15 jours en Vanoise du 26 juillet au 9 août 2015

Voici tout d'abord une carte générale montrant toutes les étapes de mon grand tour de la Vanoise. Les dates indiquées sont celles correspondant au départ de chaque étape. Par exemple, je suis parti de Bourg-Saint-Maurice le 26 juillet pour aller au Refuge du Ruitor.

On trouvera ci-après une description précise de ces 15 étapes avec des renseignements sur les hébergements. L'accueil, le confort, le repas et les prestations sont notés globalement par des ou des

Date

Etape

Infos

Durée de l'étape

Distance

Dén >0

Den <0

26 juillet

Bourg-Saint-Maurice - Refuge du Ruitor

R

7 h 30

20 km

+ 1420 m

- 180 m

27 juillet

Refuge du Ruitor - Refuge Mario Bezzi

R-Rs

9 h 15

17 km

+ 1440 m

- 1190 m

28 juillet

Refuge Mario Bezzi - Refuge Benevolo

R-Rs

7 h 50

12 km

+ 1180 m

- 1160 m

29 juillet

Refuge Benevolo - Refuge Savoia

R-Rs

6 h 40

13 km

+ 1140 m

- 880 m

30 juillet

Refuge Savoia - Refuge du Fond des Fours

R-Rs-Rc

10 h 15

27 km

+ 1490 m

- 1490 m

31 juillet

Refuge du Fond des Fours - Bessans

G-Rs-Rv

8 h 15

23 km

+ 1010 m

- 1810 m

1er août

Bessans - Termignon

G-Rv

6 h 10

21 km

+ 360 m

- 780 m

2 août

Termignon - Refuge de la Fournache

R-Rs

6 h 50

17 km

+ 1370 m

- 340 m

3 août

Refuge de la Fournache - Refuge de Péclet Polset

R-Rs

7 h 50

14 km

+ 1200 m

- 1070 m

4 août

Refuge de Péclet Polset - Refuge des Lacs Merlet

R-Rs

7 h 25

13 km

+ 940 m

- 990 m

5 août

Refuge des Lacs Merlet - Refuge de la Valette

R-Rs

8 h 20

18 km

+ 1430 m

- 1260 m

6 août

Refuge de la Valette - Refuge du Col de la Vanoise

R-Rs

6 h 45

12 km

+ 920 m

- 970 m

7 août

Refuge du Col de la Vanoise - Refuge du Laisonnay

R-Rs

10 h 30

22 km

+ 1320 m

- 2240 m

8 août

Refuge du Laisonnay - Refuge de la Martin

R-Rs

9 h 10

22 km

+ 1710 m

- 1140 m

9 août

Refuge de la Martin - Bourg-Saint-Maurice

 

7 h 10

28 km

+ 190 m

- 1530 m

G : Gîte, H : Hôtel, R : Refuge ou T : Tente. Rs : Restauration, Rv : Ravitaillement possible à l'arrivée, Rc : Ravitaillement possible en cours d'étape. DP : Demi pension, TS : Taxe de séjour, PN : Pique nique. Il y a des douches chaudes partout, sauf aux Refuges du Fond des Fours, des Lacs Merlet et de la Martin.

La durée de l'étape s'entend tous les arrêts compris (pique-nique, pause boisson ou photos). Dans les tableaux qui suivent, les heures indiquées sous l'itinéraire sont les heures effectives de passage aux endroits précisés.

En cliquant sur la date au début du tableau de chaque étape, on revient au tableau général ci-dessus. En cliquant sur Itinéraire dans la description de chaque étape, on pourra visualiser le parcours sur la carte IGN. En cliquant sur Profil, on pourra visualiser le profil de l'étape tel qu'il est donné par Openrunner. Attention, certains fichiers sont assez volumineux et leur transfert peut prendre pas mal de temps si vous n'avez pas l'ADSL...


26 juillet 2015

Bourg-Saint-Maurice - Refuge du Ruitor

Longueur étape : 20 km

Heure départ : 7 h 30

Heure d'arrivée : 15 h 00

Durée effective de marche : 6 h 30

Dénivelée cumulée : 1600 m

Déniv. positive : 1420 m

Déniv. négative : 180 m

Alt min : 808 m

Alt max : 2032 m

Itinéraire (1099 Ko) - Profil (49 Ko)

7 h 30 – Départ de Bourg- Saint-Maurice 813 m
9 h 40 – La Bonneville 920 m
10 h 15 – Viclaire 891 m
11 h 25 – La Masure 1210 m, pause pique-nique 35 minutes
13 h 00 – Le Crot 1500 m
14 h 00 – La Savonne 1771 m
15 h 00 – Refuge du Ruitor 2032 m

Météo jusqu'à 14 h 30,    ensuite jusqu'à 17 h 30 et jusqu'à 2 h du matin environ.

Le film de l'étape : J'ai pris le train de nuit à Paris-Austerlitz pour Bourg-Saint-Maurice. En fait maintenant, la SNCF met en place un service d'autobus sur les lignes non rentables ou difficiles à maintenir en état. Nous sommes arrivés à Chambéry à 5 h du matin et nous avons pris un bus pour Bourg-Saint-Maurice à 5 h 30. Je me suis fait rappeler à l'ordre par le chauffeur car je mangeais un petit sandwich que je m'étais préparé la veille à Rennes. Il paraît que c'est interdit. J'ai obtempéré et profité ensuite de l'obscurité pendant le voyage pour le terminer. Je n'ai pas fait de miettes et j'ai attendu l'arrivée pour manger ma pomme, je ne voulais quand même pas l'éplucher dans le bus ! Comme le trajet était direct, on est arrivés à Bourg-Saint-Maurice à 6 h 45 au lieu de 7 h 45. Ce n'était pas plus mal.
A la gare, j'ai fait un brin de toilette, j'ai mis ma tenue de randonneur et j'ai été prendre un chocolat et un croissant dans le bar en face de la gare. C'est le plus pratique, j'y ai déjà déjeuné l'année dernière et j'y prendrai mon dîner à mon retour. A 7 h 30, je suis fin prêt et je commence ma grande randonnée qui devrait faire pas loin de 270 km.
Vingt minutes après le départ, première surprise : on ne peut plus passer au dessus de la centrale électrique de Malgovert. Le sentier a complètement disparu derrière des barrières métalliques et ça semble bien définitif. Donc demi-tour et contournement de la centrale par le nord puis l'est par une petite route que j'ai repérée sur la carte. Après la cote 840 dans la descente vers l'Isère, je repère sur la gauche de la route un balisage VTT qui descend vers la rivière. Pris d'une soudaine inspiration, je quitte la route et j'emprunte le sentier qui me conduit à une passerelle sur l'Isère et se dirige ensuite vers l'est dans la direction qui m'intéresse. Après la passerelle, je retrouve la petite route qui vient de la centrale et par laquelle je devais arriver, mais elle est barrée par des barrières métalliques. Finalement j'ai bien fait de prendre le sentier VTT qui m'a évité un second aller et retour.
Je retrouve maintenant mon itinéraire. C'est un chemin empierré, assez large pour laisser passer une voiture, qui remonte le long de la rive gauche de l'Isère. Il est assez facile, bien ombragé et suit la rivière au plus près, même s'il faut parfois faire quelques dizaines de mètres de dénivelée pour éviter des gorges où il ne pourrait pas s'engager. Le bruit de l'eau ajoute une touche sonore très agréable. J'ai l'impression d'être tout seul et je ne rencontre qu'un ou deux joggeurs pendant la première heure.
J'arrive un peu plus tard à un petit hameau qui s'appelle "La Bonneville" et qui comporte une dizaine de maisons toutes joliment restaurées. Une demi-heure plus tard, je rejoins la route de Val-d'Isère à Viclaire après l'usine hydroélectrique.
Je traverse la route et j'attaque immédiatement le sentier qui monte vers La Masure. Il est bien raide pour un début, il se faufile entre des gros blocs de rocher et les sapins me protègent assez efficacement du soleil. Je prends mon train de sénateur, car je ne tiens pas à forcer l'allure dès le premier jour. Il fait beau et je ne suis pas en retard. De toute façon, je ne me suis pas entraîné avant de partir et je ne suis pas sûr que je pourrais aller beaucoup plus vite. Je passe au Miroir où je retrouve de belles maisons avec les colonnes en pierre si typique de la haute Tarentaise et j'arrive à La Masure vers midi. Il fait vraiment chaud et je cherche un coin à l'ombre pour pique-niquer. Finalement, je m'installe au cœur du village dans l'abri-bus où je peux ôter mes chaussures pour faire respirer mes pieds.
De l'autre côté de la route, il y a le local poubelles où je vais pouvoir laisser tous mes détritus. Cela semble un détail, mais il est d'importance. Un randonneur qui se respecte ne jette pas ses détritus n'importe où. Il ne peut pas les laisser dans les refuges d'altitude, ce qui m'a obligé à les emporter avec moi, parfois pendant 2 ou 3 jours, jusqu'à ce que je trouve des containers prévus à cet effet.
Je déjeune tranquillement : tomate, pâté Hénaff, fromage et pomme. J
'échange quelques mots avec un groupe qui monte avec des ânes vers le Refuge de la Motte. Demain, ils vont passer en Italie par le Col du Mont pour aller ensuite vers le Refuge du Chalet de l'Epée. On a peu de chances de se revoir et pourtant, je les retrouverai demain à Uselières, un hameau où nos deux itinéraires vont se croiser !
Je repars à midi en plein soleil pour monter au Refuge du Ruitor. Malheureusement, je vais être obligé de suivre la petite route pendant une heure jusqu'au Pont des Soupirs après le hameau du Crot. Il y a quand même quelques passages ombragés, mais lorsqu'on se retrouve en plein soleil sur la route, ça chauffe et pas qu'un peu. Ensuite, j'emprunte un ancien chemin napoléonien qui monte bien raide dans des pentes herbeuses et rocheuses, traverse la route et arrive finalement au parking de La Savonne. J'avoue que j'ai pas mal souffert dans cette partie de l'itinéraire, surtout à cause du soleil.  Après le parking, je retrouve un sentier que je connais bien et, après une petite halte à la Chapelle Saint Pierre à l'entrée du plateau de la Sassière, j'arrive enfin au refuge vers 15 h. Le temps s'est bien couvert, le vent s'est levé et je suis content de poser mon sac et de mettre une petite laine.
En temps normal, le refuge n'est pas gardé et il faut prendre les clés à La Masure chez la tante du gardien. Mais comme on est dimanche, Bertrand Mercier (le gardien) est monté faire des travaux de maintenance et me remettre les clés puisque sa tante est hospitalisée. Il est assez jeune, probablement entre 30 et 40 ans, et il est allé au Pérou, au Népal... Il connaît Norbert Silvin (mon guide préféré) car ils sont vaguement cousins. On a donc passé pas mal de temps à discuter ensemble. Et j'ai repris mes bonnes habitudes : lessive et douche. Je pensais qu'il n'y avait pas de douche chaude au refuge. En fait, c'est sans doute le cas lorsque le refuge n'est pas gardé. Mais comme Bertrand était là, il m'a proposé une douche chaude car il y a quand même un chauffe eau solaire sur le toit. Et effectivement, elle était vraiment chaude et je l'ai bien appréciée. J'ai réglé le montant de la nuitée avant le départ de Bertrand en lui demandant si la douche était payante. Il ne m'a pas fait payer, mais j'ai vu après son départ qu'elle figurait dans la liste des prestations pour 2 € (c'est le tarif habituel dans certains refuges). A 17 h 30, une pluie intermittente et parfois soutenue s'installe. Elle va durer jusqu'au milieu de la nuit. Mais Bertrand m'a rassuré, il devrait faire beau demain. Comme le téléphone portable ne passe pas sur le plateau de la Sassière, je le préviens que Marythé va certainement l'appeler ce soir pour lui demander si je suis bien arrivé.
Il quitte le refuge vers 18 h 30 en me laissant la clé. Je suis seul ce soir et je vais donc me mettre à la cuisine. Tout est prévu : tomate, pâté Hénaff, pâtes et sauce bolognaise, fromage et pomme. Le repas est vite expédié. Je trouve quelques mots croisés dans de vieux journaux qui traînent par là et je me couche vers 21 h. Nuit tranquille avec quelques levers nocturnes comme d'habitude, mais les toilettes sont à l'intérieur du refuge ! J'en profite pour jeter un coup d'œil à l'extérieur. Vers 2 heures du matin, le ciel commence à se découvrir et les étoiles apparaissent, promesse de beau temps...

Hébergement : Refuge du Ruitor, 04 79 06 90 12, 04 79 06 92 12 ou 06 78 06 87 44 (portable de Bertrand Mercier)  
J'ai mis "une étoile" car Bertrand a été très sympathique. Mais s'il n'avait pas été là, je pense que je n'aurais pas pu prendre de douche et comme il n'y a pas de restauration, honnêtement ça ne mérite pas vraiment d'étoile.

Repas : Pas de restauration.
Tarifs 2015 : Nuitée 15 € en dortoir payables par chèque ou espèces. Réservation par téléphone. Il faut passer prendre la clé à La Masure.
Commodités : Douche chaude, cabinet de toilette où on peut faire la lessive (petit étendage extérieur, sinon on peut faire sécher le linge à l'intérieur... S'il y a beaucoup de monde, ça peut être problématique). J'ai tendu ma corde à linge à l'étage, car il y faisait plus chaud et ça séchait un peu mieux. J'ai mis mes chaussettes pendant la nuit pour finir de les sécher.
Téléphone : Free/Orange ne passe pas du tout.

Ravitaillement : Aucun. De toute façon, j'en ai suffisamment pour deux ou trois jours, on verra donc plus tard.


27 juillet 2015

Refuge du Ruitor - Refuge Mario Bezzi

Longueur étape : 17 km

Heure départ : 7 h 30

Heure d'arrivée : 16 h 50

Durée effective de marche : 8 h 00

Dénivelée cumulée : 2630 m

Déniv. positive : 1440 m

Déniv. négative : 1190 m

Alt min : 1825 m

Alt max : 2841 m

Itinéraire (728 Ko) - Profil (68 Ko)

7 h 30 – Refuge du Ruitor 2032 m
10 h 45 – Col de la Sassière 2841 m
12 h 10 – Lago di San Grato 2466 m, pause pique-nique 40 minutes
13 h 45 – Vacherie d'en Bas 2162 m
14 h 05 – Grand Alpe 1991 m (embranchement à droite vers Uselières)
14 h 30 – Uselières 1753 m, pause Coca Cola et téléphone 10 minutes
16 h 50 – Refuge Mario Bezzi 2284 m

Météo :   toute la journée.

Le film de l'étape : Lever à 6 h 30. Il y a encore quelques nuages sur la frontière, mais le ciel est bleu. Grand soulagement, car une étape assez difficile m'attend. Je suis déjà monté au Col de la Sassière, il y a une quinzaine d'années, mais quand j'ai vu la descente sur le Lago di San Grato, je me suis bien demandé par où on pouvait passer et je suis redescendu en vitesse. Donc c'est l'inconnu. Mon linge a bien séché dans la mezzanine et je prépare mon petit déjeuner rapidement. Je boucle mon sac, je ferme le refuge, je dépose la clé dans l'orifice prévu à cet effet et je pars dans la rosée du petit matin. En fait, il a plu toute la soirée et une partie de la nuit. Avec mes grosses chaussures, je ne crains rien, mais j'essaie quand même de passer au plus sec ! Je traverse les ruines du petit hameau de la Sassière avec en toile de fond les deux pointes rocheuses des Oeillasses (2736 m). Séquence émotion, une escalade très agréable et pas trop difficile (niveau 4, avec un passage en 5c) de la voie Emprin que nous avons faite en 1994 avec Norbert et Laurence.
Après le hameau, le sentier monte rapidement dans la pente en direction du Lac Noir. Au sommet des pentes herbeuses, je retrouve le soleil et je quitte le sentier en remontant en direction du col les pentes faciles en rive droite du torrent. J'en profite pour quitter ma micropolaire. J'arrive vers 9 h au pied des éboulis qui marque le début des difficultés. En face de moi, un verrou glaciaire qu'il faut contourner par la gauche. La pente est raide, mais une sente bien marquée et quelques cairns facilitent la progression. Je me retrouve rapidement dans l'ombre et le vent froid m'oblige à remettre rapidement la micropolaire et même le goretex. Ensuite, c'est un gigantesque pierrier dans lequel j'essaie de passer où ça me paraît le plus facile. A un moment, je ne sais pas bien si je dois passer sur la droite ou sur la gauche. Un cairn timide et bien isolé m'incite à prendre sur la gauche dans une grande pente d'éboulis qui monte en direction du col.
Quarante minutes plus tard, j'arrive en haut de la pente et là surprise... Je pensais arriver au col, mais je vois une belle combe qui me sépare du passage vers l'Italie. Je me dis que j'aurais peut-être dû passer sur la droite pour arriver directement dans la combe. Mais c'est un peu tard et j'irai y faire un tour un autre jour si je reviens dans le secteur. Deux options : descendre dans la combe et remonter en face, mais ça semble bien raide, ou contourner la combe par la gauche sans trop perdre d'altitude pour rejoindre le col. Je n'ai pas envie de descendre dans la combe et je décide de passer par la gauche avec beaucoup de précautions, car c'est assez raide. Une chute ne serait pas trop grave à condition de ne pas se casser quelque chose. Et comme le téléphone ne passe pas, il vaut mieux être prudent. C'est le conseil que va me donner un peu plus tard Antoine, un guide de Pralognan, que je vais rencontrer au Refuge de Péclet Polset et à qui je demande des renseignements sur le Col de l'Arcelin : "Ça devrait passer, mais faut pas tomber !".
J'arrive au col 25 minutes plus tard avec toujours un vent glacial, de dos heureusement. Je suis frigorifié, en particulier les pieds qui sont pourtant bien protégés. Le thermomètre de mon altimètre marque 11 °C, mais comme il est réchauffé par mon poignet, je pense que la température de l'air ne doit pas dépasser 4 ou 5 °C. Il y a deux cols, celui de gauche et celui de droite. Le topo recommande de passer par celui de droite, car celui de gauche mène sur une barre rocheuse. J'arrive au col de gauche où je trouve effectivement une barre rocheuse avec quelques vires. Je vais voir le col de droite. Ce n'est pas terrible, du schiste pulvérulent et un grand glacier avec une pente raisonnable. J'hésite un moment, mais je doute de pouvoir m'arrêter facilement sur le névé si je glisse, car je n'ai pas de piolet. Il y a peut-être de la glace par endroit et ça peut très mal se terminer. Je reviens au col de gauche et je cherche visuellement un cheminement en empruntant une vire et le pierrier qui suit. Ça paraît bien gazeux, mais j'ai le pied assez sûr et je sens que je vais me sentir plus à l'aise de ce côté-ci. C'est décidé, je prend le col de gauche. Evidemment ce passage va me prendre un bon moment car j'assure chaque pas tranquillement. Ce n'est pas le moment de faire des cabrioles. Dix minutes plus tard, je sors de la zone critique et j'arrive sur le glacier. En me retournant, je peux voir l'autre passage et je pense que j'aurais pu descendre aussi de ce côté là en restant sur le pierrier qui borde le glacier.
Un peu plus bas, je me risque sur le névé car la progression est plus facile. La surface est dure car il a sûrement gelé cette nuit et, malgré toutes mes précautions, mon pied part en glissade et je me retrouve sur les fesses ou plus exactement sur le sac à dos. Heureusement la pente est faible et je me relève sans difficulté. J'ai remarqué que c'est souvent dans les endroits les plus faciles qu'une chute survient. Je me rappelle en particulier celle que j'avais faite sur un sentier horizontal en 2013 dans le Vercors. Plus bas, je traverse des éboulis où je retrouve des cairns, puis des pentes herbeuses bien raides qui descendent sur le lac. J'ai beau faire attention, je n'échappe pas à une nouvelle glissade sur les fesses sans gravité. Ça m'embête un peu car je n'ai pas envie de laver mon short tous les soirs.
J'arrive enfin au bord du lac et je peux admirer au dessus la face sud de La Becca du Lac (3405 m). Séquence émotion bis, nous avons fait l'ascension de la face nord avec Norbert, Elisabeth et Marythé en 1994. Une course glaciaire assez raide à partir du Refuge du Ruitor. Le soleil s'est caché, le vent est toujours aussi glacial et je cherche un endroit abrité pour pique-niquer. Je passe rapidement devant l'oratoire Saint Grat près du lac. Il a été élevé en l'honneur d'un ancien évêque d'Aoste qui a vécu au 5ème siècle. Finalement, je me faufile dans un trou de souris entre de gros blocs que j'aménage un peu pour pouvoir m'asseoir correctement. Le menu est le même qu'hier : tomate, pâté Hénaff, fromage et pomme.
Je repars dans la vallée en suivant la piste principale. Je n'ai pas de carte détaillée du secteur dont je connais un peu la topographie car j'ai bien dû y passer au moins trois fois en revenant du Refuge Mario Bezzi et en montant au Col du Mont. Mais c'était dans l'autre sens. La piste surplombe la rive gauche du torrent et je sais qu'il va falloir passer sur l'autre rive à un moment ou à un autre. Arrivé à l'alpage de la Vacherie d'en Bas, je rencontre des paysans à qui je demande ma route. Aucun ne parle français, mais je comprend qu'il faut continuer par la piste. Vingt minutes plus tard, j'arrive à Grand Alpe où un panneau sur ma droite attire mon attention : Uselières. Aussitôt, ça fait tilt dans ma tête et je me souviens en effet qu'on passait par ce hameau en descendant du Refuge Mario Bezzi. Je prends le sentier sur ma droite. Il revient un peu en arrière pour traverser le torrent où je retrouve le sentier que j'ai déjà emprunté par le passé. Vingt minutes plus tard, j'arrive à Uselières où je trouve une poubelle pour y mettre mes détritus et un petit bar au bord du chemin où je suis bien content de m'asseoir à l'ombre devant un coca cola bien frais. Comme le téléphone passe très bien, j'en profite pour donner de mes nouvelles à Marythé. C'est ici que je retrouve le groupe de randonneurs que j'ai rencontré la veille à La Masure avec leur âne. Comme ils montent au Refuge du Chalet de l'Epée, on ne se reverra plus.
Il me reste à remonter en plein soleil la route empierrée qui mène au refuge. Je prends un rythme tranquille avec toujours un petit vent dans le dos, mais plus chaud que ce matin, car on n'est plus qu'à 1800 m d'altitude. A la fin de la route, on emprunte un sentier pentu qui conduit assez rapidement au Refuge Mario Bezzi. C'est la quatrième fois que je viens ici avec plaisir, car c'est un refuge trois étoiles. Scénario habituel : douche, lessive et SMS à la famille pour dire que je suis bien arrivé. Comme je préfère une couchette basse, j'opte pour le dortoir au lieu des chambres. Mais ça ne me gène pas car je peux même étaler mes affaires sur deux lits. L'étendage extérieur est fort encombré par des serviettes et des maillots entortillés sur les fils car les randonneurs ne savent pas ce qu'est une pince à linge ! J'en profite pour tirer mon fil entre les butées des volets pour faire sécher mon linge, ce qui va prendre peu de temps car il y a du soleil et du vent. 
A 19 h, c'est le repas attendu avec impatience, le premier vrai bon repas de ma randonnée. Et comme je connais bien l'endroit, je sais que le chef fait de la bonne cuisine et en quantité. Les randonneurs ont un bon coup de fourchette et les parts sont copieuses. Ce soir, il y a une soupe de petits légumes très appétissante, des lasagnes (c'est une entrée, mais très copieuse), du rôti de bœuf avec poivrons délicieux, du fromage et une tarte aux pommes. Je suis à une table avec des enfants et, comme ils mangent moins que les adultes, on peut se resservir sans modération ! Pour faire passer le tout, je demande un café décaféiné, mais comme il n'y en a pas, la serveuse me propose un petit café à l'orge. Elle m'assure que c'est délicieux et je me laisse tenter. C'est vrai qu'elle avait de beaux yeux. Et bien, c'est franchement mauvais et je ne suis pas prêt à recommencer. Demain le temps devrait se maintenir au beau et c'est une belle étape qui s'annonce. Je me couche à 21 h et m'endors rapidement.
Cet après midi, j'ai écrit dans mon journal de bord : "Etape dans laquelle je n'emmènerais pas grand monde. Il faut avoir le pied très sûr et rechercher l'itinéraire le plus facile aussi bien dans la montée au Col de la Sassière que dans la descente vers le Lac de San Grato. Sans doute une des étapes les plus difficiles techniquement parlant que j'ai faite jusqu'à présent". Il n'y a pas grand chose à ajouter et c'est une remarque que je pourrai faire à nouveau au moins deux fois au cours de ma randonnée en Vanoise.

Hébergement : Refuge Mario Bezzi, 0039 0165 97 129, Port 0039 348 264 1927, accueil très sympathique,       

Repas : Soupe de petits légumes, lasagnes, rôti de bœuf avec des poivrons, fromage, tarte aux pommes. Un des meilleurs repas de ma randonnée, mais le refuge est réputé pour sa cuisine. Comme il n'y avait pas de café décaféiné, je me suis laissé tenté par un café à l'orge (très bon d'après la serveuse), mais c'est vraiment pas terrible. Je ne risque pas de recommencer !
Tarifs 2015 : DP 46 € en dortoir payables en espèces. Réservation par téléphone. Pas d'arrhes.
Commodités : Douche chaude (comprise dans le prix), lavabos, toilettes assises, chambres et dortoir.
Téléphone : Free/Orange passe bien à Uselières et à Mario Bezzi.

Ravitaillement : PN : 8 €. En fait, j'ai encore du ravitaillement et j'ai juste acheté deux pommes (2 €, c'est pas donné !).


28 juillet 2015

Refuge Mario Bezzi - Refuge Benevolo

Longueur étape : 12 km

Heure départ : 7 h 50

Heure d'arrivée : 15 h 40

Durée effective de marche : 6 h 00

Dénivelée cumulée : 2340 m

Déniv. positive : 1180 m

Déniv. négative : 1160 m

Alt min : 2284 m

Alt max : 3334 m

Itinéraire (1607 Ko) - Profil (48 Ko)

7 h 50 – Refuge Mario Bezzi 2284 m
11 h 00 – Col de Bassac Deré 3082 m, pause 20 minutes
12 h 00 – Pointe de la Traversière 3334 m, pause 15 minutes
12 h 50 – Col de Bassac Deré 3082 m, pique-nique au soleil 45 minutes
15 h 40 – Refuge Benevolo 2285 m

Météo : toute la journée.

Le film de l'étape : Lever à 6 h 45 et déjeuner à 7 h. En pratique, je boucle mon sac la veille au soir et il ne reste sur mon lit que mon short, ma micropolaire et mes chaussettes de randonnée. Je dors en slip avec la carline propre du lendemain. Lorsque le réveil sonne, je n'ai plus qu'à m'habiller et à descendre déjeuner. Ensuite je me lave les dents (la brosse et le dentifrice sont dans la poche supérieure du sac), je mets mes chaussures et je pars. C'est une question d'organisation et ça va très vite. Mais ce matin le service du petit déjeuner traîne un peu et je ne démarre qu'à 7 h 50.
Le refuge est dans l'ombre, il ne fait pas bien chaud, il y a toujours un vent froid qui va devenir glacial dès que je vais dépasser les 2800 m. Une heure plus tard, j'arrive au soleil et je fais une petite pause. Le paysage est superbe et j'aperçois déjà la Pointe de la Traversière avec la grande arête qui mène à la Grande Sassière (3747 m, le troisième sommet de la Vanoise après la Grande Casse et le Mont Pourri). Le sentier est agréable et devant moi, un groupe de randonneurs d'Allibert ouvre la marche. Je les dépasse à l'occasion d'une pause et bientôt le sentier disparaît. Je cherche des cairns dans des barres rocheuses, des névés et du schiste granuleux qui glisse sous les pas.
J'arrive au Col de Bassac Deré à 11 h. Le vent est glacial et je m'arrête une vingtaine de minutes à l'abri des rochers pour me réchauffer, me reposer et manger une barre de céréales. J'ai prévu de faire un aller et retour à la Pointe de la Traversière, mais comme il n'y a personne au col, j'hésite à y laisser mon sac. Finalement, je repars avec, mais ce ne sera pas la meilleure idée de la journée !
Un vent violent et toujours aussi glacial me déporte sans arrêt sur la gauche. Je n'ai que ma micropolaire sur le dos. J'aurais dû m'arrêter, poser le sac, sortir le goretex (mais il est au fond du sac), les gants et le bonnet, remettre le sac sur mon dos... Trop compliqué, il n'y a que 250 m de dénivelée, le sommet n'est pas bien loin et je continue. Lorsque le sentier s'approche trop près du vide, je m'arqueboute pour ne pas me laisser emporter par ce vent toujours aussi violent. Il est vrai que mon gros sac lui offre une prise inattendue. L'altitude fait sentir ses effets. Je suis maintenant au dessus de 3000 m, le souffle est plus court et je respire souvent par la bouche. Et c'est sûrement en montant à la Traversière que j'ai attrapé un mal de gorge insidieux qui s'est manifesté deux jours plus tard.
J'arrive au sommet à midi pile. 250 m de dénivelée en 40 minutes, ça aurait pu être pire. Je ne regrette pas d'être venu, j'enfile rapidement mon goretex et j'admire le paysage en essayant de m'abriter du vent derrière le gros cairn du sommet. Les sommets défilent sur 360° : Aiguille des Glaciers, Mont Blanc, Dent du Géant, Grandes Jorasses, Mont Dolent, Mont Rose, Grand Paradis, Tsanteleina, Grande Casse, Grand Bec de Pralognan, Meije, Les Ecrins... Séquence émotion (il y en aura plusieurs lors de cette randonnée, c'est quasiment un pèlerinage) : je suis déjà monté deux fois à la Pointe de la Traversière. La première fois, c'était en 1989 avec Elisabeth et la seconde en 1993 avec Marythé. Nous étions partis du Saut par le Glacier de Rhêmes-Golette. A l'époque, il fallait les piolets et les crampons... Maintenant, on peut peut-être s'en passer. Je suis sidéré de voir dans quel état se trouve la face nord de la Tsanteleina que j'ai gravie en 1989 avec Serge Richermoz de Peisey-Nancroix. Elle est tout simplement méconnaissable. C'était ma première course où il fallait cramponner avec les pointes avant et poser des relais sur broches à glace. Maintenant, il n'y a tout simplement plus de neige et on ne peut plus faire cette course en été (comme bien d'autres certainement).
Il faut maintenant redescendre car il fait vraiment trop froid. J'arrive au Col de Bassac Deré une demi-heure plus tard. Il y a maintenant une quinzaine de randonneurs. Je m'installe à l'abri du vent pour pique-niquer tranquillement : viande séchée, fromage et pomme (excellente que j'ai achetée hier à Mario Bezzi, un peu cher mais il faut bien les monter...). Je repars 50 minutes plus tard après avoir bien resserré mes chaussures car une longue descente m'attend vers le Refuge Benevolo.
L'avantage maintenant, c'est que je suis à l'abri du vent. La descente est difficile au début dans du schiste très glissant, mais elle devient plus agréable ensuite sur un sentier qui serpente entre petits lacs et prairies d'altitude. Je vais même rencontrer un petit renard qui a l'air perdu. Il n'a pas l'air en très grande forme et n'hésite pas à s'approcher des randonneurs pour quémander un peu de nourriture.
Au détour du sentier, on aperçoit le refuge mais il me faudra encore une heure avant de l'atteindre. J'arrive à 15 h 40. Le gardien me met dans une chambre avec des italiens qui se sont déjà installés. Il ne reste qu'une couchette au dessus. Je lui demande s'il n'a pas une autre place en bas pour faciliter mes déplacements nocturnes. Après une rapide discussion avec un italien qui se repose, il prend un sac sur la couchette du bas et l'envoie sur celle du dessus. C'est assez expéditif comme méthode. J'étais un peu gêné de perturber l'organisation de la chambrée et je suis allé m'excuser lorsque j'ai rencontré mes cothurnes dans la salle du restaurant. En fait, il y avait deux garçons et une fille et c'est tout simplement le sac de la fille qu'il a balancé à l'étage. Tout s'est terminé dans la bonne humeur.
Je fais ma lessive en attendant que les douches soient ouvertes. J'étends mon linge sur un superbe étendage où il n'y a rien pour l'instant. J'ai trois grands fils pour moi tout seul. Il y a du vent et du soleil. Ça devrait sécher rapidement. Je n'ai pas fini d'accrocher ma carline et mon gant de toilette que je comprends vite. Le vent est tellement violent que tout s'envole aussitôt. J'ai beau mettre plusieurs pinces à linge, rien n'y fait. Il ne me reste plus qu'à tendre ma corde à l'abri du vent le long d'une annexe malheureusement à l'ombre. Je passe à la douche dans les premiers (il faut être réactif), je mets des vêtements propres et je descend dans la salle commune.
La météo n'est pas fameuse pour demain et plusieurs randonneurs modifient leur itinéraire. Ils vont comme moi au Refuge Savoia et ils vont passer par le Col Rosset au lieu du Col de Nivolettaz. Je discute un bon moment avec le guide du groupe Allibert. Il a décidé de passer quand même par le Col de Nivolettaz et de monter en aller et retour à la Punta Basei. Ça me convient parfaitement, car c'est l'itinéraire que j'avais préparé. Je suis soulagé car je ne serai pas tout seul demain et, avec le temps maussade qu'on annonce, c'est plutôt rassurant. Le repas n'a rien à voir avec celui de la veille : Potage avec du riz et d'autres choses indéterminées (peut-être des lentilles ?), sauté de dinde, purée, flan au chocolat. C'était moins cher et beaucoup mieux à Mario Bezzi. Enfin, on ne peut pas gagner à tous les coups. Je règle mon réveil à 6 h 30 et me couche vers 21 h.

Hébergement : Refuge Benevolo, 0039 0165 936 143, Port 0039 345 423 8692 Mathieu, Port 0039 349 781 7040 Micol, accueil sympathique, mais repas quelconque (sans rapport avec celui de la veille)    

Repas : Potage avec du riz et d'autres choses indéterminées (peut-être des lentilles ?), sauté de dinde, purée, flan au chocolat. Repas rustique et pas très goûteux.
Tarifs 2015 : DP 49,20 € en dortoir payables en espèces. Réservation par téléphone. Pas d'arrhes. Douche 2 €.
Commodités : Douche chaude payante, étendage extérieur.
Téléphone : Free/Orange ne passe pas.

Ravitaillement : PN : 8 €, mais j'ai encore de quoi tenir jusqu'à demain.


29 juillet 2015

Refuge Benevolo - Refuge Savoia

Longueur étape : 13 km

Heure départ : 7 h 30

Heure d'arrivée : 14 h 10

Durée effective de marche : 6 h 00

Dénivelée cumulée : 2020 m

Déniv. positive : 1140 m

Déniv. négative : 880 m

Alt min : 2285 m

Alt max : 3338 m

Itinéraire (1208 Ko) - Profil (48 Ko)

7 h 30 – Refuge Benevolo 2285 m
10 h 40 – Col de Nivolettaz 3130 m
11 h 30 – Punta Basei 3338 m
12 h 00 – Col Basei 3176 m, pause 15 minutes
13 h 00 - Pique-nique interrompu par la pluie 10 minutes
14 h 10 – Refuge Savoia 2534 m

Météo : jusqu'à 8 h 30,   jusqu'à 13 h 30,   ensuite jusqu'au milieu de la nuit.

Le film de l'étape : Lever à 6 h 30 et petit déjeuner rapide. Je pars à 7 h 30 avant le groupe Allibert. Je préfère les avoir derrière moi, comme cela en cas de problème il me suffit d'attendre... Le vent est toujours aussi froid et ce matin j'ai mis mon goretex sur ma carline, mais je suis resté en short. De toute façon, je ne mets jamais de pantalon dans la journée. Je préfère le garder de façon à avoir des vêtements propres pour le soir à l'étape. Si le mauvais temps s'installe, je mets le surpantalon qui me protège efficacement de la pluie et/ou du vent. Mais pour l'instant, ce n'est pas nécessaire et je me demande même s'il va pleuvoir. J'aperçois le groupe Allibert quitter le refuge 15 minutes après moi. Ça me laisse une bonne avance.
J'avance tranquillement sur un bon sentier. Le mauvais temps arrive plus tôt que prévu par l'ouest et au loin il pleut déjà. Un magnifique arc-en-ciel apparaît sur ma droite et je fais un petit détour pour prendre des photos. En revenant sur le sentier, j'aperçois une sente moins marquée mais avec des traces de balisage qui monte en direction du Col de Nivolettaz. J'hésite un peu et puis je le prends. Je trouve de temps en temps une balise qui me rassure, mais il ne semble guère utilisé. Mais il monte et va dans la bonne direction alors que l'autre contourne plusieurs obstacles en restant à la même altitude.
Une pluie fine apparaît vers 8 h 30. Ce n'est pas grand chose, mais comme il me faut un certain temps pour m'équiper en cas de pluie, je préfère m'arrêter et lancer les opérations : je pose le sac, je sors le surpantalon, je le mets (ça peut prendre 2 ou 3 minutes), je sors la cape de pluie, je remets le sac sur mon dos, je mets par dessus la cape de pluie et finalement je passe une petite cordelette sous le sac autour de moi pour éviter que la cape ne vole dans tous les sens quand il y a du vent. Et bien quand on s'en sort en moins de 5 minutes, on est content et il vaut mieux ne pas attendre qu'il pleuve trop fort pour s'équiper.
Le sentier a maintenant disparu, mais je rencontre de temps en temps une trace de peinture ou un cairn et je me fie à mon sens de l'itinéraire (qui ne s'apprend pas dans les livres). Petite pause vers 9 h 30 pour manger une barre de céréales (j'ai oublié de vous le dire : toujours en mettre une dans la poche du short la veille au soir !). Je jette un coup d'œil vers le bas et j'aperçois le groupe Allibert, pas plus gros que des fourmis, sur un sentier bien tracé. Je comprends alors que j'ai pris l'ancien sentier et qu'ils ont suivi le nouveau. Ce n'est pas bien grave et ça va même augmenter mon avance, car mon itinéraire monte droit dans la pente sur une ancienne moraine. Mon option est à coup sûr plus courte, même si elle est aussi plus difficile. Effectivement la suite est un peu plus compliquée. Il n'y a plus de cairns et il faut se faufiler dans des pierriers et des névés en direction du col qu'on aperçoit dans la brume.
Finalement, je retrouve un gros cairn et des traces de peinture récentes. Je comprends que je suis arrivé sur le nouveau sentier et ça me rassure, même si je n'étais pas vraiment inquiet. J'aperçois dans la brume un groupe de randonneurs qui arrivent du Col de Nivolettaz. Ils partent à droite, puis reviennent à gauche sans trop savoir par où descendre et manifestement ils cherchent leur chemin. Je les appelle et leur fais de grands signes pour les alerter. L'un d'eux m'aperçoit et le groupe me rejoint. Ce sont des hollandais et avec quelques bribes d'anglais je leur explique qu'il faut bien suivre les gros cairns. Je leur montre la direction générale et leur dis qu'ils vont bientôt rencontrer le groupe Allibert qu'on aperçoit un peu plus bas. Ils se sont arrêtés près d'un névé et j'ai l'impression qu'ils ont pris encore du retard. Il est vrai que la vitesse d'un groupe doit s'accorder sur celle du plus lent de ses membres.
J'arrive au Col de Nivolettaz à 10 h 40 et agréable surprise, il n'y a pas de vent sur l'autre versant. Par contre, il y a beaucoup de brume et la visibilité est réduite à quelques dizaines de mètres. Mais la crête qui mène à la Punta Basei est bien large et il n'y a  pas de danger. Je pars donc en direction de la pointe en suivant les conseils du guide. Je repère un peu plus loin la trace de descente vers le refuge Savoia et je planque mon sac à dos à l'abri sous un rocher. Ce n'est pas la peine de refaire la même erreur tous les jours. Ainsi allégé, je progresse plus rapidement.
Chaque fois que je vois un sommet dans la brume, je pense que je suis arrivé, mais il faut se rendre à l'évidence, il faut continuer. Je me rappelle des photos de cette pointe avec en particulier des cordes à nœuds qui permettent de franchir une dalle quasi verticale pour atteindre le sommet. Pas de corde, donc pas de pointe. En fait dans les nuages, on perd rapidement la notion des distances. J'avais oublié qu'il y a environ 1,5 km entre le Col de Nivolettaz et la Punta Basei
. A plusieurs reprises, je me dis que je vais faire demi-tour et puis, un instant plus tard, que la pointe est peut-être toute proche, quelques minutes tout au plus. Et que vais-je dire au groupe Allibert s'ils me voient redescendre ? Que j'ai rebroussé chemin ? Je n'ai pas fait toute cette crête pour renoncer au dernier moment.
Alors je continue dans le vent et le froid et finalement tout à coup j'aperçois une masse énorme dans les nuages. C'est la Punta Basei, j'en suis sûr cette fois-ci. Je suis presque arrivé, il ne reste plus qu'à l'escalader. C'est assez simple au début, mais ensuite il y a des vires à droite et à gauche sans qu'on sache vraiment par où passer. Je pars dans des vires sur la droite. Il faut mettre les mains et ça me semble assez exposé. Je suis bloqué, je redescend prudemment, je reviens en arrière, je repars à gauche vers l'arête et je découvre un passage avec une vingtaine de mètres plus loin les fameuses cordes à nœuds ! Je laisse mes bâtons et quelques minutes plus tard j'arrive près de la croix en fer au sommet. Il est 11 h 30, il ne fait pas chaud et on ne voit pas grand chose. On aperçoit quand même tout en bas vers l'est les lacs Serrù et Agnel où je passerai demain. Bon, je ne traîne pas car la journée n'est pas finie et je sais que la descente est un peu compliquée.
Une demi-heure plus tard, je retrouve mon sac. Il est midi et je préfère descendre rapidement car le temps ne s'arrange pas. Je pique-niquerai un peu plus loin. Je n'ai pas rencontré le groupe Allibert et je me dis qu'ils ne sont pas montés en direction de la Punta Basei, car je les aurais forcément rencontrés. A moins qu'ils ne fassent la sieste quelque part, mais ça m'étonnerait avec ce temps de chien.
Avec la pluie, la descente est assez casse-gueule. Le rocher est bien mouillé et il n'y a pas de sentier. Des cairns à droite et à gauche sans qu'on sache très bien lesquels suivre. C'est assez étonnant. Là où en France on trouve, même dans un terrain parfois plus difficile qu'ici, un sentier plus ou moins bien tracé avec des panneaux aux changements de direction, et bien en Italie, quelques cairns, quelques coups de pinceaux et le tour est joué. Heureusement, j'ai quand même en point de mire un groupe de randonneurs qui doit être celui d'Allibert et qui m'indique la direction générale.
Après une demi-heure et malgré les précautions d'usage, mon pied dérape sur une petite vire, je me retrouve sur le côté et je bascule sur la vire en dessous. Je m'engueule copieusement et je fais l'inventaire des dégâts avant de me relever. Finalement plus de peur que de mal, pas une égratignure. Je me relève et continue la descente. En fait, je m'apercevrai le soir que j'ai fait un bel accroc à mon surpantalon et que l'appareil photo a une belle bosse. Pourtant il était protégé dans son étui et heureusement il fonctionne normalement. Quelques jours plus tard, je vais ressentir une douleur intermittente au mollet gauche. C'est sans doute dû à cette chute. Parfois, je ressens comme une petite décharge dans le mollet, qui se répète et qui disparaît après quelques dizaines de mètres. Ça arrive aussi bien en montée qu'en descente, mais ça ne dure pas. Pour l'instant, c'est une gêne plus qu'autre chose, mais je vais prendre beaucoup de précautions pendant tout le reste de ma randonnée pour éviter d'amplifier le phénomène. J'ai trop peur d'être obligé d'abandonner comme à Briançon en 2008.
Je reprends ma descente et un peu après 13 h, les randonneurs quittent le sentier pour faire une pause dans un petit vallon. J'en profite pour pique-niquer au bord du sentier. Mais j'ai à peine eu le temps de manger deux rondelles de viande séchée que la pluie rapplique. Je remballe tout en vitesse et je repars vers le refuge. Tant pis pour le pique-nique, on verra plus tard. Peu de temps après, j'arrive près d'un grand piquet blanc. Le guide d'Allibert m'avait bien mis en garde : "Ne continue surtout pas à droite sur l'ancien sentier car tu vas rencontrer des barres rocheuses. Prends à gauche où tu trouveras un passage avec des câbles !". Je suis son conseil en le remerciant intérieurement. L'endroit était effectivement assez piégeux. Je continue et j'arrive à 14 h 10 au refuge sous une petite pluie qui dégénère en une bonne averse peu après mon arrivée.
Le Refuge Savoia est plutôt un petit hôtel et un restaurant d'altitude qu'un vrai refuge, car la route du Col de Nivolet passe devant. Il y a peu de randonneurs arrivés, peut-être trois ou quatre. Surprise agréable, je me retrouve dans une grande chambre avec un grand lit, un lavabo, un bidet et de l'eau chaude. La patronne croyait que j'étais accompagné. Elle n'avait pas répondu à mon premier mail et j'en avais envoyé un second, si bien qu'elle croyait qu'il y avait deux personnes. Je prends ma douche au bout du couloir et je lave mes affaires dans ma chambre, sauf la carline car je n'ai pas sué aujourd'hui et je sens que le séchage va être difficile avec la pluie qui redouble. J'étends ma corde à linge comme je peux et j'installe mes petites affaires. J'accroche toujours les chaussettes par les pointes. En effet, la pointe et le talon vont sécher plus vite que la partie supérieure et il me suffira de les mettre au milieu de la nuit pour finir le séchage.
Lorsque j'ai terminé la lessive, je m'installe sur ma petite table pour finir mon pique-nique et rédiger mes impressions de la journée. Finalement, il me reste encore de la viande séchée et du pain de mie. Je vais acheter des pommes pour compléter mon pique-nique de demain car l'étape va être très longue et je n'ai pas envie d'aller traîner à Val-d'Isère pour faire des courses. Je prendrai un pique-nique au Refuge du Fond des Fours pour le surlendemain. Pour l'instant, c'est surtout la météo qui m'inquiète. Je ne me vois pas bien faire cette longue étape sous la pluie et pourtant je n'ai pas le choix. Je préviens la patronne que Marythé va sans doute appeler, car là aussi le téléphone ne passe pas. J'enverrai un coup de fil demain depuis Val-d'Isère. Vers 17 h 30, je m'installe sous la couette pour une petite sieste et je mets l'alarme de mon téléphone pour ne pas rater le repas. Et bien, j'ai bien fait car c'est le téléphone qui m'a réveillé !
Le repas est servi à 19 h. Comme c'est un restaurant, chaque groupe a sa table et les individuels se retrouvent tout seuls, chacun à une table. L'inconvénient, c'est qu'on ne peut parler avec personne et l'avantage, c'est que les parts sont plus copieuses que s'il y a plusieurs convives. Je retrouve quand même deux groupes : un de l'UCPA qui était hier au Refuge Benevolo et qui est passé par le Col Rosset et le groupe Allibert qui n'est pas allé à la Punta Basei à cause du mauvais temps. Et dire que je comptais sur eux...
Le repas est pantagruélique, je n'ai jamais vu cela. Pas de la grande cuisine, mais quand même. Il y a 4 entrées (et j'ai les 4 sur ma table) : salades composées, légumes et viande froide, fromage spécial (mais un peu trop typé). Ensuite polenta avec fromage et sans fromage avec 4 types de viande : blanquette, coq au vin, tripes et un genre de bourguignon. J'ai laissé tomber la polenta sans fromage et je me suis régalé avec l'autre. Elle était légère avec du fromage gratiné et probablement pas mal de beurre. Lorsque le dessert est arrivé, je n'avais plus faim et j'ai choisi glace au fromage blanc avec des fruits rouges.
Apparemment, le temps devrait s'arranger demain, ce qui me rassure plutôt car cette étape sera un test pour moi. Elle sera longue et difficile, mais je me sens plus en forme qu'avant hier et ma petite sieste m'a fait du bien. Cette nuit, je me lèverai comme d'habitude, je scruterai le ciel et je mettrai mes chaussettes. Demain réveil à 6 h 45 et déjeuner à 7 h.

Hébergement : Refuge Savoia, 0039 0165 94 141, accueil très sympathique,       

Repas : salades composées (4 sortes), polenta (avec et sans fromage), viande (4 sortes), glace au fromage blanc et fruits rouges. Repas pantagruélique, pas très raffiné, mais vraiment bon.
Tarifs 2015 : DP 50 € en chambre seul (la patronne croyait que j'étais accompagné) payables en espèces. Réservation par téléphone. Pas d'arrhes.
Commodités : Une chambre pour moi tout seul, Douche chaude dans le couloir (comprise dans le prix), lavabo dans la chambre avec eau chaude où je peux faire la lessive (qui sèchera dans la chambre car il pleut assez fort tout l'après-midi).
Téléphone : Free/Orange ne passe pas.

Ravitaillement : PN : 9 €. Comme il me reste encore assez de ravitaillement, j'ai simplement acheté trois belles pommes pour 1 €, moins cher qu'au supermarché. Il est vrai qu'une petite route monte jusqu'au refuge.


30 juillet 2015

Refuge Savoia - Refuge du Fond des Fours

Longueur étape : 27 km

Heure départ : 7 h 15

Heure d'arrivée : 17 h 30

Durée effective de marche : 8 h 50

Dénivelée cumulée : 2980 m

Déniv. positive : 1490 m

Déniv. négative : 1490 m

Alt min : 1842 m

Alt max : 2970 m

Itinéraire (1321 Ko) - Profil (68 Ko)

7 h 15 – Refuge Savoia 2534 m
8 h 10 – Col Agnel 2508 m
9 h 00 – Refuge Pian della Ballotta 2470 m
11 h 00 – Col de la Lose 2970 m, pause 15 minutes
12 h 10 – Refuge de Prariond 2324 m, pique-nique 25 minutes
13 h 20 – Pont Saint Charles 2056 m
14 h 30 – Val-d'Isère 1842 m, pause 15 minutes
15 h 30 – Le Manchet 1952 m
17 h 30 - Refuge du Fond des Fours 2537 m

Météo : toute la journée.

Le film de l'étape : Lever à 6 h 45, déjeuner rapide et départ à 7 h 15, record battu. Aujourd'hui, c'est une longue journée et j'aurais bien aimé partir plus tôt, mais il fallait attendre le pain frais pour le petit déjeuner. Direction le Col Agnel en hors piste car il n'y a pas de sentier, mais j'ai encore en tête les descriptions de l'itinéraire lues sur internet. Le soleil ne va pas me quitter de la journée et c'est très agréable. C'est assez mouillé dans les alpages, mais avec mes grosses chaussures, je ne crains pas grand chose.
Le parcours très agréable serpente entre des mamelons rocheux et herbeux avec une jolie vue sur les sommets alentour. Ensuite, il faut descendre vers une grande prairie couverte de linaigrettes de Scheuchzer où coule une petite rivière qui collecte les nombreux ruisseaux qui dévalent des montagnes. Je me dirige vers le Col Agnel qu'on distingue facilement en contrebas, mais il faut traverser la rivière et il n'y a pas de passage. Je la remonte sur une centaine de mètres où je trouve un gué tout à fait convenable. Les pierres sont recouvertes par l'eau, mais j'ai encore une bonne marge avant de mouiller les chaussettes. L'endroit est idyllique, il n'y a personne à part une marmotte qui me regarde tranquillement. Mais je n'ai pas le temps de lui faire la causette et je poursuis mon chemin.
J'arrive au Col Agnel à 8 h 10 et je suis assez content de moi. Je n'avais pas de carte détaillée et mon sens de l'orientation ne m'a pas fait défaut. Petite pause pour prendre en photo quelques edelweiss (j'en rencontrerai assez peu cette année). On domine les lacs Agnel et Serrù que j'ai aperçus hier depuis la Punta Basei. Sur ma droite je distingue à mi-pente une petite sente qui mène à l'alpage Serrù près duquel je dois passer. Je descends prudemment par un sentier raide qui se dirige vers le lac Serrù et je renonce à rejoindre la petite sente que j'ai aperçue depuis le col. Il faudrait s'engager dans des éboulis trop instables et je préfère ménager mon mollet gauche. Je descends donc un peu plus bas et je rejoins un chemin empierré qui conduit à l'alpage.
Je tombe sur une vieille ferme avec quelques vaches, des chiens agressifs et deux vieux qui sortent en les entendant aboyer. Spectacle incroyable, on se croirait revenu au Moyen-Âge, c'est sale et il y a des bouses de vache partout. Les deux vieux ne parlent pas un mot de français et on n'arrive pas à se comprendre. Finalement, je traverse la ferme avec les chiens sur mes talons et, après avoir coupé à travers champs, je retrouve le sentier qui monte du Lac Serrù et qui conduit au Refuge Pian della Ballotta.
Je l'aperçois soudain au détour du sentier. J'avais déjà vu des photos sur internet, mais c'est saisissant. Il ressemble à un nid d'aigle accroché dans la paroi et il y a des câbles sur le sentier qui permettent d'y accéder en toute sécurité. Construit en 1940, il a servi de garnison pendant la guerre et il a été restauré en 1969. Il est fermé et semble même abandonné. En fait, il n'est pas gardé et reste ouvert l'hiver d'octobre à mai. Par contre, il est fermé l'été de juin à septembre et il faut récupérer la clé dans un bar ou un refuge des environs. Je continue au dessus du refuge, toujours avec des câbles pour passer un important verrou glaciaire et arriver au Pian della Ballotta, une grande combe fermée par une barrière rocheuse, qui constitue la frontière entre la France et l'Italie.
Devant moi, un autre randonneur s'arrête un instant pour observer un gros bouquetin qui traverse un névé, puis monte sur une arête rocheuse d'où il nous observe tranquillement. Nous échangeons quelques paroles, si l'on peut dire, car c'est un italien et il ne parle pas français. Mais il est très sympathique et on arrive vite à se comprendre. Il monte au Col de la Lose qu'il connaît bien puisque c'est une de ses ballades habituelles. On va pouvoir faire la route ensemble et je n'aurai pas à me préoccuper de l'itinéraire. En effet, je sais que le sentier mène aussi au Col de la Vache et je ne pense pas que la bifurcation soit bien indiquée. On a le même rythme et on arrive tranquillement (façon de parler) au pied des vires câblées (sur au moins 50 mètres de dénivelée) qui mènent au Col de la Lose. On fait une pause, on boit un bon coup et on prend quelques photos avant d'attaquer la dernière montée le long des câbles.
On arrive au Col de la Lose à 11 h. La vue est magnifique de tous les côtés avec une belle table d'orientation. On aperçoit la Grande Motte, la Grande Casse, les glaciers de la Vanoise, le Grand Bec de Pralognan et même la Grande Aiguille Rousse où nous sommes montés en 2002 avec Laurence, Marythé et Pierre. Je vous le disais que c'était un pèlerinage. On aperçoit au loin Val-d'Isère où je dois passer avant de monter au Refuge du Fond des Fours. Ça me paraît bien loin, mais chaque chose en son temps. L'italien redescend vers l'Italie et moi vers la France. On se souhaite bonne chance et je descend rapidement vers le Refuge de Prariond où j'arrive un peu après midi.
Je m'installe au soleil à une table devant le refuge, commande un coca cola et pique-nique rapidement devant les marmottes qui amusent petits et grands comme d'habitude. Comme le téléphone passe bien, j'envoie quelques SMS à la famille, mais je ne m'attarde pas. Jusqu'ici, tout s'est plutôt bien passé, mais la route est encore longue. Je repars en direction du Pont Saint Charles. Dans les gorges de l'Isère, je photographie un bouquetin vraiment pas farouche. Il prend la pose à une dizaine de mètres du sentier et on pourrait croire qu'il a passé un contrat avec l'Office de Tourisme !
Nouvelle pause au Pont Saint Charles pour me désaltérer. Je repars et, au bout d'une minute, je sens qu'il me manque quelque chose. J'ai tout simplement oublié mes bâtons sur le banc. Heureusement, ce n'est pas bien loin et je me répète une nouvelle fois qu'après chaque arrêt je dois systématiquement vérifier que je n'ai rien laissé. Je me souviens avoir oublié mes tennis en Corse au dessus du Cirque de la Solitude en 2006 après mon pique-nique et j'ai été très heureux qu'un randonneur me les rapporte le soir à l'étape. Il les avait trouvé au bord du sentier !
Je n'ai pas beaucoup de solutions pour rejoindre Val-d'Isère. La plus facile est de suivre la route pendant 1,7 km avant de prendre un petit sentier qui rejoint la rive gauche de l'Isère. Je traverse Le Fornet où il y a de superbes maisons restaurées (on sent qu'il y a de l'argent dans le hameau), puis je longe la rivière jusqu'à la Chapelle Saint Jean dans les faubourgs de Val-d'Isère. Il est 14 h 30 et il ne me reste plus qu'à remonter au Refuge du Fond des Fours, mais c'est au fond des fonds et ce n'est pas tout près. Je m'accorde une bonne pause et en profite pour téléphoner à Marythé. La journée se passe bien, il fait beau, je vais à mon rythme, je ralentis dans les montées, j'accélère dans les descentes et je ne ressens pas de fatigue particulière.
Je repars vers le Manchet au fond de la vallée et je rencontre dans un champ des "Highland Cattle", ces vaches écossaises rustiques et résistantes qui s'adaptent facilement aux terrains difficiles qu'elles entretiennent naturellement. J'arrive au dernier parking à 15 h 30 et j'attaque calmement le sentier qui monte au refuge. Il y a pratiquement 600 m de dénivelée, les panneaux indiquent 1 h 50 et j'y arrive à 17 h 30. Nouvelle séquence émotion : c'est la troisième fois que je viens dans ce refuge. La première fois, c'était en 1999 et la seconde fois en 2004 avec les copains de l'INSA pour faire la Pointe de Mean Martin. Le refuge n'a pas changé. Je suis bien content car la journée s'est beaucoup mieux passée que je l'aurais imaginé. Il fait quand même plutôt frais, presque froid, car je suis remonté à 2500 m et le soleil s'est caché derrière les montagnes.
Je suis accueilli par Jean Thomas, le gardien du sud-ouest, un peu bourru au départ, mais très sympathique par la suite. Il était en train de travailler à l'entretien du refuge lorsque je suis arrivé. Et je suis son seul client de la soirée. Il n'y a pas de douche, mais il me propose une bouilloire d'eau chaude pour mes ablutions dans le petit cabinet de toilette. Je me dépêche car il ne fait pas chaud. Pas de lessive ce soir, je vais prendre mon deuxième change et on verra demain à Bessans.
Jean Thomas a deux aides pour la saison : Agnès, une jeune fille des Arcs curieuse, qui n'a pas sa langue dans sa poche et chantonne tout le temps, et Jean Charles, originaire de Martigné-Ferchaud à une quarantaine de km au sud-est de Rennes. On dîne tous les quatre ensemble, comme à la maison, et la discussion ne tarit pas. Jean Thomas connaît assez bien Norbert Silvin qui vient faire du ski de randonnée par ici au printemps. Ça me change de ma soirée en solitaire au Refuge Savoia et j'en suis très content. Mais j'imagine que s'il y avait une dizaine de randonneurs ce soir, le gardien aurait moins de temps à passer avec ses clients. Ils veulent tout savoir, d'où je viens, où je vais, mes différentes étapes, par où je vais passer, comment je prépare mes randonnées... Je sors mes cartes et leur explique mon itinéraire en détail. Ils sont étonnés d'apprendre mon âge et me donnaient à peu près 60 ans. Le repas est simple et bon. Ici, il n'y a pas de route et il faut tout monter à dos d'homme ou de femme, car Agnès fait aussi les portages.
Je redoutais cette étape, une étape de vérité après les 3 premiers jours. Finalement, elle a été assez intense, je ne me suis pas beaucoup arrêté, mais je n'ai jamais été en difficulté. L'entraînement forcé des premiers jours a dû porter ses fruits. La forme semble être là, à part cette gêne au mollet qui me tracasse de temps à autre. Je pense (rétrospectivement à tort) que les deux étapes qui viennent seront assez tranquilles (par rapport à celle d'aujourd'hui) et qu'elles vont me permettre de peaufiner ma condition physique.
Je regagne mon couchage, seul dans le dortoir. Il fait vraiment froid et je ne pourrai pas compter sur la chaleur animale des autres randonneurs pour réchauffer la chambrée. Je plonge rapidement sous les couvertures et contrairement à mes habitudes, je ferai mon sac demain matin.

Hébergement : Refuge du Fond des Fours, Jean Thomas ARA, 06 08 46 89 89, accueil très sympathique,    

Repas : Potage de légumes, viande, riz, fromage et coupe de fruits frais. Repas simple, mais bon.
Tarifs 2015 : DP 41 € en dortoir payables par chèque ou espèces. Réservation par téléphone. Pas d'arrhes.
Commodités : Pas de douches, cabinet de toilette, étendage extérieur.
Téléphone : Free/Orange passe très bien, car du refuge on voit les pistes de Val-d'Isère.

Ravitaillement : PN : 9 €. Il me reste encore assez de ravitaillement pour demain.


31 juillet 2015

Refuge du Fond des Fours - Bessans

Longueur étape : 23 km

Heure départ : 7 h 40

Heure d'arrivée : 15 h 50

Durée effective de marche : 7 h 40

Dénivelée cumulée : 2820 m

Déniv. positive : 1010 m

Déniv. négative : 1810 m

Alt min : 1730 m

Alt max : 3072 m

Itinéraire (1059 Ko) - Profil (52 Ko)

7 h 40 – Refuge du Fond des Fours 2537 m
8 h 50 – Col des Fours 2976 m
9 h 15 – Pointe des Fours 3072 m
9 h 35 – Retour au Col des Fours 2976 m
10 h 30 – Pont de la Neige 2528 m
11 h 30 – Arrêt pique-nique (30 minutes) à l'ombre d'un chalet aux Parses vers la cote 2143
14 h 10 – Pont du Vallon 2240 m
15 h 50 – Gîte d'étape Le Petit Bonheur 1730 m

Météo : toute la journée.

Le film de l'étape : Lever à 6 h 30 pour avoir le temps de ranger mon sac car je n'ai pas eu le courage de le faire hier soir, il faisait trop froid. Petit déjeuner en tête à tête avec Jean Thomas. Malgré son air bourru, il s'inquiète pour moi et me dit que l'étape sera longue. Il veut que je l'appelle en arrivant à Bessans pour le rassurer. Ça me touche car c'est bien la première fois qu'un gardien me le demande. Et moi qui le prenais pour un ours hier en arrivant...
Il fait froid avec toujours un vent glacial. Il a gelé pendant la nuit et je mets directement le goretex par dessus la micropolaire. Je prends quelques photos (en particulier du Mont Pourri, de l'Aiguille des Glaciers et de Tré-la-Tête), je salue le gardien et ses aides et je pars à 7 h 40. Je monte à un bon rythme pour me réchauffer car je suis encore dans l'ombre. Je suis quand même obligé de m'arrêter en cours de route pour mettre mon bonnet et mes gants en polaire. Le soleil vient me réchauffer un peu avant le Col des Fours où j'arrive à 8 h 50.
J'ai prévu de monter sur la Pointe des Fours en aller et retour pour admirer le paysage, mais je prends quand même mon sac car Jean Thomas m'a suggéré une variante pour redescendre ensuite vers le Pont de la Neige. De toute façon, ce n'est pas bien loin et j'y arrive 20 minutes plus tard par un sentier très bien marqué. La vue est superbe sur 360 ° et tout y est : Grand Paradis, Pointe de Mean Martin, Grande Casse, Glaciers de la Vanoise, Mont Pourri et toute la chaîne du Mont Blanc. Je ne regrette pas d'être venu, c'est sublime. Je jette un coup d'œil sur la variante de Jean Thomas, mais je n'y vois qu'éboulis sans aucune trace et je ne suis pas sûr que le chemin soit plus court. Je
laisse tomber, je reviens au col et y rencontre un randonneur. On se prend en photo mutuellement et je pars vers le Pont de la Neige, qui se trouve sur la route du Col de l'Iseran du côté de la Maurienne.
C'est manifestement le point de départ de plusieurs randonnées dans ce vallon, car plus je descends et plus je rencontre de randonneurs, certains bien équipés et d'autres en tennis. J'arrive au Pont de la Neige vers 10 h 30 et je continue vers la Maurienne par le GR 5 (qui traverse les Alpes de la Méditerranée jusqu'au Lac Léman et bien au delà, mais on n'a jamais fait ce tronçon là avec Jacques). Et bien, depuis que je suis sur le GR 5, je ne rencontre plus personne !
Le sentier s'enfonce dans une gorge où des chaînes facilitent le passage avant de déboucher dans le large Vallon de la Lenta. Il fait très chaud et vers 11 h 30 je m'arrête pour pique-niquer à l'ombre d'un petit chalet en bordure du chemin. C'est un peu tôt, mais je dois traverser un petit pont (que j'aperçois) avant de remonter dans les alpages et je ne vois pas d'ombre à l'horizon. Il vaut mieux que je m'arrête maintenant et que je reprenne des forces. Je m'aperçois que j'ai pris des coups de soleil derrière les mollets et comme il y a toujours beaucoup de vent, je ne m'en suis pas rendu compte. J'espère que je ne serai pas obligé de terminer ma randonnée en pantalon comme en Corse !
Je repars bien reposé et rassasié. Je monte tranquillement en plein soleil (mais j'ai mis de la crème). Le sentier balcon domine la vallée de l'Arc et les villages apparaissent peu à peu : Bonneval sur Arc, La Bessannaise (un village vacances où nous sommes allés avec Marythé faire de la raquette en 2007) et enfin Bessans. Mais le sentier suit les accidents de terrain, monte un peu puis redescend, part au fond d'un vallon, revient... C'est beaucoup plus long que je le pensais et il me faudra encore plus de 3 heures avant d'arriver. Il fait toujours très chaud et je ralentis l'allure en descendant sur Bessans car mon mollet me rappelle à l'ordre de temps en temps. Je n'ai rencontré que 2 randonneurs, un couple d'au moins 75 ans, près du chalet des Buffettes. J'arrive finalement à Bessans à 15 h 50 après avoir remonté tout le village avant d'arriver au gîte.
Je suis très bien reçu par la patronne qui me conduit dans ma chambre. C'est en fait un appartement avec une mezzanine qui doit être loué l'hiver aux amateurs de ski de fond et de raquettes. Il y a une salle de douche avec un lavabo. Comme il fait beau et qu'il y a du vent, mon premier travail est de faire ma double lessive puisque je ne l'ai pas faite hier. Un étendage parapluie complètement vide me tend les bras. Ensuite je prends une bonne douche et je joue au pédicure. J'appelle Marythé et Jean Thomas pour leur dire que je suis sain et sauf.
Et puis je vais faire mes courses car je n'ai plus de ravitaillement. Heureusement il y a un Sherpa pas loin, mais je ne vais pas trouver grand chose. Le pain de mie n'est pas terrible (et il vient d'Allemagne), il n'y a pas de viande séchée, ni de saucisson maigre. Finalement, je dois retourner au fond du village pour trouver un saucisson maigre (et il s'avèrera qu'il n'est pas terrible). J'achète aussi quelques yaourts et un coca cola pour me rafraîchir dans ma chambre. Le sac va être un peu plus lourd demain. Je dois aller à Termignon en passant par la montagne. Pour des étapes de transition, c'est plutôt raté.
Repas royal à 19 h 30 : Je commence par une belle part de tarte au fromage, œufs et lardons, bien soufflée et aérée. Je continue par un dessus de cuisse de pintadeau au vin et des crozets au fromage. Je termine par du gâteau de Savoie aux myrtilles. Il y a peu de clients et pas de randonneurs. En fait, le gîte est situé sur la route qui mène à Bonneval sur Arc et il doit être référencé principalement sur des guides de motards. Ils font souvent les routes des grands cols en été et je me retrouve avec des motards allemands qui aiment bien la bonne chère (et la bière à en juger par leur bedaine). Après avoir discuté un peu avec le patron, un ancien randonneur qui a les genoux en compote, je vais me coucher vers 21 h comme d'habitude.

Hébergement : Gîte d'étape Le Petit Bonheur, 04 79 05 06 71, accueil très sympathique,       

Repas : Tarte au fromage, œufs et lardons ; dessus de cuisse de pintadeau au vin, crozets au fromage, gâteau de Savoie aux myrtilles. Repas royal.
Tarifs 2015 : DP 54,20 € en chambre + TS 0,20 € payables par chèque ou espèces. Réservation par téléphone. Arrhes 10 € par chèque non encaissé.
Commodités : Douche chaude (comprise dans le prix) et cabinet de toilette dans la chambre, étendage extérieur. J'ai une belle chambre pour moi tout seul.
Téléphone : Free/Orange passe très bien.

Ravitaillement : Au village près du gîte, il y a une supérette Sherpa moyennement approvisionné. Il faut que je fasse tout le village pour trouver un saucisson maigre (pas terrible en plus) et ici ils ne connaissent pas la viande séchée présentée sous forme de saucisson. Je fais quelques provisions que je complèterai le lendemain à Termignon et qui me permettront d'aller sans problème jusqu'au Refuge des Lacs Merlet.


1er août 2015

Bessans - Termignon

Longueur étape : 21 km

Heure départ : 7 h 45

Heure d'arrivée : 14h 00

Durée effective de marche : 4 h 45

Dénivelée cumulée : 1140 m

Déniv. positive : 360 m

Déniv. négative : 780 m

Alt min : 1280 m

Alt max : 1780 m

Itinéraire (1210 Ko) - Profil (51 Ko)

7 h 45 – Gîte d'étape Le Petit Bonheur 1730 m
10 h 40 – Lanslevillard 1500 m
11 h 15 – Lanslebourg Mont-Cenis 1399 m, pique-nique et pharmacie une heure d'arrêt
14 h 00 – Termignon 1280 m

Météo : alternance de et toute la journée et une partie de la nuit.

Le film de l'étape : Il est 6 h 45 quand je mets le nez à la fenêtre... Il pleut vraiment bien. La guigne ! Je me prépare tranquillement et je regarde la carte IGN. Après réflexion, je pense pouvoir aller à Termignon en descendant la vallée. Effectivement, il y a le GR5E encore appelé le "Chemin du Petit Bonheur" qui va pratiquement de Bonneval-sur-Arc à Termignon. Nous en avons fait une partie en raquettes lorsque nous avons passé une semaine à Bessans en 2007 avec Marythé. C'est davantage un chemin qu'un sentier, mais je ne vais pas faire la fine bouche. J'en discute au petit déjeuner avec le patron du gîte. Il consulte la météo et m'annonce qu'il va pleuvoir pendant toute la journée. Ici le plafond est bas et j'imagine ce que cela peut être sur les crêtes. Les sentiers vont être glissants et j'avais au programme au moins 1200 m de dénivelée négative.
La décision est vite prise : je vais passer par la vallée, ce qui va mettre mon mollet au repos, et je vais pouvoir faire une halte à la seule pharmacie du secteur, celle de Lanslebourg, pour y acheter des pastilles pour la gorge car j'éternue de plus en plus. J'appelle Marythé pour lui communiquer mon changement de programme. En y regardant de plus près, j'ai vraiment de la chance : c'est quasiment la seule étape de tout mon circuit où je peux trouver une variante qui me permet d'éviter les difficultés sans modifier le point d'arrivée. Du coup, je vais avoir "une vraie étape de repos" avant d'attaquer des étapes plus techniques, voire plus difficiles autour de Pralognan.
Je pars à 7 h 45 avec ma micropolaire, mon goretex et mon surpantalon. Une demi-heure plus tard, il faut déjà sortir la cape de pluie. Je reconnais certains passages où nous sommes venus en hiver, en particulier le Pont du Ribon, où le guide nous avait parlé d'un couple d'aigles royaux qui nichent dans les falaises au dessus du torrent. Le chemin est agréable car les cantonniers ont fauché la végétation sur une largeur de 3 mètres. La pluie se transforme petit à petit en crachin, puis cesse vers 9 h 15. J'aperçois même un petit coin de ciel bleu et je me demande si je n'ai pas appliqué le principe de précaution de façon un peu trop stricte. Mais l'accalmie ne dure pas et la pluie reprend. Je remets la cape de pluie.
En descendant sur Lanslevillard par le "Chemin des Sarrazins", je découvre près d'une petite cascade un bloc de marbre noir de 40 cm de haut avec l'inscription "Napoléon 1er - 1808". Je suis intrigué, mais l'esprit occupé par d'autres choses, j'oublie de demander la signification de cette petite stèle à l'Office de Tourisme de Lanslebourg (et pourtant, je vais pique-niquer à côté dans l'abri-bus). J'ai envoyé un mail à la mairie de Lanslevillard qui m'a gentiment répondu que cette borne a été installée pour le parcours jeux « Le Trésor de Landry » qui se découvre en famille sur la commune. Un livret remis aux participants présente le thème du jeu : Landry était un habitant de Lanslevillard qui travaillait dans les mines de Maurienne. Au fil du temps il constitua un trésor composé de 9 pièces provenant de plusieurs époques du riche passé de la vallée… Tu es à la recherche des 9 pièces de ce trésor ! Landry décède il y a bien longtemps. Avant de mourir il cache ses pièces afin qu’elles ne tombent pas entre de mauvaises mains. Il laisse un carnet où sont rédigées des énigmes. Le carnet commence par ces mots: "A Toi qui veux mon trésor retrouver, Et les neuf pièces rassembler. Une seule façon d'y arriver : Les neufs énigmes, tu dois décoder !" Tu es un chercheur de trésor. Tu dois retrouver les pièces en répondant à des énigmes qui t’indiqueront leur emplacement sur ton parcours. Une très bonne idée pour découvrir l'histoire régionale en se baladant en famille.
J'arrive à Lanslebourg à 11 h 15 en descendant par la route du Col du Mont-Cenis et je passe devant l'appartement qu'on occupait en février 2012 lorsque nous sommes venus faire du ski avec Laurence, Pierre, Axel, Tristan et Solène. Je me souviens en particulier d'Axel, les yeux écarquillés à la fenêtre, regardant les dameuses tous phares allumés qui refaisaient les pistes à la tombée de la nuit. Par contre surprise désagréable, la petite combe où se rassemblaient tous les cours de ski est maintenant occupée par un immeuble en construction et il ne reste pas beaucoup de place...
Je passe à la pharmacie acheter des pastilles pour ma gorge et je vais pique-niquer tranquillement dans l'abri-bus à côté de l'Office de Tourisme. C'est une grande cage en verre, on est bien à l'abri du vent, on voit les voitures et les gens qui passent, c'est distrayant. Evidemment, tout le monde peut aussi me voir, mais je suis bien propre et on voit sans difficulté que je suis un randonneur bien élevé. J'ai même une serviette de table ! Les prévisions météo semblent bonnes pour le reste de la semaine, mais en soirée la gardienne du gîte de Termignon, Murielle Bantin, va doucher mon enthousiasme en me disant qu'ils se trompent souvent ! On verra.
Je repars à 12 h 15 pour Termignon en retrouvant le Chemin du Petit Bonheur. C'est un chemin forestier qu'on empruntait en redescendant par la piste de la Traverse depuis le télésiège de la Turra. Une demi-heure plus tard, je remets la cape de pluie et ce n'est pas pour rien. Les chaussures sont bien protégées par le surpantalon, mais j'ai l'impression que la cape de pluie n'en peut plus. L'eau s'infiltre par les coutures et je me dis qu'il faudrait bien investir dans une cape de bonne qualité. J'en connais bien une, mais il faut mettre un peu plus de 100 € et on se dit que ça ne vaut peut-être pas la peine, pour une petite pluie de temps en temps, l'ancienne devrait faire l'affaire et on remet toujours à la prochaine fois.
J'arrive au gîte à Termignon vers 14 h sous une pluie battante. Malheureusement il est encore fermé, pourtant la gardienne m'avait assuré au téléphone que je pourrais prendre une douche en attendant son arrivée vers 16 h. Je l'appelle sur son portable et elle répond aussitôt. Elle est en train de faire du ménage à l'école du village et vient m'ouvrir. Soulagement ! J'ai un grand dortoir pour moi tout seul, il n'y a qu'un autre pensionnaire dans une chambre particulière.
Ensuite c'est la routine habituelle : la douche et la lessive. Je tends ma corde à linge pour faire sécher la cape de pluie, le goretex et la carline. Je vais laver seulement le slip et les chaussettes, car il pleut toujours et l'humidité ambiante ne va pas faciliter le séchage du linge. D'ailleurs pour accélérer le séchage des chaussettes, je les pends toujours par la pointe. L'eau va progressivement descendre vers le bas, si bien qu'au milieu de la nuit, la pointe, la plante de pied et le talon seront pratiquement secs. La partie qui remonte sur le mollet sera peut-être encore humide, mais il suffit de mettre les chaussettes sur soi pour qu'elles finissent de sécher.
Comme il n'y a pas de restauration au gîte, je pars faire les courses au Casino du coin : petit déjeuner du lendemain, yaourts et thé à la pêche pour les 4 heures. Je réserve également un restaurant pour ce soir, car celui qui se trouve à côté du gîte est complet. C'est vrai qu'on est samedi et qu'il est recommandé tous les ans par le Routard. Je dîne à la Grange Gourmande, restaurant qui est ouvert depuis une semaine seulement. Il est tenu par la sœur de Murielle Bantin à la cuisine et son compagnon au service. En fait, il est fermier le matin et aubergiste le soir. Il a un troupeau de vaches de races Tarine et Abondance, qu'il faut traire matin et soir. Il a rénové lui même cette ancienne grange (il y a encore l'écurie au dessous) avec bon goût et simplicité. Le repas est typique de la région : assiette régionale (salade, beaufort, jambon cru et noix), tartiflette et faisselle avec du coulis aux fruits rouges. C'est simple et vraiment très bon. Une bonne adresse. Je rentre au gîte et me couche à 21 h 40.

Hébergement : Gîte d'étape La Para, Murielle Bantin, 04 79 20 51 45, 06 73 39 00 13, bon accueil,    

Repas : Le gîte ne fait pas de restauration. J'ai dîné à la Grange Gourmande, un restaurant ouvert très récemment par la sœur de la gardienne. Excellent repas typique : assiette régionale (salade, beaufort, jambon cru et noix), tartiflette et faisselle avec du coulis aux fruits rouges. Une très bonne adresse à un prix abordable (24 € quand même avec une demi-bouteille de San Pellegrino).
Tarifs 2015 : DP 15 € en dortoir payables par chèque ou espèces. Réservation par téléphone. Pas d'arrhes.
Commodités : Un dortoir de 6 personnes pour moi tout seul, douche chaude (comprise dans le prix) et WC à l'étage, cuisine en libre service, cabinet de toilette où on peut faire la lessive (eau chaude). J'ai installé ma corde à linge dans le dortoir.
Téléphone : Free/Orange passe sans problème.

Ravitaillement : Il y a un petit Casino au village où j'ai acheté des yaourts et de quoi préparer mon petit déjeuner.


2 août 2015

Termignon - Refuge de la Fournache

Longueur étape : 17 km

Heure départ : 7 h 10

Heure d'arrivée : 14 h 00

Durée effective de marche : 5 h 50

Dénivelée cumulée : 1710 m

Déniv. positive : 1370 m

Déniv. négative : 340 m

Alt min : 1280 m

Alt max : 2462 m

Itinéraire (634 Ko) - Profil (50 Ko)

7 h 10 – Termignon 1280 m
10 h 20 – Arrivée sur le sentier balcon du GR5 à la cote 2358
10 h 30 – La Croix 2377 m
12 h 00 – Pique-nique à la limite du Parc National de la Vanoise vers la cote 2214, 45 minutes
14 h 00 – Refuge de la Fournache 2330 m

Météo : toute la journée.

Le film de l'étape : Il a plu jusqu'au milieu de la nuit, mais le temps s'est bien amélioré lorsque je me lève à 6 h. Il y a des brumes résiduelles mais on sent que le soleil n'est pas bien loin. Après des ablutions rapides, je range mes affaires qui sont à peu près sèches et je prépare mon petit déjeuner : lait chaud, 2 pains au chocolat et un yaourt. J'hésite un moment, mais finalement je mets mon surpantalon surtout pour protéger mes chaussures et je pars un peu après 7 h. Je vais rejoindre le sentier balcon du GR5 par une combe peu fréquentée (que la gardienne m'a même déconseillée, mais la variante qu'elle me proposait me faisait faire un trop grand détour) et il est possible que ce soit bien mouillé avec tout ce qui est tombé hier.
Un quart d'heure après être sorti du village, le soleil chauffe déjà et je m'arrête pour ôter le surpantalon, sinon c'est ma sueur qui va couler dans les chaussures ! J'arrive à la ferme de l'Ouille un peu avant 8 h et comme le sentier a déjà disparu, je vais aux renseignements. C'est une petite maison basse avec une dizaine de poules, deux chèvres, un mulet, un chien (plutôt tranquille), un homme d'une cinquantaine d'années et son fils, le tout sorti tout droit des années 1930. Le père très sympathique m'indique tout de suite des raccourcis intéressants. Il me dit de monter tout droit dans son pré et je pourrai retrouver le sentier à la lisière de la forêt. Il me conseille aussi de remonter directement dans le lit du Ruisseau de la Bonne Nuit vers 1800 m d'altitude pour éviter un grand détour par le sentier et gagner presque un kilomètre.
Je remonte le long de son champ en étant accompagné par ses chèvres et effectivement je retrouve au dessus le sentier qui s'enfonce dans la forêt. La montée à l'ombre est régulière et agréable. Je repère les traversées des torrents et j'arrive au Ruisseau de la Bonne Nuit. Je quitte alors le sentier et monte en rive gauche dans une pente herbeuse et caillouteuse assez raide. C'est plus physique que je ne le pensais. Sur la carte, ça paraît assez court, mais en fait il faut remonter le ruisseau sur un peu plus d'un kilomètre. Au bout d'un long moment, j'aperçois des marques de balisage à mi-pente sur ma gauche. C'est sans doute le sentier et je décide de le rejoindre directement, car la progression dans le vallon n'est pas facile. Mais je ne regrette pas mon effort car j'ai dû gagner une vingtaine de minutes. Et puis de toute façon, j'adore le hors piste !
J'arrive sur le GR5 un peu moins de 3 heures après le départ si je décompte les pauses en cours de route, ce qui fait une moyenne de 350 m de dénivelée à l'heure sans trop forcer. J'en profite pour faire un petit détour à La Croix où on devrait avoir une belle vue sur Termignon. Mais les brumes matinales qui montent de la vallée ne permettent pas de voir grand chose. Tout près, il y a un troupeau de moutons gardé par deux patous qui ne m'ont pas repéré (ou alors ils ont fait semblant de ne pas me voir). Ce n'est pas la première fois que j'en rencontre et je sais me faire oublier quand c'est nécessaire. La première fois que j'ai rencontré des patous, c'était en 2008 avec Jacques près du refuge de Longon. Ils étaient très impressionnants et nous n'en menions pas large. Depuis, j'ai appris à les connaître et je sais comment procéder avec eux.
Je déroule tranquillement sur le sentier balcon que j'ai déjà emprunté avec Marythé et les copains de l'INSA quand nous avons fait le tour des glaciers de la Vanoise en 2006. Superbe point de vue sur les Ecrins. J'arrive aux ruines de la Turra sous le Roc des Corneilles. C'est le début d'une zone intéressante de rochers en cargneule. Les cargneules sont des brèches, le plus souvent formées aux dépens de bancs de dolomie car cette roche est particulièrement cassante. Elles se repèrent aisément à leur couleur orangée, à leur texture criblée de cavités et à leur relief qui donne souvent des pitons ruiniformes. Je décide de faire une pause pique-nique à l'ombre d'un grand renfoncement dans une falaise à la limite du Parc National de la Vanoise vers la cote 2214. C'est à l'ombre et il y a un grand tronc d'arbre posé sur des rochers. Je croyais avoir trouvé l'endroit idéal, mais ce n'était pas une bonne idée. D'abord, il y a un petit vent assez frais, plutôt désagréable, et j'aurais mieux fait de rester au soleil. Ensuite, le tronc est lisse et arrondi et tout ce que je pose dessus a tendance assez rapidement à dégringoler à droite ou à gauche. Une fois installé, j'ai eu la flemme de chercher un autre endroit et je m'en suis accommodé. Au menu : pain, saucisson maigre (mais qui commence à couler quand même), babybel et pomme.
Je continue tranquillement et j'arrive au Refuge de la Fournache à 14 h. Il fait un grand soleil et après m'être installé dans un grand dortoir, je prends une douche bien assez chaude. En fait la température n'est pas réglable et le chauffe eau solaire a bien fait son travail. Un petit thermostat permettrait quand même d'économiser un peu d'eau chaude. Ensuite grande lessive dans le bachal (car j'en ai fait le minimum hier), étendage à l'extérieur, le soleil et le vent vont se charger du séchage. Je passe quelques SMS pour prévenir de mon arrivée et puis je ne résiste pas à une crêpe à la crème de marrons en rédigeant mes impressions journalières.
Pendant ce temps là, un jeune couple est arrivé au refuge. Leur allure me fait tout de suite penser à des sportifs qui s'entraînent pour des courses en montagne. En fait ce sont deux chasseurs alpins, le garçon du 7ème BCA de Varces près de Grenoble et la fille du 27ème BCA d'Annecy (ou l'inverse...). Ils profitent d'une permission pour venir randonner léger en Vanoise. On sympathise facilement (nous sommes les seuls randonneurs ce soir), ils me parlent de leur métier et moi de mon itinéraire. Le repas est assez moyen sauf la soupe qui est excellente. Le bœuf bourguignon aurait mérité de mariner une nuit avant de passer à la cocotte car il est assez ferme, pour ne pas dire plus.
Après un petit génépi offert par la gardienne (elle voulait peut-être se faire pardonner), je prépare mon sac et je vais me coucher vers 21 h 30, après un dernier coup d'œil sur le Col de la Masse juste en face du refuge par où je vais passer demain. Cette étape sera une des plus longues avec un passage hors sentier par le Col du Ravin Noir (qui devrait être assez délicat) avant de rejoindre le Refuge de Péclet Polset par le Col de Chavière. Beaucoup de hors piste et d'inconnu, même si j'ai lu quelques topos sur internet. La nuit est passable car je tousse assez souvent malgré mes pilules...

Hébergement : Refuge de la Fournache, 06 09 38 72 38, accueil sympathique,       

Repas : Excellente soupe aux légumes, bœuf en sauce genre bourguignon, purée mousline, fromage et crème caramel + un petit verre de génépi offert par la gardienne. Repas simple, mais assez moyen à part la soupe.
Tarifs 2015 : DP 39,40 € en dortoir payables par chèque ou en espèces. Réservation par internet. Arrhes 10 € prélevées par internet. Douche 2 €.
Commodités : Douches chaudes payantes, on peut faire la lessive dans le bachal (étendage extérieur). Je suis seul avec deux jeunes militaires dans un grand dortoir.
Téléphone : Free/Orange passe très bien.

Ravitaillement : PN : 9,50 €, mais je n'en ai pas besoin puisque j'ai ravitaillé à Bessans.


3 août 2015

Refuge de la Fournache - Refuge de Péclet Polset

Longueur étape : 14 km

Heure départ : 7 h 00

Heure d'arrivée : 14 h 50

Durée effective de marche : 6 h 40

Dénivelée cumulée : 2270 m

Déniv. positive : 1200 m

Déniv. négative : 1070 m

Alt min : 2208 m

Alt max : 2940 m

Itinéraire (491 Ko) - Profil (49 Ko)

7 h 00 – Refuge de la Fournache 2330 m
7 h 25 – Pont de la Sétéria 2208 m
9 h 35 – Col de la Masse 2922 m
10 h 30 – Col du Ravin Noir 2940 m
11 h 50 – Pique-nique à proximité du Lac de la Partie vers 2500 m, 40 minutes
12 h 40 - Lac de la Partie 2456 m
13 h 45 – Col de Chavière 2796 m
14 h 50 – Refuge de Péclet Polset 2474 m

Météo : toute la journée.

Le film de l'étape : Je me lève à 6 h 10 et je prépare mon sac sans réveiller mes amis chasseurs alpins. Lorsque je mets le nez dehors à 6 h 30, le soleil vient caresser le Rateau d'Aussois, la lune au dessus va bientôt s'effacer et le Col de la Masse est encore dans l'ombre. Je vais prendre mon petit déjeuner et je pars vers 7 h. Descente tranquille vers le Pont de la Sétéria pour franchir le Ruisseau de Saint Benoît qui descend du Fond de l'Aussois. C'est ici que commence la montée au Col de la Masse. Dix minutes plus tard, j'arrive au soleil et c'est bien agréable. Une marmotte est déjà sortie de son terrier et profite des premiers rayons. Je fais une pause pour me désaltérer et ôter ma micropolaire.
Un randonneur d'environ 45 ans me rattrape et on échange quelques politesses. Il me dit qu'il va passer par le Col du Ravin Noir et ça m'intéresse beaucoup, car les récits sur internet indiquent qu'il s'agit d'un passage difficile en hors piste plutôt réservé à des randonneurs expérimentés. Il repart avant moi, mais je l'ai toujours en ligne de mire, car il s'arrête régulièrement, reste immobile pendant environ une minute (comme s'il reprenait son souffle) et repart. Et ceci pendant toute la montée au col. Je me suis demandé s'il n'avait pas un cardiofréquencemètre qui le rappelait à l'ordre de temps en temps. La montée se passe assez tranquillement, même si le cheminement devient un peu plus difficile avant d'arriver au col. Je fais des pauses régulièrement et je monte à mon rythme car je pense (à tort) que la journée sera longue.
J'arrive au Col de la Masse vers 9 h 30, mais mon randonneur est déjà redescendu de l'autre côté. Après une petite pause, je contourne le piton rocheux appelé "La Masse" par la droite (j'avais vu des photos sur internet) tandis que mon randonneur est passé par la gauche. Je pensais trouver ensuite une trace à mi-pente en direction du Col du Ravin Noir, mais j'ai galéré dans des éboulis de gros blocs, des pentes schisteuses raides et glissantes, avec de temps en temps de vagues traces qui s'évanouissaient brusquement. Je monte comme je peux, parfois j'escalade et je retrouve mon randonneur au sommet. En regardant derrière moi, je me rends compte que son option semble plus facile. Il a emprunté le sentier de descente jusqu'au pied de "La Masse" et puis il est remonté dans des pentes herbeuses et rocheuses jusqu'à la dernière partie en schiste. Lorsque je regarde les photos, je pense qu'on peut probablement éviter une partie de cette zone schisteuse en passant sur le flan sud du col.
On discute encore un moment et comme il va au Col de Chavière (comme moi), il m'explique qu'on peut éviter de redescendre jusqu'au Lac de la Partie et qu'on peut rejoindre le GR55 qui monte au Col de Chavière en contournant la barre rocheuse vers la cote 2731 sur la carte IGN. Il part dans cette direction. Après réflexion, même si son option semble intéressante, je décide de rester sur l'itinéraire que j'ai prévu initialement car je sais que, s'il m'arrive quelque chose, les secours me chercheront sur cet itinéraire là et pas forcément ailleurs. J'en profite pour faire une bonne pause, maintenant que les difficultés sérieuses sont passées. Je mange un peu, me désaltère et n'oublie pas de mettre une bonne couche de crème solaire en particulier sur les mollets. Je repars et à quelques dizaines de mètres sous le sommet, je trouve du génépi. Je suis sûr que j'aurais pu trouver d'autres brins en cherchant bien, mais j'en ai suffisamment à la maison.
Je préfère descendre tranquillement sur une sente assez bien marquée dans une partie schisteuse raide. Plus bas, j'arrive dans des zones herbeuses où je pense pouvoir progresser plus facilement, mais des amoncellements de blocs gros comme des maisons forment parfois des barrages difficiles à franchir. Essayer de les traverser ou les contourner... Le choix n'est pas facile et je ne suis pas sûr d'avoir toujours trouvé la bonne solution. Finalement, je m'arrête vers 2500 m d'altitude à l'ombre d'un gros rocher d'où je peux contempler à mes pieds le Lac de la Partie qui est un but de promenade pour de nombreux randonneurs. Il y a du monde en cette belle journée.
Je prends mon temps et surprise, au bout d'un moment, j'aperçois mon randonneur qui déambule au bord du lac. Il était pourtant bien parti pour le contourner. Je pense qu'il s'est égaré à un moment ou à un autre et qu'il est redescendu vers le lac. Pourtant, quand je regarde sur la carte, sa solution me semble parfaitement viable, à condition de bien louvoyer entre les différentes barres rocheuses, ce qui nécessite une bonne carte, une boussole et un altimètre. Si je reviens un jour dans le secteur, ce serait une idée de randonnée intéressante car ça doit bien passer à mon avis. Je repars vers 12 h 30, descend vers le lac et retrouve le sentier du Col de Chavière que je remonte tranquillement en plein soleil.
J'arrive au col vers 13 h 45 (où nous étions passés avec Jacques en 2009) et la première chose qui me saute aux yeux, c'est le Mont Blanc. Et puis en cherchant bien, j'aperçois le Refuge de Péclet Polset (il n'y a plus que de la descente) et le Col des Fonds où je dois passer demain. C'est encore une variante hors sentier que j'aimerais bien emprunter, mais d'ici le col paraît bien raide et on ne voit pas de sentier. Chaque chose en son temps, j'en parlerai au gardien du refuge et on verra plus tard.
Je descend et retrouve le fameux champ de cairns qu'on ne trouve qu'ici. Il y a des centaines de cairns, de toutes les tailles, certains assez classiques et d'autres très originaux. Je continue ma descente, passe à côté d'un petit lac où des randonneurs se reposent et j'arrive au Refuge de Péclet Polset à 14 h 50. Je suis content car la journée s'est bien passée.
Je m'installe dans le dortoir (où je peux encore choisir ma couchette, car il y a déjà un premier groupe de randonneurs), je vais passer quelques coups de téléphone à 200 m du refuge près de l'antenne qui pointe vers Pralognan, je fais ma lessive et puis j'attends pour prendre ma douche car elles n'ouvrent qu'à 16 h 30. J'arrive un peu avant, mais il y a déjà deux personnes qui font la queue. Trois minutes plus tard, on est déjà six ! Après une douche rapide (il y a un minuteur et il faut penser à ceux qui attendent), je ne résiste pas à une grosse part de tarte aux fruits rouges avec de la chantilly (je me dis que je l'ai bien méritée) et je rédige mes impressions journalières. Je demande des renseignements au gardien sur le Col des Fonds. Il me rassure en me confirmant que c'est une bonne idée. Il sait que des randonneurs l'empruntent quelquefois, mais il n'a pas de conseils particuliers sur l'itinéraire.
Le repas est servi à 19 h et il est très copieux. On commence par une excellente soupe de légumes (mais trop poivrée, et c'est une habitude, car tous les randonneurs que je rencontrerai ultérieurement me diront la même chose), lasagnes et salade à volonté, fromage et gâteau avec une mousse au myrtilles. Il y a un cuisinier qui s'y connaît bien en pâtisserie car tout est fait sur place. Je me ressers plusieurs fois (de la soupe et des lasagnes) car c'est vraiment bon et la soupe permet de compenser les pertes en eau de la journée. Il est vrai que je ne suis pas un gros buveur, mais il m'arrive quelquefois de vider mes deux litres d'eau.
J'étais à table à côté d'un groupe d'alpinistes qui partaient faire le Dôme de Polset le lendemain avec un guide de Pralognan très sympathique, Antoine Roze. Après le repas, j'en profite pour lui demander conseil sur mon idée de variante par le Col de l'Arcelin pour monter à la Réchasse. J'avais envoyé plusieurs mails au gardien du Refuge du Col de la Vanoise qui m'avait renvoyé au Bureau des Guides de Pralognan, mais je n'avais pas eu de réponse. Aussitôt le guide me dit qu'il se rappelle de mes mails et qu'il pensait qu'on m'avait répondu. Il me dit qu'il n'est jamais passé par là, mais que le passage que je veux prendre sous le glacier de l'Arcelin emprunte des dalles polies par le glacier peut-être glissantes, que c'est sans doute assez pentu (environ 30 °)... Bref, il conclut "Ça peut passer, mais faut pas tomber !". Il me conseille de passer plus haut sur le glacier avec une paire de crampons, mais je n'en ai pas et il y a peu de chances que j'en trouve. Finalement, je pense que je vais abandonner cette variante et jouer la sécurité comme je l'ai toujours fait. Mais dans ma tête, je me dis que si je reviens un jour à Pralognan, j'irai voir si ça passe ou non. Vous voyez que ce ne sont pas les projets qui manquent. Je monte me coucher vers 21 h 30 en pensant déjà au lendemain.

Hébergement : Refuge de Péclet Polset, 04 79 08 72 13, 06 63 68 46 92, accueil très sympathique,    

Repas : Soupe de légumes bonne mais trop poivrée (et il y en a qui en rajoutent), lasagnes et salade verte à profusion, fromage, gâteau avec une mousse aux myrtilles (faite par le pâtissier du refuge). Repas très copieux et bon.
Tarifs 2015 : DP 49,55 € en dortoir payables par chèque ou en espèces. Réservation par internet. Arrhes 10 € prélevées par internet. Douche 2 €.
Commodités : Douches chaudes payantes mais ouvertes à partir de 16 h 30 seulement (queue obligatoire), lavabos où on peut faire la lessive (eau froide et étendage extérieur). Je me retrouve dans le même dortoir qu'en 2006 lorsque nous sommes venus faire le Dôme et l'Aiguille de Polset avec les copains de l'INSA.
Téléphone : Free/Orange passe assez bien près de l'antenne  à 200 m du refuge.

Ravitaillement : PN : 9 €. En fait, j'ai encore assez de ravitaillement pour demain. Je demande simplement au gardien si je peux acheter une pomme et il va m'en offrir une grosse gracieusement.


4 août 2015

Refuge de Péclet Polset - Refuge des Lacs Merlet

Longueur étape : 13 km

Heure départ : 7 h 00

Heure d'arrivée : 14 h 30

Durée effective de marche : 6 h 20

Dénivelée cumulée : 1930 m

Déniv. positive : 940 m

Déniv. négative : 990 m

Alt min : 2300 m

Alt max : 3021 m

Itinéraire (535 Ko) - Profil (50 Ko)

7 h 00 – Refuge de Péclet Polset 2474 m
8 h 50 – Col des Fonds 2907 m
9 h 15 – Pointe des Fonds 3021 m
9 h 40 – Col des Fonds 2907 m
11 h 35 – Pique-nique (45 minutes) vers 2400 m à environ 800 m avant la bifurcation vers le Col de Chanrouge (cote 2352)
12 h 50 – Col de Chanrouge 2529 m
14 h 30 – Refuge des Lacs Merlet 2417 m

Météo : jusqu'à midi,  jusqu'à 14 h et   ensuite jusqu'au soir.

Le film de l'étape : Lever vers 6 h 15, petit déjeuner et départ tranquille à 7 h. Le soleil est bien timide ce matin et ça ne va pas durer bien longtemps. Le temps va se couvrir vers 8 h et il est prévu de petites pluies en milieu de journée. Il n'y a pas un souffle d'air et les montagnes alentour se reflètent à la surface du Lac Blanc qui porte bien son nom. Son eau « laiteuse » provient des particules minérales en suspension (farine glaciaire) résultant de l’action érosive du glacier. Le spectacle est magique et j'en profite pour faire quelques photos. Je continue sur le sentier vers le Col du Soufre jusque vers 2500 m.
Je le quitte ensuite en montant sur la droite dans une combe herbeuse bien accueillante. Pas de traces, pas de cairns, c'est l'aventure. Je traverse un grand plateau et j'aperçois en face de moi un vaste entonnoir de schiste pas très accueillant. Après une observation attentive, je décide de passer sur la droite où des vires herbeuses et rocheuses doivent me permettre de progresser plus facilement et d'atteindre une crête que je suivrai sur la gauche pour me rapprocher du Col des Fonds. Je surprend un bouquetin et j'arrive sur la crête. J'aperçois le col sur ma gauche, mais un pierrier raide et pas facile en défend l'accès. Il n'y a pas de questions à se poser, je dois passer par là. Par endroit, j'ai l'impression de rencontrer d'anciennes traces, mais la progression n'est pas facile, car les pierres roulent sous les pieds.
J'arrive enfin au Col des Fonds à 8 h 50. Le temps n'est pas beau, surtout vers le nord là où je vais. J'avais l'intention de monter en aller et retour à la Pointe des Fonds et j'hésite un peu. Je ne suis pas venu jusqu'ici pour faire de la figuration, alors je pose mon sac au col et j'y vais sans perdre de temps. L'ascension est assez facile, mais je reste prudent car c'est quand même raide par endroits et il faut mettre les mains de temps en temps. J'arrive au sommet 25 minutes plus tard. Le panorama est exceptionnel et quelques rayons de soleil font une timide apparition. On aperçoit la Grande Casse sous les nuages, le Glacier de Gébroulaz (où je vois plusieurs cordées en train de redescendre du Dôme et de l'Aiguille de Polset), l'Aiguille de Péclet, la Pointe de l'Echelle et le Col de Chavière, le Refuge de Péclet-Polset et le Lac Blanc, le Col du Souffre et la Combe du Mont Coua... On retrouve sur le Col du Soufre des formations géologiques particulières qu'on observe très bien depuis la Pointe des Fonds. Par la forte présence de gypse (blanc) et de cargneules (orangées), le Col du Soufre tranche avec son environnement, dominé par du gneiss, de couleur grisâtre. Mais il est temps de redescendre car il me semble bien qu'il pleut déjà vers l'Aiguille du Fruit au dessus de Méribel.
Je suis de retour au Col des Fonds à 9 h 40, je reprends mon sac et je m'engage vers le Passage des Eaux Noires. Progression chaotique avec quelques névés et des gros blocs instables. J'arrive enfin au point coté 2787
à l'entrée de la Combe du Mont Coua où je retrouve les formations orangées caractéristiques des cargneules avec par endroits de grandes plaques d'ardoise. Le temps est maussade et ça commence à bruiner. Je décide de mettre mon surpantalon pour ne pas être pris au dépourvu. Je descends dans un pierrier orangé pas trop difficile. Il n'y a pas de sentier, mais un cairn de temps en temps indique par où il faut passer.
Vers 11 h 35, j'arrive en bas de la combe et je m'installe pour le pique-nique pendant qu'il ne pleut pas. Je mets sécher le surpantalon (davantage humide à cause de la transpiration que de la pluie, même si je l'ai bien ouvert sur les côtés), mon goretex et mange tranquillement. Je repars 45 minutes plus tard en direction du Col de Chanrouge après avoir rangé le surpantalon dans le sac. Le col n'est pas loin, puisque j'y arrive une demi-heure plus tard. Mais une petite pluie s'est mise à tomber en montant au col. Ce n'étaient que quelques gouttes au début et j'ai accéléré l'allure en me disant que je mettrais le surpantalon en arrivant au col. Mais comme il pleuvait de plus en plus, il était trop tard pour le mettre et j'ai simplement passé ma cape de pluie. Finalement, je me suis arrêté 20 minutes plus tard pour mettre le surpantalon, quitte à me mouiller un peu, de façon à bien protéger mes chaussures. Évidemment, la pluie s'est arrêtée une demi-heure plus tard. Ce jour là, la gestion de mon équipement de pluie a été calamiteuse : j'ai mis le surpantalon quand ce n'était pas vraiment nécessaire et je ne l'avais pas quand il le fallait ! Ce n'est pas grave, la pluie n'était pas bien forte, rien à voir avec Termignon.
Comme j'avais rangé la carte dans mon sac, je n'avais pas beaucoup de repères et le temps m'a semblé bien long avant d'arriver au Refuge des Lacs Merlet à 14 h 30. C'est un petit refuge typique du Parc National de la Vanoise, mais vraiment rustique : pas de douche, pas de lavabo, un bachal où se laver et faire sa lessive, une seule pièce avec des couchages à gauche et des tables pour le repas à droite. Par contre, il y a des toilettes sèches de la dernière génération avec un tapis roulant actionné par une pédale qui achemine directement les matières solides vers une chambre de compostage. Je me déshabille complètement pour me laver dans le bachal en me dépêchant car il ne fait pas chaud et je ne voudrais pas être taxé d'exhibitionnisme. Je fais ensuite une lessive simplifiée en espérant qu'elle sèche d'ici demain. Il y a un petit étendage à l'extérieur, mais le taux d'humidité est tellement important que je rentre assez rapidement mes affaires à l'intérieur du refuge où le copain de la gardienne a allumé le feu. On est quand même à 2417 m d'altitude !
Il y a un groupe d'une bonne dizaine de hollandais avec des gamins turbulents que les parents emmènent se promener lorsqu'ils deviennent insupportables. Deux renards quasiment apprivoisés rôdent autour du refuge et viennent chercher un peu de nourriture. En fait ils n'ont pas de prédateurs dans le parc et sont habitués à la présence humaine. Je sympathise avec un groupe de 5 randonneurs que j'ai rencontrés hier au Refuge de Péclet Polset et qui sont venus par le sentier classique du Col du Soufre.
Repas à 19 h comme d'habitude : Soupe à l'oignon, un diot, polenta et crozets nature, tome de montagne, beaufort, flan à la vanille. Ce n'est pas très copieux et pas très goûteux, mais la cuisine n'est pas prévue pour servir des repas à un nombre important de randonneurs. Il y a 14 couchages en bas, tous occupés par les hollandais, un autre couple et moi. La gardienne très sympathique a réussi à me trouver une petite place en bas tout près de la cuisine. Le groupe des 5 randonneurs est logé dans les combles grâce à une échelle de meunier située dans la cuisine. La place est vraiment comptée.
Je sais que demain l'étape sera longue. Je vais descendre vers le Ruisseau des Avals, monter au Petit Mont Blanc, redescendre sur Les Prioux et remonter ensuite au Refuge de la Valette. Comme le beau temps devrait revenir, je crains un peu la montée au Refuge de la Valette en plein après-midi et je voudrais partir vers 7 h, c'est-à-dire me lever vers 6 h 15. Comme c'est un peu tôt pour les autres randonneurs, en particulier les hollandais avec leurs enfants, la gardienne me prépare mon petit déjeuner dans un thermos que je mangerai dans la salle commune sans faire trop de bruit. Il me reste encore un peu de ravitaillement et je lui demande seulement un tout petit pique-nique qu'elle me prépare pour 4 €. Je vais me coucher vers 21 h 30 dans mon petit coin. A côté de moi, il y a une petite fille de 7 ou 8 ans qui n'arrête pas de bouger pendant la nuit. Finalement, je me tourne sur le côté et lui oppose un rempart de mon dos pour préserver mon espace vital. Nuit tranquille avec quelques visites aux toilettes de luxe.

Hébergement : Refuge des Lacs Merlet, 04 79 06 56 76, 06 62 39 72 69, Corine Excoffier, accueil très sympathique,    

Repas : Soupe à l'oignon, un diot, polenta et crozets nature, tome de montagne, beaufort, flan à la vanille. Repas très simple, plus que moyen qui ne restera pas dans les mémoires.
Tarifs 2015 : DP 43 € en dortoir payables par chèque ou espèces. Réservation par téléphone. Pas d'arrhes.
Commodités : Pas de douches, toilettes sèches, bachal où on peut se laver et faire la lessive (petit étendage extérieur).
Téléphone : Free/Orange ne passe pas du tout.

Ravitaillement : PN : 10 €. La gardienne m'a préparé un demi pique-nique pour 4 €, car j'avais encore quelques restes.


5 août 2015

Refuge des Lacs Merlet - Refuge de la Valette

Longueur étape : 18 km

Heure départ : 7 h 00

Heure d'arrivée : 15 h 20

Durée effective de marche : 6 h 40

Dénivelée cumulée : 2690 m

Déniv. positive : 1430 m

Déniv. négative : 1260 m

Alt min : 1711 m

Alt max : 2680 m

Itinéraire (577 Ko) - Profil (52 Ko)

7 h 00 – Refuge des Lacs Merlet 2417 m
7 h 30 – Chalets de la Grande Val 2160 m
8 h 35 – Col des Saulces 2456 m
9 h 10 – Petit Mont Blanc 2680 m, pause 30 minutes
10 h 00 – Col du Mône 2533 m
11 h 30 – Les Prioux 1710 m, pique-nique 50 minutes
15 h 20 – Refuge de la Valette 2590 m

Météo : toute la journée.

Le film de l'étape : Lever à 6 h 15 comme prévu. Après une toilette de chat, je déjeune sans faire trop de bruit dans la salle commune et je pars à 7 h. Le soleil n'est pas encore là et il fait frisquet, mais ce n'est pas plus mal pour marcher. Mon premier objectif de la journée, le Petit Mont Blanc, me tend les bras, mais avant de l'atteindre, j'ai 260 m de dénivelée à descendre et 500 m à remonter. Je passe au Refuge du Grand Plan (qui était fermé pour la saison) et j'arrive rapidement aux Chalets de la Grand Val où le laitier est déjà au travail dans une petite fruitière d'alpage.
Il ne reste plus qu'à remonter vers le Petit Mont Blanc. Devant moi, un chemin d'alpage monte tranquillement vers le Col des Saulces. Pendant un instant, je me demande si je ne vais pas essayer de couper à travers les alpages, mais je n'ai pas l'impression que ça va vraiment me faire gagner du temps. Il y a pas mal de rosée ce matin et mes chaussures préfèrent rester sur la piste. J'avance à un bon rythme et j'arrive près d'une petite mare avec le soleil. Pause boisson avec quelques photos des linaigrettes et du Petit Mont Blanc qui se reflète dans l'eau. Ici aussi, deux options : couper dans les alpages pour rejoindre directement le Col du Mône (et ne pas passer au Petit Mont Blanc où je suis déjà monté plusieurs fois) ou bien passer au Col des Saulces et monter au Petit Mont Blanc. Je ne suis pas en retard sur mon horaire, je connais bien la suite de l'itinéraire et je n'ai pas de raison valable de ne pas monter au Petit Mont Blanc. Je continue en direction du Col des Saulces, ça m'arrange bien car ça me permet de rester au soleil et j'aurai une bonne surprise plus haut.
J'arrive au Petit Mont Blanc un peu après 9 h. Pourquoi ce nom ? Peut-être pour sa vague ressemblance avec le Mont Blanc dont on aperçoit la fière silhouette vers le nord, plus sûrement à cause de la couleur blanche des affleurements de gypse dont le sommet est constitué. Le gypse est une roche blanche, d'aspect saccharroïde, parfois flammée de rouge, massive et/ou disposée en lamines. Il s'est principalement déposé à l'époque triasique (plus précisément au Trias supérieur). Le gypse est très soluble sous l'action des eaux météoriques et assez peu résistant à la charge car ses cristaux n'ont, entre eux, qu'une faible cohésion. Il s'y forme une variété de relief karstique caractérisé par l'effondrement des piliers séparant les cavités : les entrées d'avens s'y transforment en "entonnoirs de dissolution", formant souvent des espaces à "relief lunaire" sur d'assez grandes surfaces. La Crête du Mont Charvet au dessus de La Croix près de Pralognan est un autre bel exemple de cette particularité géologique.
Au sommet, je rencontre un autre randonneur de la Drôme avec qui je discute un moment. Il regarde mes chaussures, me demande la marque et ce que j'en pense, prend ma carte IGN et essaie de voir où on se trouve en concluant : "De toute façon, je n'y connais rien !". Assez comique. Il a repéré un parapentiste qui va décoller un peu plus loin et nous y allons ensemble. Et là aussi, il presse le parapentiste de questions, lui demande comment fonctionnent ses instruments... L'autre est en pleine préparation et je me demande s'il ne va pas l'envoyer balader. Mais non, il reste très concentré, étale sa voile avec précaution, écarte les petites pierres qui pourraient s'accrocher dans les suspentes, vérifie ses instruments de vol et surveille la direction et la force du vent qu'un de ses amis lui indique à l'aide d'un morceau de rubalise. Le vent est assez faible et un peu de travers. Le parapentiste attend calmement pendant plusieurs minutes que le vent tombe et envisage même de changer de site d'envol s'il ne cesse pas. La préparation est impressionnante et l'attente dure un bon moment. On sent qu'il risque sa vie si quelque chose ne va pas. Il s'élance enfin dans une autre dimension pour un vol sans doute inoubliable.
Après cet intermède d'une demi-heure, je quitte le sommet à 9 h 40 et je descend au Col du Mône en cheminant parmi des entonnoirs et des piliers de gypse. J'y arrive rapidement, resserre mes chaussures et attaque la longue descente vers Les Prioux. Je croise de plus en plus de monde car la montée au Petit Mont Blanc est une randonnée très prisée. Il y a un peu plus de 800 m de dénivelée et je ménage autant que possible mes genoux et mon mollet. J'arrive aux Prioux vers 11 h 30. Il fait très chaud et je décide de pique-niquer ici avant la longue remontée vers le Refuge de la Valette. Je cherche une place à la terrasse d'un restaurant, mais il y a beaucoup de monde et je ne suis pas sûr qu'ils acceptent les pique-niques. Finalement, je m'installe à l'ombre sur le seuil d'un vieux chalet et je déjeune en prenant tout mon temps : pain, saucisson maigre, babybel, mars, compote en gourde. Je trouve des containers où je peux mettre ma poubelle que je trimballe depuis Termignon.
Je repars à 12 h 20 pour le Refuge de la Valette avec presque 900 m de dénivelée en plein soleil. Je connais bien le sentier que j'ai emprunté au moins trois fois avec Marythé, Pierre, Laurence et les copains de l'INSA. Je monte tranquillement en m'hydratant pratiquement toutes les demi-heures. Des pluies fortes ont emporté la passerelle sur le Torrent des Nants à la cote 2046. On aperçoit les ouvriers qui mettent en place une nouvelle passerelle et il faut faire un bon détour en rive gauche par le sentier balcon qui va vers le sud ouest en direction de Montaimont. Vers 2170 m, on quitte le sentier pour traverser à gué les nombreux ruisseaux et rejoindre le Chalet des Nants. Difficile de ne pas mouiller les chaussures en plein après midi, les glaciers donnent tout ce qu'ils peuvent et c'est parfois assez sportif.
J'arrive enfin au Refuge de la Valette à 15 h 20, monter en trois heures me rassure sur ma forme. Le paysage est magnifique avec tous les sommets alentour : Grande Casse, Grand Bec de Pralognan, Dôme et Aiguilles de Péclet Polset. Il y a beaucoup de monde, même si tous les randonneurs ne vont pas dormir ici ce soir. Je suis même obligé de faire la queue pour m'inscrire près de la gardienne, Sylvie Richen. Elle est installée sur la terrasse à l'ombre sous un parasol. Elle garde le refuge depuis 1985, c'est donc sa trentième saison ! Je le savais car je l'avais lu sur le site internet du refuge. Je commence par la féliciter et parler un peu avec elle de son métier, ce qui me met un peu dans ses petits papiers, avant de prendre mes quartiers au dortoir.
Il y a une douche chaude payante et il faut recommencer à faire la queue. L'attente est un peu longue, mais en discutant avec la personne qui en sort, je comprends que l'eau chaude ne fonctionne pas si bien que cela. Le chauffe eau à gaz ne démarre pas à tous les coups et elle m'explique quelques trucs pour le stimuler. Je confirme, ça ne marche pas bien. J'aurai quand même une petite minute d'eau tiède pour me rincer mais pas plus. Je n'en demande pas plus et j'en avais bien besoin, car j'ai beaucoup transpiré pendant cette longue montée. La gardienne me prête une bassine pour faire ma lessive près du bachal et je peux la faire sécher sur un grand étendage derrière les chalets. Avec le vent chaud, ce ne sera qu'une formalité. Deux heures plus tard, tout est sec. Je cherche ensuite un endroit où le téléphone passe correctement et j'en trouve un près de la crête en direction du sud.
Ensuite, suivant les bonnes habitudes, je m'installe à l'ombre dans la salle commune, je commande un coca cola, je déguste une tartelette aux myrtilles (bien moins bonne que celle de Péclet Polset) et je rédige mon compte-rendu journalier. C'est devenu une routine depuis le départ et je n'ai pas eu le temps de toucher aux sudokus que j'avais emportés. Je demande quelques conseils à Sylvie sur la variante que j'envisage demain du côté du Petit Marchet. A priori, ça devrait passer mais il y a eu de fortes pluies dernièrement et elle pense que j'aurai peut-être des difficultés pour franchir les ruisseaux issus des deux grandes cascades dans le Cirque du Grand Marchet. Je garde l'information en mémoire en me disant qu'on verra bien demain au dernier moment. De toute façon, j'ai abandonné l'idée de passer par le Col de l'Arcelin en suivant les conseil d'Antoine, le guide de Pralognan, rencontré au Refuge de Péclet Polset.
Le repas est servi à 19 h : un excellent potage aux légumes, un copieux petit salé aux lentilles, du fromage et une crème caramel. Comme il manque un randonneur à notre table, on a un peu de rab et j'en profite largement. Il faut recharger la machine à randonner. J'ai demandé mon petit déjeuner à 6 h 30 et je vais me coucher vers 21 h. Ce soir je tousse assez souvent, mais comme il ne reste que 4 jours de randonnée, je pense que je vais bien tenir jusque là.

Hébergement : Refuge de la Valette, 04 79 22 96 38, Sylvie Richen, accueil très sympathique,    

Repas : Potage aux légumes (excellent), petit salé aux lentilles, fromage, crème caramel. Repas copieux et bon.
Tarifs 2015 : DP 42 € en dortoir + TS 0,25 € payables par chèque ou espèces. Réservation par internet. Arrhes 10 € prélevées par internet. Douche 2 €.
Commodités : Douche chaude payante (quand ça marche...), bachal où on peut faire la lessive (étendage extérieur).
Téléphone : Free/Orange passe assez bien.

Ravitaillement : PN : 8,50 €. Comme je n'ai plus de ravitaillement, je vais prendre un pique-nique dans chaque refuge.


6 août 2015

Refuge de la Valette - Refuge du Col de la Vanoise

Longueur étape : 12 km

Heure départ : 7 h 10

Heure d'arrivée : 13 h 50

Durée effective de marche : 5 h 40

Dénivelée cumulée : 1890 m

Déniv. positive : 920 m

Déniv. négative : 970 m

Alt min : 1881 m

Alt max : 2590 m

Itinéraire 819 Ko) - Profil (50 Ko)

7 h 10 – Refuge de la Valette 2590 m
7 h 45 – Embranchement de la variante vers le Petit Marchet 2420 m
8 h 05 – Petit col à l'est du Petit Marchet 2480 m
8 h 40 – Traversée des ruisseaux issus des grandes cascades 2330 m
9 h 10 – Col du Grand Marchet 2490 m, pause 15 minutes
10 h 50 – Intersection avec le sentier qui monte depuis Pralognan 1881 m, pause 10 minutes
12 h 00 – Pique-nique vers 2220 m, 40 minutes
13 h 50 – Refuge du Col de la Vanoise 2516 m

Météo : toute la journée.

Le film de l'étape : Lever à 6 h 15 et petit déjeuner à 6 h 30. Après avoir récupéré mon pique-nique et échangé quelques amabilités avec Sylvie, je démarre à 7 h 10 pour une étape finalement assez courte dont je connais tout le parcours à part la variante par le Petit Marchet. Je ne sais pas encore si je vais prendre cette variante, car la gardienne me semblait plutôt réservée hier à cause des fortes pluies des jours précédents.
Vers 2420 m sur un replat après la descente sous la falaise du Roc du Tambour, je rencontre un gros cairn avec le sentier habituel qui descend vers la gauche et une vague trace qui continue tout droit. Un coup d'œil sur la carte me convainc qu'il s'agit bien de la variante par le Petit Marchet. Il fait grand beau et je sais que cette variante va m'éviter de redescendre jusqu'à 2200 m d'altitude avant de remonter au Col du Grand Marchet. Si je prends la variante, il faudra que je redescende également vers les cascades, mais je vais quand même éviter 260 m de dénivelée cumulée. Et puis de toute façon, comme je ne connais pas du tout cet itinéraire, l'occasion est trop belle de le découvrir et je n'hésite pas beaucoup.
Le sentier est peu pratiqué, mais assez visible quand même. Il se faufile dans une barre rocheuse puis remonte vers un petit col à l'est du Petit Marchet vers 2480 m avant de disparaître complètement. Quelques cairns me guident dans les barres rocheuses qui descendent dans le Cirque du Grand Marchet. La rosée matinale rend les rochers assez glissants et malgré toutes mes précautions, mon pied gauche part sur une petite dalle en pente et je me retrouve allongé sur le côté avec une belle éraflure le long du mollet. Mais plus de peur que de mal, l'éraflure est superficielle, il n'y a même pas une goutte de sang et il n'y avait aucun danger dans cette partie peu pentue. Si je m'en suis bien tiré, ce n'est pas la même chose pour mon appareil photo. Il se trouve dans son étui de protection accroché à la ceinture du sac sur le côté gauche et il a pris le choc de plein fouet. A l'intérieur de l'étui, j'ai une batterie de rechange qui a violemment percuté et cassé l'écran de l'appareil. Mais comme l'appareil marche toujours, je ne m'en suis pas aperçu immédiatement et je ne m'en rendrai compte que le lendemain. Comme il a 8 ans déjà et seulement 5 MPixels, je me console en me disant que ce sera l'occasion de le changer.
Je retrouve un sentier bien tracé dans le Cirque du Grand Marchet. Il est un peu chahuté au passage des deux torrents issus des cascades, mais il n'est que 8 h 30 et le débit n'est pas très important. Quelques cairns permettent de le retrouver après la traversée du second torrent. On voit d'ailleurs très bien le sentier d'assez loin et il suffit d'anticiper un peu et de prendre quelques points de repère pour éviter de le perdre. Le sentier remonte contre la paroi rocheuse et rejoint le sentier classique à quelques virages du sommet du Col du Grand Marchet.
J'arrive au col vers 9 h 10 et je m'octroie une longue pause pour profiter du panorama. Je descends très prudemment dans le Cirque du Dard car le départ de la descente est très raide, schisteuse et glissante. Je fais quelques pauses pour observer la montée au Col de l'Arcelin par où je pensais passer avant les mises en garde d'Antoine. Il paraît rébarbatif dans sa partie haute (c'est souvent comme ça quand on observe un col de loin),
mais ça devrait passer (j'ai déjà lu des récits sur internet) et il me semble qu'il y a même une vague trace dans la première partie de la montée. Si je reviens un jour à Pralognan, il faudra que je vienne y faire un tour, quitte à redescendre si ça ne passe pas plus haut sur les dalles du Glacier de l'Arcelin.
Je continue ma descente dans le goulet entre le Grand Marchet et la Petite Aiguille de l'Arcelin. Les conditions ont un peu changé depuis mon dernier passage. La passerelle métallique qu'un hélicoptère vient mettre en place à la fin du printemps a été déplacée un peu plus bas sans doute à cause des avalanches. Le sentier a été modifié et passe maintenant dans les dalles polies par le glacier. Elles sont équipées de chaînes et de fers scellés dans le rocher comme dans une via ferrata. Je descends toujours aussi prudemment car mon mollet gauche me rappelle à l'ordre assez souvent.
J'arrive au bas de la descente à l'embranchement des sentiers à 10 h 50 et, après une pause réconfort à l'ombre, je remonte la Combe de l'Arcelin en direction du Refuge du Col de la Vanoise. A midi, je trouve au bord du torrent un gros rocher à l'abri duquel je m'installe confortablement et je déballe mon pique-nique. C'est le premier que je commande en refuge : 2 rondelles de saucisson, taboulé aux raisins et fruits secs, fromage, une briquette de jus de pomme, une belle pomme, du pain, un mars et une pâte de coings que j'ai déjà mangé à la pause réconfort. 
Je repars et chemine sur des dalles de calcaire usées par le glacier avant d'arriver au Lac des Assiettes, dépression glacio-karstique dans sa phase terminale d'assèchement. J'arrive au Refuge du Col de la Vanoise un peu avant 14 h. Je retrouve Antoine, le guide de Pralognan, qui vient du Mont Pelve près du Col du Dard. Il me demande si je suis passé par le Col de l'Arcelin. Je lui dis que j'ai suivi ses conseils et que j'ai fait le tour par le bas. Comme je passerai demain au Refuge du Grand Bec, il me demande de donner le bonjour à son copain Dimitri.
Je m'installe dans le dortoir Gypaète, je prends ma douche, je fais ma lessive et comme je ne trouve pas d
'étendage extérieur, je vais tirer mon fil à linge contre le mur blanc du bâtiment en préfabriqué du vieux refuge. Avec le vent et le soleil, en deux heures tout est sec. Je donne de mes nouvelles à Marythé car je sais que demain le téléphone ne passe pas au Refuge du Laisonnay. Et puis, je rédige mes mémoires devant un coca cola et une crêpe aux myrtilles. Je retrouve un jeune couple de Lyon (quartier Garibaldi) que j'ai déjà rencontré au Refuge de La Valette.
Repas à 19 h dans une ambiance jeune et décontractée. A ma table, il n'y a que des randonneurs qui ont entre 20 et 35 ans. Chacun raconte d'où il vient et où il va. Au menu, un excellent potage de légumes (j'en ai pris 3 fois), un sauté de blanc de poulet avec des fruits, du fromage et une crème brulée. Très bon et très copieux pour un refuge qui accueille pas loin d'une centaine de randonneurs, mais il faut dire que les gardiens peuvent monter le ravitaillement en 4x4. Je vais me coucher à 21 h car je sais que l'étape du lendemain sera longue. Je connais l'itinéraire jusqu'au Col de Leschaux, mais ensuite c'est l'inconnu.

Hébergement : Refuge du Col de la Vanoise, 04 79 08 25 23, Gérard Girod, accueil très sympathique,       
Repas : Potage de légumes, sauté de blanc de poulet avec des fruits, fromage et crème brulée. Repas copieux et très bon.
Tarifs 2015 : DP 50,35 € en dortoir payables par chèque ou espèces. Réservation par téléphone. Arrhes 10 € prélevées par internet. Douche 2 €.
Commodités : Douches chaudes payantes, lavabos au sous sol où on peut faire la lessive, mais pas d'étendage extérieur. Refuge tout neuf et très confortable, beaucoup plus d'espace dans les dortoirs que dans le Refuge de Péclet Polset.
Téléphone : Free/Orange passe assez bien.

Ravitaillement : PN : 9 €.


7 août 2015

Refuge du Col de la Vanoise - Refuge du Laisonnay

Longueur étape : 22 km

Heure départ : 7 h 00

Heure d'arrivée : 17 h 30

Durée effective de marche : 9 h 15

Dénivelée cumulée : 3560 m

Déniv. positive : 1320 m

Déniv. négative : 2240 m

Alt min : 1469 m

Alt max : 2724 m

Itinéraire (1115 Ko) - Profil (57 Ko)

7 h 00 – Refuge du Col de la Vanoise 2516 m
7 h 30 – Embranchement au Lac des Vaches 2340 m
8 h 25 – Col Rosset 2570 m
9 h 05 – Embranchement du Cirque du Creux Noir 2332 m
9 h 45 – Col de Leschaux 2564 m
11 h 30 – Refuge du Grand Bec 2403 m, pause 20 minutes
12 h 20 – Pique-nique vers 2400 m, 40 minutes
14 h 05 - Col sous la Pointe de Méribel 2724 m
16 h 45 - Champagny-le-Haut 1469 m
17 h 30 – Refuge du Laisonnay 1590 m

Météo : toute la journée.

Le film de l'étape : Départ à 7 h du Col de la Vanoise pour un itinéraire que j'ai déjà parcouru jusqu'au Col de Leschaux. Dernier regard vers les Grands Couloirs de la Grande Casse où le glacier a fortement reculé. J'imagine que les alpinistes ne peuvent plus monter par là en plein été. Ce ne sont qu'éboulis, barres rocheuses, séracs et glace vive. Je descends rapidement vers le Lac des Vaches où je retrouve le petit sentier à peine marqué et non balisé qui mène au Chalet des Gardes. Il n'y a que les habitués qui passent par là. J'aperçois plus bas le 4x4 du gardien du refuge qui s'arrête à l'entrée du Lac des Vaches et qui dépose deux sacs à dos derrière un muret avant de continuer. J'imagine que ce sont les sacs d'alpinistes qui vont s'engager dans l'ascension de l'Aiguille de la Vanoise au dessus du lac et je vois un peu plus bas trois personnes qui montent tranquillement sur le sentier. Je pense que le gardien les connaît et a pris leurs sacs au passage.
J'aperçois bientôt le Chalet des Gardes et le Col Rosset que le soleil vient caresser. Je continue tranquillement et arrive au col vers 8 h 30. Petite pause pour prendre des photos du Refuge de la Valette, du Glacier de Gébroulaz (avec le Dôme et les Aiguilles de Péclet Polset) et du Glacier de l'Arcelin. Mon projet, abandonné suite aux conseils d'Antoine, consistait à passer au pied du glacier sur les rochers moutonnés usés par l'érosion. D'ici, ça paraît assez délicat et assez pentu par endroits. Il faudrait voir sur place, car on ne peut pas se rendre compte d'aussi loin. Bref, une idée de balade pour plus tard. Je passe au Col Noir et je redescends dans le Cirque du Creux Noir avec précautions car mon mollet recommence à me tracasser.
Et puis c'est la remontée, tranquille au départ, puis très raide sur la fin et munie de chaînes avant d'arriver sur le sentier balcon qui mène au Col de Leschaux. Je rencontre en cours de route un groupe de randonneurs qui viennent du Refuge du Grand Bec et qui me conseillent de faire très attention dans le passage chaîné. Je les rassure en leur disant que je connais le coin. Un peu avant d'arriver au Col de Leschaux, j'aperçois dans les barres rocheuses au dessus de moi un bouquetin ou peut-être un chamois. Il se confond dans l'ombre avec les rochers et il se sauve rapidement. J'arrive au Col de Leschaux à 9 h 45 où je retrouve le soleil, la Pointe de Leschaux (où nous sommes venus pique-niquer en juillet 2007 avec Marythé) et deux randonneuses de Pralognan. Elles m'apprennent que d'importantes coulées de boue ont eu lieu vers la fin juillet en particulier dans la vallée de Champagny-le-Haut et que le Refuge du Laisonnay serait fermé. Je les rassure car j'ai téléphoné au refuge
hier encore et ils ne m'en ont pas parlé.
Je continue vers le Refuge du Grand Bec que j'aperçois très souvent. J'ai l'impression qu'il est tout près, mais il faut composer sans cesse avec les difficultés du terrain et j'arrive au refuge vers 11 h 30 seulement. Cela me donne le temps d'admirer sur ma droite l'arête ouest du Grand Bec de Pralognan, que nous avons escaladé avec Norbert Silvin en 1996, et l'ancien Glacier de la Vuzelle par où nous sommes redescendus après avoir parcouru toute la crête jusqu'au petit col à 3371 m sous la Pointe du Vallonnet. Que de souvenirs ! Longue pause au refuge de presque 20 minutes. Je prends un coca cola et donne le bonjour d'Antoine à Dimitri, le gardien du refuge. Ce sont apparemment de bons copains, ils aiment grimper ensemble quand ils ont un moment de libre et ils se rencontrent aussi dans des sorties festives moins sportives et bien arrosées.
J'en profite pour demander à Dimitri des informations sur la suite de l'itinéraire car je n'ai même pas le tracé du sentier sur mon ancienne carte. C'est un nouvel itinéraire bien tracé au début, qui disparaît un peu ensuite dans les alpages, mais qu'on retrouve facilement avant une montée très raide et chaînée au col sans nom qui se trouve sous la Pointe de Méribel. Dimitri me rassure : "Tu ne peux pas te tromper, l'objectif est toujours en face de toi ! ". On se quitte sur ces bonnes paroles et je pars.
Dès le début du sentier, un panneau annonce clairement la couleur : "Sentier aérien, bons randonneurs". Ça me convient bien et je continue vers le Refuge du Plan des Gouilles. Sentier balcon au début où il faut quand même faire un peu attention, puis des prairies alpines avec de gros blocs où le sentier se perd (mais il suffit de se diriger plein nord, c'est la seule fois pendant mon tour de la Vanoise où je sortirai la boussole). Le soleil est chaud même à cette altitude et je m'arrête à l'ombre d'un gros rocher vers 12 h 20 pour pique-niquer. Le col est encore loin et il vaut mieux prendre des forces.
Pendant la pause, j'en profite pour essayer de m'orienter un peu plus avec la carte et la boussole en me rappelant les dernières recommandations de Dimitri : "Tu as toujours l'objectif en face de toi". En face de moi, ça veut dire plein nord, et en face de moi, je ne vois qu'une barrière rocheuse avec quelques banquettes en herbe. Je repère la Pointe de Méribel et il faut bien me rendre à l'évidence, il va falloir escalader cette barrière rocheuse. Je prends quelques photos avec le zoom au maximum, j'examine attentivement les clichés et finalement je distingue quelques traces qui peuvent faire penser à un sentier et un piquet blanc dans un creux à l'est de la Pointe de Méribel qui pourrait bien indiquer le petit col que je cherche. De toute façon, s'il y a un sentier et des chaînes, je dois pouvoir passer sans trop de problèmes.
Je reprends ma route bien reposé et je continue tranquillement en scrutant attentivement la paroi qui me fait face. Je retrouve le sentier qui est bien marqué maintenant, mais assez étroit avec des petits cailloux qui glissent sous les chaussures. Plus je monte et plus le vide se creuse. Je n'aimerais pas me trouver ici par temps de pluie. Sur la fin, de nombreuses chaînes aident le randonneur à franchir les dernières difficultés. J'arrive au col avec son piquet blanc à 14 h 05, je me repose quelques minutes pour faire retomber un peu la tension et j'en profite pour me désaltérer. Quelques photos vers le sud des Glaciers de la Vanoise, du Col de Chavière et de Péclet Polset et vers le nord du vallon de Champagny (dont on ne voit pas le fond), du Mont Blanc, du Mont Pourri et même de la Pierra Menta.
Je ne suis pas arrivé et il me reste encore 1300 m de dénivelée à descendre, ce qui ne va pas plaire à mon mollet. Après quelques pas délicats dans des blocs rocheux peu sympathiques, je retrouve le sentier qui mène au Refuge du Plan des Gouilles. La descente est moins raide et plus facile que la montée. Le patron du Refuge du Laisonnay m'avait dit que je n'étais pas obligé de passer au Refuge du Plan des Gouilles et que je pouvais couper avant d'y arriver. Je consulte la carte et repère un vallon peu pentu qui devrait me permettre de gagner du temps. C'est en fait un plan foireux et je me retrouve dans des genévriers, des myrtilles, des rochers et des trous cachés dans des herbes hautes, bref la galère. J'aurais dû remonter sur le sentier dès les premiers mètres, mais je me dis que ça sera mieux un peu plus bas et je continue bêtement avec le risque d'une bonne entorse. Finalement je retrouve le sentier avec soulagement, mais je suis sûr que j'aurais été plus vite en passant par le refuge.
La descente vers Champagny-le-Haut me semble interminable. Le sentier serpente au soleil ou en sous bois et je m'arrête souvent pour boire. J'arrive enfin au Doron de Champagny à l'entrée du village à 16 h 45 et je vide ma poubelle près du pont. Je m'assied sur un banc accueillant à l'ombre devant le chalet des pistes de ski de fond, je mange une barre de céréales et vide ma dernière bouteille d'eau. Il ne me reste que 3,5 km à faire pour arriver au Refuge du Laisonnay sur un sentier facile avec seulement 80 m de dénivelée positive.
J'engage la conversation avec une petite dame qui fait du ménage dans le chalet et qui s'avère être la patronne du Refuge du Laisonnay. Avec cette chaleur (on est redescendu à 1500 m seulement), elle a pitié de moi et me propose de me remonter en voiture au refuge dès qu'elle a terminé son travail. Je la remercie et lui explique gentiment que c'est contraire à mes principes et que je ne vais pas caler devant les derniers kilomètres avec ce que j'ai déjà fait aujourd'hui. Elle propose alors de monter mon sac, mais je refuse également et je pars en direction du refuge. Elle m'a parlé des coulées de boue survenues fin juillet et m'avertit que le sentier est coupé un peu plus loin et que je devrai terminer par la route.
J'arrive finalement au refuge à 17 h 30. Effectivement, on voit bien qu'il y a eu de gros travaux depuis le débordement du Doron de Champagny et les coulées de boue du 21 juillet dernier. Il y a encore pas mal de nettoyage à faire. Une digue provisoire a été construite le long du torrent pour protéger le refuge. A l'intérieur, on a l'impression de se retrouver au camping. Les réfrigérateurs, fours, lave-vaisselle encore en état de marche sont surélevés et le patron essaie de dépanner les autres équipements. Les propriétaires ont fait un gros travail pour nettoyer et rouvrir le refuge aussi vite que possible. La patronne me conduit au dortoir (agréable mais un peu bas de plafond, mais ça ne me gêne pas) et c'est la routine : douche chaude et dernière lessive. En effet, je n'ai plus que deux étapes et j'aurai ainsi de quoi me changer pour le retour à Rennes par le train. J'étends mon linge derrière le refuge et je rédige mes impressions de la journée sur la terrasse devant un coca cola.
Vers 18 h 30, un groupe d'une dizaine de randonneurs en petites chaussures arrive au refuge. Après avoir monté leurs sacs dans le dortoir, ils s'installent près de moi pour prendre l'apéritif. Il y a une grosse ambiance et je ne peux m'empêcher de saisir quelques bribes de leur conversation. Tout à coup, j'entends parler de Saint Laurent de Chamousset, Saint Genis l'Argentière, de Saint Clément les Places... Je leur demande d'où ils viennent et ils sont tous en fait de Saint Laurent de Chamousset ou des environs. Lorsque je leur demande s'ils connaissent Joseph Bras, ils me répondent qu'il est connu comme le loup blanc. Alors je leur dis : " Et bien c'est mon beau frère ! ". La conversation s'anime rapidement et il s'avère qu'ils connaissent tous la famille Bras et leurs conjoints.
Mais l'heure du repas a sonné et on dîne tous ensemble à la même table. Ils partent pour une randonnée en boucle de 5 jours par le Refuge du Col du Palet, le Refuge de la Leisse, le Refuge du Col de la Vanoise, le Refuge du Grand Bec et retour au Refuge du Laisonnay. Je leur parle de mon étape du jour et de mon grand tour de la Vanoise. Ils sont étonnés voire admiratifs d'apprendre que je randonne tout seul et que j'ai fait aujourd'hui un peu plus de 3500 m de dénivelée. J'en profite pour faire passer un petit papier afin que chacun y inscrive son nom pour ne pas les oublier. Il y a René, le boute en train du groupe, toujours prêt à sortir des blagues et dont la voix porte bien, avec Florence son épouse. Daniel de Saint Genis l'Argentière va à la chasse avec André, le mari de Paulette. Gilbert connaît bien Gérard, le mari de Michelle, car il a travaillé avec lui à la Comela à L'Arbresle. Monique, l'épouse de Gilbert, est la conscrite de Marie France et puis il y a aussi Jocelyne, Odile, Françoise, Michel, Jacques et Lucien. Une ambiance très festive, ponctuée de grands éclats de rire. C'est cela aussi la randonnée, des rencontres improbables auxquelles on ne s'attend vraiment pas.
J'en ai oublié de vous donner le menu de ce soir, menu très copieux et vraiment très bon : Potage de légumes, pormonier, crozets et polenta, fromage, glace maison arbousier et myrtilles. Pour couronner le tout, un généreux génépi offert par la maison. On va se coucher vers 21 h 30. Demain matin, le petit déjeuner ne sera pas servi avant 7 h, car il faut attendre le pain frais... Ça ne m'arrange pas trop, car j'ai encore un long parcours jusqu'au Refuge de la Martin et des orages sont prévus en fin de journée. Pour raccourcir cette étape, j'ai décidé de ne pas passer par le Col de la Tourne, ni de monter à l'Aiguille Percée et je passerai par le Col de la Sachette en coupant à travers les alpages depuis le Plan de la Grassa.

Hébergement : Refuge du Laisonnay, 06 08 54 34 61, accueil très sympathique,       
Repas : Potage de légumes, pormonier, crozets et polenta, fromage, glace maison arbousier et myrtilles + un génépi offert par la maison. Repas copieux et très bon.
Tarifs 2015 : DP 41 € en dortoir payables par chèque ou espèces. Réservation par téléphone. Pas d'arrhes.
Commodités : Douches chaudes (comprises dans le prix), lavabo où on peut faire la lessive (eau chaude et étendage extérieur).
Téléphone : Free/Orange ne passe pas du tout.

Ravitaillement : PN : 11,50 €.


8 août 2015

Refuge du Laisonnay - Refuge de la Martin

Longueur étape : 22 km

Heure départ : 7 h 40

Heure d'arrivée : 16 h 50

Durée effective de marche : 7 h 50

Dénivelée cumulée : 2850 m

Déniv. positive : 1710 m

Déniv. négative : 1140 m

Alt min : 1590 m

Alt max : 2713 m

Itinéraire (1047 Ko) - Profil (51 Ko)

7 h 40 – Refuge du Laisonnay 1590 m
9 h 10 - Refuge de Plaisance 2170 m
11 h 00 – Col du Plan Séry 2609 m, pause 10 minutes
12 h 05 – Pique-nique vers 2300 m au dessus du Lac de la Plagne, 55 minutes
14 h 40 – Col de la Sachette 2713 m
15 h 50 – Chalet de la Sache d'en Bas 2050 m
16 h 50 – Refuge de la Martin 2154 m

Météo : jusqu'à 14 h,  jusqu'à 16 h 30,  jusqu'au soir et toute la nuit.

Le film de l'étape : Réveil à 6 h 45 et départ à 7 h 40 seulement car il a fallu attendre l'arrivée du pain frais. Je souhaite une bonne randonnée à l'équipe de Saint Laurent de Chamousset et je démarre par une montée soutenue sur la rive gauche de la Cascade du Py. Il fait frais car ce versant orienté au nord est encore dans l'ombre, mais je me réchauffe progressivement et je débouche bientôt sur le vallon de Plaisance. Derrière moi, les sommets sont magnifiques dans le soleil : le Grand Bec de Pralognan, le Glacier et la Pointe des Volnets et la Pointe de la Grande Glière. J'arrive au Refuge de Plaisance où un couple avec deux jeunes enfants est en train de bâter un âne qui va porter leurs sacs et éventuellement les enfants s'ils ont un petit coup de fatigue. Ils vont en direction du Col du Plan Séry comme moi. La montée est longue mais tranquille et dans les dernières pentes sous le col, je traverse une grande plaine d'altitude, le Plan Séry, sans doute les vestiges d'un lac disparu.
J'arrive au Col du Plan Séry à 11 h et je m'accorde une bonne pause. Il y a deux ou trois familles qui randonnent avec leurs jeunes enfants. Ils marchent à leur rythme sans qu'on les force et il me semble qu'il y a une émulation à peine visible entre les enfants qui les aide à avancer sans rechigner. Devant moi, je retrouve un spectacle que je connais bien : à ma gauche les faces sud de l'Aliet et du Sommet de Bellecôte, devant moi les faces ouest du Dôme de la Sache et du Mont Pourri, et tout au fond le Col de la Sachette qui va me permettre de basculer du côté de Tignes. Je ne descends pas jusqu'au Refuge d'Entre-le-Lac et je coupe par le sentier balcon qui passe au nord de l'Aiguille de Bacque.
Vers midi, je trouve un superbe point de vue sur le Refuge d'Entre-le-Lac, le Lac de la Plagne, le Dôme de la Sache, le Mont Pourri et même un peu plus difficile à apercevoir le Refuge du Mont Pourri. Je décide alors de pique-niquer ici et je m'installe à l'ombre en déplaçant quelques pierres plates pour m'asseoir confortablement. Ça va durer un peu plus longtemps que d'habitude, car le pique-nique du Refuge de Plaisance est copieux : 2 tranches de jambon cru, 5 tranches de saucisson, beaufort, tomme de Savoie, pain, pomme et madeleine.
Je repars vers 13 h, je retrouve le GR5 qui monte au Col du Palet, puis je le quitte pour traverser hors sentiers une grande étendue d'alpages et de pierriers, les Creux de la Sache, en restant plein nord à peu près à la même altitude. Il fait chaud et je m'arrête pour boire fréquemment. C'est assez long, car il faut sans cesse louvoyer entre des petits vallonnements, mais je rejoins le sentier du Col de la Sachette à 13 h 50. La montée au col est rude parfois dans des pierriers, parfois sur une moraine assez glissante. Mais le sentier est assez bien tracé et on voit les cairns suffisamment à l'avance.
J'arrive au Col de la Sachette à 14 h 40 et je rencontre un groupe de jeunes qui sont montés de Tignes pour la journée. Ils ont entre 17 et 22 ans, à vue de nez, et j'ai l'impression qu'il s'agit de jeunes des banlieues venus se changer les idées en montagne, apprendre (ou réapprendre) le goût de l'effort, découvrir d'autres horizons... Ils sont accompagnés d'un adulte guère plus âgé qu'eux, mais qui reste en retrait pendant toute notre conversation. L'un d'eux me demande d'où je viens et où je vais. Je tente de leur expliquer car ils ne sont pas du coin. Je leur montre à l'horizon le Col de Plan Séry et je leur dis que j'étais là bas il y a 4 heures, mais que j'ai dormi au Refuge du Laisonnay, qui se trouve derrière le col, 1000 mètres de dénivelée plus bas. Ils sont vraiment étonnés du chemin que j'ai parcouru et celui qui m'avait interrogé me dit : " Respect ". Je dois reconnaître que ça m'a fait plaisir.
Le ciel commence à se couvrir et je ne suis pas encore arrivé. Je les laisse partir devant car je pense qu'ils seront plus rapides que moi. Mais quelques uns d'entre eux ne sont pas du tout à l'aise lorsque le sentier est un peu exposé au début de la descente et je les talonne rapidement. Mais je reste en retrait pour ne pas leur mettre la pression et ils regagnent du terrain lorsque celui-ci devient plus facile. J'arrive au Chalet de la Sache d'en Bas à 15 h 50. Petite pause rapide pour boire un coup, le ciel est maintenant tout noir derrière moi et il me reste encore un bon bout de chemin avant d'arriver au Refuge de la Martin.
Je peste intérieurement contre le petit déjeuner tardif de ce matin qui va peut-être me valoir une bonne douche avant l'arrivée. Je fais un peu le forcing tout en ménageant ma monture. Devant moi, une randonneuse fait une pause contemplative sur un rocher alors qu'une légère bruine s'installe. Le sentier qui mène au refuge est en fait un sentier balcon, il monte un peu, redescend ensuite, mais il n'y a pas de grosses dénivelées. Il n'y a pas de grosses gouttes pour l'instant alors je ne veux pas m'arrêter pour sortir mon surpantalon et ma cape de pluie. Dans la dernière pente sous le refuge, le téléphone sonne. C'est David, le gardien, qui s'inquiète et me demande où j'en suis. Cinq minutes plus tard, j'arrive au refuge et je m'installe.
Il était temps, la pluie s'installe durablement dans le quart d'heure qui suit. Une heure plus tard, on voit la randonneuse qui arrive et tourne autour du refuge sans bien savoir ce qu'elle veut faire. Elle a mis sa cape de pluie, mais elle semble complètement trempée. David va la voir et elle lui dit qu'elle veut aller vers le nord... Puis elle hésite, revient, puis repart sans doute vers le nord. Une fille vraiment bizarre qu'on en reverra plus. Nous sommes 4 au refuge ce soir : Henri, un garde du Parc National de la Vanoise (en ballade), Maryline, sa collègue ou amie (je ne sais pas bien), David, le gardien et moi même. Comme il pleut vraiment fort, ils s'enferment dans la petite cuisine du gardien pour me permettre de me laver dans la salle commune au lieu d'utiliser le bachal extérieur. Je me déshabille, me lave et me change. Je fais sécher quelques vêtements humides sur un grand fil sous les poutres de la salle.
On prend le repas en famille comme au Refuge du Fond des Fours où j'étais déjà seul avec le gardien et ses aides. Ce soir potage, tagliatelles avec une sauce cuisinée par le gardien avec ce qui lui tombait sous la main, fromage et mousse au chocolat. Henri est intarissable sur son métier de garde du parc. Il connaît tout sur les habitudes des gypaètes, des vautours et des loups. Il nous a raconté toute la soirée des histoires incroyables et se rend bien compte de la difficulté d'exercer son métier face aux politiques et aux lobbies des écologistes, des chasseurs et des bergers. Il enrage car souvent on prend des décisions sans même les consulter. Il faut tuer des loups pour calmer les bergers, alors on tue sans distinction. Si malheureusement on tue un loup alpha, le chef de la meute qui assure la cohésion du clan, les autres loups sont perdus et risquent de faire beaucoup plus de dégâts sur les troupeaux.
En fin de soirée, David et Maryline prennent leur guitare et improvisent. Il pleut toujours et la météo n'est pas fameuse pour demain. J'ai peur que mon programme ne soit à nouveau perturbé. On verra bien. Finalement, on décide de se lever à 6 h, car Henri et Maryline doivent redescendre à Bourg-Saint-Maurice et on va se coucher un peu avant 22 h.

Hébergement : Refuge de la Martin, 04 79 06 44 32, 06 03 29 89 32, David, accueil très sympathique, 
Repas : Potage, tagliatelles avec des tas de choses indéterminées dans la sauce qui les accompagne, fromage et mousse au chocolat. Repas simple, rustique mais pas inoubliable.
Tarifs 2015 : DP 38,50 € en dortoir payables par chèque ou espèces. Réservation par téléphone. Pas d'arrhes.
Commodités : Pas de douches ni de lavabo, seulement un bachal à l'extérieur et un évier dans la salle commune (qui sert de dortoir, de salle à manger et de salle hors-sac).
Téléphone : Free/Orange passe assez bien.

Ravitaillement : PN : 8 €.


9 août 2015

Refuge de la Martin - Bourg-Saint-Maurice

Longueur étape : 28 km

Heure départ : 7 h 10

Heure d'arrivée : 14 h 20

Durée effective de marche : 6 h 20

Dénivelée cumulée : 1720 m

Déniv. positive : 190 m

Déniv. négative : 1530 m

Alt min : 813 m

Alt max : 2154 m

Itinéraire (1595 Ko) - Profil (50 Ko)

7 h 10 – Refuge de la Martin 2154m
8 h 20 – La Gurraz 1600 m
11 h 30 – Viclaire 891 m, pique-nique 40 minutes
14 h 20 – Bourg-Saint-Maurice 813 m

Météo et   jusqu'à 12 h,   ensuite jusqu'à 16 h, jusqu'au soir.

Le film de l'étape : Il a plu toute la nuit et il a même fait de l'orage. J'espère que la randonneuse d'hier a pu passer la nuit au sec, mais ça semblait mal engagé. Lever à 6 h et petit déjeuner en famille. Comme il pleut toujours, je décide de ne pas passer par le Refuge du Turia, car j'ai peur d'une bonne glissade sur des sentiers et pierriers difficiles. Je n'ai pas envie de me retrouver avec une bonne entorse le dernier jour et je tiens toujours à préserver mon mollet.
J'examine une carte murale au 1:50000 avec David car je n'ai pas emporté la carte IGN du secteur et je me suis contenté de photocopies des zones où j'étais censé passer. C'est une erreur car en cas de modification importante de l'itinéraire, j'ai plus de difficultés à trouver des variantes. Il faudra que je m'en souvienne. L'expérience se nourrit de ces petites erreurs qu'on est censé ne pas reproduire. La seule solution consiste à rejoindre le village de La Gurraz par le sentier classique, puis à prendre une petite route jusqu'à la D902 qui descend de Val-d'Isère à Bourg-Saint-Maurice. Ensuite il faut descendre la D902 jusqu'à Viclaire où je pourrai retrouver sur la rive gauche de l'Isère le sentier par lequel je suis arrivé le premier jour. Comme la carte n'est pas suffisamment précise, on ne voit pas tous les détails, mais je mémorise globalement le parcours. Je préviens Marythé de mon changement de programme. Heureusement que le téléphone passe bien ici.
Je mets mon surpantalon et ma cape de pluie et je pars vers 7 h 10 avec Henri et Marilyne qui redescendent à La Gurraz où ils ont laissé leur voiture. En arrivant au village, ils proposent de m'emmener en voiture à Bourg-Saint-Maurice. Je les remercie et leur fais à peu près la même réponse qu'à la patronne du Refuge du Laisonnay. Ça fait 14 jours que je marche et j'ai envie de terminer ma randonnée sans utiliser de moyens motorisés, sinon je crois que je le regretterais toujours par la suite. De toute façon, en prenant la route, il n'y a aucune difficulté (à part se faire renverser par une voiture) et je ne risque rien. On se quitte avec regret et j'en profite pour prendre quelques photos en traversant La Gurraz.
La suite est moins drôle. Je prends la petite route qui rejoint la D902 et qui comporte de nombreux virages. En effet, elle descend jusqu'au fond de la vallée pour traverser l'Isère avant de remonter sur la D902, soit près de 3 km. Et puis je prends la grande route en marchant sur le côté gauche de façon à bien voir les voitures. Mais la bordure est parfois bien étroite et je suis obligé d'attendre qu'il y ait moins de circulation pour m'y engager. De toute façon, comme je prendrai le train de nuit pour rentrer à Rennes, je ne suis pas trop pressé. Je m'arrête sous un abribus pour m'abriter un peu, mais comme la pluie ne s'arrête pas vraiment, je continue. C'est long, vraiment long, mais la route descend tout le temps et je n'ai pas le choix. Je croise à plusieurs reprises un véhicule de la gendarmerie et je me dis qu'ils vont bien finir par me ramasser. Mais je n'ai pas l'air de les intéresser.
J'arrive à La Thuile et je m'abrite sous un auvent car la pluie redouble. J'ai beau avoir mis la cape de pluie et le surpantalon, je me sens assez pisseux. Sur la gauche, un sentier de randonnée descend vers l'Isère, mais je ne connais pas les lieux-dits qui sont indiqués sur les panneaux et je continue par la route. Si j'avais eu la carte IGN au 1:25000, j'aurais eu au moins deux autres options : prendre le sentier pour éviter la route au moins jusqu'à Sainte-Foy-Tarentaise (soit 2,6 km sur la route en moins) ou quitter la grande route définitivement, rejoindre Villaroger et poursuivre jusqu'à Viclaire par une petite route et des sentiers plus agréables. Mais j'ai fait l'économie de la carte pour gagner une centaine de grammes et je pense que je vais m'en souvenir. Bref, je continue sur la grande route jusqu'à Viclaire où j'arrive un peu avant midi. J'ai mis 3 h pour faire sur la route les 13,4 km de La Gurraz à Viclaire. Pour une dernière étape, je ne suis pas verni. Et dire que j'avais préparé pas moins de trois itinéraires différents pour cette dernière journée, mais le temps en a décidé autrement et il a fallu en prendre un quatrième.
En quittant la route, je trouve une petite cabane en bois de la taille d'un abribus, dans lequel les habitants du hameau mettent leurs ordures dans des bennes de tri sélectif. La cabane est vide et très propre. Je récupère un carton dans la réserve à côté pour me servir de fauteuil et je m'installe pour pique-niquer. Comme par magie, la pluie cesse mais la température a bien baissé et je garde mon goretex et mon surpantalon. Je pends la cape de pluie à l'intérieur de la cabane pour qu'elle s'égoutte un peu. Au menu, un gros sandwich au jambon cru, au comté (bizarre, comme s'il n'y avait pas de beaufort par ici) et au beurre avec une belle pomme pour terminer. Le pain semble frais et David a dû le faire cuire hier soir, car je sais qu'il fait son pain sur place. Je donne des nouvelles à Marythé et je repars assez rapidement pour me réchauffer.
Je retrouve le sentier par lequel je suis arrivé il y a 15 jours. Le ciel est couvert mais le risque de pluie semble s'éloigner et j'enlève mon surpantalon à l'auberge de jeunesse près du Pont de Longefoy. J'arrive enfin à Bourg-Saint-Maurice à 14 h 20. Je prends mon billet de train, me lave complètement dans les toilettes des handicapés (il y a un lavabo) et mets des vêtements propres. Et puis je vais prendre un grand coca cola dans le restaurant en face de la gare qui semble être mon quartier général depuis l'année dernière et je rédige mes impressions journalières.

Le retour au pays : Je dois prendre le car pour Chambéry à 20 h 25 et il n'est que 16 h. Il va falloir tuer le temps comme on peut. Je pensais aller me balader en ville mais la pluie a repris de plus belle et je ne sais pas trop où mettre mon gros sac à dos. Il n'y a plus de consigne dans les gares maintenant. Je vais quand même faire un tour à la pâtisserie "Aux délices de Tarentaise" sur la petite place près de la gare et je fais les 4 heures avec un gros croissant aux amandes sous un auvent proche.
A 19 h, je dîne dans le restaurant en face de la gare : pizza campagnarde, fromage blanc et une demi bouteille de San Pellegrino. Le car pour Chambéry part à 20 h 25 comme convenu, mais il s'arrête à Aime, Moutiers (où il reste au moins 20 minutes) et Albertville. On arrive à Chambéry vers 22 h 45, soit 7 minutes avant le départ du train. C'est chaud.
Je trouve mon compartiment et j'ai envie de m'allonger rapidement après cette longue journée. Mais la porte est verrouillée et mes efforts pour l'ouvrir s'avèrent sans résultats. Je cherche un contrôleur et c'est une contrôleuse qui avec son passe essaie d'ouvrir la porte. En fait, il y a trois personnes dans le compartiment et ils ont verrouillé la porte pour ne pas être dérangés. Ils n'ont pas bronché, même quand j'ai essayé d'ouvrir la porte, et pourtant j'ai dû faire pas mal de bruit. La contrôleuse leur a demandé d'ôter leurs bagages de mon lit et m'a apporté le nécessaire pour m'installer. Ils ne se sont même pas excusés et j'ai enfin pu m'étendre sur ma couchette.
Quand j'ai voulu aller aux toilettes vers 1 h du matin, la porte était encore verrouillée. Ne réussissant pas à l'ouvrir, j'ai commencé à élever la voix et les ai réveillés pour qu'ils m'ouvrent cette foutue porte. Après plusieurs minutes, on y est quand même arrivés, car ils n'avaient pas l'air de bien maîtriser le mécanisme de fermeture. Quand je suis revenu des toilettes, j'ai refermé la porte sans la verrouiller et elle est restée comme cela pendant le reste du voyage !
Un quart d'heure avant d'arriver à Paris, le contrôleur nous prévient par haut parleur. J'en profite pour aller aux toilettes, rassembler mes affaires et refaire mon sac en attendant l'arrêt complet du train. Ils sont restés sagement couchés comme s'ils n'avaient rien entendu. Lorsque le train s'est arrêté, je suis sorti du compartiment en claquant nettement la porte pour manifester mon mécontentement, mais ils faisaient tous semblant de dormir sur leur couchette. Heureusement, la suite du voyage s'est très bien passée : transfert rapide en métro vers la gare Montparnasse, si bien qu'il me restait 3/4 d'heure pour m'envoyer deux viennoiseries et un café avant d'embarquer dans le train pour Rennes.