nique 35 minutes
12 h 20 - Lac de l'Etoile, 2845 m
12 h 45 - Col de la Gypière, 2927 m
13 h 25 - Tête de la Fréma, 3151 m
14 h 00 - Col de la Gypière, 2927 m
14 h 45 - Croix Bujon, 2820 m
15 h 15 - Pas de la Couletta, 2752 m
15 h 35 - Refuge de Chambeyron, 2626 m

Météo : toute la journée.

Le film de l'étape : Mon programme initial prévoyait de monter à la Pointe d'Aval et d'aller voir les nombreux lacs entre le refuge et le Col de la Gypière. Mais comme je suis plutôt en forme, je vais aussi monter à la Tête de la Fréma (où j'avais l'intention d'aller demain) et revenir par le pas de la Couletta (par où j'aurais dû arriver hier). Comme vous pouvez le voir, j'ai fait à peu près tout ce que j'avais prévu, mais peut-être dans le désordre...
Départ du refuge à 8 h 15 sur un petit sentier plein nord qui mène au Pas de la Souvagea. Il fait froid, on est quand même à plus de 2600 m d'altitude, et le soleil éclaire les contreforts de la Souvagea sur ma gauche. Après une montée tranquille, j'arrive au Pas de la Souvagea. Un vent glacial m'accueille ainsi qu'un beau panorama vers le nord-ouest : Pelvoux, Barre des Ecrins et même un morceau du Glacier Blanc. Sur ma droite, une pente soutenue dans des éboulis mène à la Pointe d'Aval. Le sentier chemine sur la crête, mais je préfère monter directement dans un petit vallon pour rester à l'abri du vent. Je rejoins le sentier un peu plus haut et je continue en direction du sommet. La trace est régulière et assez facile, même si la pente est soutenue. Parfois le vent se calme, parfois il revient en force, mais heureusement plus je me rapproche du sommet et plus je me retrouve sur un versant abrité.
J'arrive au sommet vers 10 h. En fait, on butte sur une crête hérissée d'aiguilles rocheuses inaccessibles pour des randonneurs. Le véritable sommet doit se trouver par ici, à quelques dizaines de mètres, sur une de ces aiguilles. On a une vue très dégagée sur les Ecrins, le Brec de Chambeyron et ses nombreux lacs, le Col de la Gypière... On voit même le Refuge de Chambeyron au soleil et le Lac Premier. Je me repose un peu en mangeant une barre de céréales et je redescends.
Dès que possible, je quitte le sentier en longeant le flanc est de la combe pour chercher un passage qui me permette de rejoindre directement les lacs sans passer par le refuge. Finalement, je contourne la barre rocheuse vers 2940 m et trouve un pierrier pas trop pentu qui descend vers le sud-est. Je me retrouve bientôt vers 2880 m au dessus d'une seconde barre rocheuse qui domine le Lac Rond. Il ne me reste plus qu'à la suivre vers le nord-est pour essayer de trouver un passage vers le Lac Noir. Je rencontre de jolis bouquets d'édelweiss, plus en forme que ceux de Campo Base et je continue vers le nord. Après plusieurs minutes, je tombe sur une faille assez raide qui descend vers les lacs. Le passage me semble possible, mais trop risqué et je continue plus loin. Et finalement, je trouve un petit couloir qui se révèle praticable et qui se descend assez facilement avec les précautions d'usage. Je pousse un soupir de soulagement, car je ne me voyais pas rebrousser chemin, même si c'est parfois la solution la plus raisonnable.
J'arrive près du Lac Noir vers 11 h 30. Je suis tout seul et le paysage est fantastique. Je m'installe pour pique-niquer près d'un gros rocher, à quelques mètres du lac et je me dis que j'ai la plus belle salle à manger du monde. Tout cela pour moi tout seul, c'est à peine croyable. Hier j'ai mangé au bord du Lac des Neuf Couleurs, mais il y avait tellement de monde que je n'ai pas vraiment apprécié la quiétude de l'endroit. Aujourd'hui, c'est un rêve éveillé. Le pique-nique proposé par le refuge est classique : du pain, une tranche de jambon, du taboulé, un morceau de fromage et une pomme que j'avais récupérée à Campo Base. Après une pause de 35 minutes, je fais le tour du lac et repars en hors piste pour gagner le Lac de l'Etoile, puis le Lac des Neuf Couleurs avant de monter au Col de la Gypière.
Mon second objectif de la journée est devant moi : la Tête de la Fréma. Le sentier est raide mais bien tracé. Je monte par le flanc sud de l'arête et redescendrai par le flanc nord. De toutes façons, il y a un sentier des 2 côtés. Un peu avant le sommet, je rencontre deux bouquetins, une étagne et son cabri, sur le sentier. Comme ils ne sont pas pressés de s'en aller, je vais les observer pendant au moins 5 minutes avant de continuer. Au sommet, on trouve la traditionnelle croix et le livre d'or dans une petite boîte étanche comme sur la plupart des sommets italiens. Un couple est déjà là et écrit quelques lignes pour marquer leur passage. Il n'y a pas de vent et le panorama est superbe. Je retrouve le Colle di Rui, le Viso, le Brec de Chambeyron avec le Lagho del Vallonasso di Stroppia au pied du Bivacco Barenghi, le Lac Noir, l'Aiguille de Chambeyron et puis vers le nord-est un col impressionnant avec un sentier qui se fraye un chemin tout droit dans une pente jaune orangé. Un coup d'œil sur la carte et je suis fixé. C'est le Colle di Ciaslaras où je dois passer demain pour rejoindre Maljasset. Et bien, je suis prévenu, la journée ne sera pas facile. Je redescends par la face nord de l'arête et je retrouve mes bouquetins, ou plutôt toute une famille à l'ombre sous un gros rocher. Il y a deux étagnes et trois cabris qui se lèvent à mon approche et remontent tranquillement sur la crête.
De retour au Col de la Gypière, je reviens en hors piste en direction du refuge en passant par la Croix Bujon, le lac Long, puis en faisant un détour par le Pas de la Couletta. Le lieutenant Bujon a trouvé la mort le 16 août 1891 dans la face Nord du Brec de Chambeyron. Il voulait planter le drapeau français au sommet du Pic de Chambeyron pour "frapper d'admiration envieuse les alpins d'Italie qui nous guettent au delà de la frontière neigeuse... et leur montrer quels adversaires ils trouveraient devant eux le jour où ils auraient l'imprudence de s'attaquer à nous". Il a trouvé la mort dans le couloir rocheux qui porte maintenant son nom et "dans ses mains crispées, raidies par la mort, il tenait encore ce drapeau qu'il n'avait pas voulu abandonner".
Du Pas de la Couletta, on a une très belle vue sur le Lac Premier au pied du Refuge de Chambeyron où j'arrive un peu après 15 h 30. Un gros troupeau de moutons s'attarde pendant une petite heure autour du lac avec des patous et 3 bergers, qui en profitent pour parler avec les randonneurs de leur métier et des attitudes à adopter avec les patous. Toilette rapide et lessive simplifiée avant un coca-cola et une tarte aux myrtilles (pas donnée, 5,50 € quand même) pour me récompenser de mes efforts. Après cette journée de transition, je sens que la forme revient progressivement.
Le repas du soir est exactement le même que celui de la veille. Je pense que le gardien pourrait faire un effort et prévoir au moins deux menus en alternance comme cela se pratique ailleurs. Mais bon, demain je pars pour Maljasset où je vais rester 6 jours. On verra bien comment cela va se passer là bas. A table, je partage le repas avec une famille et 3 enfants qui sont montés depuis Fouillouse et qui ont l'air encore bien en forme. Comme il reste une crème brûlée et que personne n'en veut, je me sacrifie sans trop me faire prier. Un nouvel arrivant dans le dortoir des guides, l'accompagnateur d'un groupe de randonneurs, mais que je ne verrai que furtivement et avec qui je n'échangerai pas plus de trois mots. Il est souvent avec son groupe, viendra se coucher après moi et se lèvera pendant que je serai au petit-déjeuner. On ne s'est donc pas beaucoup gênés. Coucher vers 21 h, demain grosse étape vers Maljasset avec le passage du Colle di Ciaslaras qui m'a fait une forte impression cet après-midi depuis le sommet de la Tête de la Fréma.

Hébergement : Refuge de Chambeyron

Repas : Exactement le même qu'hier soir : Soupe de légumes, blancs de poulet au curry, pâtes, fromage, crème caramel. Heureusement que je pars demain...

Ravitaillement pour demain : PN à 9,50 € : Là aussi exactement le même qu'hier : pain, une tranche de jambon, un morceau de fromage, du taboulé, un balisto et une pom'pote.


22 août 2017

Refuge de Chambeyron – Refuge de Maljasset

Longueur étape : 18 km

Heure départ : 7 h 30

Heure d'arrivée : 15 h 30

Durée effective de marche : 6 h 40

Dénivelée cumulée : 2450 m

Déniv. positive : 850 m

Déniv. négative : 1600 m

Alt min : 1890 m

Alt max : 2950 m

Itinéraire (927 Ko) - Profil - Les photos

7 h 30 – Refuge de Chambeyron, 2626 m
8 h 40 - Col de la Gypière, 2927 m
9 h 00 - Bivacco Barenghi, 2815 m
10 h 20 - Colle dell'Infernetto, 2783 m
10 h 45 - Laghi dell'Infernetto, 2630 m
12 h 00 - Colle di Ciaslaras, 2950 m
12 h 25 - Pique-nique 30 minutes, 2780 m
13 h 05 - Col de Marinet, 2787 m
13 h 35 - Lac de Marinet, 2550 m
14 h 10 - Bergerie Supérieure de Mary, 2371 m
15 h 10 - Les Prés du Bas, 1957 m
15 h 30 - Refuge de Maljasset, 1905 m

Météo : toute la journée.

Le film de l'étape : Je me lève à 6 h 45, déjeune rapidement et je pars à 7 h 30. Il fait froid à cette altitude et je retrouve le soleil en arrivant au Col de la Gypière. Mais pas question de se découvrir maintenant. Je continue vers le Bivacco Giuseppe Barenghi où je fais une petite pause. C'est un abri en tôle bleu et jaune qui contient 9 couchages et qui est souvent plein en fin de journée à la belle saison. A proximité, une belle table d'orientation en métal permet de repérer les sommets alentour. Au nord, très jolie vue sur la Tête de la Fréma avec à son pied le Lagho del Vallonasso di Stroppia que le soleil éclaire progressivement.
Je repars et surprends 5 bouquetins qui débouchent derrière la crête et me donnent l'occasion de faire quelques photos. Sur ma gauche, une roche percée caractéristique se cache encore dans l'ombre. Je passe au dessus de deux petits lacs sans nom et j'arrive à un embranchement où il n'y a qu'une pancarte "Sentiero Dino Icardi" avec des balises jaune et bleu. Le sentier est très bien indiqué, mais pas les cols par lesquels il passe. En l'absence de carte italienne, c'est pourtant bien ce qui intéresse directement le randonneur. Une pancarte "Colle dell'Infernetto" m'aurait bien aidé à cet endroit là. Après quelques instants de réflexion, je prends le sentier de gauche qui me semble aller plutôt dans la bonne direction et c'était le bon choix.
Le sentier se faufile dans des petites barres rocheuses avant de repartir plein nord dans des pentes plus tranquilles. Devant moi, un petit col avec un poteau. Je pense être arrivé au Colle dell'Infernetto, mais je retrouve l'indication classique "Sentiero Dino Icardi", rien de plus. Je passe près du Lago della Finestra, moins joli que les précédents et j'aperçois un autre petit col un peu plus loin. Derrière, une vaste combe avec un gros troupeau de moutons et à l'arrière plan probablement le col que je cherche depuis un bon moment. Deux patous montent la garde sur le sentier, mais après une inspection rapide, ils me laissent passer sans autre formalité. Je rejoins le col et retrouve enfin la pancarte tant attendue : Colle dell'Infernetto 2783 m. Petite discussion avec deux italiens qui arrivent en remontant la grande combe depuis le Lago Niera où je suis passé avant-hier.
La descente me paraît bien raide et je préfère la négocier avant de faire une pause. Des câbles, des cordes et même par endroit des escaliers sécurisent la partie supérieure et il ne reste plus vers le bas qu'une zone schisteuse un peu glissante mais pas trop compliquée pour atteindre un embranchement vers Campo Base à droite et le Colle di Ciaslaras vers la gauche. Je fais la pause un peu plus loin dans une zone herbeuse à peu près plate près du Lac Inférieur de l'Infernetto et je mange carrément 2 balistos, car je redoute un peu le prochain obstacle : le Colle di Ciaslaras que j'ai aperçu hier depuis la Tête de la Fréma.
Le sentier s'enfonce dans le vallon en se dirigeant toujours vers le nord. Il butte contre le pied du col et grignote avec ténacité la pente raide avec de petits virages très serrés au milieu d'un mélange jaune orangé de terre et de petits cailloux. Eh bien, je fais comme lui. J'attaque la montée pas à pas sans trop regarder vers le haut. Je m'arrête régulièrement pour reprendre mon souffle. La trace est glissante par endroit et il n'est guère envisageable de faire une pause pendant cette montée où je ne vois pas d'emplacement pratique pour poser mon sac. Il faut monter sans trop se poser de questions.
J'arrive au col à midi à 2950 m et je rencontre d'autres randonneurs qui redescendent du Monte Ciaslaras. Petite pause bien méritée avant d'attaquer la descente qui me semble à juste titre encore plus raide que la montée. Comme je sais que la tension ne redescendra que lorsque je serai en bas, je ne m'éternise pas au col et je repars. Le sentier est bien marqué sur quelques dizaines de mètres et ensuite tout est possible. Il y a plusieurs traces dans des éboulis instables, ça passe à droite, ça passe à gauche et il faut bien de la chance pour choisir le bon itinéraire. Ça part d'un peu partout, on fait un pas en avant et deux en glissade avant de pouvoir s'arrêter. J'arrive au pied du col avec soulagement une vingtaine de minutes plus tard et je cherche rapidement un endroit où pique-niquer.
Malheureusement, ici il n'y a que des rochers à perte de vue. Le vent assez froid est toujours présent et je me cache dans un petit vallon le nez dans les cailloux. Je suis loin de la salle à manger idyllique du Lac Noir, mais il faut toujours faire contre mauvaise fortune bon cœur. C'est parfois avec des formules toutes faites comme celle-ci qu'on s'adapte aux circonstances. Au menu, comme hier, du pain, une tranche de jambon, du taboulé, un morceau de fromage et une pom'pote. J'en profite pour bien me reposer et je repars en direction du Col de Marinet où j'arrive 10 minutes plus tard. Ça y est, je suis en France maintenant et, s'il m'arrive quelque chose, c'est le PGHM de Jausiers qui viendra me chercher. Mais j'espère bien ne pas recourir à leurs services, encore qu'une ballade en hélicoptère...
Il est 13 h et il me reste encore près de 900 m de dénivelée négative avant d'arriver à Maljasset. J'avais prévu de passer par l'Aiguille Large en descendant, mais je pense que j'en ai assez fait pour aujourd'hui et j'irai la voir un autre jour si l'occasion se présente. L'objectif maintenant, c'est le Refuge de Maljasset et une bonne douche. Du col, on voit bien le grand lac inférieur de Marinet et ce sera une première étape. Le sentier descend régulièrement sur le bord est de la grande combe qui mène au lac où de nombreux touristes prennent le soleil. Il remonte un peu vers le petit lac inférieur de Marinet au bord duquel les linaigrettes de Scheuchzer (encore appelées herbe à coton) semblent se plaire.
Le sentier continue en franchissant un verrou glaciaire et là, une surprise à laquelle je ne m'attendais vraiment pas. Une jeune femme vient à ma rencontre. Elle est vêtue d'une longue robe blanche avec des dentelles et marche pieds nus en tenant ses sandalettes à la main. Elle porte une ombrelle, blanche elle aussi, sur un côté de laquelle est posé un léger voilage pour la protéger du soleil. Elle monte très lentement, sans faire aucun effort, avec une grâce qu'on rencontre rarement sur un sentier de randonnée. Elle semble sortir tout droit de "La femme à l'ombrelle", une toile de Claude Monet. C'est tellement inattendu que je n'ai même pas le réflexe de lui demander si je pouvais la prendre en photo. Cela fait longtemps que je randonne dans les Alpes et c'est bien la première fois que je rencontre une telle apparition. La surprise passée, je continue mon chemin et arrive près de la Bergerie Supérieure de Mary.
La descente me semble de plus en plus longue et les jambes commencent à se plaindre. Il fait vraiment chaud et il me tarde d'arriver. Le sentier s'est considérablement élargi et descend plus lentement maintenant dans les alpages. Je rencontre de nombreux randonneurs, car le Lac de Marinet est la ballade incontournable depuis Maljasset un peu comme le Lac de la Plagne depuis Rosuel près de Peisey-Nancroix. J'arrive enfin dans une clairière où le sentier rejoint une route empierrée et ombragée qui descend
vers l'Ubaye le long d'une prairie (Les Près du Bas à 1957 m) où un gros troupeau de moutons a été rassemblé avant la transhumance avec toute la logistique qui va avec (chiens, patous, 4x4, caravanes et camionnettes).
Je franchis l'Ubaye, remonte une petite route et arrive à l'église de Maurin, dédiée à Saint Antoine. Encore une centaine de mètres et j'arrive au Refuge du CAF de Maljasset où je suis bien accueilli par Stéphane et son équipe. Je suis logé dans un petit dortoir avec des matelas placés côte à côte et j'en profite pour choisir celui qui est près de la porte, car il y a le long du matelas une petite étagère où je pourrai mettre une partie de mes affaires. Les douches ont été refaites récemment, mais il faut déjà faire couler l'eau chaude dans les lavabos et appuyer ensuite assez longtemps sur un poussoir dans la douche pour espérer avoir de l'eau chaude. Enfin, ça c'est pour ceux qui prennent leur douche les premiers et ça va quand même m'arriver deux ou trois fois pendant cette semaine. C'est dommage car je pense qu'avec ce système on doit gaspiller pas mal d'eau. Ensuite lessive à l'eau chaude dans les lavabos et étendage derrière le refuge. J'ai heureusement toujours mes pinces à linge avec moi, mais un randonneur distrait a dû m'en barboter une ou deux. Je prends un coca-cola bien mérité et je rédige mon journal.
Vers 17 h 30, je repars me balader dans le village où je trouve un cadran solaire de Zarbula restauré en 1990 par Jean François Gavoty. Il est constitué de trois cadrans : un cadran indiquant le temps local avec le style d'origine, un cadran donnant l'azimut du soleil et un cadran d'heures italiques. Je continue ensuite vers l'église Saint Antoine du Désert. Bâtie au XIIème siècle, elle a été détruite par une avalanche le 14 février 1531 (comme l'atteste une inscription gravée sur le fronton de la porte d'entrée) et reconstruite en partie au XVIème siècle. Elle comprend la nef, un clocher tour, la sacristie et le cimetière protégé par un mur de clôture. La couverture est en grandes lauzes épaisses comme l'ensemble des maisons du hameau.
Trois randonneurs allemands retraités sont arrivés pour trois jours et occupent le même dortoir que moi. La cohabitation va très bien se passer car l'un d'eux a fait ses études en France et parle très bien le français. Ça permet d'échanger un peu, mais les sujets de discussion sont quand même assez limités. Je partage à leur table un excellent repas avec du poisson en papillote, mais pas de fromage. Ils terminent par un petit verre de génépi et tout le monde se couche vers 21 h 30.

Hébergement : Refuge de Maljasset    , Tél 04 92 31 55 42, Stéphane et Sophie.
Je suis resté six jours dans ce refuge (jusqu'au 28 août au matin). Malgré son travail très prenant, Stéphane et son équipe ont été aux petits soins pour moi, me faisant même un plat différent des autres randonneurs lorsque le menu ressemblait trop à celui de la veille !
Repas : Soupe de légumes, papillotes de poisson, riz, panacotta avec coulis de myrtilles. Excellent repas.
Tarifs 2017 : DP 39,60 € en dortoir payables par chèque ou en espèces, TS 1,50 €, PN 8 €, Coca-cola 3 €. Réservation par téléphone et internet, Arrhes 20 € par courrier.
Commodités : Douche chaude (mais il faut appuyer bien longtemps sur le poussoir pour avoir de l'eau chaude lorsqu'on est le premier à passer sous la douche), lavabos (eau chaude) où on peut faire la lessive, étendage extérieur, dortoir classique, couettes.
Téléphone : Free/Orange ne passe pas.

Ravitaillement pour les jours suivants : PN à 8 € : Taboulé (ou salade de pâtes), fromage, pain, une barre de céréales, une pomme, des gâteaux secs et une pom'pote.


23 août 2017

Refuge de Maljasset – Lacs de Tuissier en AR

Longueur étape : 11 km

Heure départ : 7 h 50

Heure d'arrivée : 14 h 00

Durée effective de marche : 5 h 00

Dénivelée cumulée : 1900 m

Déniv. positive : 950 m

Déniv. négative : 950 m

Alt min : 1890 m

Alt max : 2800 m

Itinéraire (470 Ko) - Profil - Les photos

7 h 50 – Refuge de Maljasset, 1910 m
8 h 30 - Carrière de marbre, 2075 m
9 h 30 - Bergerie de l'Alpet, 2380 m
10 h 20 - Grand Lac de Tuissier, 2707 m
11 h 25 - Petit lac, 2633 m
11 h 55 - Pause pique-nique 40 minutes, 2430 m
13 h 00 - La Croix du Passour, 2201 m
14 h 00 – Refuge de Maljasset, 1910 m

Météo : jusqu'à 12 h,  jusqu'à 16 h 30, ensuite jusqu'au soir.

Le film de l'étape : Lever à 7 h et déjeuner classique : pain frais (ou tout au moins chaud), beurre, confiture, jus d'orange, céréales et chocolat. La pluie est prévue vers 15 h. On verra bien et je pars à 7 h 50 en me référant au topo suivant trouvé sur internet : "Du parking, traverser Maljasset. Après la Chapelle de Maurin, prendre à droite la piste qui descend pour traverser l’Ubaye. Du pont, suivre la piste balisée du Col de Mary. On sort de la forêt pour arriver sur un petit plateau. Prendre à gauche un sentier qui se dirige vers un bosquet et arrive à l’ancienne carrière de marbre. Passer devant la carrière, monter un petit talus terreux et pénétrer dans la forêt. Un sentier monte en lacets jusqu’à la Bergerie de l’Alpet. Au sud de la bergerie, une sente descend dans un petit ravin, traverse le ruisseau et monte sur la Crête de la Testeta. Suivre la sente qui longe la crête jusqu’au plateau et aux Lacs de Tuissier. Continuer de longer la crête qui devient plus étroite, pour atteindre une selle au nord de l’antécime 3064 m. Cette antécime est constituée de gros blocs. La contourner par le sud, en prenant dans les blocs une zone formant une sorte de vire naturelle peu marquée. On pénètre dans un petit vallon suspendu, qui permet de retrouver une sente qui va jusqu’au sommet."
Je reprends la route empierrée par où je suis arrivé hier et je pars sur la gauche dans la petite clairière vers l'ancienne carrière de marbre. Le front de taille est imposant et des blocs épars témoignent de l'activité passée. On trouve facilement des explications complémentaires sur internet. "Au hameau de Maurin, sur la frontière d'Italie, dans les Alpes, on rencontre un marbre de fragments verts, noirâtres, enveloppés par des veines vert-clair dont la nuance tire tantôt sur l'ivoire tantôt sur l'émeraude ; sa teinte générale rappelle celle du porphyre antique. Ce marbre est l'ophicalce de Brongniart, traversée par des veines de calcite spathique, qui sont tantôt blanches, tantôt pénétrées par une espèce d'amiante qui leur donne la couleur vert-clair. Le marbre de Maurin est du véritable vert antique et porte le nom de vert Maurin. Il est très recherché pour sa beauté... La carrière de marbre la plus précieuse comme aussi la plus considérable et la mieux exploitée est celle de Maurin dans la commune de Saint Paul. Les blocs énormes qui en sont extraits sont transportés au loin et assurent des profits abondants. Cette carrière fournit le véritable marbre vert antique si recherché et si rare en France".
Le sentier monte ensuite dans la forêt. Je gagne rapidement de l'altitude et débouche sur un vaste alpage au centre duquel un gros cairn attire l'attention. Petite pause avec une très jolie vue sur la vallée de Maljasset et l'église Saint Antoine du Désert. Une traversée ascendante me conduit vers la bergerie de l'Alpet près de laquelle je tombe sur une carcasse de mouton avec seulement la peau et les os. Les vautours ont dû s'en occuper récemment. La bergerie est fermée. Elle est située sur un replat derrière lequel je trouve facilement le sentier qui descend dans un petit ravin avant de disparaître dans la pente bien raide qui mène sur la Crête de la Testeta. Je monte au jugé là où ça me semble le plus facile et j'arrive sur la crête.
Il n'y a plus de sentier, mais il suffit de suivre la crête tout simplement. Pour l'instant, ce n'est pas bien raide et j'arrive assez vite près du grand Lac de Tuissier. Il est 10 h 20, je décide de faire une bonne pause et de manger une barre de céréales au chocolat (bien meilleure qu'un balisto) et une pomme. Je remonte sur la crête jusqu'à 2800 m pour étudier la suite de l'itinéraire qui m'inspire nettement moins. De grandes dalles inclinées et des failles coupent la crête et il me semble difficile et peut-être même impossible de continuer à la suivre. La solution doit consister à redescendre un peu pour emprunter des pentes plus raisonnables qui remontent de la gauche vers la droite vers la Pointe Basse de Mary que j'aperçois derrière.
Pendant ce temps là, je vois les nuages arriver derrière le Col Girardin et je me dis que je n'aimerais pas prendre la pluie dans cette zone où il n'y a plus de sentier dans des pentes assez raides où il faut traverser quelques pierriers. Il me faudrait encore une bonne heure pour atteindre le sommet et peut-être presque autant pour redescendre jusqu'ici. Si la pluie arrive vers 15 h, je n'y échapperai pas. Je décide donc de renoncer au sommet en me disant qu'il sera toujours là l'année prochaine ou la suivante... Pour éviter de redescendre par le même chemin, j'étudie la carte et je remarque vers le sud ouest un petit vallon qui devrait me permettre de rejoindre Maljasset en suivant le Béal de la Pousterle. Je tente le coup en me disant que si ça ne passe pas, eh bien je ferai demi-tour.
Je passe près d'un petit lac à 2633 m (sans doute l'autre Lac de Tuissier) et je trouve derrière lui une pente herbeuse raisonnable qui descend vers la Bergerie Supérieure de Mary. Comme le temps est encore assez stable et que je me trouve maintenant dans un terrain beaucoup plus facile, je m'arrête au milieu d'un vaste alpage pour pique-niquer. J'en profite pour aérer mes chaussures et je déguste mon premier repas fourni par Stéphane : taboulé, pain, fromage et pomme. Je vais garder les biscuits et la pom'pote pour un petit encas après la douche. Je redémarre 40 minutes plus tard et je continue d'explorer le secteur en suivant le Béal de la Pousterle. J'ai repéré un sentier qui traverse le ruisseau vers 2240 m et qui me permettra de redescendre vers Maljasset en passant par la Croix du Passour. Il s'agit d'une petite croix en bois plantée au sommet d'un gros rocher d'environ 3 mètres de haut et d'une douzaine de mètres de circonférence. La croix est en mauvais état et mériterait d'être remplacée, mais je n'ai rien trouvé sur internet concernant ce site.
Je continue le sentier, facile, agréable et bien ombragé, qui serpente dans une forêt de mélèzes assez clairsemée et j'arrive bientôt à la petite clairière à l'extrémité de la route empierrée que j'ai empruntée ce matin. Je n'ai rencontré personne dans ce vallon, ni sur ce petit sentier, alors qu'hier le chemin classique par lequel je suis descendu du Lac de Marinet ressemblait quasiment à une autoroute. Il faut dire qu'il n'y a aucun panneau, ni au départ de ce petit sentier, ni à son arrivée près de la Bergerie Supérieure de Mary. On a l'impression que les habitants de Maljasset n'ont pas trop envie que les touristes viennent perturber cet endroit vraiment tranquille.
Je redescends vers l'Ubaye par la route empierrée et rencontre près de l'église un berger (?) qui explique aux randonneurs comment se comporter avec les patous, nombreux dans ce secteur. Je discute un moment avec lui et il m'apprend qu'un randonneur a été mordu récemment par un patou sans raison évidente. Le randonneur n'avait pas eu d'attitude agressive ou maladroite avec le chien et celui-ci l'avait quand même mordu. Le berger me dit que le patou avait peut-être été chassé à coup de pierres ou de bâton dans le passé et que cela avait modifié profondément son comportement. En effet, les patous sont des chiens de protection des troupeaux. Ils ne sont pas dressés pour attaquer mais pour dissuader. Je rencontrerai dans quelques jours en montant au Bric de Rubren des panneaux intéressants expliquant aux randonneurs quelles attitudes adopter lorsqu'on rencontre des patous. On en reparlera plus tard.
J'arrive tranquillement au refuge vers 14 h avant la pluie, qui ne tombera qu'à partir de 16 h 30. J'aurais donc eu le temps de monter à la Pointe Basse de Mary, mais je ne suis pas mécontent de ma journée, car je me suis baladé hors sentier dans un vallon très agréable et encore préservé de toute cette agitation touristique qu'on rencontre souvent. Le refuge est fermé jusqu'à 15 h car le gardien est parti au ravitaillement. Je me repose à l'ombre en attendant son retour. Ensuite, la douche, la lessive et les écritures avec un coca-cola bien frais. A 17 h, une bonne averse vient rafraîchir l'atmosphère et la pluie ne cessera qu'à la nuit tombée. Malheureusement, la météo est pessimiste pour demain et les perturbations doivent arriver en début d'après-midi. Après un bon repas, différent de celui de la veille (il faut le signaler), toujours avec les allemands qui sont montés aujourd'hui au Lac de Marinet, je vais me coucher vers 21 h 30.

Remarques concernant l'itinéraire vers la Pointe Basse de Mary :
A mon retour, j'ai trouvé sur internet un autre itinéraire proposé par des skieurs pour monter à la Pointe Basse de Mary. Il s'agit en fait de l'itinéraire que j'ai suivi à la descente depuis les Lacs de Tuissier vers 2700 m. La suite du descriptif confirme bien que j'aurais dû redescendre dans le vallon pour remonter un grand couloir en direction du sommet. Je pense que cette approche est moins compliquée que celle que j'ai suivie au départ et c'est une bonne suggestion pour ceux qui auraient envie de venir dans le secteur. A titre indicatif, je recopie le nouveau topo ci après :
"Depuis le refuge de Maljasset, remonter l'Ubaye sur quelques centaines de mètres. Traverser au niveau du pont du parking en contrebas de l’église. Suivre la piste forestière (panneau Col de Mary / lacs de Marinet). Sortir sur une clairière vers 2060 m, la traverser puis remonter jusqu'à la Croix du Passour en prenant un sentier caché situé entre celui qui va à gauche vers l'ancienne carrière de marbre et celui qui mène à droite aux Lacs de Marinet. Remonter le torrent (le Béal de la Pousterle) descendant des glaciers rocheux de Thuissier et des lacs homonymes. On débouche vers 2700 m dans un chaos morainique (glaciers rocheux) au pied d'un cirque surmonté à l'est d'une petite barre rocheuse striée de plusieurs couloirs, c'est le plus large sur la gauche qu'il va falloir viser. Gravir les pentes raides parsemées de blocs au mieux mais plutôt sur la gauche pour atteindre un court couloir peu marqué et encombré de blocs (passage à 40°). En haut du couloir, on aperçoit enfin le sommet que l'on gagne en traversant une jolie combe suspendue puis en franchissant les dernières et courtes pentes sommitales."

Hébergement : Refuge de Maljasset
Repas : Soupe de légumes, paupiettes, haricots verts, fondant au chocolat et crème anglaise. Encore un excellent repas différent de celui de la veille.


24 août 2017

Refuge de Maljasset – Lacs du Roure en AR

Longueur étape : 16 km

Heure départ : 7 h 50

Heure d'arrivée : 13 h 40

Durée effective de marche : 4 h 50

Dénivelée cumulée : 1700 m

Déniv. positive : 850 m

Déniv. négative : 850 m

Alt min : 1890 m

Alt max : 2700 m

Itinéraire (819 Ko) - Profil - Les photos

7 h 50 – Refuge de Maljasset, 1910 m
9 h 05 - Bergerie Inférieure de Mary, 2293 m
9 h 25 - Bergerie Supérieure de Mary, 2371 m
10 h 20 - Premier lac du Roure, 2558 m
10 h 40 - Second lac du Roure, 2670 m
11 h 00 - Troisième lac du Roure, 2653 m
11 h 15 - Petit lac vers 2615 m
12 h 00 - Bergerie Supérieure de Mary, 2371 m
12 h 15 - Bergerie Inférieure de Mary, 2293 m, pique-nique 15 minutes
13 h 15 - Clairière à l'extrémité de la route empierré, 2060 m
13 h 40 – Refuge de Maljasset, 1910 m

Météo : jusqu'à 11 h,  jusqu'à 13 h, jusqu'à 15 h, ensuite jusqu'au soir.

Le film de l'étape : Lever à 7 h et petit déjeuner classique comme hier. La météo est toujours pessimiste et prévoit de la pluie entre 12 h et 17 h. Inutile dans ces conditions d'aller caracoler sur les crêtes et je vais me contenter d'aller visiter les lacs du Roure au pied de la Tête de Cialancioun qui figurait à mon programme ce matin. Je monte rapidement en passant par le sentier "caché" de la Croix du Passour. Une heure et quart après mon départ, je passe près de la Bergerie Inférieure de Mary. C'est une petite construction modeste qui semble abandonnée. Il y a encore autour de la bergerie un muret de pierres délimitant un parc pour les troupeaux où l'oseille des Alpes (Rumex alpinus) occupe toute la surface d'un sol abondamment fumé et très riche en azote. Je continue sur le sentier qui épouse les nombreux contours du vallon et rejoint bientôt l'itinéraire classique et balisé vers le Col de Mary. Je constate qu'il n'y aucun poteau indicateur à l'intersection pour signaler la Croix du Passour et comme le sentier est très peu marqué, il faut bien le connaître ou alors avoir une lecture très affutée de la carte IGN pour pouvoir l'emprunter. Je repère l'embranchement en y élaborant un cairn discret.
J'arrive à la bergerie Supérieure de Mary et je consulte le topo qui m'explique que "A partir de là, l’itinéraire est hors sentier. Bifurquer direction sud-est en suivant approximativement l’itinéraire de ski de randonnée. Par des pelouses alpines, parfois une sente, on rejoint le premier Lac du Roure (2558 m)". Je quitte donc le sentier et monte dans les alpages où je ne tarde pas à rencontrer trois beaux chevaux qui broutent tranquillement. Je continue en tirant nettement vers le sud est, peut-être même un peu trop car je me retrouve un peu plus tard dans un champ d'éboulis et de gros blocs vraiment difficile à traverser. Je suis obligé de redescendre pour trouver une sente qui me conduit facilement au premier lac du Roure. Et puis je me balade en cherchant les autres lacs et j'en trouve un vers 2670 m que j'ai du mal à identifier, car il y a trois lacs à cette altitude vers le nord est. Puis je me dirige vers le sud et j'arrive au dessus du grand lac situé à 2653 m. Je ne m'attarde pas trop car le ciel commence à se charger et je descend vers un petit lac à l'ouest du précédent et situé au dessus du vallon de Mary.
J'en profite pour faire une pause et manger une bonne barre chocolatée. La descente dans le vallon est assez facile. Il y a de nombreuses vires herbeuses dans de petites barres rocheuses où je rencontre un gros troupeau de moutons qui monte en direction des lacs. Mais a priori, pas de patous, simplement un berger avec ses chiens de conduite du troupeau. J'arrive dans le vallon et emprunte le sentier qui redescend vers la Bergerie Supérieure de Mary.
Vers la cote 2421, grosse surprise, j'aperçois une petite sente qui remonte le Béal du Roure et mène certainement au premier lac. A mon retour, je trouve effectivement sur internet un autre topo beaucoup plus facile que celui que j'ai suivi ce matin. Voici des indications pertinentes pour ceux qui seraient tentés par cette balade : "On dépasse la Bergerie Supérieure de Mary (2380 m) en continuant le sentier qui mène au Col de Mary. Au point coté 2421, on quitte le GRP pour un sentier cairné à main gauche. Ce sentier mène au premier lac du Roure (2560 m)".
J'arrive à la Bergerie Supérieure de Mary vers midi où je retrouve les ânes qui broutent tranquillement dans le pré. Je continue par le sentier "caché" et je m'arrête pour pique-niquer près de la Bergerie Inférieure de Mary. Mais je vais me contenter du taboulé et du fromage car des nuages noirs arrivent par le Col Girardin. Je garde la pomme pour plus tard et je me dépêche de redescendre, mais sans précipitation. Inutile de risquer un accident musculaire comme à La Chalp en juillet 2008. Si je dois prendre la pluie, ce ne sera pas une catastrophe. Finalement, une petite pluie fine se met à tomber lorsque j'arrive à la clairière au dessus de la route empierrée. Quelques coups de tonnerre résonnent dans la montagne. Je mets ma cape de pluie, mais je l'enlèverai un quart d'heure plus tard en arrivant près de l'Ubaye. J'arrive au refuge à 13 h 40.
Douche, lessive rapide, écritures et sieste sur mon lit. Mes compagnons de chambrée dorment aussi. Ils repartent demain pour aller à Fouillouse. La pluie reprend, d'abord faiblement, puis de façon plus soutenue en fin de journée. Je descends dans la salle à manger où je lis en attendant le repas. A table, je me retrouve avec un groupe de marcheurs/coureurs en montagne de Digne qui ont l'air en pleine forme et qui ont l'intention de monter demain au Mont de Maniglia et à la Tête de Cialancioun. Comme la météo est bonne pour les jours à venir, je vais modifier un peu mon programme pour monter à la Tête de Malacoste demain, au Bric de Rubren après-demain et me réserver ainsi une journée de transition avant mon retour vers Ceillac. Coucher vers 21 h 30 comme d'habitude.

Hébergement : Refuge de Maljasset
Repas : Salade de riz chaud avec des petites choses dedans (tomates, poivrons...), coucous avec des morceaux de blanc de poulet, légumes, tarte aux pommes. Toujours aussi bon !


25 août 2017

Refuge de Maljasset – Tête de Malacoste en AR

Longueur étape : 21,5 km

Heure départ : 7 h 40

Heure d'arrivée : 16 h 40

Durée effective de marche : 7 h 30

Dénivelée cumulée : 2840 m

Déniv. positive : 1420 m

Déniv. négative : 1420 m

Alt min : 1890 m

Alt max : 3216 m

Itinéraire (672 Ko) - Profil - Les photos

7 h 40 - Refuge de Maljasset, 1910 m
8 h 55 - Plan de Parouart, 2051 m
11 h 45 - Plan de Gandin, 2850 m
12 h 25 - Col de Malacoste, 3064 m
12 h 40 - Tête de Malacoste, 3216 m, pique-nique 50 minutes
14 h 00 - Plan de Gandin, 2850 m
14 h 30 - Le pied du Couloir, 2650 m
15 h 40 - Plan de Parouart, 2051 m
16 h 40 - Refuge de Maljasset, 1910 m

Météo : toute la journée.

Le film de l'étape : Lever à 6 h 50, petit déjeuner et départ à 7 h 40 vers la Tête de Malacoste. Je traverse l'Ubaye et prends le sentier à gauche au début de la route empierrée vers le Col de l'Autaret. Il remonte la rive gauche de l'Ubaye, ménageant de beaux points de vue, tantôt sur des passages encaissés avec des rapides, des cascades et de jolies vasques, tantôt sur des zones très calmes où la rivière se sépare en de multiples bras. J'arrive au Plan de Parouart, tout au bout de la vallée. On découvre, dans un univers de montagnes rudes et sauvages, un ancien lac comblé par des alluvions liées à un glissement de terrain, formant un paysage tout à fait particulier et insolite. En effet, le fond de vallée est ici à plus de 2 000 mètres d’altitude et les sommets qui l’entourent sont eux à plus de 3 000 mètres. C’est dans ce décor de bout du monde que s’est installé il y a fort longtemps un peuple dont l’origine est bien différente de celle des Celto-Ligures qui se sont sédentarisés dans le reste de l’Ubaye. Il s’agit d’un peuplement d’origine sarrasine. D’ailleurs, cette partie supérieure de la vallée est appelée Maurin (en référence aux Maures).
Mais c'est aussi ici que je commets ma première grossière erreur d'orientation. J'ai laissé la carte IGN dans mon sac et je n'ai gardé sur moi que le topo qui précise que "le sentier s'engage alors vers l'est dans le ravin de la Chabrière". Le Plan de Parouart est une vaste zone couverte de cailloux usés par l'érosion et les nombreux bras des torrents qui descendent des ravins de la Salcette et de Chabrière. Je progresse donc dans cet univers minéral vers l'entrée du ravin située un peu plus loin sur ma droite. Le sentier n'est pas bien marqué et je me guide en cherchant les cairns qui poussent ici et là. Je franchis difficilement un torrent en prenant bien des précautions, ce n'est pas le moment de mouiller mes grosses chaussures. Je continue à progresser en direction du ravin quand, je dois bien me rendre à l'évidence, le sentier balisé qui mène au Col de l'Autaret ne peut pas passer par là. J'arrive littéralement dans un cul-de-sac. Je relis mon topo une nouvelle fois, puis je pose mon sac pour consulter la carte IGN, et là il ne me faut pas plus de 30 secondes pour comprendre. Le sentier monte sur la droite dans la forêt un peu après l'entrée dans le Plan de Parouart. Je m'enguirlande à juste titre et je fais demi-tour. Je cherche un passage plus facile et plus sûr pour retraverser le torrent et je trouve sans difficulté le petit poteau avec sa balise qui marque le départ du sentier dans la forêt. Bilan 20 minutes de perdues, mais une bonne leçon, toujours rester vigilant (et humble) en ce qui concerne l'orientation.
Le sentier monte rapidement dans un sous-bois éclairé par le soleil. Il traverse plusieurs ravins et continue en rive gauche du torrent de Chabrière, contrairement aux indications du topo et de la carte IGN. Les bergers ont obtenu que les sentiers passent à l'écart des bergeries pour ne pas perturber la vie pastorale. C'est vrai en particulier pour la Bergerie Supérieure de Mary et pour celle de Chabrière. Vers la cote 2312, je traverse le torrent et monte en direction de la bergerie. Un jeune berger (?) est assis à une table devant la porte avec deux chiens qui m'accueillent en aboyant. Il a tout à fait le look des SDF qui traînent sur la Place Sainte Anne à Rennes. Il calme ses chiens, on échange quelques mots et je m'éclipse rapidement.
Je remonte les alpages du Béal de la Gavie en restant sur la rive gauche au plus près des éboulis qui descendent du Pic du Pelvat. A l'origine, le béal désigne un canal de dérivation, un bief de moulin, un canal, un fossé. En Ubaye, il désigne simplement un ruisseau. Je remonte tranquillement une zone mixte formée d'éboulis et de pentes herbeuses et j'arrive sur un replat vers 2650 m près d'un bloc rocheux au milieu de l'alpage. Devant moi, des éboulis pas très raides mais que je remonte en restant au plus près du pied du Pic du Pelvat comme indiqué sur le topo. Il y a des cairns un peu partout et je monte au plus facile, même si ça glisse un peu sous les pieds. En haut de la pente, une traversée vers la gauche permet d'éviter quelques éperons rocheux et de rejoindre le sommet du couloir qui mène au Plan de Gandin occupé par un lac asséché au pied du Pas de Gandin.
Je passe au dessus du lac et continue vers le nord-est dans un vaste vallon où on devine au loin le Col de Malacoste. Montée régulière dans un terrain facile qui se redresse nettement sous le col. Le sentier a disparu et je continue en louvoyant dans le pierrier assez stable qui mène au col. Il est 12 h 25, il fait beau et le sommet est maintenant à portée de la main. Un sentier bien marqué y conduit et je décide de continuer. Il y a en fait deux sommets, un à 3212 m et un autre à 3216 m, séparés par environ 150 mètres. J'arrive à la Tête de Malacoste, il est 12 h 40 et il est temps de pique-niquer. Au sommet sur la frontière italienne, pas de croix métallique, mais un cairn sommaire et une boîte aux lettres avec à l'intérieur un livre où chacun peut laisser une trace de son passage.
Je m'aménage un petit siège confortable à l'abri du vent derrière le cairn, face au Viso et au Bric de Rubren, où je vais aller demain. Pour varier le menu du jour, Stéphane m'a préparé une salade de riz avec des lardons, des tomates, des poivrons... au lieu du taboulé traditionnel. J'apprécie vraiment et je vais le remercier en arrivant ce soir. Le spectacle est fabuleux et je m'attarde longuement sur le Bric de Rubren (3340 m) en cherchant par où on accède au Lac de Mongioia et surtout comment on parvient au sommet. Je suis vraiment impressionné et pressé de me confronter à cette montagne qui est l'une des plus hautes de l'Ubaye (le point culminant est l'Aiguille de Chambeyron à 3412 m).
Je repars 50 minutes plus tard et la descente n'est qu'une formalité car je vais prendre le même chemin qu'à la montée. Je ne passerai pas par le Vallon de la Bouteille pour m'économiser en vue du lendemain. J'arrive à 14 h au Plan de Gandin, à 14 h 30 au pied du Couloir et je rejoins à 15 h le ravin de Chabrière en ayant bien pris soin d'éviter la bergerie. Devant moi, le Péouvou se dresse telle une forteresse qui surveille le Plan de Parouart où j'arrive à 15 h 40. J'en profite pour mieux l'admirer sous le soleil avec l'Ubaye qui serpente parmi les gravières et les arbustes et je reviens tranquillement au refuge.
Il y a du monde ce soir et un peu d'attente à la douche. Lessive et écritures devant un coca-cola. Vers 18 h, une famille arrive du Lac de Mongoioa au pied du Bric de Rubren, un grand père assez épuisé, son fils et ses deux petits fils de 8 et 10 ans. Ils sont partis de Maljasset à 5 h du matin et les enfants sont encore bien en forme. Ils ont fait quasiment 24 km et pas loin de 1100 m de dénivelée positive et autant de dénivelée négative. Et bien chapeau, même s'ils ne sont pas montés au sommet. A table, je discute avec un couple d'Italiens qui montent demain à la Pointe d'Escreins par le vallon des Houerts. C'est également une belle balade que j'aurais pu inscrire à mon programme, peut-être pour une prochaine fois. Je retrouve également le groupe des coureurs en montagne dont certains sont montés au Mont de Maniglia en passant par l'Italie car ils n'ont pas trouvé le petit couloir qui permet de franchir la barre rocheuse qui en défend l'accès. Manifestement, ils ont revu leurs objectifs à la baisse, car ils ne sont pas montés à la Tête de Cialancioun. Repas très copieux et coucher vers 21 h en prévision de la rude étape de demain. Dans le dortoir, les allemands sont partis et trois pêcheurs à la ligne les ont remplacés. Ils traquent la truite dans l'Ubaye, mais sans grand succès pour l'instant.

Topo de l'itinéraire vers la Tête de Malacoste :
Du parking, traverser Maljasset. Après la Chapelle de Maurin, prendre à droite la piste qui descend pour traverser l’Ubaye. Du pont, suivre la piste sur 400 mètres jusqu’à une bifurcation. Prendre à gauche la direction du Col de l’Autaret. Le sentier presque plat remonte l’Ubaye par sa rive gauche jusqu’au magnifique Plan de Parouart que l’on remonte donc sur la rive opposée à celle qui mène au Bric de Rubren. Le sentier s’engage alors vers l’est dans le ravin de Chabrière. Il remonte tout de suite le versant nord pour contourner un ombilic, sort de la forêt, traverse plusieurs ravins et se dirige vers la Bergerie de Chabrière. A la hauteur de la bergerie, on laisse le sentier du Col de l’Autaret, on franchit le torrent (pas de passerelle) pour pénétrer à gauche (nord-est) dans le Vallon de la Gavie. Il y a une sente peu marquée. Remonter le vallon par la droite. Le Pic du Pelvat nous domine. On dépasse un gros rognon rocheux sous le pic et on arrive sur un replat (2650 m), où de nombreux cairns obligent à choisir : le mieux est de repérer sur les pentes de droite, au plus près du pied du Pic du Pelvat, le fameux "Couloir". Des cairns mènent dans les pentes situées à droite de ce couloir (on n'emprunte pas le couloir). Remonter ces pentes sud-est : terre et éboulis raides et pas très stables, bâtons utiles. Le couloir surmonté, on arrive au Plan de Gandin (2840 m) avec son lac en général à sec. Un long vallon suspendu se découvre et il va falloir le traverser vers le nord-est pour rejoindre le Col de Malacoste et le sommet par une trace bien visible (3212 m).

Hébergement : Refuge de Maljasset
Repas : Soupe de légumes, blanquette de veau, riz, faisselle de fromage blanc aux fruit rouges. Excellent repas.


26 août 2017

Refuge de Maljasset – Bric de Rubren en AR

Longueur étape : 27 km

Heure départ : 7 h 50

Heure d'arrivée : 17 h 10

Durée effective de marche : 8 h 20

Dénivelée cumulée : 3100 m

Déniv. positive : 1550 m

Déniv. négative : 1550 m

Alt min : 1910 m

Alt max : 3340 m

Itinéraire (906 Ko) - Profil - Les photos

7 h 50 – Refuge de Maljasset, 1910 m
9 h 00 - Le Ga, 2090 m
9 h 40 - Passerelle de la Blave, 2196 m
10 h 15 - Cabane de Rubren, 2449 m
12 h 05 - Pas de Mongioia, 3085 m, pique-nique et interrogations 30 minutes
13 h 15 - Bric de Rubren, 3340 m
13 h 50 - Pas de Mongioia, 3085 m
15 h 35 - Passerelle de la Blave, 2196 m
16 h 15 - Le Ga, 2090 m
17 h 10 – Refuge de Maljasset, 1910 m

Météo : assez souvent, parfois et quelquefois.

Le film de l'étape : Petit déjeuner à 7 h 10 et départ à 7 h 50 pour le Bric de Rubren. J'emprunte la piste qui remonte la rive droite de l'Ubaye en passant par les maisons de la Combe Brémond. La montée est régulière et agréable, parfois sous le soleil, parfois sous les nuages. Les marmottes sont déjà de sortie lorsqu'une petite ondée m'oblige à sortir ma cape de pluie en arrivant au Plan de Parouart. Mais ça ne dure pas bien longtemps et je peux remballer ma cape un quart d'heure plus tard. Je traverse l'Ubaye sur une passerelle au lieu-dit Le Ga à l'entrée du Ravin de la Salcette. Je remonte le sentier qui mène au Col de Longet (où je suis passé l'année dernière) sur une portion assez délicate et exposée au dessus du torrent avant d'arriver sur un vaste replat à La Blave. C'est un vallon spacieux et verdoyant avec une bergerie et des enclos pour les moutons. Sur la droite, on voit nettement une ancienne carrière de marbre abandonnée. Après la cote 2172, le sentier continue sur la rive gauche de l'Ubaye contrairement à ce qui est indiqué sur la carte IGN.
Ça fait presque deux heures que je suis parti lorsque j'arrive à la Passerelle de la Blave où je laisse sur ma gauche le sentier du Col de Longet et continue tout droit dans les pentes herbeuses qui vont me conduire à la Cabane de Rubren. Dès le départ, plusieurs panneaux placés le long du sentier expliquent aux randonneurs comment se comporter avec les patous. J'apprends plusieurs choses, par exemple qu'on peut "les regarder brièvement dans les yeux et détourner ensuite le regard, car le loup lui ne baisse pas les yeux". J'ai l'occasion de mettre en pratique toutes ces recommandations car je tombe rapidement sur deux patous, dont un pas très sympathique. Il aboie, me renifle, me lèche et je sens même par moment ses crocs sur les mains. Je me demande ce qu'il faudrait faire s'il lui prenait l'envie de serrer tout à coup. Je lui parle gentiment, je baille à plusieurs reprises pour le calmer, je lui dis de retourner voir ses moutons et au bout d'un moment j'avance tout doucement sur le sentier. Il me suit pendant quelques minutes, mais je n'ose pas me retourner pour ne pas l'inquiéter. Par contre, je ne suis pas trop rassuré car mes mollets bien musclés sont à la portée de ses mâchoires. Finalement, il me laisse tranquille et je continue par un grand lacet pour pénétrer dans le vallon de Rubren.
Le sentier contourne un petit sommet rocheux par la gauche et arrive à la cabane de Rubren. On la découvre au tout dernier moment car elle est bien cachée. Trois chiens m'accueillent en aboyant et heureusement un berger (ou un randonneur) qui est en train de lire à l'extérieur les calme rapidement. Je pensais qu'il s'agissait d'un berger, mais le topo indique que des matelas et des couvertures peuvent accueillir des randonneurs. Sur les photos, je vois un matelas qui sèche à l'extérieur et c'est peut-être simplement un randonneur avec ses chiens. Je continue en redescendant vers le Béal de Rubren où des ânes paissent tranquillement. Je traverse le ruisseau et remonte le vallon de Rubren en restant sur la rive gauche. Le torrent a creusé de jolies vasques dans le marbre d'un bel effet sous le soleil. Après un passage encaissé, le vallon s'élargit et j'aperçois pour la première fois le Bric de Rubren derrière des moutonnements rocheux. Le sentier bien tracé, parfois cairné, se dirige vers les pentes qui mènent au Pas de Mongioia. J'en profite pour faire une bonne pause et manger une barre chocolatée.
Une trace bien visible serpente dans les dernières pentes avant le lac. Elles sont en fait beaucoup moins impressionnantes que celles que j'ai observées la veille depuis la Tête de Malacoste et pourtant ce sont les mêmes. Mais c'est souvent comme cela en montagne, il ne faut pas trop se fier à ce qu'on voit de loin, il faut se rendre au pied du mur pour en évaluer les difficultés. J'arrive au Pas de Mongioia à 12 h 05. Un vent violent et glacial m'accueille et je me dirige immédiatement vers le "Bivacco Franco Boerio" situé à quelques dizaines de mètres près du Lac de Mongioia. C'est un petit refuge hexagonal en bois et en métal de construction assez récente, bien conçu pour héberger 10 personnes. Je suis de nouveau en Italie et je trouve un endroit abrité derrière le refuge pour pique-niquer rapidement. Je mange simplement le taboulé et le fromage car je voudrais monter quand même au sommet du Bric de Rubren et je vais garder la pomme pour le retour.
Je reviens dans le refuge pour y laisser mon sac avant d'entreprendre l'ascension. Et puis le doute m'envahit. Des nuages noirs arrivent par l'ouest et le vent est de plus en plus fort. Je mets ma veste goretex car il fait vraiment froid et je regarde la face pas très accueillante qui mène au sommet. J'observe 4 randonneurs qui descendent pour essayer de bien repérer par où ils passent, car je sais que l'itinéraire est un peu compliqué et je vais en faire les frais un peu plus tard. Ils arrivent au refuge et me donnent quelques conseils. Je ne suis toujours pas décidé à monter, je reprends mon sac et je vais voir au Pas de Mongioia si le temps a évolué. Pas vraiment, mais ça ne s'est pas aggravé non plus. Par contre le vent a forci et ce n'est pas bon signe. Bon, je suis là, il faut prendre une décision et je me dis qu'il serait dommage de me priver du sommet si les conditions ne se détériorent pas dans l'heure qui vient. Je décide de monter et de rebrousser chemin à la première alerte.
Dès le départ, le vent violent me déporte facilement. Heureusement, après quelques dizaines de mètres, la trace va évoluer sur le flan est de l'arête à l'abri du vent. Et là, ça se complique. Il y a d'innombrables traces avec des cairns un peu partout, certaines faciles, d'autres plus compliquées, mais on ne sait pas vraiment où passe le chemin le plus simple vers le sommet. J'oublie les repères que j'avais pris en voyant les jeunes qui descendaient. Devant moi, il y a un randonneur/traileur et je le suis machinalement. Au lieu de monter en restant assez près de l'arête, il est parti vers la droite sans prendre beaucoup d'altitude. Mais il y a des traces et des cairns... La progression est parfois facile, parfois plus compliquée. Un autre randonneur à la poursuite de son copain me double, je ne suis donc pas tout seul, mais je me dis de plus en plus qu'on n'a pas choisi la solution la plus simple. On va même carrément passer sous le sommet et l'atteindre par derrière par son arête est alors que le groupe que j'ai vu descendre est passé par l'arête sud-ouest. A un moment, il faut faire quelques pas d'escalade et le randonneur qui me précède a laissé ses bâtons pour passer plus facilement. Je me dis que ce sera sans doute plus compliqué de redescendre par là et je préfère passer avec mon sac et mes bâtons pour éviter de revenir. Après un dernier ressaut, j'arrive au sommet à 13 h 15.
Il fait froid, le ciel est bien sombre et un petit crachin commence à tomber. Je reste deux minutes, juste le temps nécessaire pour prendre quelques photos, et je redescends, d'abord par l'arête sud-ouest, puis par une vire qui me semble praticable. Je veux perdre le plus d'altitude possible avant que la pluie ne vienne compliquer la situation. Je progresse lentement en assurant tous mes pas et en cherchant les passages les plus faciles. Je m'en sors assez bien sans prendre de risques, mais je me rends compte que j'ai péché par excès de prudence et que j'aurais dû descendre plus longtemps sur l'arête sud-ouest où j'aurais trouvé des passages plus simples. Donc mauvais choix à la montée et à la descente, mais il est vrai que la météo défavorable apporte une pression supplémentaire qui conduit à prendre dans l'urgence des décisions discutables. La pluie s'est arrêtée et je parviens au Pas de Mongioia à 13 h 50.
Le vent s'est un peu calmé, je resserre mes chaussures et je descends rapidement vers des alpages plus rassurants. Le gardien m'a conseillé de revenir en faisant une grande boucle par le Lac du Loup, mais il faut compter 4 km supplémentaires et une centaine de mètres de dénivelée en plus. Si j'étais parti une ou deux heures plus tôt et si le temps avait été meilleur, j'aurais certainement suivi sa suggestion, car je ne suis pas excessivement fatigué. Je reviens donc par l'itinéraire de montée. Nouvelle averse près du Béal de Rubren qui m'oblige à remettre ma cape de pluie, mais qui ne dure pas bien longtemps. Je retrouve les ânes près du torrent et je repasse près de la Cabane de Rubren où le randonneur/berger et ses chiens sont partis. Je ne m'attarde guère et j'arrive à la Passerelle de la Blave à 15 h 35. J'en profite pour faire une petite pause en mangeant ma pomme avant de repartir. C'est sans doute ici qu'une tache malencontreuse vient salir l'objectif de mon appareil photo. Je ne vais pas m'en apercevoir et toutes les photos que je vais prendre jusqu'à la fin de mon séjour porteront une trace regrettable. Je repasse à Le Ga et au Plan de Parouart et je profite de la longue descente vers Maljasset pour enchaîner quelques exercices de marche nordique. J'arrive au refuge à 17 h 10. De la terrasse, on voit le Bric de Rubren au fond de la vallée et je me dis que j'y étais encore il y a à peine 4 heures. La forme est bien là et je suis convaincu que j'aurais pu revenir par le Lac du Loup si j'étais parti plus tôt. 
Douche, lessive, écritures et discussions avec les trois pêcheurs sur la technique qu'ils utilisent en rivière. Ils pêchent au "toc". C'est une pêche itinérante dans laquelle on prospecte les bordures, les obstacles (pierres, branches...) en tenant le fil à la main. On laisse dériver la ligne dans le courant pour dénicher ainsi de belles truites. La canne est tenue par la main forte tandis que le fil est délicatement pincé par l'autre main. La prise de l’appât par la truite est fidèlement retransmise par la canne. C'est ce "toc" qui indique le moment pour ferrer. La journée n'a pas été terrible car ils n'ont pris qu'une toute petite truite et l'ont immédiatement relâchée. Mais ils font cela surtout pour passer deux ou trois jours entre copains. Repas sympathique avec les pêcheurs et un autre couple. Coucher vers 21 h 30.

Topo de l'itinéraire vers le Bric de Rubren :
Du parking avant Maljasset, prendre la piste du hameau de Combe Brémond. Continuer par le sentier qui domine l’Ubaye. Passer le Plan de Parouart et traverser l’Ubaye par une passerelle. S’engager dans le ravin de Salcette en remontant la rive gauche de l'Ubaye. On arrive au Plan de la Blave, puis à une passerelle à la cote 2196. Ne pas la traverser, mais continuer tout droit en direction de "Rubren". Le sentier fait un grand lacet pour pénétrer dans le vallon de Rubren après avoir traversé d’étonnantes carrières de marbre abandonnées. On passe près de la cabane de Rubren, une bergerie qui possède une pièce (avec matelas et couvertures) pouvant accueillir quelques randonneurs. Le sentier descend légèrement et franchit le Béal de Rubren. Par une sente cairnée, remonter ce vallon austère et rectiligne jusqu’au pied des pentes du Pas de Mongioia 3085 m, que l’on remonte par une raide sente dans les éboulis sur 160 m de dénivelée. On débouche sur le plateau de Mongioia occupé par le lac homonyme et le récent "bivacco Franco Boerio", implanté sur le plateau. Ascension du Bric de Rubren : Prendre une sente évidente à gauche un peu en contrebas de l’arête sud et la suivre pendant 5 à 10 min. Ensuite elle se divise et il faut suivre sur le flanc est celle qui porte une inscription "Facile" et une flèche en rouge foncé. Suivre les cairns jusqu'au sommet après un ultime ressaut où il faut poser les mains.

Hébergement : Refuge de Maljasset
Repas : Soupe de légumes, couscous avec des légumes, viande dans une sauce au vin (genre bourguignon), panacotta aux fruits rouges. Encore un bon repas.


27 août 2017

Refuge de Maljasset – Aiguille Large en AR

Longueur étape : 19 km

Heure départ : 7 h 50

Heure d'arrivée : 16 h 00

Durée effective de marche : 6 h 30

Dénivelée cumulée : 2700 m

Déniv. positive : 1350 m

Déniv. négative : 1350 m

Alt min : 1890 m

Alt max : 2857 m

Itinéraire (806 Ko) - Profil - Les photos

7 h 50 – Refuge de Maljasset, 1910 m
10 h 35 - Aiguille Large, 2857 m
11 h 35 - Grand Lac de Marinet, 2550 m
12 h 20 - Col de Marinet, 2787 m, pique-nique 40 minutes
13 h 30 - Col de Maurin (ou de Mary), 2641 m
13 h 45 - Col de la Traverse, 2668 m
14 h 35 - Bergerie Supérieure de Mary, 2371 m
16 h 00 – Refuge de Maljasset, 1910 m

Météo : toute la journée.

Le film de l'étape : Réveil à 7 h, petit déjeuner à 7 h 15 et départ à 7 h 50. Aujourd'hui, c'est une journée de transition avant mon retour vers Ceillac. Mais je suis en forme et j'ai l'intention de monter à l'Aiguille Large (où j'avais prévu de passer avant d'arriver à Maljasset), puis d'aller aux Cols de Marinet, de Mary et de la Terrasse pour chercher les bornes frontières sculptées ou gravées.
Je remonte la route empierrée que je connais bien maintenant, puis le sentier classique dans le vallon de Mary. Vers 2220 m, j'emprunte un petit sentier sur la droite qui traverse le Torrent de Mary et se dirige dans une pente herbeuse bien raide entre l'Aiguille Pierre André et l'Aiguille Large. Un groupe de trois grimpeurs monte devant moi. Des lacets très serrés nous amènent à un court replat avant de traverser un couloir d'éboulis et de repartir vers la combe agréable qui sépare l'Aiguille Pierre André et l'Aiguille Large. J'en profite pour faire une longue pause au soleil pour observer les trois grimpeurs qui s'équipent maintenant au sommet d'un petit cône de déjection au pied de l'Aiguille Pierre André. Au bout d'un long moment, le leader attaque la première longueur de la voie des "Marmottes Givrées" (du 5 au 6a+). Deux autres grimpeurs arrivent au pied de la paroi et, comme ils ont manifestement l'intention de faire la même voie, ils attendent leur tour.
Je continue maintenant en direction du Col Large dans une pente herbeuse facile et j'attaque ensuite la dernière montée vers l'Aiguille Large par sa face sud-ouest qui devient une véritable "montagne à vaches". Au sommet, le vide vers le vallon de Mary est impressionnant. On voit bien la Pointe Basse de Mary, la Tête de Cialancioun, le Grand Lac de Marinet, les Lacs Supérieurs de Marinet... Il y a en fait 4 lacs dits du Marinet : deux lacs supérieurs et deux lacs inférieurs dont le Grand Lac de Marinet. Vers l'ouest, on observe de nombreux affleurements verdâtres, sans doute des roches chargées de serpentine comme celles que l'on trouve dans le marbre, et des parois rouge orangé qui mettent de la couleur dans cet univers minéral. J'observe encore une fois les grimpeurs sur l'Aiguille Pierre André au sommet de laquelle j'aperçois une autre cordée. Je mange une barre chocolatée et je redescends en direction du Grand Lac de Marinet.
Je passe près du lac inférieur de Marinet où des campeurs se sont installés. Je continue vers le Refuge Bivouac de Marinet, puis le Grand Lac de Marinet avant d'entreprendre la longue remontée régulière vers le Col de Marinet où j'arrive à 12 h 20. Il fait vraiment beau et le soleil est chaud, mais il n'y a pas d'ombre. Je m'installe confortablement dans une pente herbeuse pour pique-niquer en Italie. De là, je peux voir le Colle di Ciaslaras (où je suis passé il y a 5 jours déjà) et la descente depuis la Tête de Cialancioun (que j'aurais dû faire il y a 3 jours). Je repars 40 minutes plus tard pour aller à la recherche des bornes frontières et des rochers gravés.
Je démarre ma recherche en suivant la crête entre le Col de Marinet et le Col de Mary pour débusquer le Rocher gravé n° 58. J'ai beau aller et venir, je ne trouve rien. Il doit se trouver normalement sur la crête vers 2810 m, mais mes recherches sont vaines. Je continue en direction du Col de Mary avec une jolie vue sur le vallon qui mène directement à Campo Base. On reconnaît facilement le Monte Castello et la Rocca Provenzale au dessus de Chiappera, ainsi que le Colle di Rui où j'étais il y a 9 jours. J'arrive au Col de Mary (ou Colle Maurin) à 13 h 30 avec sa boîte aux lettres (qui paraît-il est encore relevée) où les ouvriers italiens, qui travaillaient dans les carrières de marbre du côté français, pouvaient y déposer leur courrier. Pour l'instant, elle contient un cahier où les randonneurs peuvent y inscrire leurs commentaires.
Je trouve facilement le Rocher gravé n° 57, situé sur la gauche quand on monte depuis Maljasset. J'attire l'attention de deux randonneurs sur ces vestiges de la frontière entre le Royaume de France et le Royaume de Piémont-Sardaigne. Lorsqu'en 1814, la Savoie est revenue au royaume de Piémont-Sardaigne, une ordonnance royale du 13 octobre a rappelé que les limites entre les deux Etats redevenaient celles du traité du 24 mars 1760. Pour s'assurer que la frontière était bien marquée sur le terrain, les autorités sardes ont fait effectuer un inventaire des bornes en septembre 1821. A la suite de ce constat, compte tenu de nombreuses disparitions et détériorations, un nouvel abornement a eu lieu en 1823. Je poursuis mes recherches en direction du Col de la Traverse où la borne frontière n° 56 est visible de loin. On y relève comme d'habitude le numéro de la borne, l'année de la gravure, la fleur de lys du côté français et la croix de Savoie du côté italien.
Je redescends vers la Bergerie Supérieure de Mary par le vallon sous les Lacs du Roure. Je prends mon temps pour profiter pleinement de cette dernière et belle journée à Maljasset. J'en profite aussi pour faire un détour par le sentier "caché" de la Croix du Passour et j'arrive au refuge à 16 h. Douche, dernière lessive et écritures avec un schweppes (il n'y a plus de coca-cola, ça sent la fin...). Repas copieux et surprise, Stéphane m'a préparé un pavé de poisson pour éviter de me resservir des plats que j'avais déjà mangés les jours précédents.
Au cours du repas, je fais connaissance avec trois dames qui vont bivouaquer demain au Bivacco Franco Boerio, le petit bivouac hexagonal au pied du Bric de Rubren. Il y a aussi 2 jeunes randonneurs parisiens qui terminent le Tour de la Font Sancte en trois jours (Ceillac - Basse Rua par le Pic d'Escreins, Basse Rua - Maljasset par le Col des Houerts, Maljasset - Ceillac par le Col Girardin). Demain, ils repartent à Ceillac, prennent la navette pour Montdauphin-Guillestre et le train de nuit pour Paris-Austerlitz. On va donc rentrer ensemble. Ils bivouaquent près de l'Ubaye et sont venus dîner au refuge car ils n'ont plus grand chose à manger. Ils n'ont même pas de quoi pique-niquer demain. Je leur conseille de demander à Stéphane s'il peut les dépanner, car il est quand même 20 heures. Eh bien il est d'accord et va leur préparer un pique-nique alors que d'autres gardiens de refuge auraient refusé. Ils me demandent aussi si j'ai de la crème solaire, car ils ont pris quelques coups de soleil ! Je leur passerai mon tube demain avant le départ après avoir protégé mon nez et mes bras. En fait, ce sont de grands débutants dans le domaine de la randonnée. Ils ont emporté des choses qui ne sont pas vraiment utiles et ont oublié l'essentiel. Mais c'est comme cela qu'on apprend.
Dernière nuit au refuge, seul dans mon dortoir. Les pêcheurs sont repartis chez eux. Je pense passer une bonne nuit, mais je tarde à trouver le sommeil. Par deux fois, une araignée est venue se promener d'abord dans mes cheveux, puis sur mon visage, et malgré ma réaction rapide, je n'ai pas pu l'exterminer.

Hébergement : Refuge de Maljasset
Repas : Soupe de pois cassés, pavé de poisson (genre cabillaud sans arête), riz, tarte aux myrtilles. Mon dernier repas au refuge. Stéphane m'a cuisiné du poisson pour moi tout seul, car il y avait au menu des restes de blanquette de veau et de couscous que j'avais déjà mangés les jours précédents.


28 août 2017

Refuge de Maljasset – Ceillac

Longueur étape : 16 km

Heure départ : 7 h 50

Heure d'arrivée : 14 h 50

Durée effective de marche : 5 h 00

Dénivelée cumulée : 2010 m

Déniv. positive : 860 m

Déniv. négative : 1150 m

Alt min : 1640 m

Alt max : 2699 m

Itinéraire (1066 Ko) - Profil - Les photos

7 h 50 – Refuge de Maljasset, 1910 m
9 h 10 - Ravin des Séchoirs, 2388 m
10 h 15 - Col Girardin, 2699 m
11 h 20 - Lac Sainte Anne et Chapelle Sainte Anne, 2415 m
12 h 10 - Lac Miroir, 2220 m, pique-nique 50 minutes
14 h 00 - Pied du Mélezet et Cascade de la Pisse, 1685 m
14 h 50 - Ceillac, 1640 m

Météotoute la journée.

Le film de l'étape : Lever à 7 h 00, petit déjeuner et départ à 7 h 50. Je donne mon tube de crème solaire aux deux jeunes parisiens et je vais faire mes adieux à Stéphane. Je le remercie pour le saucisson qu'il a glissé en plus dans mon pique-nique et que je dégusterai plus tard à la maison. Stéphane est quelqu'un de très occupé. Il est secondé par sa compagne Sophie et par d'autres personnes quand il y a beaucoup de monde. Mais il est partout, il accueille les randonneurs, gère le placement, fait la cuisine, la lessive, sert les repas, prépare les petits déjeuners et les pique-niques. Il est toujours en train de courir et malheureusement, il a trop peu de temps pour se poser et discuter avec les randonneurs. Il est d'une gentillesse peu commune et se met en quatre pour que les gens se sentent bien chez lui. Un soir, une dame n'avait pas prévenu qu'elle était végétarienne et elle se contentait d'un peu de riz alors qu'il y avait un grand plat de viande sur la table. Voyant cela, Stéphane lui a préparé en dix minutes une assiette avec des petits pâtés de légumes, et tout cela avec le sourire. Hier, il a préparé des pique-niques pour les deux jeunes parisiens à 20 h alors qu'il faut généralement les demander au plus tard en milieu d'après midi. C'est vraiment avec beaucoup d'émotion qu'on se quitte. Les deux parisiens ne sont pas encore descendus. Je pense qu'ils vont rapidement me rattraper, car je vais déguster lentement cette dernière étape. Je pars devant et, de toute façon, on se retrouvera dans la navette.
Je connais déjà cette étape qu'on avait faite avec Jacques le 5 juillet 2008. Le sentier monte directement dans une pente bien raide tracée dans des couloirs d'éboulis. Beaux points de vue sur Maljasset et le vallon de Mary. Vers 8 h 50, je surprends un jeune chamois qui traverse le pierrier en contrebas. Vingt minutes plus tard, j'arrive dans le Ravin des Séchoirs où on retrouve le GR 5 qui monte depuis la Barge. La pente est beaucoup moins prononcée et j'évolue maintenant sur une pelouse alpine agréable. Des auges en cascade taillées dans la pierre permettent aux moutons de s'abreuver avant un petit ressaut qui mène à une joli vallon où on a l'impression de marcher sur de la moquette. A mon avis, un endroit idéal pour bivouaquer. Une dernière pente où, en quelques lacets, le sentier très bien tracé me conduit au Col Girardin où j'arrive à 10 h 15.
J'ai aperçu
au loin les deux jeunes parisiens, mais ils ne vont pas bien vite. Je vais faire une bonne pause pour leur donner une chance de me rattraper. Je mange ma barre chocolatée et discute un moment avec un couple qui monte à la Tête de Girardin. J'avais prévu cette variante dans mon projet, mais j'ai envie de déguster cette étape tout doucement et aller jusqu'à Ceillac pour faire quelques courses avant de prendre la navette. Donc je fais l'impasse sur cet aller et retour qui m'aurait pris une bonne heure environ. Je repars tranquillement vers le Lac Sainte Anne que j'aperçois devant moi. Je m'arrête un moment pour discuter avec un groupe de randonneurs qui vont à Maljasset et je leur demande de remercier encore une fois Stéphane de ma part.
Il est 11 h 20 quand j'arrive au Lac Saint Anne. Je flâne, prends des photos et fais le tour de la chapelle. Mais elle est fermée et on ne peut pas voir l'intérieur. C'est dommage. Une randonneuse se baigne dans le lac, mais elle n'y reste que quelques minutes. Je décide de pique-niquer près du Lac Miroir pour prendre de jolies photos si les conditions le permettent. Les montagnes s'y reflètent comme dans un miroir, mais il faut qu'il n'y ait pas le moindre souffle de vent. Le sentier longe une piste de ski avant de partir sur la gauche dans un sous-bois de mélèzes. J'arrive près d'un vaste enclos à l'ombre dans lequel un gros troupeau de moutons et de chèvres attendent patiemment. Les éleveurs sont en train de vérifier leur pieds avant de les faire passer dans un bain. Cela me ramène 50 ou 60 ans en arrière quand on allait donner un coup de main à papa pour tailler les pieds des moutons à la Grange des Carmes.
J'arrive au Lac Miroir à 12 h 10 et je m'installe à l'ombre sous les mélèzes. Malheureusement, la surface du lac est agitée par une petite brise qui "casse" le miroir. De mon coin pique-nique, j'ai une très belle vue sur le Pas du Curé par où je suis passé l'année dernière. D'ici, c'est très impressionnant et, lorsqu'on y est, assez délicat à négocier d'après mes souvenirs. Je repars 50 minutes plus tard. Mes deux parisiens ne sont toujours pas là. Je décide de repartir en faisant un peu de hors piste le long du ruisseau de la Pisse qu'on remonte en allant au Pas du Curé. C'est presque un pèlerinage. Je rejoins le sentier un peu plus loin et descends tranquillement vers le Pied du Mélezet où j'arrive vers 14 h.
Et là, je vais enfin voir la cascade de la Pisse. Nous sommes passés ici en 2008 avec Jacques, je suis repassé en 2016 lors de mon grand tour du Queyras, j'ai entendu la cascade en descendant sur le GR 5 ou en y montant et je ne l'ai jamais vue ! En octobre 2016, j'ai fait quelques recherches sur internet et je me suis rendu compte qu'à chaque fois, j'étais passé tout près : "Au panneau "Pied du Mélezet", avant de tourner à droite pour suivre le GR 5, continuer tout droit sur une cinquantaine de mètres pour aller observer de près la cascade de la Pisse". Je remonte le torrent et c'est vrai qu'elle est superbe. Je prends quelques photos et je continue vers Ceillac où j'arrive à 14 h 50.
Je passe à la mairie pour me renseigner sur les horaires de la navette et j'achète mon billet sur place. Je sors du village et trouve un banc au soleil pour faire un brin de toilette (avec l'eau qui me reste) et me changer. Ensuite je vais à l'épicerie du village et j'achète une salade de thon à la niçoise "Le Grand Jury", un yaourt à boire, des petits gâteaux et un coca-cola bien frais. Et puis je vais m'asseoir à l'ombre sur un banc devant l'église à côté de la mairie. J'en profite pour passer des coups de téléphone à Marythé et Elisabeth et j'attends la navette avec trois autres randonneurs et un chien. Elle arrive à 17 h et j'y retrouve mes deux parisiens qui ont pris la navette au Pied du Mélezet. Ils me remercient en me rendant mon tube de crème solaire pratiquement vide (mais il n'en restait déjà pas beaucoup quand je le leur ai donné). On se quitte devant la gare de Montdauphin-Guillestre car ils vont voir des ruines dans le coin, peut-être monter à la citadelle.
Je préfère rester à la gare. Il est 17 h 50 et je m'installe dehors sur un banc confortable où je termine mon journal de bord. Mon train part vers 21 h et j'ai donc tout mon temps. Il fait chaud car nous sommes redescendus à 890 m d'altitude, mais je suis bien. Je regarde les voyageurs qui arrivent des différents villages du Queyras ou qui s'y rendent et je fais quelques sudokus. J'attaque mon pique-nique vers 19 h 30 et je déguste ma salade de thon à la niçoise. L'année dernière, j'avais acheté à Ceillac une salade italienne au thon "Le Grand Jury" pour la tester et je l'avais bien appréciée puisque j'en avais racheté trois autres pour mes pique-niques. Le yaourt à boire est très agréable lui aussi et me rafraîchit bien.
Le soleil commence à disparaître derrière les montagnes et les pilotes de vol à voile cherchent encore des ascendances pour tenir en l'air le plus longtemps possible. Et puis, petit à petit, ils se dirigent vers l'aérodrome de Mont-Dauphin St-Crépin à deux kilomètres de la gare. La nuit est tombée et il fait bon dehors maintenant. J'attends la dernière minute pour rentrer à l'intérieur, mais je ne vois pas mes deux parisiens. J'espère qu'ils ne vont pas rater le train qui arrive avec déjà dix minutes de retard.
Finalement, après une bonne nuit, nous arrivons à Paris avec 50 minutes de retard. Ce doit être habituel sur cette ligne ! Dans des circonstances normales, j'avais 1 h 20 de battement avant de prendre le train pour Rennes. Il n'en reste plus beaucoup maintenant, surtout que je dois aller au guichet Information pour retirer un billet de retard. La SNCF va m'envoyer quelques semaines plus tard un avoir égal à 25 % du prix du billet grâce au programme G30. J'ai beau faire vite, le train pour Rennes est parti lorsque j'arrive à la gare Montparnasse. Je peux changer facilement mon billet grâce au bulletin de retard et je pars finalement à 9 h 56. Arrivée à Rennes à 11 h 24, pile poil à l'heure, mais avec encore une demi-heure d'attente avant de prendre mon bus pour Thorigné-Fouillard. Enfin, tout est bien qui finit bien et j'arrive à la maison vers 12 h 30.